"Il faut garder son âme d'enfant".
Longtemps cette injonction m'a laissée de marbre. Un peu inquiétée, même. Je n'avais pas l'impression d'avoir d'âme d'enfant, d'ailleurs, déjà petite, on me disait que j'avais des airs de sorcière au regard perçant, alors les enfantillages...
Si je me plonge dans mes souvenirs de jeux, il y a quelques montages de forts Playmobil avec mon frère, qui me reviennent. Ou quand on enregistrait le journal sur le magnétophone, avec le même. Des virées dans les bois, entre mômes du village. Les soirées pyjama avec mon amie V.
Mais pas vraiment de souvenirs de jouets / jouer.
Juste la hâte de lire. Je me souviens comment chez V., justement, j'ai découvert "Les cornichons au chocolat" alors que je n'ai aucun souvenir d'à quoi on avait joué avant ou après. Papoté, ça c'est sûr, mais jouer ? Ca consiste en quoi, jouer ?
D'ailleurs avec mes enfants j'ai été nulle à ça, m'assoir par terre et faire vroum vroum, c'est quasiment une impossibilité physiologique (pas la partie m'assoir par terre).
En revanche je leur ai lu des centaines d'histoires, je leur ai raconté le monde.
Et bim. A la faveur d'un petit séisme intérieur[1], j'ai compris.
Je n'ai jamais eu de problème à garder mon âme d'enfant, au point que ça n'était pas une question, puisque je n'ai jamais cessé[2] de faire ce qui me ravissait alors : prendre un livre et partir dans un monde que lui et moi on se fabriquerait.