mercredi 29 mai 2024

Trop

Il ne se passe une semaine dans une vie de meuf sans qu'on vienne nous expliquer ce qu'on devrait faire, penser, être, comprendre. Généralement sans sollicitations de notre part.

Dans ces moments, j'ai des réactions assez variables. Globalement, quand ça vient d'une personne que j'aime bien (malgré tout) je laisse causer. Pour les pas proches, voire inconnus (oui, oui, les inconnus savent bien mieux que nous ce qui est bon pour nous) ça peut être beaucoup moins aimable. Ceux qui savent savent.

Là, dans ma vie, on arrive à quasi deux ans d'emmerdes de tailles conséquentes qui s'enchaînent ou se cumulent. Je commence juste à redormir presque bien quelques nuits par semaine. Donc je pleure, je me braque, je ne comprends pas toujours les trucs dans le bon sens, je suis à fleur de peau et chez les grandes choses sensibles dans mon genre, pas seulement des sens mais aussi des émotions, dotée d'un tempérament un peu volcanique, documenté dans ma famille comme "elle est gentille mais faut pas la chercher trop longtemps", je veux bien l'admettre, ça peut avoir quelque chose d'un peu spectaculaire.

Il y a des gens que ça impressionne, parfois. Et certaines des ses personnes, mettons ça sur le compte d'une vague inquiétude, me font part de leurs meilleures recommandations pour que ça aille mieux.

Est-ce que vous avez déjà recommandé à un allergique aux pollens d'arrêter de respirer pour esquiver les effets secondaires du printemps ? J'espère pour vous que non.

C'est à peu près aussi utile que de me suggérer de me calmer quand je suis en rogne, ou de réagir moins vivement quand une grosse émotion me traverse.

Du coup, de très sombres perspectives planent sur moi, sachez-le.

Je soupire à en décrocher le toupet de notre président.

Je ne suis plus tout à fait dans l'adolescence et je crois avoir démontré ma capacité à prendre et assumer des décisions de nature à me sortir des situations qui ne me conviennent pas. Je suis généralement plutôt capable de soutenir ma famille, mon propre popotin et un certain nombre de gens autour de moi.

Ces deux dernières années, il se trouve que j'ai été moins bonne auprès d'une très très chère qui sais pourquoi et comment et que ça n'empêche pas de m'aimer autant que je l'aime. Que j'ai été moins bonne pour me soutenir toute seule, récemment, parce que j'étais prise dans ce marathon d'emmerdes à gérer / digérer. Et malgré tout absolument capable de fonctionner, au quotidien. Que j'ai même été capable d'aller me nicher dans quelques paires de bras, à distance ou dans la vraie vie, d'aller dire mes vulnérabilités à quelques personnes qui m'ont fait l'amitié et la joie de me communiquer un peu de leur énergie. Trop dingue. J'ai même appris, dans quelques cas de doute, à faire confiance dans le fait que la personne en face me voulait du bien et n'allait pas cesser de me parler du jour au lendemain parce que j'étais moins rigolote que d'habitude. Ou à demander quand j'ai l'impression d'avoir foiré un truc plutôt que de vriller toute seule dans ma tête, de suppositions en hypothèses toutes plus fausses les unes que les autres.

La meuf serait capable de prendre soin de soi. D'avoir des jours vraiment dégueu, mais globalement, de rester debout. Et même, d'apprendre des trucs au passage. Dingue, non ?

On peut être sensible et pas du tout fragile. Voire : cette capacité à percevoir plein de choses qui passent plus inaperçu pour d'autres, il arrive que ça nous renforce, que ça nous tienne, que ça nous donne accès à des ressources insoupçonnées, que ça nourrisse nos instincts de survie. Faites confiance. Ca va aller. Même si à un instant T, ça ne va pas, et qu'on a parfaitement le droit de le dire sur le ton qu'on veut.

Etonnez-vous, après, que quand on tombe sur les rares personnes qui nous accueillent comme si ce qu'on est, c'est bien comme ça, ni trop, ni pas assez, ni "tu devrais", juste nous, avec nos qualités et nos chiantises, on leur en soit reconnaissant(e)s.

lundi 27 mai 2024

Jarvis, aspirateur fragile qui veut des cookies

On s'est équipés d'un aspirateur robot assez rapidement, quand, pendant le premier confinement, on a constaté que deux chats + quatre à cinq humains en permanence dans la maison, ça générait des poils et de la poussière à vitesse grand V.

J'avais opté pour un aspirateur spécial animaux mais pas particulièrement une marque réputée.

Ce truc a failli me rendre folle. Ses trajectoires improbables, sa tendance névrotique à aspirer à côté de la boule de poils ou du tas de miette qui n'attendaient que lui... J'en ai sorti la théorie que l'aspirateur robot, c'est merveilleux, seulement si tu ne le regardes pas faire.

Il a hérité du doux nom de Jarvis, sans doute parce qu'on venait de revoir un Iron Man ou l'un des Avengers. Bref, vous voyez l'ambiance super héros et adjuvants de qualité.

Las, cet engin si imprécis et néanmoins cher à mon cœur a commencé, l'été dernier, à donner quelques signes de faiblesse.

Il faut dire qu'on avait ajouté un chien à la liste de ses fournisseurs de trucs à aspirer. Burn out.

A la faveur d'un gros bon d'achat suite à la livraison épique de notre nouveau frigo, investissement fut fait dans un nouveau modèle, de la marque réputée qui va bien.

L'aspirateur n'a pas changé de nom mais a gagné quelques fonctionnalités, comme le fait de se vider tout seul. Et une forme "d'intelligence" (les guillemets sont importants car c'est tout sauf de l'intelligence) qui lui permet de paraître, parfois, sur un malentendu, un peu moins erratique que son prédécesseur.

Je le genre au masculin depuis le début et ça n'est pas un hasard. Jarvis est clairement un mec. Il passe son temps à chougner qu'il est coincé (sur un coin du tapis), qu'il a une pièce bientôt usée, que son sac ne va pas tarder à être plein, qu'il ne trouve pas sa base (pauvre chéri). Ou à se perdre au milieu d'un appartement de 78 m², batterie en berne, plus bon à rien.

Quand, une fois de temps en temps, par un miracle imprévisible, il arrive à boucler sans encombre sa tournée de maison quotidienne, je reçois une notif : "Jarvis a effectué une tâche correctement". Putain, voilà-t-y pas qu'il me réclame un cookie, ce con, not all robots, etc est la pensée peu charitable qui me traverse l'esprit à chaque fois.

En fait, il aurait dû s'appeler Marvin, le Jarvis. (Si tu ne connais pas Marvin, the paranoid android, va réparer tout de suite, tu me remercieras plus tard).

samedi 25 mai 2024

Passer les portiques

La dernière fois que l'objet du délit (enfin d'un minuscule tracas récurrent) était à la mode, nous vivions dans un monde qui semblait plus simple, ou moins technologique. Il n'y avait pas des mecs armés jusqu'aux dents partout, ni de portiques de sécurité à l'entrée des musées.

J'ai un historique lourd, ces derniers mois, avec les musées. A celui du jeu de Paume, je bipe constamment à l'entrée, même en leur laissant mon sac, mon manteau, mon casque... un jour ils vont me faire passer nue comme le jour de ma naissance, voire m'autopsier avant d'entrer, pour s'assurer que je n'apporte rien de dangereux sur moi. Bon, ils ont l'air détendus, ça les fait rire, en général. Moi ? Un peu moins. Disons qu'on en tire le meilleur parti.

A Beaubourg, je SAIS ce qui se passe.

Illustration en image.

Comme j'y vais un peu souvent, à chaque fois je leur propose de l'enlever AVANT le portique. A chaque fois, ils me répondent que non, non, ça va. A chaque fois, évidemment, ça bipe.

Là encore, ils sont plutôt détendus. Plus que l'agent qui, une fois (mais une seule), m'a refouillé le sac à l'entrée d'une salle en prévention de dégradations que je pourrais commettre sur une œuvre. Toutes les autres fois, affluence comparable, rien. Pourquoi ?

L'autre jour on y était avec des amis. Je me suis tournée vers eux fièrement pour dire "et c'est comme ça que j'ai fait entrer une bombe au Louvre, la semaine dernière".

Lomalarchovitch en rigole encore, je le recadre régulièrement sur le fait que c'est une blague à faire en milieu maîtrisé, seulement, j'ai très peur d'une convocation prochaine devant la justice.

Bref.

Je ne suis pas vraiment sûre que ça me rassure, tous ces portiques et contrôles.

vendredi 24 mai 2024

Qui peut vivre en colère si longtemps

Depuis quelques semaines, je suis, épisodiquement, fauchée par quelques heures "vraiment pas bien". Je n'ai pas été aussi mal aussi longtemps de ma vie entière, je crois, et ça me fait peur, beaucoup.

Ironiquement, il y a deux ou trois jours, j'ai prononcé à propos d'autres personnes la phrase "mais qui peut vivre en colère si longtemps sans se faire du mal ?"

C'est celle qui dit qui y est.

Ca m'a pris tout ce temps de piger que c'était la colère qui me vidait tant.

Elle est parfaitement légitime, et même nécessaire. Si je la laisse retomber, je serai encore pendant des années dans la même situation délétère.

Sauf que. J'ai la colère puissante et ravageuse.

Et pas besoin d'être plus épuisée que je ne le suis.

Bref, hier, j'avais très peur de ne jamais réussir à redevenir qui je suis. La personne qui ouvre les bras, le coeur, qui trouve de la place à la bienveillance...

Fort heureusement il y a dans ma vie des gens, proches ou pas, qui ont apporté des bouffées d'oxygène pour que, peu à peu, je reprenne mon souffle. Que je respire à nouveau un peu profondément. Et que je me retrouve au moins un peu, dans un coin, terrifiée, vidée, mais pas morte du tout.

Merci vous trois, l'un après l'autre.

43 jours.

mardi 21 mai 2024

18

A 17h25 aujourd'hui, ça fera 18 ans que je suis devenue maman.

Ce petit machin au crâne en pain de sucre qui m'a fait vivre un enfer pendant 36 heures (sans parler des fucking "jolis maux" de grossesse, je t'en foutrais, moi, du joli mal qui te ruine le corps, te squatte comme un parasite, bref) a 18 ans aujourd'hui, est responsable légalement de ses actes, va passer le code dans quelques jours, voter aux européennes, passer le bac et, si les oracles et ParcourSup le veulent, commencer médecine.

Vertigineux.

Il n'a plus du tout besoin de moi. Mais comme j'ai de la chance, il a toujours envie de m'avoir dans son paysage. Ce môme est si bien préparé à la vie, à se débrouiller, dans les bons et les mauvais moments, que j'en reste souvent un peu sidérée. C'est moi qui ai fabriqué ça, une cellule après l'autre ?

J'admire sa sagesse, sa détermination, son feu brûlant caché sous un poker face de malade, sa capacité de s'entourer de personnes incroyables, son organisation sans faille même dans le chaos, sa tendresse bougonne, son humour ravageur. J'aime tout de cet enfant, même quand il m'énerve.

Quand il fend sa carapace, il est capable de vous parler de votre regard qui transperce l'âme (enfin de mon regard, le vôtre, il s'en fout), sans que je sache si c'est un immense compliment ou une vacherie subtilement bien amenée. Enfin j'ai décidé que c'était un compliment.

Hier on a déjeuné ensemble et comme il est l'opposé de con et qu'il voit bien que ça remue, pour moi, en ce moment, il me lâche un : "Toi, tu partages tes émotions pour dire aux gens tout ce que tu vois de bien en eux, ou bien quand tu penses que ça ne va pas embêter trop le monde. Sinon tu les enterres au lieu de faire comme tu ferais avec moi, me dire qu'elles sont légitimes."

J'ai, comme il se doit, chialé sur mes pâtes aux truffes. Et lui ai offert la paire de Dr Martens dont il rêvait. Et une pour moi aussi parce que bon, ça se travaille, une réputation de mère géniale.

C'est lui qui me perce l'âme, d'être aussi bellement lui-même, envers et contre tout, voilà.

vendredi 17 mai 2024

Rangements et maintenance

J'ai des projets pour l'avenir.

Un avenir proche, souhaitons-le.

Il s'agit de réaménagements d'intérieur avec pour un objectif machiavélique : optimiser la capacité d'hébergement de livres de mon domicile. Là on doit être à 1 500 (pour mon usage seulement, mais une partie de l'espace est squatté par de la littérature jeunesse que je compte installer dans la piaule de Lomalarchovitch) je pense que bien mené, ce chantier peut nous mener à plus ou moins 2 200. Un potentiel énorme qui me laisserait sereine pour environ 6 mois.

Bref, je vous passe les détails, d'autant qu'une grande partie dépend du déménagement de mon coloc.

Mais ça m'amène à un constat et une question.

Le constat : j'ai fait une grosse purge dans les bouquins stockés dans le salon. Je pensais être contente du résultat. Et en fait pas du tout, j'ai encore des trucs assez pourris (mais j'aime bien la personne qui m'a offert le livre ou autres raisons du même acabit).

Or donc : re tri. La première fois j'ai eu du bol, et pas eu trop de manutention casse-pieds à gérer. Normalement je vais en sortir moins en volume, mais tout de même.

La blague, il faudra aussi que je trie ceux de ma chambre. (Ce qui nécessite d'y avoir accès, ce n'est pas le cas pour un bon quart des étagères, passons).

En principe : mission facile, c'était supposé être l'étagère de mes livres préférés, les compagnons de route etc.

Bon, ça fait 14 ou 15 ans que j'ai sélectionné avec amour ceux avec qui je dormirai. Peut-être qu'il y a un peu de coupes à faire, malgré tout. Et surtout : il y a eu du squattage depuis.

Tout ceci m'amène à... la question.

Quel système de rangement des livres est-il fucking maintenable ?

Ne me parlez pas d'ordre alphabétique. Ou de couleur. On est pas là pour rire un bon coup, s'il vous plaît.

J'ai actuellement un vague système littérature française / francophone (avec des spots particuliers pour le québec et la littérature francophone africaine) / anglo saxonne / autres pays / vieux nanars et improbables objets éditoriaux / sf et fantasy parfois un peu regroupés mais pas toujours / littérature concentrationnaire / mes préférés quelle que soit leur appartenance. Je n'aborde même pas la question des dits beaux livres ou formats différents comme, au hasard, les BD (bon, j'en ai pas tant).

Très probablement, les auteurs dont je trouve qu'ils pourraient s'engueuler épiquement ou discuter comme larrons en foire sont proches. Plus quelques autres bizarreries très personnelles. Avec des zones intersectionnelles étranges et très spécifiques.

Problème, quand les étagères sont pleines, le moindre nouveau venu fout le dawa. On fait quoi ? On en décale 950 pour faire une place au bout de la bonne étagère ? On laisse des vides ? (quels lecteurs ont la place pour avoir toujours du vide ?) Pareil à chaque fois qu'un auteur ou une autrice dont vous avez déjà un livre en sort un nouveau qui arrive chez vous ? C'est ingérable, non ?

Ou alors se laisser aller à sa pente chaotique et : ne rien classer du tout (une forme de fantasme de trèèèèèèèèèèès longue date parce que je sais que je vais retrouver ce que je cherche quoi qu'il arrive, mais si quelqu'un d'autre que moi doit chercher ?) ?? Et si on danse ?

lundi 13 mai 2024

Déclencher un tsunami d'un revers de la main

J'ai découvert cette histoire d'émotions à un âge adulte avancé. Avant, je pensais que tout le monde ressentait fort mais que j'étais un peu nulle à me laisser envahir alors que tout le monde semblait en parfait auto-contrôle. C'est au boulot, dans une période un peu difficile, que je me suis rendu compte que j'étais la seule à être en colère face à une série d'injustices (et quand je dis en colère, c'est pas qu'un peu). Ça n'a pas arrangé mon auto diagnostic, jusqu'à ce qu'enfin je trouve des clés pour comprendre.

J'écrivais l'autre jour que je me servais mieux de tout ça, que je le subissais moins. On est encore assez loin de la perfection, notez bien.

Parfois, quand ça déborde, j'ai l'impression que je pourrais, tellement je vibre fort, déclencher un tsunami d'un revers de la main, un tremblement de terre transmis de mon cœur au noyau. N'appelez pas les hommes en blanc, je sais que je ne peux pas vraiment le faire. Mais c'est assez indescriptible sans images un peu parlantes.

Alors j'écris. Pas pour faire joli, pas pour raconter une histoire. Je prends le magma à mains nues et je tente de lui donner une forme. Mes doigts crépitent sur le clavier (je ne pourrais pas faire ça à la main, imaginez quel serait mon sort si j'étais née avant l'époque des machines à écrire, puis des ordinateurs). Dans ma tête c'est comme creuser des tranchées dans la lave. Ou vomir après une soirée de l'enfer. Ça n'a rien à voir avec un projet esthétique, artistique ou intellectuel, c'est ma seule façon efficace de me laisser traverser sans me briser, de mettre à distance suffisamment ce qui me bouleverse pour fonctionner à peu près, ensuite. En tout cas, donner l'illusion de fonctionner (si vous saviez à quel point je suis bonne comédienne).

Oui, je pourrais faire ça sur un document au fond de mon disque dur, c'est vrai. J'ai pris de mauvaises habitudes. Et on est si peu nombreux, encore, à lire ces trucs étranges que sont les blogs... désolée pour le bordel, les flaques de lave et de vomi.

(Collègues "Sorcières" de Brancusi)

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Pour me faciliter la vie, parce qu'il est bien connu que le manque de sommeil et les trucs déréglés aident grandement à mener une vie sereine, je n'ai pas un mais deux traitements en cours d'expérimentation.

Hashimoto résiste un peu, on tente la dose au-dessus. J'ai donc allongé mon trajet retour d'un bon kilomètre, ce soir, pour aller chercher la nouvelle ordonnance et... ai loupé la secrétaire de 3 minutes. Respirons.

Ah non, je ne peux pas. Ça faisait deux ans que je faisais traîner la prise de ce rv avec une pneumologue pour un point asthme. Comme je suis tombée sur une professionnelle alerte, elle tente un allègement de traitement avec un changement de médicament pour un plus contraignant, suppression des antihistaminiques. C'était le 2 avril. Devinez ce qu'il se passe depuis ?

Les putains d'arbres copulent. Ça envoie du pollen dans tous les sens. Son truc fonctionne modérément, j'avais espoir de tenir jusqu'au rv de débrief en juillet. Je pense qu'à la place je vais appeler ma généraliste pour revenir aux bons vieux trucs avec lesquels j'avais l'assurance de respirer et envoyer la spécialiste à 100 balles les dix minutes aller se faire cuire le cul.

Ça ne va pas me tuer, mais ça m'épuise, ces galères pas très graves mais bien chiantes.

Sans parler de la défaite morale de dysfonctionner du corps en plus de la tête. (J'en vois deux qui rigolent au fond de la salle en disant "oui mais au moins tu es obligée de t'occuper de toi, gnagnagna". Je vous aime mais ça ne me fait pas rire DU TOUT).

Et alors là, la sorcellerie n'a aucune sorte d'effet, hein. J'ai bien essayé de me coller les doigts dans le nez en chantant une incantation, mais tout ce que j'ai gagné c'est une invitation à l'Eurovision l'an prochain.

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Bref, la sorcellerie ne résout pas tout, au contraire, elle ajoute bien souvent des soucis. Quand je pense qu'il y a des gens tièdes et des, peut-être les mêmes, capables de ne penser à rien.

Je ne vais pas bien, donc, ces jours-ci, mais ne vous en faites pas.

samedi 11 mai 2024

Photographies et conséquences

Il y a un truc que j'aime, pour lequel je ne suis pas vraiment douée, mais que j'aime néanmoins, c'est prendre des photos.

J'en discutais récemment avec Franck puis Michel, amis et référents sur le sujet, j'ai un petit souci mécanique à ce sujet. J'aime mieux la sensation de mon reflex dans les mains, plus du tout pour stabiliser la photo, mon smartphone le fait très bien, mais pour me stabiliser moi dans la prise de vue. Sauf que, pas de bol, il faut bien se rendre à l'évidence, ce dernier est (largement) dépassé par le même smartphone en termes de qualité d'image.

Et puis ce que j'aime (aimais), moi, c'était de prendre des visages à la volée, un truc dans l'expression qui en dit plus sur la personne photographiée que n'importe quel portrait posé. A vrai dire, je pense que ça en dit surtout sur celui ou celle qui regarde et photographie. Mais bon, c'est une autre discussion.

En 2024.

Plus personne.

Ne reste naturel quand un appareil, quel qu'il soit, est dans les parages.

Bon, c'est pas comme si on brisait une vocation. Du coup je me contente d'immortaliser des moments, des sortes de cartes postales instantanées. Mes plus fréquents rendez-vous sont sur le toit de mon bureau. Pas compliqué, tu regardes n'importe où, tu cadres n'importe comment, c'est beau.

Le rendez-vous d'après c'est d'envoyer chacun la sienne (toujours différentes l'une de l'autre) à mes deux destinataires des matins de bureau. Comme un bonjour qui se glisse dans leur téléphone avec un coin de joli (j'espère).

Quoi qu'il en soit il arrive que, sur un malentendu, j'en trouve quelques-unes pas si mal.

Et là, j'avais dans ma chambre un cadre avec des photos d'une autre époque. J'ai donc fait imprimer une série de photos parmi mes préférées, constaté que j'en avais peu dans la bonne orientation, sélectionné cinq élues.

On peut se risquer à dire, sans possibilité de se tromper, que le mec qui m'a vendu un tube de" sans clou ni vis" il y a 13 ans et quelques ne m'avait pas menti, le truc tient bien. J'ai mis un temps fou à décoller le cadre du mur. Ainsi qu'une couche dudit fixant et du papier peint repeint dessous. Peut-être même un peu de béton armé (quasi tous les murs chez moi sont en béton armé, ça présente quelques inconvénients).

Voilà.

J'ai passé ensuite un temps certain, avec la délicatesse qui me caractérise en ces jours d'envie de tout cramer, à décoller le sans clou ni vis sédimenté à l'arrière du cadre. Si seulement je m'étais souvenue que j'ai son jumeau quelque part, hein ? Mais non. Pas avant d'avoir fini.

Foutoir garanti.

Armée de l'outil qui m'a aidée dans cette mission, à moitié à poil et en tailleur mon lit, je me suis d'ailleurs fait la réflexion que la lame de ce couteau à enduire ou autre outil au doux nom semi mystérieux avait l'exacte forme et taille d'une cicatrice sous le dessous de mon pied. Pas la première de nos aventures ensemble un jour de grand calme, raisonnable, hein, mec ?

Bref, il restait un fond de tube d'un autre fixateur, j'en ai mis sur l'arrière du cadre. Mur bon à repeindre pour mur bon à repeindre, faisons comme dans la marine et chez mes grands-parents : peinture sur merde = propreté. Collons par dessus, on verra à ma prochaine envie de changement si j'arrache le mur complètement ou si j'en garde un bout par nostalgie. #SheHulk

Bonne blague, il n'y en avait pas assez pour que ça tienne.

Mais bon, on a jamais été aussi près de la soluce, les gars. Y a pas quelqu'un qui veut me foutre en vrac encore un peu plus, que j'aille chercher la rage d'en découdre qui me manque pour finir ? (Ne faites pas ça, honnêtement, je ne garantis la sécurité de personne qui viendrait essayer. Je viens de lâcher un "lol, connard" à un mec qui vient de me traiter de bourgeoise sur Twitter, je suis au taquet pour arracher la tête de quelqu'un, là, tout de suite).

On y est presque, donc.

(Ironiquement il n'y a pas, dans ma sélection, une de mes photos préférées, qui est d'une absurdité sans nom, personne ne peut comprendre sauf la personne qui l'a prise et moi, je pense. Et ça n'est même pas pour cette raison qu'elle n'est pas dans la sélection, mais pour une bête question d'orientation. A vrai dire, comme personne ne comprendrait quoi que ce soit à la présence de cette photo et que ma chambre n'est pas un musée ultra fréquenté, tant que le truc n'est pas collé, il n'est pas exclu que je change d'avis. Comme quoi on dit être bouleversée par l'art, et c'est la blague et le joli souvenir autour qui l'emportent).

jeudi 9 mai 2024

Lomalarchovitch et les oeufs au plat

Lomalarchovitch, mon bébé, mon tout petit, celui pour qui je n'ai plus besoin de me baisser pour le câliner, qui chausse du 38, Lomalarchovitch né hier ou quasi, donc, a un nouveau rituel.

Il me fait des œufs les matins de petits déjeuners pas pressés. Des œufs au plat, souvent. A la coque, parfois.

Je ne saurai vous dire l'émotion qui me saisit quand je vois mon tout, tout, tout petit géant prendre sa place en cuisine puis débarquer fièrement, plateau à la main, pour un moment partagé.

J'essaie de lui dire autant à quel point j'adore ça ET qu'il n'a aucune obligation.

Quand je vous dis faiseurs de bulles d'amour...

lundi 6 mai 2024

Faiseurs de bulles

L'autre soir j'étais avec Cro-Mi et sa licorne à un concert.

La licorne en question est autiste, ce qui rend le moment, bien que souhaité, un peu compliqué pour lui.

Tout le bout de soirée qu'on a partagé, j'ai vu Cro-Mi entourer son amoureux d'une bulle d'amour et d'attentions pour le mettre à l'abri. C'est rare, précieux, et parfois fragile, les licornes.

Ca m'a touchée en plein cœur.

Cette qualité d'attention à l'autre, je sais très précisément de qui il le tient.

Alors quand je le vois faire, je me dis que je n'ai pas complètement tout foiré dans la vie. Je lui ai offert ça, cette capacité à aimer intensément, à donner beaucoup.

Avec une petite amertume, une envie de lui dire de faire gaffe, de ne pas s'oublier au passage.

Mais ils sont heureux. Pas envie de mettre du sombre au-dessus de ces réjouissantes créatures [1].

Vous faites quoi de la vie ?

Faiseurs de bulles d'amour.

De mère en enfants.

Note

[1] Globalement j'admire sa capacité à choisir des personnes géniales pour accompagner son chemin amoureux. Et je ne dis pas ça que parce que les deux dernières rient à mes blagues.

jeudi 2 mai 2024

Je vous parle d'un temps

La plupart du temps, quand je pense à la jeune adulte que j'étais, je suis plutôt soulagée d'avoir avancé depuis. Tous ces trucs qui me ravageaient au passage et dont je sais, enfin, un peu mieux me servir. Toute cette pression que je me suis mise pour répondre aux attentes, obtenir l'approbation et dont je me dégage, doucement, petit à petit.

Je me trouve infiniment plus fréquentable maintenant, la plupart du temps.

Si je devais revenir à mes vingt ans, armée de ce que je sais de moi maintenant je... je ferais sans doute exactement la même chose. Ne serait-ce que pour mes enfants, ils sont ma vie et le fruit d'un chemin qui, s'il ne m'a pas rendu heureuse, intrinsèquement, a fait de moi leur mère, le truc le moins regrettable au monde. Et heureuse de l'être. C'est déjà ça.

Alors ok, est-ce que je leur ai rendu service, à les construire comme ils sont, mes petits, trop intelligents, trop sensibles, trop intenses pour leur propre bien-être ? J'espère qu'ils seront plus vifs à trouver leurs chemins, à naviguer le monde. Qu'ils seront plein de vie et d'envies d'un bout à l'autre.

Ils sont là et je me refuse à imaginer un monde où ils ne seraient pas. J'en suis absolument incapable, j'ai le souffle coupé par l'amour que je leur porte et celui qu'ils me donnent.

Si je revenais, donc, ça ne changerait de toute façon pas : le monde est plein de gamins ultra talentueux, brillants, qui apportent ou apporteront au monde des choses qui le rendent au moins un peu plus habitable.

J'en suis incapable. Même moins con qu'à l'époque. Ma présence ici est insignifiante. C'est vertigineux à quel point rien n'a de sens, ni d'importance réelle, si petits sur une si petite planète au milieu d'un univers inconcevable, nos emmerdes si grosses qui ne sont rien et qui nous remuent tant.

La plupart du temps ça ne me pèse pas : ce qui compte, dans la mesure de mes moyens bassement humains, c'est l'amour que je donne, et je crois que je fais ma part.

Et puis les sales journées, où les tracas s'empilent, pas forcément graves, juste assez emmerdants pour déclencher une envie d'aller voir ailleurs, si on y est.

Les jours où on se sent si seule et inutile qu'on se demande "et si je n'étais plus là, à qui je manquerais, dans mettons six mois, un an ?" Mes parents, mes enfants. Et puis ?

Bien sûr c'est passager, bien sûr demain ça ira mieux. Bien sûr je trouverai toujours le chemin pour aller tirer la manche de quelques unes d'entre vous pour leur demander : "Dis, tu m'aime ?" histoire de trouver le carburant pour avancer encore.

C'est juste une de ces journées pleine de vide existentiel. Où quand tu rentres et que ça pue l'oignon et la soupe au poireau de l'aisselle douteuse dans une fringue sale sur ton territoire, que tu ne peux entrer dans aucune pièce sans y trouver quelqu'un, que ton refuge est encore et toujours envahi, que ça vient mettre la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

Parfois je me demande à quoi ça sert d'avoir mis tant d'énergie à essayer de me réapproprier ma vie pour si peu de changements concrets plusieurs mois après.

Bref. Assez d'auto apitoiement. Il est l'heure d'entrer dans la musique, puis dans la littérature, comme je m'immergerais dans la mer, habillée de pied en cap, les bras en croix. Pas pour s'y laisser couler mais pour se faire soutenir par le flot. Par la beauté déchirante de certains accords ou de certains mots. Pour que ceux font profiter au monde de leur talents soient écoutés, lus vus, avec l'attention qu'ils méritent.

Ca ira mieux demain.