Je ne sais pas pourquoi j'aime tant regarder le ciel.
A vrai dire, je pourrais tenter une réponse simple ; j'aime le ciel parce qu'il est beau, de multiples façons.
Il est beau sans le faire exprès, il ne résulte d'aucune démarche artistique. Sa beauté est fortuite. Peut-être même forgée par l'aptitude humaine à regarder loin, peut-être que si nous étions une autre forme de vie consciente on en aurait rien à faire, de la beauté du ciel.
Sa beauté est gratuite ; si personne ne le regardait jamais, il serait quand même beau, parfois d'une manière dramatique et colorée, parfois plus discrète en nuances de gris, parfois d'un bleu implacable qui transperce l'âme.
Le matin, souvent, quand je monte sur le toit de l'immeuble prendre un café, je suis seule. Il y a des instants sublimes pendant lesquels que je suis absolument seule à voir de ce point de vue-là. C'est un cadeau vertigineux (non, je ne me penche pas dessus le rooftop) de se dire que, même si absolument aucun humain ne le voyait, aucune espèce de vie, il serait beau de la même façon, le ciel, pour rien, par essence, comme ça. Et que moi, bim, j'ai la chance d'être là.
Il y a sur mon téléphone des milliers de photos du ciel. Ici, ailleurs. La plupart ne me servent à rien, j'oublie quel jour, quelle saison, parfois quel lieu. Elle me servent à célébrer l'instant, assez humblement : il est presque impossible de faire une photo qui soit aussi belle que la réalité. Les couleurs sont trop spectaculaires, les nuances trop infinies pour nos capteurs, c'est à l'image de cette beauté sans objet ; la magnificence du ciel est impossible à capturer pleinement autrement que par nos yeux. Et encore, sans doute ne voient-ils pas tout.
En fait, elles ne servent pas qu'à encombrer des serveurs de stockage, elles servent aussi à dire bonjour, à ma mère, toujours, à un autre, souvent. A vous, ici ou sur les réseaux sociaux, parfois. Chaque fois, choisie pour son ou sa destinataire, sur des critères qui m'échappent complètement mais qui ne me laissent aucun doute au moment de l'envoi.
Dont acte.