La vie et toutes ces sortes de choses

dimanche 26 janvier 2025

Oui

En ce moment je dis majoritairement "oui" aux propositions qui surgissent, signe assez certain que, bon an, mal an, les choses ne vont pas trop mal.

C'est ainsi que sur un décision qui datait de quelques heures, j'ai retrouvé samedi quelqu'un qui est très important pour vous. Hein ? Pour nous ? vous exclamez vous de votre côté de l'écran. Oui. Il existe quelqu'un qui vous relie tous et que vous ne connaissez pas, aucun d'entre vous.

C'est celle que j'appelais ma "marraine de blog", il y a quelques années. Celle que j'ai lue un jour, puis deux, en y revenant sans cesse, au début des années 2000. Celle qui a fait le lien entre l'idée de blog et de "tiens, si moi aussi, j'essayais ?"

Pourquoi ? Nos vies étaient assez différentes, à l'époque, mais il y avait en elle comme en moi ce mélange de tourbillon d'émotions, d'incertitudes sur l'usage qu'on devait leur réserver, et un humour qui me fait toujours rire, 22 ans et quelques après.

Et, comme vous le savez, elle a changé ma vie. En écrivant sur internet, j'ai non seulement économisé une fortune en psys de tous genre, mais aussi trouvé à quelques clics des gens avec qui j'arrivais à fonctionner, avec qui on se disait "oh ! moi aussi". J'ai rencontré des gens, plein, dont un nombre certain fait toujours partie de ma tribu, certain(e)s de façon très rapprochée. Mes amis, ma famille d'élection.

C'est curieux parce qu'avec elle, on ne se connait finalement pas tant que ça et pourtant on est liées depuis presque la moitié de nos vies par ce fil. Alors oui, peut-être, si je ne l'avais pas croisée elle, l'envie serait venue autrement. Ou alors pas du tout et ma vie serait alors très différente d'aujourd'hui. Comme j'aime bien ma vie, quand je pense à elle, je pense "merci". Et j'aime penser qu'elle était la seule à pouvoir faire ça.

On s'est retrouvées après une longue absence et je lui dois encore un merci d'être venue me débusquer.

Et puis surtout, on a passé un bon moment (on est entrées dans un monde où quand tu achètes des livres, on t'en offre d'autres, ce qui est mon monde préféré entre tous ou presque).

Au moment où elle est repartie j'ai constaté que j'avais un message de ma "cousine" (pas du tout de mes cousines germaines qui crèveraient plutôt que de m'adresser la parole, et vu ce qu'elles ont dans la tête.... je leur retourne le compliment, non, donc, pas MA cousine, mais la femme du cousin de mon ex).

Une cousine pas cousine mais avec qui on s'entend bien et on a décidé de garder le titre quoi qu'il arrive. Elle était de passage à Paris, je n'en étais pas encore repartie, un coup de tête, un de ligne 4 - et deux déclarations (un hommage de style à une nonagénaire, et une de quasi amour à une femme splendide qui aurait presque pu me convaincre de m'intéresser de plus près à la grande cause lesbienne), nous voici dans un café à rattraper, là aussi, les dernières nouvelles.

Et c'est donc trempée par la pluie parisienne, puis banlieusarde que je suis rentrée chez moi, treize mille pas et plus de douze heures après en être sortie.

J'aime bien, quand la dernière minute vient mettre de la joie dans la vie.

vendredi 24 janvier 2025

Le cahier

J'ai retrouvé un cahier. Enfin il n'était pas perdu, j'avais juste complètement oublié son existence, bien que rangé au bas d'une étagère, à portée d'œil et de bras de mon bureau et de mon lit.

Ce matin je l'ai vu, vraiment vu, attrapé, ouvert.

Mandieu, mandieu quelle horreur.

En fait c'était comme un blog, mais dans un cahier. Ca évoquait notre quotidien d'étudiantes, Tante O et moi, j'y trouve mentionnés des gens dont je me souviens, d'autres pas du tout.

C'est tarte, misère.

Enfin, au moins, j'étais contente de dire au moi d'il y a trente ans que j'avais résolu la question de "celui avec qui on peut être soi".

Ne pas attendre de celui. S'en foutre, tant qu'on ne blesse pas, des avis des autres sur qui on est et vivre, point barre, comme on disait à l'époque.

Ah, aussi, j'avais une jolie graphie, quand j'écrivais beaucoup à la main.

Voilà, case closed. Pour le moment je l'ai planqué dans un coin, coming soon, la poubelle.

Est-ce que quand j'aurai 80 ans, si je les ai un jour, je regarderai mes vieux blogs avec le même mélange 1/4 attendrissement, 3/4 envie de me hurler dessus de fermer ma grande gueule ? (Probable) (C'est déjà le cas avec les billets d'il y a 20 ans). (Au secours).

mardi 21 janvier 2025

Dans la lumière

Je sors d'un tunnel joyeux et social. Mes parents, de passage à Paris, venus déjeuner deux fois, deux jours de suite. L'an dernier à la même époque, on avait peur de perdre ma mère, elle est bien chez nous, chez les vivants. Je ne saurais dire à quel point sa présence sur mon canapé me met en joie. Et puis 4 films de Lynch pendant le week-end, saisie d'une envie de saluer son départ comme ça[1].

De la cuisine, des rires, et puis plus tard une virée chez Ikea, un dîner avec des camarades de médecine de Cro-mi, joyeux aussi. Il faut dire qu'avec les ami(e)s de mon aîné, je suis chargée de raconter des horreurs à table, ce qui me réjouit hautement.

"Je n'ai pas débranché le câble pour ton imprimante, mon cœur, il fallait se mettre à genoux sous mon bureau et ça me rappelle de mauvaises heures de ma carrière". Genre.

Hier des hommes, des hommes, des hommes, celui du midi, les deux du soir, mon estomac m'indique qu'il est au bord du burn-out mais les moments ont été bons. Quand je pense que certains trouvent que je mène une vie calme.

Jusqu'à ce que je me retrouve sur le coup de 22h20 sur le quai de la 14 à Chatelet et qu'au moment où j'ai posé les pieds sur ledit quai, la mémoire me revienne. En semaine, la 14 s'arrête à 22 heures à cause détravo. Quels travaux, pourquoi encore ? Il semble que létravo soit un phénomène né avec les transports en commun et que personne ne comprenne exactement leur étendue ou durée.

Retraversée (à, ce que j'aimerais décrire "grand pas" mais qui dans la vérité de la vie doit être "ridiculement petits pas") de l'immense gare pour choper la 1 en vue d'attraper la 13. C'est plein de marches et long et mon genou hurle qu'il n'aime pas le froid, mais encouragée par les messages joyeux de mes camarades de soirée, j'avance, optimiste, résolue, confiante en mon destin.

(Interlude à lire ici).

Ca doit être une toile de fond de ma vie en ce moment. Foncer dans le tas avec confiance, menton levé, comme si le monde m'appartenait.

Note

[1] Toutefois, un conseil, ne regardez pas Eraserhead avant de dormir, ça donne des effets étranges. Oui, même si vous l'avez déjà vu. Plusieurs fois.

mercredi 8 janvier 2025

La vie, terre de contraste

Je ne sais pas de quelle humeur je suis, ces jours-ci.

Très en colère, côté mère de famille, contre le collège. Ils viennent taper dans plein de trucs essentiels chez moi. Heureusement je suis fort bien contenue par mon interlocutrice de la DDEN, une personne formidable, qu'elle soit louée pour son calme et sa détermination. Pour la première fois de ma déjà longue carrière de mère d'élève, j'envisage de sécher avec détermination et résolution les réunions diverses et variées qui jalonnent l'année scolaire. A quoi bon, ce qu'ils ont à me dire n'est que pipeau et mensonges.

(Lomalarchovitch va bien, lui.)

Sur le seuil de quelque chose de nouveau, côté pro. Mais sans changer de boulot. Changement d'équipe, de chef (je le connais déjà, il est tout jeune mais je crois qu'on va bien fonctionner ensemble). Je ne perds pas complètement mes anciens collègues qui seront toujours mes voisins, mais nous n'aurons plus de rituels de réunions ensemble. Très pleine de choses mêlées. En digestion, donc.

Et puis voilà, envie de choses qui ne se produisent pas juste en les souhaitant. Contente du programme de concerts à venir. En construction d'un programme de sorties à faire avec Lomalarchovitch pour les prochaines vacances qui seront là très vite. Un peu triste d'une attente qui me semble toujours trop longue.

En quête de pâte à bois pour boucher des trous assez petits, donc peu compatibles avec les tubes conventionnels. En questionnement sur le remplacement de mon imprimante. En perpétuelle recherche de recettes rapides et faciles et qui changent et qui plaisent à chacun de nous trois.

Envie de construire de jolies choses (pas des travaux manuels, hein). Mais quoi ?

Repris dignement la tradition de n'avoir jamais la fève.

Heureuse d'avoir constaté qu'il fait encore au moins un peu jour en sortant du bureau quand je pars tôt. Ca va dans le "bon" sens.

Un peu de tout, un peu de rien. Vraiment, je ne sais pas. Croisée de chemins brumeuse.

dimanche 5 janvier 2025

Sous la pluie d'Amsterdam (jour 2)

A l'hôtel, ma chambre était au 4e et dernier étage, et pour ceux qui se demanderaient, même moi je peux me prendre la pente du toit en m'allongeant un peu vite, oui. Ma fenêtre, ce matin, montrait des traces d'une activité météo intéressante...

Petit déj (pas dingue) animé par une discussion très chouette avec l'homme en charge. Il faut dire, il a commencé par m'épater en prononçant mon nom correctement. Ce que je ne pensais pas possible pour un néerlandophone, du premier coup et sans élan. Ce type, je crois que son métier, c'est d'être sympathique, il le fait très bien. En plus de dispenser de très bons conseils pour la visite de la ville.

Et me voilà dans la rue, avec des vélos, des toits, des voitures, couverts de neige. Vite au Rijksmuseum pour se mettre au chaud / à l'abri, car il continue à tomber un truc froid du haut qui ne me dit rien qui vaille. On dirait bien que juste le jour où on aimerait qu'elle se trompe, la météo a raison.

Le Rijksmuseum, c'est un (des) bâtiment(s) magnifique(s), où, là encore le confort du visiteur est de mise. J'installe mes affaires dans un casier et je pars à la découverte de ce que le musée a à offrir. A ce sujet, mon conseil, qui doit aller de soi et valoir partout dans le monde : levez vous tôt et allez directement à ce qui vous intéresse le plus. Vous aurez le musée quasi pour vous tout seul et c'est une sensation magique.

L'étendue des collections est immense, c'est un peu comme le Louvre, inutile d'essayer d'en faire le tour en deux heures. J'avais mis une grosse priorité sur les régionaux de l'étape, Rembrandt et Vermeer en tête (et un petit coucou à Vincent qui était là aussi).

J'en ai bien profité, dans le calme. Sauf ce moment improbable avec une japonaise... euh... survoltée, qui a visiblement trouvé que je ressemblais beaucoup à "La laitière" et que ça a amusé pendant de longues minutes (je dois avoir le type flamand, que voulez-vous. D'ailleurs c'est vrai qu'on m'adresse facilement la parole en néerlandais. Donc si vous pensez à moi en mangeant du yaourt, pas d'inquiétude, vous allez bien, c'est juste une affaire de ressemblance dans les yeux d'une japonaise).

Et puis il a bien fallu repartir. J'ai beaucoup douté de mon plan A (l'alternative impliquait de prendre les transports pour me rapprocher au max de la gare mais ça m'aurait fait beaucoup de temps sur place à ne rien faire sauf errer dans les rues pluvieuses) ,puis j'ai suivi mon programme initial. Partir à pied vers le Bloemenmarkt (marché aux fleurs) sur le Singel[1], en profiter pour acheter du fromage à touristes de luxe pour les enfants (je savais, de la dernière fois, qu'il y a une boutique sur trois qui vend du fromage dans cette rue). A vrai dire je savais aussi que le marché aux fleurs est un peu surcoté, il s'agit d'une enfilade de boutiques sur l'eau qui vendent, majoritairement, des bulbes. A planter à la bonne saison, donc pas maintenant. Mais le lieu est pittoresque et joli et j'ai un bon souvenir du fromage.

Comment vous dire que c'était humide, comme promenade ? Et venteux. La quantité de photos prises en route s'en ressent largement, il était techniquement impossible de se passer de parapluie, de le tenir d'une main, de l'empêcher de se retourner de l'autre et de prendre une photo avec la troisième. Et ce malgré veste déperlante et coupeuse de vent, pleine de poches. Sans parler des engelures possibles. De toute façon, au bout de la première journée, je suis arrivée à une conclusion géométrique. Il y a mille et une raisons de ne pas prendre de photos droites. C'est chiant, ça fait du boulot en recadrage et retouchez. Mais en plus RIEN n'est droit à Amsterdam. Absolument rien. donc démerde toi pour avoir un truc environ vertical plutôt au milieu et pour le reste, le monde s'en remettra. Voilà, c'était le résumé d'Amsterdam en photos, passez votre chemin si vous avez envie de donner un cours de verticalité.

Une fois le fromage acheté, j'ai encore hésité entre prendre le métro pour la station qui me séparait de la gare ou un promenade d'une trentaine de minutes pour arriver au même endroit, mais à l'air libre. Mon dibbouk doit toujours être en pleine forme, car j'ai opté pour la version pédestre. Ou alors je suis complètement masochiste. Bref, je suis remontée à pied, trempée comme une soupe, allant de coins de trottoirs qui sentaient les herbes de Provence à un autre. Quasi personne dans les rue, pas mal de commerces fermés, c'est une autre idée du tourisme de l'extrême que je me fabrique. En tout cas je salue deux points positifs :

  • J'ai attrapé un bonnet au vol en partant hier matin en me disant "au cas où". Je m'en suis remerciée avec ferveur tout au long du week-end.
  • Ces petits moments pénibles c'est super, ça te donne envie de rentrer te mettre au chaud chez toi. Ce qui ne me serait peut-être pas arrivé sinon, allez savoir.

J'écris ces mots dans le train qui me ramène, sous les yeux curieux et attentifs d'un très gentil bear qui ferait les délices de quelques copines. Pas sûre d'arriver à uploader des photos pour le billet avec le wifi de l'eurostar qui est cahotique et mou du genou à la fois, mais j'ai mis les quelques nouvelles dans l'album d'hier : il est ici.

Note

[1] Calmez-vous tout de suite, c'est un des canaux d'Amsterdam, pas un mec célibataire.