Les aventures de Lomalarchovitch

mercredi 16 octobre 2024

Enfiler l'armure à nouveau

Voilà.

On a à peine le temps de se poser et de se dire que là, tout va plutôt bien, qu'on s'en prend à nouveau une sur la tronche.

A peine l'idée que la rentrée en sixième, malgré son lot de roumègueries à cause du caractère trop organisé de mon fils, ne se passe pas si mal que la nouvelle tombe.

Lomalarchovitch a deux abrutis sur les côtes depuis plusieurs semaines.

C'est passé de remarques blessantes à insultes, des insultes aux coups. Et comme ces abrutis sont malins et que Lomalarchovitch se défend, c'est lui qui se fait punir. Feu vert du collège au harcèlement : les petits cons sont bien tranquilles, celui qui subit, même s'il n'est pas innocent de ses ripostes, a des ennuis.

J'ai été bonne élève, j'ai suivi leurs consignes : premier signalement à l'équipe de médiation il y a trois semaines. Redite en réunion avec le prof principal la semaine dernière. Message à ce dernier + la CPE + l'équipe médiation hier : rien n'a bougé.

En attendant, fiston va au collège bien stressé, fait donc : n'importe quoi. Et on me propose une commission éducative pour l'aider à gérer ses émotions.

Alors je ne suis pas contre mais c'est comme la fille à qui on reproche sa jupe trop courte et d'avoir cherché les ennuis : si on commençait par LE problème ?

Est-ce qu'on ferait mieux que lui, nous, adultes, si on prenait des remarques humiliantes, insultantes et/ou des coups tous les jours ? Je ne crois pas, non.

Je documente, archi consciente que ça va être difficile (la CPE hier m'a appelée et la seule réaction à mon message du matin était : "on a des problèmes de violence exceptionnels cette année, même les sixième ont intégré la violence physique et verbale comme moyen de communication acceptable". Super rassurant. Mon fils était à côté d'elle quand elle parlait... Aujourd'hui ? Elle ne travaille pas.) Ce matin j'ai pris des photos de bleus sur son corps, au cas où.

Je ne blâme pas le collège lui-même, l'école publique n'est plus que le fantôme de ce qu'elle a été, il manque des heures, des gens, des euros partout. Je blâme le monde qui fait qu'on en arrive là.

Et je me retourne dans mon lit à longueur de nuit en espérant trouver la solution miracle qui n'existe pas. Seule ou à peu près.

Je vais fermer les commentaires sous ce billet. Je n'ai pas envie d'en discuter ici, à vrai dire, j'ai envie d'effacer le problème. Là j'ai juste besoin qu'on me prenne dans les bras et qu'on me rappelle que j'ai encore de la force pour gérer ça, et où je l'ai rangée. Et qu'on va trouver des solutions. Qu'il va aller bien. Que ça va s'arrêter. Et que je suis une adulte bienveillante qui ne peut pas aller péter des genoux à des gamins qui s'en prennent à mon fils malgré l'envie qui me démange.

vendredi 13 septembre 2024

Mon fils, ce troll

Or donc je vous parlais de mon fils.

Qui s'est donc pris deux croix en deux jours, pour des motifs amusants.

En maths (où les conversations sont autorisées dès lors qu'on a fini), il a répondu un ferme "je m'en fous" à l'un de ses camarades.

En arts plastiques, il a trouvé super long l'attente doigt levé donc a fini par brailler sa réponse. Puis se mettre à chanter l'air de la sonnerie au moment où icelle retentit, tout en rassemblant ses affaires pour se diriger vers la cantine car : il avait la dalle. La prof qui n'avait manifestement pas fini son cours l'a mal pris.

Ca nous menait donc à hier soir, je me disais que bon, plus que quatre heures de cours et cette semaine est sauvée.

Je bossais donc presque tranquillement quand j'ai reçu le SMS "ECOLE" que nous redoutons tous. Celui qui dit qu'il n'est pas en cours. Or, je travaille de la maison, il est bien parti au collège sous mon nez. J'appelle le collège qui confirme qu'il était en classe en première heure. Le monsieur des absences va en classe, ne le trouve pas, je lui signale que le prof de maths n'est pas le meilleur pote de mon fils, que peut-être il est planqué quelque part. C'est un peu son genre parfois, le refus d'obstacle.

Le type en question part en mission commando dans le bahut et pendant ce temps, je me demande si mon fils est juste un rebelle (oui) ou s'il a une motricité très personnalisée (oui) qui l'aurait fait chuter, bref, est-il en train d'agoniser quelque part en un recoin du collège ?

Le téléphone sonne enfin, pour me dire que ce putain d'enfant, issu de ma chair et que j'ai fabriqué à partir de quasi rien, cellule par cellule...

...est...

... en salle info....

... avec trois autres élèves....

... et la principale adjointe.

Qui doit avoir une excellente raison, logique et tout, mais dont j'ignore tout, pour ne pas avoir prévenu ses collègues que l'absence de mon fils et de ses potes était excusée par sa volonté quasi divine, hein. Comme dirait mon autre fils (le médecin tatoueur) : "elle a intérêt à avoir de bonnes explications".

Bref, soulagée mais épuisée, s'il est possible de l'être plus, par cet ascenseur émotionnel, j'ai pleuré dix minutes derrière mon écran en forme d'évacuation de stress en trop.

Visiblement il est encore avec elle l'heure d'après car, blague, il est marqué absent. J'ai à peine levé un sourcil.

Quand je vous dis que je ne vais pas survivre à sa sixième.

--- Le fin mot de l'histoire : il a suivi par "erreur" un groupe d'élèves de sa classe qui passait l'évaluation nationale. Sur place, on lui a dit "bah, ça sera fait, reste donc". Ces gens veulent donc la mort des parents, c'est officiel.

mercredi 11 septembre 2024

L'enfant du chaos et de la lumière

Lomalarchovich, fin août 2024

Tout le monde sait l'amour infini que je porte à Lomalarchovitch, cet enfant radieux dès les premières heures, celui qui sait trouver en toute situation le chemin du rire et de la clarté[1].

Ce n'est pas l'aimer moins que d'être consciente de ses défauts. Dont un assez majeur dans notre quotidien partagé. Ce môme est l'inverse de l'organisation. Sa chambre est une version hardcore des écuries d'Augias. Les vêtements tire-bouchonnent sur lui, se couvrent de taches (d'ailleurs il possède une majorité de vêtements avec des taches propres). Il ne sait pas manger sans en mettre partout. Lire un livre sans lui donner une forme... euh... (j'ai mal, mal, mal, rien que d'y penser). Bref, c'est l'enfant du chaos.

Le neuf cesse d'être à l'instant où ses mains le touche, le rangement lui est une notion étrangère, l'étourderie sa compagne de route. Il couvre le sol de l'appartement de choses laissées au gré de ses déplacements, parfois de façon très saugrenue[2].

Je sais bien qu'il a dix ans et que c'est environ normal, mais, traumatisée par la cohabitation avec son père, je suis un peu stressée du sujet, d'une part, et en lutte contre ce potentiel héritage génétique, de l'autre.

Vous pensez bien que maintenant qu'il va au collège, la probabilité de partir le matin sans ses affaires, ou alors pas les bonnes, de les perdre en route est forte (oui, dès le premier jour), bref, les possibilités de nourrir son chaos sont infinies.

Or, trois jours par semaine il se lève, se prépare et se rend au collège alors que je suis déjà partie (je sais, je suis une mauvaise mère).

J'ai jalonné son chemin matinal de réveils, alertes, facilitateurs.

Il ne me reste qu'à cuver mon stress jusqu'au moment de recevoir ou pas la notif. Pas de notif ? C'est bon, il y était à l'heure. Ne reste que l'oubli de matos, l'insubordination, sa très unique façon d'être au monde qui me réjouit mais ne séduit pas universellement.

Puis les heureuses retrouvailles, le soulagement, la litanie des "range tes baskets, mets le couvert, jette ton mouchoir, fais ton sac pour demain (le tout répété de 3 à 10 fois par jour, au moins.

Je donnerais mon monde et le vôtre pour cet enfant, mais je ne suis pas très sûre de survivre à son premier trimestre de collège.

Notes

[1] Pendant que j'écris ces mots, la puberté se frotte les mains et rigole à ma santé en comptant les heures qui me restent.

[2] Oui, je sais, c'est un mec

jeudi 9 mai 2024

Lomalarchovitch et les oeufs au plat

Lomalarchovitch, mon bébé, mon tout petit, celui pour qui je n'ai plus besoin de me baisser pour le câliner, qui chausse du 38, Lomalarchovitch né hier ou quasi, donc, a un nouveau rituel.

Il me fait des œufs les matins de petits déjeuners pas pressés. Des œufs au plat, souvent. A la coque, parfois.

Je ne saurai vous dire l'émotion qui me saisit quand je vois mon tout, tout, tout petit géant prendre sa place en cuisine puis débarquer fièrement, plateau à la main, pour un moment partagé.

J'essaie de lui dire autant à quel point j'adore ça ET qu'il n'a aucune obligation.

Quand je vous dis faiseurs de bulles d'amour...

lundi 26 juillet 2021

Sept ans à Calais

Comme l'indiquent subtilement quelques-unes des photos d'en-tête de ce blog, nous sommes en famille follement amoureux des machines sorties de l'imagination de François Delarozière et des mains de ses fantastiques équipes.

C'est donc dès son arrivée à Calais, en novembre 2019, que nous voulions aller à la rencontre du Dragon. La grève SNCF nous en a empêchés, mais nous imaginions une partie remise dans un futur proche. Puis boum, la Covid.

Finalement, à la faveur de notre changement de voiture, du changement de job de Noé, et d'une date qui tombe pile poil, nous avons secrètement planifié notre revanche au week-end d'anniversaire de notre fiston. Secrètement pour ne pas se porter la poisse et surtout pour ne pas le décevoir si nous devions, une fois de plus, annuler la visite.

Lomalarchovitch n'a donc élucidé le mystère de ce voyage secret qu'en allant s'installer dans "Athéna, la bétaillère à pastafaristes" le dernier jour de ses six ans.

Arrivés à Calais, nous sommes quand même allés saluer les bourgeois. Je les ai trouvés plus petits que dans mon imagination, mais fort joliment proches d'un jardin éphémère tout à fait joli et réjouissant.

Et puis, hop, partis pour le front de mer. Pas arrêtés par le ciel gris. Ni par la pluie. Et nous l'avons vu, majestueux sous son hangar. Comme à chaque rencontre avec ces bestioles, montée d'émotion…

Nous avions notre billet pour un "vol" en fin d'après-midi, ce qui nous a laissé le temps de siroter un thé bouillant sous une pluie insistante face à la mer, de regarder les oiseaux, de suivre le dragon dans son voyage précédent. Ce qui m'a valu de me faire encore mouiller pour prendre la photo qui, j'espère, wink wink Noé, rejoindra vite les autres dans ma bannière mouvante !

Et puis notre tour. Comme à chaque fois, la magie d'un moment suspendu. Nous avons eu la chance que le dragonnier chef "cracheur" (celui sur la tête) fasse partie de la grande confrérie des cyclos-twittos (et donc d'être remouillés à la descente), ça donne une petite couleur supplémentaire au voyage, que d'avoir eu la chance de saluer le dragonnier, non ?

Et puis le reste du séjour. Vu par les yeux d'un enfant : manger beaucoup de frites (on est dans le Pas-de-Calais, quand même), découvrir ses cadeaux d'anniversaire après une nuit à l'hôtel (sa première, il a adoré, particulièrement le baby-foot et le billard à la réception dudit hôtel et en tête de toutes ces découvertes le buffet petit déjeuner). Bruncher aux pieds du Dragon avec une bougie planté dans un pancake (merci encore, toute l'équipe, vous êtes des magiciens !).

De ses propres mots

"C'est chouette, parfois, la vie".

Quant à moi, j'avoue, je ne sais pas si sans ce dragon, j'aurais eu l'idée d'aller passer un week-end à Calais. Et si ça n'avait pas été le cas, j'aurais eu tort, tant j'en repars avec des souvenirs forts.