En a-t-on jamais fini de faire, inlassablement, le tour pourtant réduit de son nombril, dans la vie ?
La semaine dernière j'ai enchaîné deux bonnes grosses erreurs de jugement, dont, par un twist final aussi ridicule qu'inespéré, je me suis sortie, disons pas si mal. Un peu de sous perdus dans la bataille, beaucoup d'énergie, de temps, un peu de vexation, quelques blessures physiques dont une effrayante mais qui n'est, a priori, pas grave.
J'ai passé un temps copieux à me détester d'avoir été aussi con.
Pour quelle utilité ? Demandez aux profondeurs de mon esprit torturé, le fait est, j'ai mariné dans une colère d'auto détestation, même quand j'ai fini, dimanche matin, de réparer l'intégralité des dommages.
Dans les moments de répit logistique[1], je me suis repliée sur moi, bras et jambes noués autour du traversin, à attendre que la tempête traverse. Impossible de parler à qui que ce soit, de demander quoi que ce soit, rien à faire qu'à garder la maîtrise approximative du souffle et atteindre le suivant.
C'est là que j'ai mis le doigt sur un truc qui ne sert à rien. Dans ces heures de solitude, j'ai constaté que j'éprouvais le manque d'une chose que je n'ai jamais eue. Le manque de cette personne qui sait à quel moment il n'y a rien à dire ni à faire mais qui vient nouer ses bras autour de vous, en silence. Sans vous dicter de solutions ou vous submerger de son impuissance à aider. Mais qui vous communique chaleur et souffles synchronisés. Qui est juste là.
Alors quoi ? Et ben on se démerde. On sait qu'on a envie de ça, mais ça n'existe pas, ou pas sous cette forme-là, dans votre vie, qu'il faut bien vivre. Alors d'inspirations en expirations on se laisse, petit à petit, calmer, quelque soit le temps que ça prend.
Là-dessus j'ai eu vent d'une vanne répétitive d'un mec qui se croit drôle et qui m'a gavée. Rendue triste, aussi. Beaucoup.
Quelques heures après, j'ai signé un papier avec la tête d'accord mais les tripes et le cœur contusionnés, roués de coups. Vortex infini de questions, impuissance à avoir la bonne réponse, qui n'existe pas. Faire un choix : être la personne qu'on veut être. Quoi qu'il en coûte ? Pour cette fois, oui.
Et toujours pas capable de parler au monde. Fonctionner, travailler, échanger vite fait avec Cro-Mi lors de ses apparitions, oui. Faire ce qui doit être fait pour rendre l'environnement vivable à nouveau, oui. Demander une épaule, un sourire, un mot qui fait rire, impossible, au-dessus de mes forces. Pas envie de peser sur qui que ce soit.
Petit à petit l'étau se desserre, la colère s'apaise, la tristesse aussi. J'ai profité de ce week-end pour ouvrir des livres qui m'ont conquise en quelques pages, vu un film qui m'a beaucoup plus, d'autres, plus oubliables, déjà presque oubliés.
Je reconnecte doucement, revois du monde.
Oublier la médiocrité de l'importance de ces tourments, les diluer dans le vrai monde, les choses plus ou moins essentielles. C'est fou comme relativiser, parfois ça ne sert à rien. J 'ai hâte de retrouver la stabilité de mes humeurs, ma bonne humeur, si pas constante, au moins dominante.
Bref, j'émerge de ma tanière. La violence de cette tempête passée complètement inaperçue aux yeux du reste du monde me sidère un peu. Tout ça pour ça ? Pour si peu.
Note
[1] au milieu de ça, Lomalarchovitch a eu dix ans, il est venu les fêter avec moi, il est reparti depuis, le manque de lui a été à la fois un atout pour la gestion matérielle des événements et un gouffre inattendu, je ne suis pas encore habituée à me séparer régulièrement de cet enfant-là.
Commentaires
Gros câlins :heart: :heart: :heart:
Idem... câlins au réconfort.
Quelle période étrange pour beaucoup...
Merci, tous les deux.
Tu n'es pas seule.
Je me souviens d'une époque où j'étais 2 doigts de demander à mes voisins de bus si je pouvais poser ma tête sur leur épaule. Tellement j'avais besoin d'une épaule où poser ma tête. 🙃
Bref, bon courage. Je te souhaite de vire retrouver espièglerie et joie 😘
Merci Wam, ça va mieux, déjà. J'avais un gros bout de machin à digérer que j'avais un peu minimisé. Ca a fait un effet "mettre un mentos dans le coca". Merci beaucoup.
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