La vie et toutes ces sortes de choses

mardi 25 novembre 2025

Losing my religion

L'autre jour, je regardais une vidéo de Sean Tucker qui me faisait considérer la balance des blancs d'une façon que je n'avais pas envisagée jusqu'alors.

C'est comme souvent, on fait quelque chose "comme on nous l'a appris" ou parce qu'on n'a jamais complètement réfléchi à pourquoi / comment ça sert.

Lui, il est comme ça. Il ne dit pas "il faut", il dit "un jour j'ai réalisé que je pouvais faire autrement, je ne dis pas que c'est ce qu'il vous faut mais je vous explique mon cheminement comme ça, au cas où ça vous inspire".

Il lui arrive de faire un dessin pour illustrer un point, avec sa belle écriture et ses grandes mains expressives (oui, je suis lyrique si je veux).

Un dessin de Sean Tucker avec ses mains autour pour illustrer un point technique sur la balance des blancs en photo.

Et puis un peu plus tard, dans la vidéo, il faisait la promo du magazine qu'il réalise et dit que, dans un numéro spécifique, il parle de la raison pour laquelle il a arrêté d'être pasteur.

Quoi ???

Pasteur ?

Mais soudain tout prend un nouveau éclairage. Ce mec n'est pas, à proprement parler, beau mais il a un visage qui exprime une force, une conviction, une sévérité, une intensité qui... bref, il a exactement la gueule d'un pasteur dans un roman de l'une ou l'autre des sœurs Brontë.

Me voici à rêvasser sur sa vie (imaginer la vie des inconnus est toujours plus drôle que d'en connaître la réalité).

La facade du café "Demain Peut-être" illuminée de l'intérieur, des passants flous passent devant.

(Oui, je sais de quoi parle vraiment cette chanson.)

jeudi 20 novembre 2025

Here comes the sun

Ceux qui ont fredonné "doo-doo-doo-doo" en lisant mon titre ont toute ma tendresse.

L'autre matin, je ne sais plus lequel, lundi ? mardi ? j'étais sur le toit du bureau à boire mon café et à prendre des photos. Gammes techniques et tentatives vaines d'attraper mes émotions au passage. Gros programme pour un début de journée, mais routine indispensable - sauf si la météo l'interdit.

Des toits parisiens, de la fumée qui sort des cheminées, surtout du gris mais aussi un peu d'ocre poudreux du soleil qui se lève derrière.

Depuis l'arrivée brutale du froid, vous marchez, innocents, dans la rue, sur un sol sec, pendant que j'exerce mes piètres talents de patineuse non artistique sur le rooftop[1].

C'est assez étrange, à vrai dire, et je ne m'habitue pas du tout pendant l'hiver, à cette sorte de décalage de perception de la météo qui se joue le temps de quelques étages en ascenseur.

Bref.

C'était le début de semaine, je m'apprête à descendre et reprendre le cours de ma journée de bureau et l'ascenseur s'ouvre sur deux types qui avaient oublié d'appuyer sur le bouton pour s'arrêter avant le toit. Une science compliquée, les ascenseurs, dans notre immeuble, ne les blâmez pas.

La lumière se dore légèrement, juste avant le lever du soleil, au dessus des toits parisiens.

Je les salue et leur dis que, dommage, à quelques minutes près ils ont loupé le lever du soleil.

Casquette le plus bavard me répond que bah, ils ont l'habitude, ils sont souvent sur des chantiers à l'heure où le jour commence.

Je lui réponds qu'il ne faut pas s'habituer aux belles choses, voyons.

Le soleil quasi sorti de derrière l'horizon. Au dessus, quelques nuages dessinent une forme d'oiseau géant.

Et puis ils descendent et je me dis que c'est bien un truc de vieille blanche privilégiée à emploi de bureau, ma remarque. Pour moi, on touche à un mélange de frisson métaphysique, à la joie du cahier neuf le jour de la rentrée (celui-là même qui sera raturé dès la première heure de cours), à des pensées, intimes ou pas, certaines partagées dans les minutes qui suivent, d'autres qui resteront à l'intérieur de moi. C'est un moment pour moi, absolument seule - solitude choisie. C'est aussi un moment que je peux choisir de ne pas vivre, si la météo est vraiment contre moi, notamment.

50 nuances de gris dans le ciel et sur les immeubles. Dans une trouée de nuages on devine la lumière dorée du soleil levant.

Pour eux, avant la beauté, ça peut être un décor de boulot usant dans des conditions difficiles, dangereuses. De longues heures à tenir, encore.

Quoi qu'il en soit, je ne m'en lasse pas.

Note

[1] Je ne sais pas marcher sur un sol glissant, je n'y peux rien, c'est comme ça, foutez-vous de moi si vous voulez.

mardi 18 novembre 2025

Do it the feline way

Mes rapports avec les chats de la maison sont un peu tendus en ce moment.

Suite à des provocations répétées et un comportement nocturne de type casse-ovaires, je les ai exclus de la chambre quand je n'y suis pas ET la nuit.

Ces crétins, qui ont mis des semaines à comprendre comment fonctionnait la chatière, cherchent maintenant à la forcer alors qu'elle est bloquée fermée.

Par ailleurs, suite à une série d'événements qu'on pourrait désigner par "y a rien qui va", j'ai une patience limitée vis-à-vis de leur insistance. Donc ils se sentent mis à l'écart et adoptent un comportement fait pour moitié de bouderie ostensible et d'appels dramatiques à la réconciliation.

Ca se traduit donc par : me sauter dessus à quatre pattes dès que je suis posée quelque part, tenter à tout prix d'écarter le livre que j'ai le mauvais goût de lire au lieu de les contempler, notamment. Ou encore, se planter devant moi et me regarder fixement pendant 10 minutes (enfin jusqu'à ce que je cède et concède la caresse attendue). Va regarder "Wednesday" avec un chat noir qui te regarde comme s'il allait lire ton âme...

Bref, tout ça m'amenait à un constat étonné auprès de Cro-Mi : quelle drôle de conception du monde ont ces animaux qui pensent qu'ils peuvent littéralement nous marcher dessus ? Mon aîné m'a rappelé à juste titre que les fourmis, les chiens, enfin bref, plein d'autres animaux en font de même.

A quoi je lui ai répondu que certes, mais que tu t'imagines, toi, voir une vache sur ton passage et, au lieu de la contourner, lui grimper dessus pour passer de l'autre côté ? Pas une minute !

Cet enfant dont l'âme est résolument plus scientifique que la mienne, me rappelait qu'on a quand même grimpé sur des animaux pour se déplacer plus vite. J'objecte que certes, mais que c'est utilitaire, pas pour économiser trois pas.

On a fini cette discussion en se demandant si les chevaux, chameaux, éléphants, tenaient des réunions pour s'étonner des idées étranges qu'on les humains de les chevaucher, comme si EUX faisaient pareil sur des crocodiles pour s'économiser une traversée de fleuve.

Démons domestiques : Maïa le chat noir à gauche, Obiwan le chat roux à droite.

(Martha était la chienne de Paul McCartney)

mardi 11 novembre 2025

Bravo les lesbiennes !

Après la visite de l'expo consacrée à Colette à la BnF, il y a quelques semaines, j'ai, absolument sans le faire exprès, vécu un week-end thématique : art queer et représentation lesbienne.

Affiche de l'exposition consacrée à Colette sur le parvis de la BNF, on la voit jeune et impertinente.

Une citation de Colette sur le fait d'accepter la vieillesse.

Et tant mieux, parce que la visibilité, justement, elle manque (n'en déplaise à ceux que ça défrise).

Dans le fameux ciné où l'on rencontre d'adorables vieilles cinéphiles et des drama queen hors d'âge, j'ai vu, pour commencer ma série "double film", La petite dernière, film de Hafsia Herzi, adapté du roman de Fatima Daas. Il s'agit de l'histoire de Fatima, lycéenne en banlieue - pas les banlieues chics, on s'en doute, qui se découvre lesbienne et cherche à trouver son chemin entre ses désirs, ses amours et sa religion.

J'en ai croisé quelques unes, des Fatima, l'une d'entre elles a eu un moment ses habitudes sur mon canapé, et à chaque fois cette question. Jusqu'à quel point peut-on tout concilier, peut-on exister en tant que soi "entière", dans un monde qui trouvera toujours qu'on a quelque chose qui ne va pas ?

Et puis dimanche sur l'excellente idée de Llu, nous sommes allées voir l'exposition "Nous autres" au BAL pour y découvrir le résultat des entretiens entre Donna Gottschalk et Hélène Giannecchini, avec un bout d'expo consacré également à Carla Williams.

Donna Gottschalk

C'était un incroyable moment suspendu, entre conscience de ce qui a avancé et qui reste, toutefois, si fragile, émotion à distance d'espace et de temps.

Si vous pouvez, allez la voir, ça finit le 16 novembre mais ça vaut la peine de trouver un petit moment.

Photo de Donna Gottschalk qui tient une pancarte sur laquelle est écrit : I am your worst fear I am  your best fantasy

Qu'il s'agisse de ses souvenirs personnels ou de son militantisme, la jeune Donna et celle qu'elle est devenue touchent au cœur. Je suis, depuis, plongée dans le catalogue de l'exposition, les yeux et le cœur encore plein des images et des mots qui tracent son histoire.

Autoportrait de Carla Williams

Bande son obligatoire du billet

vendredi 7 novembre 2025

Pics

Un peu plus de deux mois maintenant que je ne vais nulle part ou presque sans mon appareil photo.

Je suis archi fan de son ergonomie générale. L'accès aux différents menus/réglages y est super simple, résultat des courses, je shoote presque tout, tout le temps, en manuel, ce qui implique que je progresse un peu techniquement. Voilà, il suffisait d'attendre, le bon appareil, le bon moment[1].

Je regardais l'autre jour une photo de Sean Tucker qui m'a fait réaliser des choses (peu flatteuses) sur ma pratique en matière d'exposition. Alors en ce moment, je fais des gammes sur l'exposition, soit avoir le rendu le plus près possible de la réalité, soit celui le plus près possible de ce que je veux, et, vous me connaissez, en m'ajoutant des difficultés improbables de type grosse source de lumière en vedette (hello, sunrise).

Gammes sur l'exposition : un lever de soleil sur le toit de mn bureau.

Gammes sur l'exposition : lever de soleil vu de la fenêtre de ma cuisine. Ou de mon salon.

Gammes sur l'exposition : la pleine lune vue de mon salon, avec les fenêtres des tours allumées pour certaines et l'éclairage urbain rose orangé au sol.

Gammes sur l'exposition : nuances de gris et touches de couleurs sur les toits parisiens un matin de sale temps.

Gammes sur l'exposition : un arbre dans le début de nuit, éclairé par un lampadaire.

Le tout ayant un intérêt mitigé pour le reste du monde (c'est le principe des gammes) mais assez fort pour moi : mieux maîtriser, automatiser et accélérer dans ma tête le process : sujet / angle / réglage le plus favorable. Pour, par exemple, avoir de la marge de réaction pour plus de netteté sur le baiser, dans cette scène.

Un couple qui s'embrasse au coin de la rue d'Amsterdam, vue entre les passants qui me passaient devant.

Curieusement, ça me procure pas mal de joie.

Donc je continue.

Note

[1] Je suis une fervente partisane du choix de l'outil bien foutu qui donne envie de s'en servir plutôt que de l'entrée de gamme décevant qu'on finit par délaisser pour cause de peu d'efficacité, et ce dans tous les domaines.