Les aventures de Lomalarchovitch

mercredi 11 septembre 2024

L'enfant du chaos et de la lumière

Lomalarchovich, fin août 2024

Tout le monde sait l'amour infini que je porte à Lomalarchovitch, cet enfant radieux dès les premières heures, celui qui sait trouver en toute situation le chemin du rire et de la clarté[1].

Ce n'est pas l'aimer moins que d'être consciente de ses défauts. Dont un assez majeur dans notre quotidien partagé. Ce môme est l'inverse de l'organisation. Sa chambre est une version hardcore des écuries d'Augias. Les vêtements tire-bouchonnent sur lui, se couvrent de taches (d'ailleurs il possède une majorité de vêtements avec des taches propres). Il ne sait pas manger sans en mettre partout. Lire un livre sans lui donner une forme... euh... (j'ai mal, mal, mal, rien que d'y penser). Bref, c'est l'enfant du chaos.

Le neuf cesse d'être à l'instant où ses mains le touche, le rangement lui est une notion étrangère, l'étourderie sa compagne de route. Il couvre le sol de l'appartement de choses laissées au gré de ses déplacements, parfois de façon très saugrenue[2].

Je sais bien qu'il a dix ans et que c'est environ normal, mais, traumatisée par la cohabitation avec son père, je suis un peu stressée du sujet, d'une part, et en lutte contre ce potentiel héritage génétique, de l'autre.

Vous pensez bien que maintenant qu'il va au collège, la probabilité de partir le matin sans ses affaires, ou alors pas les bonnes, de les perdre en route est forte (oui, dès le premier jour), bref, les possibilités de nourrir son chaos sont infinies.

Or, trois jours par semaine il se lève, se prépare et se rend au collège alors que je suis déjà partie (je sais, je suis une mauvaise mère).

J'ai jalonné son chemin matinal de réveils, alertes, facilitateurs.

Il ne me reste qu'à cuver mon stress jusqu'au moment de recevoir ou pas la notif. Pas de notif ? C'est bon, il y était à l'heure. Ne reste que l'oubli de matos, l'insubordination, sa très unique façon d'être au monde qui me réjouit mais ne séduit pas universellement.

Puis les heureuses retrouvailles, le soulagement, la litanie des "range tes baskets, mets le couvert, jette ton mouchoir, fais ton sac pour demain (le tout répété de 3 à 10 fois par jour, au moins.

Je donnerais mon monde et le vôtre pour cet enfant, mais je ne suis pas très sûre de survivre à son premier trimestre de collège.

Notes

[1] Pendant que j'écris ces mots, la puberté se frotte les mains et rigole à ma santé en comptant les heures qui me restent.

[2] Oui, je sais, c'est un mec

jeudi 9 mai 2024

Lomalarchovitch et les oeufs au plat

Lomalarchovitch, mon bébé, mon tout petit, celui pour qui je n'ai plus besoin de me baisser pour le câliner, qui chausse du 38, Lomalarchovitch né hier ou quasi, donc, a un nouveau rituel.

Il me fait des œufs les matins de petits déjeuners pas pressés. Des œufs au plat, souvent. A la coque, parfois.

Je ne saurai vous dire l'émotion qui me saisit quand je vois mon tout, tout, tout petit géant prendre sa place en cuisine puis débarquer fièrement, plateau à la main, pour un moment partagé.

J'essaie de lui dire autant à quel point j'adore ça ET qu'il n'a aucune obligation.

Quand je vous dis faiseurs de bulles d'amour...

lundi 26 juillet 2021

Sept ans à Calais

Comme l'indiquent subtilement quelques-unes des photos d'en-tête de ce blog, nous sommes en famille follement amoureux des machines sorties de l'imagination de François Delarozière et des mains de ses fantastiques équipes.

C'est donc dès son arrivée à Calais, en novembre 2019, que nous voulions aller à la rencontre du Dragon. La grève SNCF nous en a empêchés, mais nous imaginions une partie remise dans un futur proche. Puis boum, la Covid.

Finalement, à la faveur de notre changement de voiture, du changement de job de Noé, et d'une date qui tombe pile poil, nous avons secrètement planifié notre revanche au week-end d'anniversaire de notre fiston. Secrètement pour ne pas se porter la poisse et surtout pour ne pas le décevoir si nous devions, une fois de plus, annuler la visite.

Lomalarchovitch n'a donc élucidé le mystère de ce voyage secret qu'en allant s'installer dans "Athéna, la bétaillère à pastafaristes" le dernier jour de ses six ans.

Arrivés à Calais, nous sommes quand même allés saluer les bourgeois. Je les ai trouvés plus petits que dans mon imagination, mais fort joliment proches d'un jardin éphémère tout à fait joli et réjouissant.

Et puis, hop, partis pour le front de mer. Pas arrêtés par le ciel gris. Ni par la pluie. Et nous l'avons vu, majestueux sous son hangar. Comme à chaque rencontre avec ces bestioles, montée d'émotion…

Nous avions notre billet pour un "vol" en fin d'après-midi, ce qui nous a laissé le temps de siroter un thé bouillant sous une pluie insistante face à la mer, de regarder les oiseaux, de suivre le dragon dans son voyage précédent. Ce qui m'a valu de me faire encore mouiller pour prendre la photo qui, j'espère, wink wink Noé, rejoindra vite les autres dans ma bannière mouvante !

Et puis notre tour. Comme à chaque fois, la magie d'un moment suspendu. Nous avons eu la chance que le dragonnier chef "cracheur" (celui sur la tête) fasse partie de la grande confrérie des cyclos-twittos (et donc d'être remouillés à la descente), ça donne une petite couleur supplémentaire au voyage, que d'avoir eu la chance de saluer le dragonnier, non ?

Et puis le reste du séjour. Vu par les yeux d'un enfant : manger beaucoup de frites (on est dans le Pas-de-Calais, quand même), découvrir ses cadeaux d'anniversaire après une nuit à l'hôtel (sa première, il a adoré, particulièrement le baby-foot et le billard à la réception dudit hôtel et en tête de toutes ces découvertes le buffet petit déjeuner). Bruncher aux pieds du Dragon avec une bougie planté dans un pancake (merci encore, toute l'équipe, vous êtes des magiciens !).

De ses propres mots

"C'est chouette, parfois, la vie".

Quant à moi, j'avoue, je ne sais pas si sans ce dragon, j'aurais eu l'idée d'aller passer un week-end à Calais. Et si ça n'avait pas été le cas, j'aurais eu tort, tant j'en repars avec des souvenirs forts.

lundi 1 février 2021

Sorcellerie et maraboutage en CP

Les enfants, c'est comme la cuisine. Pas la peine de vous mêler de les éduquer si vous n'êtes pas capables d'un peu de sorcellerie, pour paraphraser ma chère Colette, et ça n'est pas pour moi une découverte récente !

Pour autant, j'ai été récemment remise le nez sur cette question existentielle par le jeune Lomalarchovitch, 6 ans et demi au compteur.

Depuis la rentrée au CP, il est abonné aux remontrances et au fait d'entendre plus parler de son comportement que de sa réussite académique, qui est pourtant spectaculaire.

Alors on s'est demandé : serait-il comme d'autres de ces enfants en avance qui s'ennuient et mettent un bazar sans nom en classe pour s'occuper ? Le connaissant, pas impossible.

Pourtant, il y avait quelque chose dans tout ça qui tirait ma sonnette d'alarme intérieure. Déjà, certains comportements, il les avait exclusivement en classe. Pas à la récré, pas à la maison, en classe. (Enfin d'autres en récré ou à la cantine, mais pas ceux là qui consistent notamment à écrire par terre, sur sa chaise ou sur des objets)

Mais tiens mais tiens. Que se passe-t-il en classe qui transforme mon enfant, certes exubérant et à la pente caractérielle bien portée sur le coup d'éclat, mais quand même gentil et raisonnablement raisonnable, en démon scolaire au point qu'on redoutait l'heure d'aller le chercher - et de se faire raconter par la maîtresse sa dernière invention (gribouiller sur l'horloge de la classe qu'en plus elle a achetée sur ses derniers personnels. Pas d'inquiétude, le gel hydroalcoolique a des vertus nettoyantes incroyables et l'horloge est toute propre).

IMG_20210116_112805.jpg, fév. 2021
Famille de sorciers

Finalement à force de parler avec fiston, il nous a expliqué une chose. Que sa maîtresse elle "crie" beaucoup. Que même quand ça n'implique pas Lomalarchovitch, il est très stressé et ne sait pas trop quand il va avoir la maîtresse sympa ou celle qui crie. Et que du coup il n'était pas très serein en classe. [1]

Forcément cet enfant qui bénéficie d'un accompagnement pédagogique individuel depuis le mois de novembre de la petite section [2], s'est retrouvé un peu déboussolé. Même à 11 élèves en classe, quand ça fait du bruit en CP, ça fait du gros bruit, qu'il vienne des uns ou des autres.

Du coup nous avons parlé beaucoup d'apprendre pour soi, pas pour faire plaisir à la maîtresse. D'être soi-même bon élève / bonne attitude pour tenter de passer sous les radars. Et de philosophie pour supporter le reste en attendant la sortie.

Enfin, cerise sur le gâteau, j'ai fait un bracelet brésilien qu'il porte triomphalement autour du poignet. Ce bracelet, c'est l'esprit de "mini Maman" qui l'encourage à respirer lentement, à se dire que tout ça va passer. A qui il peut faire un bisou discret pour se donner du courage.

Et bien figurez-vous que ça marche au moins un peu. Voici notre Lomalarchovitch doté de deux semaines entières avec un "lion du comportement" vert triomphant, et un enfant qui peu à peu apprends à gérer ses émotions…

Bon évidemment il a tiré comme une brute pour tester les nœuds, forcément semi arrachés par sa poigne, du coup je lui ai mis un bouton pression qui tient mal, mais cette nuit il a perdu son bracelet dans son lit, et j'ai dû répondre à son inquiétude que oui, les ondes de mini maman avaient suffisamment imprégné son poignet pour que la journée se passe bien quand même, le temps que je retrouve le bracelet et que je lui attache plus fermement.

Et puis il reste des sujets à gérer, sur le respect des règles et autres joyeusetés. Il ne se sent pas aimé à l'école et répond mal à ce mal-être, on dirait.

Mais quand même. Les bracelets marabouts et les bisous magiques, ça garde un pouvoir impressionnant, je trouve.

Notes

[1] On en a parlé hier avec elle et elle n'a pas cette impression, du coup on les laisse faire chacun leur bout de chemin avec ce début de conversation).

[2] Rappelons que la super Déborah a été quasiment le voler dans la classe où il était pour l'inviter tous les après-midis chez les moyens, puis qu'elle a fait double niveau moyens-grands par la suite pour le garder deux ans et l'accompagner vers l'élémentaire

mercredi 26 février 2020

Mais il a posé la question !!!

La vie avec Lomalarchovitch n'est pas un exact repos des neurones.

Un jour je vous raconterai comment il s'est pris de passion pour Fort Boyard et comment, contrairement à ce qu'on pourrait penser, ça ne nous laisse aucun loisir de rester avachi, l'oeil dans le vide, faisant semblant de regarder.

Mais pas aujourd'hui.

Il y a quelques semaines au ciné, il y avait une bande annonce pour un film quelconque, deuxième d'une série. Avec le 2 écrit en chiffres romains.

Photo by Shoaib SR on Unsplash

Lomalarchovitch qui sait lire me demande pourquoi il y a II au lieu de 2, me voici partie dans une explication rapide sur les chiffres romains.

Qui passe tranquille, l'occupe jusqu'au film et basta [1].

J'avais complètement oublié le sujet jusqu'à hier soir, quand, à l'occasion de la lecture de notre chapitre quotidien du Petit Prince il me fait une remarque selon laquelle il est nul en chiffres romains [2] et me demande de quel numéro de chapitre il s'agit.

Je réponds, logiquement [3]

Et me voici partie dans une série de :

Et comment on écrit cinq en chiffres romains ?
Et dix ?
Et cent ?
Et 492 ?
Et 60 000 ?

Après des réponses, des explications embrouillées sur le fait que le romain c'est pas très pratique pour les grands nombres[4] me voici à lui griffoner une table de correspondance de 1 à 15, puis les lettres pour 50, 100, 500 et 1000 et enfin son année de naissance et la mienne.

Quasi apaisé il est parti se coucher.

Et s'est levé titubant de sommeil encore chaud le lendemain, la liste froissée triomphalement à la main. Car oui, il faut dormir sur (ou agrippé dans la menotte) tout nouveau savoir pour bien l'intégrer, comme chacun sait.

Ce matin il faisait interro orale à son frangin et je pense qu'on en a pour 6 à 8 mois pour répondre au flot de ses innombrables (même en chiffres romains) questions à venir sur le sujet.

Si quelqu'un a des lumières sur l'écriture des très grands nombres chez les romains, on prend, merci d'avance.

(Oui j'écris beaucoup sur ce blog ces jours-ci, ne prenez pas ça comme une promesse) (mais les statuts sociaux c'est trop court)

Notes

[1] ça serait bien mal le connaître que de penser que le sujet en resterait là

[2] C'est un piège !!! Il ne faut pas tomber dans le panneau !!!

[3] Oui, évidemment, je suis tombée dans le piège

[4] Je ne suis pas super fluide en chiffres romains passé quelques dizaines, et c'est là mon moindre défaut