Les aventures de Lomalarchovitch

lundi 16 décembre 2024

On va rigoler

Jeudi soir, c'est la remise de bulletin de Lomalarchovitch, point d'orgue (pas moins) de son premier trimestre au collège.

J'ai une assez bonne idée de ce ce qu'on va m'y dire : bonnes notes, le soin est déplorable, il y a un gros travail sur la gestion des émotions, faut mûrir, il est "différent".

J'attends ce moment en me frappant virtuellement la paume de la main avec la batte de base-ball.

Parce qu'il lui est arrivé ça, à Lomalarchovitch, au cours de ce premier trimestre.

Et que non seulement il a trouvé le courage d'en parler mais aussi de s'en sortir, sans aucune aide du collège. Enfin le médiateur a fini par le recevoir un jour, le gamin avait déjà fait connaissance avec Emmanuelle Piquet et ses sbires et lui a calmement dit "je vais me débrouiller tout seul".

Dont acte. Avec une équipe resserrée composée de sa mère et d'une fantastique psy, une série de tests de plus en plus probants, une séance de peaufinage de "flèche" et il s'est débarrassé de ses nuisibles, le môme.

J'ai trollé le collège avec un mot à ma boucle de destinataires silencieux habituels pour signaler que j'étais très fière de lui et que le cabinet faisait aussi des interventions en milieu scolaire. Devinez quoi ?

Pas de réponse, bien sûr.

Enfin, si, sous forme de... silence : personne n'est revenu me parler de cette putain de commission éducative de merde pour l'aider à gérer ses émotions.

J'attends, donc, avec impatience, le moment où on va m'expliquer que les cahiers mal tenus, quand même, c'est grave, et que je vais pouvoir en regarder un dans le fond des yeux en lui demandant si c'est pire que d'avoir été mis en danger au sein de l'établissement sans aucun soutien de l'équipe éducative.

Jeudi soir je braque la banque. Et joyeux Noël Thérèse.

(Oui, je vais faire gaffe car il a encore 11 trimestres à faire dans cet établissement)

Le cul sec déter

mardi 26 novembre 2024

Comment savoir que votre fils est un garçon

Je me lamente beaucoup, en ces lieux, sur l'âme chaotique de Lomalarchovitch, qui sème une quantité improbable d'objets sur son passage, a une mémoire à 30 secondes en ce qui concerne les contraintes et, globalement, cherche les limites de ma patience sur une base quotidienne.

Il faut pourtant lui reconnaître un grand coup d'éclat depuis ce début d'année scolaire : pas une fois il n'est arrivé en retard au collège alors que, trois fois par semaine, il se lève et se prépare seul, pendant que je sirote mon café, seule et sereine, sur le rooftop du bureau.

Enfin, sereine.

Sauf quand il m'envoie un message en mode alerte maximale sur son état de santé une minute avant son départ sur le collège ("j'ai le nez qui coule je suis atrocement malade je ne veux pas aller au collège s'il te plaît s'il te plaît s'il te plaît").

Après quelques montées d'adrénaline, je lui ai expliqué qu'il était impossible de me prendre en otage de la situation, à devoir prendre une décision à distance et en quelques secondes.

Il s'y plie de plutôt bonne grâce.

Mais depuis je reçois, quasiment toutes les semaines, des SMS de type :

"J'ai le nez qui coule mais je pars 'quand même dans 1 minute".

"J'ai le nez qui coule, mal à la tête et ma température est de 0.3[1] mais je pars quand même dans 3 minutes".

"Je suis habillé mais j'ai mal au ventre et à l'épaule gauche, j'y vais quand même[2]."

Comme ils m'ont dit avec beaucoup de sagacité en salle d'accouchement : vous avez un garçon en pleine forme, Madame. Enfin en pleine forme, avec des rhumes d'homme, quoi.

Mon fils, ce martyr.

(Voyons le bon côté des choses, si je vais encore réchauffer le climat à force de soupirs, vous en avez pour quelques années à rigoler grâce à lui).

Lomalarchovitch aux rhumes d'homme
déc. 2023

Notes

[1] Comprendre, 0.3 degrés supérieure à sa norme personnelle, que personne ne panique, il n'est pas mort.

[2] Haha, en plus on peut jouer à Docteur House grâce à lui : douleur à l'épaule gauche et mal au ventre, c'est soit un lupus, soit une scolarite aiguë ! Commencez les traitements, s'il ne meurt pas, c'est que j'ai raison !

mercredi 16 octobre 2024

Enfiler l'armure à nouveau

Voilà.

On a à peine le temps de se poser et de se dire que là, tout va plutôt bien, qu'on s'en prend à nouveau une sur la tronche.

A peine l'idée que la rentrée en sixième, malgré son lot de roumègueries à cause du caractère trop organisé de mon fils, ne se passe pas si mal que la nouvelle tombe.

Lomalarchovitch a deux abrutis sur les côtes depuis plusieurs semaines.

C'est passé de remarques blessantes à insultes, des insultes aux coups. Et comme ces abrutis sont malins et que Lomalarchovitch se défend, c'est lui qui se fait punir. Feu vert du collège au harcèlement : les petits cons sont bien tranquilles, celui qui subit, même s'il n'est pas innocent de ses ripostes, a des ennuis.

J'ai été bonne élève, j'ai suivi leurs consignes : premier signalement à l'équipe de médiation il y a trois semaines. Redite en réunion avec le prof principal la semaine dernière. Message à ce dernier + la CPE + l'équipe médiation hier : rien n'a bougé.

En attendant, fiston va au collège bien stressé, fait donc : n'importe quoi. Et on me propose une commission éducative pour l'aider à gérer ses émotions.

Alors je ne suis pas contre mais c'est comme la fille à qui on reproche sa jupe trop courte et d'avoir cherché les ennuis : si on commençait par LE problème ?

Est-ce qu'on ferait mieux que lui, nous, adultes, si on prenait des remarques humiliantes, insultantes et/ou des coups tous les jours ? Je ne crois pas, non.

Je documente, archi consciente que ça va être difficile (la CPE hier m'a appelée et la seule réaction à mon message du matin était : "on a des problèmes de violence exceptionnels cette année, même les sixième ont intégré la violence physique et verbale comme moyen de communication acceptable". Super rassurant. Mon fils était à côté d'elle quand elle parlait... Aujourd'hui ? Elle ne travaille pas.) Ce matin j'ai pris des photos de bleus sur son corps, au cas où.

Je ne blâme pas le collège lui-même, l'école publique n'est plus que le fantôme de ce qu'elle a été, il manque des heures, des gens, des euros partout. Je blâme le monde qui fait qu'on en arrive là.

Et je me retourne dans mon lit à longueur de nuit en espérant trouver la solution miracle qui n'existe pas. Seule ou à peu près.

Je vais fermer les commentaires sous ce billet. Je n'ai pas envie d'en discuter ici, à vrai dire, j'ai envie d'effacer le problème. Là j'ai juste besoin qu'on me prenne dans les bras et qu'on me rappelle que j'ai encore de la force pour gérer ça, et où je l'ai rangée. Et qu'on va trouver des solutions. Qu'il va aller bien. Que ça va s'arrêter. Et que je suis une adulte bienveillante qui ne peut pas aller péter des genoux à des gamins qui s'en prennent à mon fils malgré l'envie qui me démange.

vendredi 13 septembre 2024

Mon fils, ce troll

Or donc je vous parlais de mon fils.

Qui s'est donc pris deux croix en deux jours, pour des motifs amusants.

En maths (où les conversations sont autorisées dès lors qu'on a fini), il a répondu un ferme "je m'en fous" à l'un de ses camarades.

En arts plastiques, il a trouvé super long l'attente doigt levé donc a fini par brailler sa réponse. Puis se mettre à chanter l'air de la sonnerie au moment où icelle retentit, tout en rassemblant ses affaires pour se diriger vers la cantine car : il avait la dalle. La prof qui n'avait manifestement pas fini son cours l'a mal pris.

Ca nous menait donc à hier soir, je me disais que bon, plus que quatre heures de cours et cette semaine est sauvée.

Je bossais donc presque tranquillement quand j'ai reçu le SMS "ECOLE" que nous redoutons tous. Celui qui dit qu'il n'est pas en cours. Or, je travaille de la maison, il est bien parti au collège sous mon nez. J'appelle le collège qui confirme qu'il était en classe en première heure. Le monsieur des absences va en classe, ne le trouve pas, je lui signale que le prof de maths n'est pas le meilleur pote de mon fils, que peut-être il est planqué quelque part. C'est un peu son genre parfois, le refus d'obstacle.

Le type en question part en mission commando dans le bahut et pendant ce temps, je me demande si mon fils est juste un rebelle (oui) ou s'il a une motricité très personnalisée (oui) qui l'aurait fait chuter, bref, est-il en train d'agoniser quelque part en un recoin du collège ?

Le téléphone sonne enfin, pour me dire que ce putain d'enfant, issu de ma chair et que j'ai fabriqué à partir de quasi rien, cellule par cellule...

...est...

... en salle info....

... avec trois autres élèves....

... et la principale adjointe.

Qui doit avoir une excellente raison, logique et tout, mais dont j'ignore tout, pour ne pas avoir prévenu ses collègues que l'absence de mon fils et de ses potes était excusée par sa volonté quasi divine, hein. Comme dirait mon autre fils (le médecin tatoueur) : "elle a intérêt à avoir de bonnes explications".

Bref, soulagée mais épuisée, s'il est possible de l'être plus, par cet ascenseur émotionnel, j'ai pleuré dix minutes derrière mon écran en forme d'évacuation de stress en trop.

Visiblement il est encore avec elle l'heure d'après car, blague, il est marqué absent. J'ai à peine levé un sourcil.

Quand je vous dis que je ne vais pas survivre à sa sixième.

--- Le fin mot de l'histoire : il a suivi par "erreur" un groupe d'élèves de sa classe qui passait l'évaluation nationale. Sur place, on lui a dit "bah, ça sera fait, reste donc". Ces gens veulent donc la mort des parents, c'est officiel.

mercredi 11 septembre 2024

L'enfant du chaos et de la lumière

Lomalarchovich, fin août 2024

Tout le monde sait l'amour infini que je porte à Lomalarchovitch, cet enfant radieux dès les premières heures, celui qui sait trouver en toute situation le chemin du rire et de la clarté[1].

Ce n'est pas l'aimer moins que d'être consciente de ses défauts. Dont un assez majeur dans notre quotidien partagé. Ce môme est l'inverse de l'organisation. Sa chambre est une version hardcore des écuries d'Augias. Les vêtements tire-bouchonnent sur lui, se couvrent de taches (d'ailleurs il possède une majorité de vêtements avec des taches propres). Il ne sait pas manger sans en mettre partout. Lire un livre sans lui donner une forme... euh... (j'ai mal, mal, mal, rien que d'y penser). Bref, c'est l'enfant du chaos.

Le neuf cesse d'être à l'instant où ses mains le touche, le rangement lui est une notion étrangère, l'étourderie sa compagne de route. Il couvre le sol de l'appartement de choses laissées au gré de ses déplacements, parfois de façon très saugrenue[2].

Je sais bien qu'il a dix ans et que c'est environ normal, mais, traumatisée par la cohabitation avec son père, je suis un peu stressée du sujet, d'une part, et en lutte contre ce potentiel héritage génétique, de l'autre.

Vous pensez bien que maintenant qu'il va au collège, la probabilité de partir le matin sans ses affaires, ou alors pas les bonnes, de les perdre en route est forte (oui, dès le premier jour), bref, les possibilités de nourrir son chaos sont infinies.

Or, trois jours par semaine il se lève, se prépare et se rend au collège alors que je suis déjà partie (je sais, je suis une mauvaise mère).

J'ai jalonné son chemin matinal de réveils, alertes, facilitateurs.

Il ne me reste qu'à cuver mon stress jusqu'au moment de recevoir ou pas la notif. Pas de notif ? C'est bon, il y était à l'heure. Ne reste que l'oubli de matos, l'insubordination, sa très unique façon d'être au monde qui me réjouit mais ne séduit pas universellement.

Puis les heureuses retrouvailles, le soulagement, la litanie des "range tes baskets, mets le couvert, jette ton mouchoir, fais ton sac pour demain (le tout répété de 3 à 10 fois par jour, au moins.

Je donnerais mon monde et le vôtre pour cet enfant, mais je ne suis pas très sûre de survivre à son premier trimestre de collège.

Notes

[1] Pendant que j'écris ces mots, la puberté se frotte les mains et rigole à ma santé en comptant les heures qui me restent.

[2] Oui, je sais, c'est un mec