Je ne sais pas pourquoi j'aime tant regarder le ciel.

A vrai dire, je pourrais tenter une réponse simple ; j'aime le ciel parce qu'il est beau, de multiples façons.

Il est beau sans le faire exprès, il ne résulte d'aucune démarche artistique. Sa beauté est fortuite. Peut-être même forgée par l'aptitude humaine à regarder loin, peut-être que si nous étions une autre forme de vie consciente on en aurait rien à faire, de la beauté du ciel.

Sa beauté est gratuite ; si personne ne le regardait jamais, il serait quand même beau, parfois d'une manière dramatique et colorée, parfois plus discrète en nuances de gris, parfois d'un bleu implacable qui transperce l'âme.

Le matin, souvent, quand je monte sur le toit de l'immeuble prendre un café, je suis seule. Il y a des instants sublimes pendant lesquels que je suis absolument seule à voir de ce point de vue-là. C'est un cadeau vertigineux (non, je ne me penche pas dessus le rooftop) de se dire que, même si absolument aucun humain ne le voyait, aucune espèce de vie, il serait beau de la même façon, le ciel, pour rien, par essence, comme ça. Et que moi, bim, j'ai la chance d'être là.

Il y a sur mon téléphone des milliers de photos du ciel. Ici, ailleurs. La plupart ne me servent à rien, j'oublie quel jour, quelle saison, parfois quel lieu. Elle me servent à célébrer l'instant, assez humblement : il est presque impossible de faire une photo qui soit aussi belle que la réalité. Les couleurs sont trop spectaculaires, les nuances trop infinies pour nos capteurs, c'est à l'image de cette beauté sans objet ; la magnificence du ciel est impossible à capturer pleinement autrement que par nos yeux. Et encore, sans doute ne voient-ils pas tout.

En fait, elles ne servent pas qu'à encombrer des serveurs de stockage, elles servent aussi à dire bonjour, à ma mère, toujours, à un autre, souvent. A vous, ici ou sur les réseaux sociaux, parfois. Chaque fois, choisie pour son ou sa destinataire, sur des critères qui m'échappent complètement mais qui ne me laissent aucun doute au moment de l'envoi.

Dont acte.

Toits de paris le 10 octobre 2024

Commentaires

1. Le jeudi 10 octobre 2024, 10:20 par Matoo

C'est fou cette pollution numérique qu'on accumule sans même s'en rendre compte. Je ne compte pas non plus les photos de cieux ou de nuages dans mon tél et sur le cloud. :gasp:

2. Le jeudi 10 octobre 2024, 10:59 par Sacrip'Anne

Je vois très bien pourquoi tu les appelles "pollution numérique" Matoo mais je ne me résous pas à les considérer comme telle !

3. Le jeudi 10 octobre 2024, 11:24 par Madleine

Je me sens moins seule :)

4. Le jeudi 10 octobre 2024, 11:31 par Sacrip'Anne

Madleine ça n'est quand même pas si peu répandu que ça, non ? Mais oui, copine !

5. Le jeudi 10 octobre 2024, 11:53 par Gilsoub

Tout comme toi, d'ailleurs il est présent sur nombre de mes photos, le ciel est beau, même quand il fait moche, toujours différent, fascinant ; et si en plus tu lui rajoute la mer, alors là...

6. Le jeudi 10 octobre 2024, 14:10 par Sacrip'Anne

J'en parlais justement il y a quelques jours, Gilsoub !

7. Le jeudi 10 octobre 2024, 16:33 par Laurent

La beauté gratuite n'est pas que dans le ciel qu'il soit bleu, nuageux, orageux mais aussi dans les gens (pas tous, huhu), l'architecture, la nature et tant et tant de fonds d'écran qui s'offrent à nos yeux.

8. Le jeudi 10 octobre 2024, 19:02 par Sacrip'Anne

J'ai dû mal me faire comprendre, Laurent, je parlais de "gratuite" comme quelque chose dont la finalité n'a rien à voir avec sa beauté. L'architecture c'est (on l'espère) conçu pour être beau. Les gens sont ce qu'ils sont, façonnés entre autres par leur rapport aux autres. La nature, elle est comme ça par essence, il y a zéro acte volontaire pour la rendre belle et elle le serait même si personne n'en était témoin. (mais oui)

9. Le jeudi 10 octobre 2024, 19:38 par Laurent

Voui ! T'as raison :heart:

10. Le jeudi 10 octobre 2024, 20:27 par Sacrip'Anne

Mais toi aussi, en fait, dans l'absolu Laurent ! ♥️

11. Le vendredi 11 octobre 2024, 09:19 par Creatinine

Fascinante, l'obsession des peintres à l'observer et le recréer. Et que penser du ciel, vu d'en haut ? Relire Saint-Ex, qui s'attache à décrire le sol. Souvent, en observant mes chats, je me demande ce qu'ils pensent du ciel, de ses tonnerres, de sa grêle ou de son champ uniforme. Le ciel, pour un chat, c'est une réserve de pépiements, une promesse hypothétique de prédation ludique. Et ce soleil, si bon, qui leur chauffe la couenne...

12. Le vendredi 11 octobre 2024, 09:56 par Sacrip'Anne

Creatinine, je crois que c'est précisément un peintre, Caspar David Friedrich, qui disait que l'art est un intermédiaire entre la nature et l'homme car le "modèle original" était trop grand pour être perçu par l'humain, quelque chose dans cet esprit.

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