Voilà. Je suis officiellement une mémère à chats qui poste des histoires de chats. Comme ça c'est clair. Et puis c'est à la demande générale d'au moins deux personnes sans compter celles qui ne savent pas qu'elles auraient adoré me réclamer cette histoire. En plus le truc que j'ai en tête pour le couvent n'est pas encore passé de mes rêveries à mes doigts, donc : pourquoi pas ?
Je tiens d'ailleurs à rétablir des faits à l'attention des ennemis des chats. Beaucoup d'entre vous pensent que les chats sont indifférents et qu'ils nous haïssent. C'est évidemment complètement faux (écrit-elle avec les bras de part et d'autre d'une créature noire comme l'enfer installée entre le clavier et la femme, obligée, par un lever de tête, de déposer un bisou entre ses oreilles velues toutes les 7 à 9 secondes). Je tiens, à l'origine, de Moukmouk, un grand faux ennemi des chats à qui je pense toujours beaucoup[1], que les chats ont inventé un langage pour nous parler.
En effet, les chats ne miaulent pas entre eux, dans la nature. Ils miaulent exclusivement à destination des humains, dans une tentative parfaitement loupée d'imiter notre langage. Certes, vous pourriez me dire qu'ils ont inventé le miaulement pour nous insulter et nous menacer, mais sérieusement, qui se donnerait la peine de développer un langage entier et sa grammaire uniquement pour ça ? Ecoutez-les, leurs miaulements, leurs modulations, ceux qui montent, ceux qui descendent, les petits, les rauques, les miaulements pépiements du chat qui vous raconte sa journée quand vous rentrez le soir, vous verrez, ils nous imitent. Mal, mais ils nous imitent.
Bref.
J'ai dit que je raconterais l'histoire de la chatte et du terre-neuve. Pour ceux qui ne connaissent pas ces chiens merveilleux, ce sont de grosses bestioles très poilues qui sentent le suint et bavent 10 litres par jour et pèsent facilement 60, 70, voire 80 kilos. Ils adorent nager, être copains avec nous. Ils sont furieusement têtus, ont une dignité majestueuse (jusqu'au moment de plonger dans une flaque de boue), sont extrêmement gentils et fidèles ; ceux que j'ai fréquentés ont été les meilleurs amis chiens de ma vie.
Quand j'étais ado, on en avait un avec qui la chatte de la maison s'entendait très bien. Ils vivaient en paix, en harmonie et en duo de malfaiteurs associés pour ce qui concerne le vol de bouffe. Ils se partageaient sereinement l'affection de leurs humains ; la vie nous était paisible et tendre.
Un jour, la chatte s'est relevée enceinte (pas du chien). Et comme son copain énorme était l'être en qui elle avait le plus confiance sur la Terre entière, elle a mis bas entre les énormes papattes du clébard. Qui n'a pas bronché pendant des heures. Il a bien fallu déménager les chatons (sous l'escalier qui menait au deuxième étage, un lieu sombre et calme, idéal pour la veille attentive de sa portée). Je ne sais combien de fois par jour, on trouvait le chien tête sous l'escalier, à vérifier que les chatons allaient bien, prenant son tour de veille pendant que la chatte allait manger, faire ses besoins et autres activités de mère chat.
En arrivant sur le palier on voyait seulement le corps du chien, son énorme cul et sa queue remuant de fierté d'avoir de si mignons enfants. Car oui, il était manifeste que le chien, défiant toutes les lois de la biologie, se considérait comme le père des chatons. C'est contreuh-naturinh ? Rien à foutre.
A ce jour je suis toujours émue par ce pacte d'amour total entre ces deux-là.
Bref again.
Ce n'est pas du tout l'histoire que j'avais promis de raconter.
Quelques années plus tard, nous avons adopté une chatonne mi angora, mi chatte des rues. Une magnifique écaille de tortue, d'allure un peu précieuse. Le chien, le même, s'est tout de suite proposé comme père d'adoption. La chatonne a dit oui. Le chien était sur ses vieux jours, elle lui a survécu longtemps mais a détesté avec constance les chiens suivants de mes parents : ils n'étaient pas Lui. Et toute sa vie, cette adorable demoiselle au poil long et doux a marché en roulant des épaules comme un vieux docker. Comme son papa chien.
Ces souvenirs me font monter le sourire aux lèvres et la larme à l'œil.
Alors bon, que vous aimiez ou pas les chats, les chiens, vous faites bien comme vous voulez. Mais ne vous mêlez pas d'essayer de savoir ce qu'ils ont dans le cœur, vous vous y perdriez. Après tout, c'est peut-être la meilleure chose qui pourrait vous arriver ?
Note
[1] Les derniers billets de son blog ont été écrits par une de ses amies pétillantes, merci à elle de ces récits qui le font vivre encore un peu.