Je crois que j'avais râlé, ici ou ailleurs, sur la réservation obligatoire des billets dans les musées (à Amsterdam quand dans toutes les capitales du monde). Je reviens un peu là-dessus : certes, ça enlève beaucoup la spontanéité du voyage. Encore que du moment que le billet est à la bonne date, ils laissent entrer, ici, ou alors j'ai vraiment un très très beau sourire. Mais alors, quand 24 heures avant, tu reçois un mail bien fichu, qui te dit qu'on t'attend avec impatience [], et qui te liste les points clés à avoir en tête, quel bonheur. La charge mentale fond comme neige au soleil, tu sais où il y a des vestiaires, où tu as le droit de prendre des photos (Van Gogh, Rijks) et ou pas (Anne Frank Huis).
Bon, grosso modo, c'est le nord de l'Europe donc tu as des vestiaires gratuits partout où ça se respecte un peu, hein. J'adore. C'est tellement plus confortable (surtout quand la veste a pris la pluie, que le sac à dos est lourd, etc). Voilà. Amende honorable faite. Ou semi amende.
Mais revenons au début. Il y a quelques semaines j'ai pris des billets de train et une chambre d'hôtel pour venir refaire mon stock de pins à Amsterdam.
Et c'était ce matin le départ. C'est toujours un petit combat entre le bout de moi qui adore explorer de nouveaux endroits et celui qui anticipe tout ce qui pourrait mal se passer et est-ce qu'on ne serait pas bien roulée en boule sous la couette, par hasard ?
Mais je me suis bien levée (aux horreurs) et me voici lancée à grande vitesse vers le grand Nord.
So far, so good.
De la gare, petite balade pour se dégourdir les jambes jusqu'à la maison (ou la cachette, plutôt) d'Anne Frank, qu'on avait pas pu visiter la dernière fois, justement pour faute de créneaux tous réservés.
Il se trouve que je suis tombée dans son journal un été, un peu au hasard dans tous les bouquins de la maison de vacances (qui est la maison de pas vacances de mes parents, désormais). Il y avait une photo de petite fille sur la couv, elle s'appelait comme moi, je me suis prise d'une amitié immédiate pour elle. Et j'ai, bien évidemment, eu le coeur brisé en apprenant ce qui lui était arrivé. Ainsi qu'à quelques millions d'autres personnes. Pour cause de papy fait de la résistance, j'avais bien entendu de ce qui s'était passé côté combattants, j'étais encore sans doute un peu jeune pour qu'on m'ait raconté la suite. Petit choc.
Anne Frank, donc. Par un de ces hasards hasardeux qui font la vie, je me suis trouvée à faire interprète entre l'agente d'accueil néerlandaise (à l'anglais parfait) et un couple d'italiens qui ne comprenaient pas que tous les billets pour aujourd'hui étaient vendus, qu'il n'y avait pas de place avant lundi. Eh bien soyez épatés, avec mes 221 jours de Duolingo, je leur ai dit que Non ci stanno biglietti per oggi, solo da lunedi. J'espère que ça vous en bouche un coin parce que moi, oui.
Ils sont optimistes, ces italiens, à venir se promener par ici avec trois mots d'anglais en se disant qu'ils se débrouilleront car l'italien ressemble tellement au néerlandais (non) ! Au demeurant j'en ai entendu un peu partout, des italiens aujourd'hui. Je suppose que la pluie leur manquait trop.
Anne Frank, donc. Un peu bizarre de se retrouver dans le décor qu'on a tant imaginé. Il y a un phénomène dans cette visite, petit à petit, les enfants se taisent et les adultes pleurent (on s'est échangé un hug amical avec une étrangère de passage en même temps que moi). Sauf Julia à qui sa mère a dû dire d'un ton désespéré "Mais Julia, ça n'est pas une histoire, ça s'est vraiment passé". Julia n'était pas disposée à croire sa mère mais son père l'a prestement évacuée, merci à lui et bon courage pour la discussion.
C'était bien, donc.
J'avais ensuite pour projet de flâner le long des canaux pour rejoindre le musée Van Gogh en prenant des photos pour tester mon nouvel appareil. Un pari audacieux vu la météo : il fait un froid de canard, il a plu copieusement à chaque fois que je suis sortie d'un bâtiment (et ça s'est arrêté à chaque fois que je suis entrée dans un autre). Sans parler que ça craint un peu la pluie, ces petites choses (les appareils photos, pas moi).
Mais comme les hollandais sont des gens formidables, il y a de quoi se réconforter, sous la pluie, certes, mais avec des mets subtils (non) autant que délicieux (oui). Jamais mangé d'aussi bonnes frites de ma vie. Si si, il y en a, elles sont en dessous de l'épaisse couche de parmesan et de la mayo à la truffe.
Les photos que vous verrez sont donc, pour la plupart, prise à la volée, sans visibilité parce que 1/ il pleuvait et que 2/ j'avais de la buée sur les lunettes et qu'on y voyait rien, bourdel. Mais ça vous donnera une idée d'à quoi ressemble Amsterdam sous la pluie, si jamais vous n'avez pas expérimenté par vous même. En un peu plus flou.
J'ai un peu moins flâné que prévu et arrivée au pied du musée Van Gogh, je questionnais vaguement mon choix de chaussures. Alors que non, j'en était juste déjà à 12 000 pas.
Est-ce que j'ai commencé ma visite par un cosy cappuccino ? Oui, absolument. Est-ce que j'ai refait le plein de pins ? Evidemment. Est-ce que ce musée vaut la peine d'être vu et revu ?
Demandez aux gens entassés devant les stars du lieu.
Pas trop à l'ouest (plutôt au nord), j'avais envisagé une légère fatigue à ce stade. J'avais donc prévu de dormir dans un hôtel au pied des musées, où je tape actuellement ces lignes au chaud en me disant que je comprends super bien le néerlandais, ça doit être génétique []. Indice de fatigue : la télé cause en fait en anglais.
Le projet serait éventuellement de ressortir pour découvrir une autre merveille de la gastronomie locale. Je tourne la tête et voit la fenêtre constellée de pluie. Il paraît qu'ils vendent des pizzas, dans l'hôtel, sinon (rassurez vous, je ne vais pas mourir de faim lors de ce séjour).
Demain Rijks - j'ai déjà admiré sa piste cyclable ! - et remontée tranquille à pieds jusqu'au marché aux fleurs puis à la gare [] pour rentrer et reprendre le cours de ma vie. Sauf si, sur une illumination géniale, je me décidais à prendre le tram, par exemple, pour ne pas finir trempée. Par exemple. Ou un bus. Enfin n'importe quoi de fermé, quoi. Parce que figurez-vous que la météo de demain est annoncée PIRE !
C'est pas grave, je profite.
Et pour que vous en profitiez un peu aussi je vous ai mis d'autres photos en vrac, ici.