Sacrip'Anne - La vie et toutes ces sortes de choses<p>« Oui, je sais très bien, depuis longtemps, que j’ai un cœur déraisonnable, mais, de le savoir, ça ne m’arrête pas du tout. » (Colette)</p>2024-03-29T05:13:19+01:00urn:md5:c1fb879ad23a3c46f10437cf304190adDotclearDes gens qui se suivent et ne se ressemblent pasurn:md5:83bce493d53c9c547ebfc51f71fe56f72024-03-27T08:48:00+01:002024-03-27T15:57:47+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>Je suis sortie du bureau hier soir avec trois quarts d'heure à tuer, avant de retrouver ma compagne pour la soirée. J'avais déjà copieusement arpenté Paris sous la pluie, depuis le matin, j'ai donc fait le choix de la facilité et filé au Starbucks de Saint-Lazare avec une envie de cappuccino, de musique dans les oreilles, de bouquin à la main, le long de la fenêtre qui donne sur la rue d'Amsterdam. A 30 pas de mon but, je me fais alpaguer par une dame qui me demande de l'argent pour acheter des laitages à ses sept enfants qu'elle élève seule.
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Je lui réponds que je n'ai pas de monnaie, elle me demande (sur un ton qui ne laisse pas énormément de place au refus) de lui offrir un chocolat. Je considère une seconde la situation, me dis que, ouais, la vie a été plus drôle qu'en ce moment, pour moi; mais pour elle, ça doit être pire. Parce que même si tout ce qu'elle va me raconter est plus ou moins vrai (ou plus ou moins faux), ce qui l'amène à venir chercher le contact dans une gare bondée, c'est probablement quelque chose qui fait de sa vie un chemin plus dur que le mien. Ou qu'elle a un sens du challenge hors du commun, ce qui ça mérite d'être félicité. Et merde, en ce moment, en tout cas, je peux encore offrir un chocolat, fût il au prix honteux que Starbucks pratique, donc je l'embarque. Elle me dit qu'elle va le boire avec moi, ma fibre anti sociale se hérisse et je lui propose de transiger : on bavarde dans la (longue) file d'attente, mais après ça j'ai besoin d'un moment seule. On a à peine fait un pas dans la queue elle me raconte qu'elle n'a pas mangé depuis je ne sais combien de temps car elle a un cancer. Que sa petite a des problèmes, il faut l'emmener chez l'orthophoniste, que la grande a des problèmes, il faut l'emmener chez l'ophtalmo. Et en fait c'est pas un cancer, qu'elle a, c'est deux dont un féroce qui lui donne des embolies pulmonaires et les traitements ça lui donne des plaques. Ça la gratte, ça lui fait des cicatrices énormes, et de là, elle me montre son bras, effectivement barré d'une énorme cicatrice, mais probablement pas due à du grattage (ou alors elle a des pattes de grizzly). Et je vous vois, entre incrédulité et hilarité, je ne suis pas complètement dupe, je la trouve super pimpante (dans un style relatif) et vive pour quelqu'un qui était en chimio ce matin et occupée à vomir le reste de la journée. Mais hey. Je joue cœur, toujours, même si ça me met parfois dans des situations improbables.
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Dans ma tête, ma voix intérieure ricane : ma fille, tu es la victime parfaite du "Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens", l'ouvrage culte de mon amie Kozlika ! Et je m'en fous. Dans le doute, ça ne coûte rien d'envoyer un peu de gentillesse dans le karma. J'ai posé ma limite : celle d'un chocolat (bien évidemment elle choisit la version signature avec la chantilly, du coulis au chocolat, le Père Noël en string à paillettes qui clignote posé dessus et que sais-je encore <sup>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/03/27/Des-gens-qui-se-suivent-et-ne-se-ressemblent-pas#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup> pour vous faire payer l'air au prix de l'or. On récupère nos boissons et elle part.
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Je m'affale dans le fauteuil. Je mets de la musique dans mon casque, je sors ma liseuse. Rien à faire, je n'arrive pas à lire. Malgré Vialatte. J'ai déjà le cerveau qui pose des phrases pour raconter ce moment. Je suis crevée, j'ai peur d'oublier, je n'ai ni mon PC, ni de quoi écrire alors je raconte la scène au dictaphone de mon téléphone (pour découvrir ce matin que le bruit de fond du café couvre l'essentiel de ce que je raconte). Je souris en pensant à celui ce que je vais voir ce soir soir et qui se foutrait de moi dans un éclat de rire sonore si je lui racontais ce moment (je pense qu'il me trouve parfaitement naïve et bourgeoise, limite dame patronnesse à côté de la plaque, dans ces moments, et il a peut-être raison, mais, pas folle la guêpe, on s'est parlé de plein d'autres choses, pas de ça !)
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Je souris en pensant à celui dont je sais pas s'il se moquerait un peu ou s'il dirait un truc super gentil ou un mélange des deux, si je lui racontais ce moment. Ça serait surprenant et l'occasion d'un sourire ou d'un rire, très probablement.
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Je suis dans un état un peu bizarre. La vie trouve un chemin vers les mots, les mots peinent à restituer la vie, je suis à la fois de bonne humeur, et simultanément un peu triste que, parfois, le seul truc qu'on a à faire, c'est la manche à Saint-Lazare en espérant qu'une personne sur je ne sais combien s'arrête et écoute dix minutes avant que le grand flot ne reprenne le dessus.
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Quand je suis sortie, elle n'était pas en vue. J'ai fait jonction avec celle qui a joyeusement accompagné ma soirée (chouette, une nouvelle copine !). Je me souviendrai longtemps de son air émerveillé quand celui qu'on allait voir a traversé la rue et qu'on s'est salués joyeusement. On a bravé les bourgeois du 16e, passé un très bon moment, plein de livres, de gens qui les écrivent, d'une qui les édite, d'une traductrice virtuose, de gens qui lisent et de chiens. Entre la discussion libraire/auteurs et ce qui a suivi, j'ai découvert avec joie que mon amie Gilda était là aussi et que la balle du <a href="https://sacripanne.net/post/2024/03/14/Quand-est-ce-qu-on-se-voit">"Quand est-ce qu'on se voit ?"</a> avait diablement bien été saisie au bond. Mon dîner a consisté en une Guinness partagée avec cette joyeuse bande.
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Ce matin, je me suis traînée un peu, pour arriver au bureau où je ne vais pas, habituellement, le mercredi. Epuisée, les jambes pleines de presque dix kilomètres d'arpentage d'hier. Mais bon, encore une irlandaise au programme ce soir. Je vais me maudire demain, avec cet enfoiré d'Hashimoto, sa grosse fatigue et les insomnies pour pimenter encore un peu la relation. Je vais probablement passer une grande partie de la fin de semaine roulée comme un nem dans ma couette en gémissant sur ma faible capacité à faire des choix de vie raisonnables. Mais non, je ne peux rien regretter de ces moments. C'était trop bon. Ca sera trop bon.</p>
<p><img src="https://sacripanne.net/all_blogs/public/illustrations/.Mug_m.jpg" alt="" class="media-center"></p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/03/27/Des-gens-qui-se-suivent-et-ne-se-ressemblent-pas#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Au cas où l'un d'entre vous rêve de cet élément de décoration, je l'ai inventé de toute pièce, mais la chantilly et le chocolat sont véridiques</p></div>
https://sacripanne.net/post/2024/03/27/Des-gens-qui-se-suivent-et-ne-se-ressemblent-pas#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2707Le film dans ta têteurn:md5:1ab8e4d621ee2d83acf2ba7558bac6be2024-03-21T20:23:00+01:002024-03-21T20:51:51+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>Alors voilà, cette fois je ne me ferai pas voler ma vie, quitte à tomber de fatigue, que ça soit en faisant des choses qui me plaisent plutôt qu'à déprimer au fond de mon lit. Mon cerveau a pigé qu'il avait l'autorisation d'être erratique, en ce moment, c'est le grand nimp', les ascenseurs émotionnels, les bugs de fatigue. Mais on en rira un jour (pas trop lointain, si possible).</p>
<p>Or donc nous voilà en terrasse avec deux collègues à boire un verre en regardant les badauds béer et le soleil passer de l'autre côté de la rue Saint-Lazare, puis à nous saluer gaiement. Je prends par accident une photo incroyable que je ne peux publier nulle part car le type qui s'est incrusté dans le cadre n'est probablement pas d'accord. Mais j'adore cette photo. Demande-moi la prochaine fois qu'on se voit.</p>
<p>Prince chante "Purple rain" dans mes oreilles, j'ai ma tenue préférée de toute l'année (une robe noire ample et droite en coton qui me tombe sur les chevilles, mon vieux blouson en jean plein de badges, des baskets confortables), je savoure l'air sur mes jambes et le plaisir de marcher au rythme de sa royale Badness.</p>
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<p><em>Et là dans ta tête tu es la coolitude. Tu sens ta démarche souple épouser la batterie, bien dans tes fringes, bien dans ton make-up , d'ailleurs il t'a valu des compliments de l'alternante graphiste ET de ton aîné, bien dans tes baskets bigarrées. Ton livre du moment t'attend, tu le retrouveras dans quelques minutes dans la poche de ce sac d'un framboise vibrant. Tu es dans ta bulle, tu fusionnes avec la musique et avec la lumière de fin de journée sur les bâtiments haussmanniens. Tu es bien, ça ne durera peut-être quelques minutes mais là, à cet instant précis, tu n'es ni entravée par la fatigue ni par une tristesse plus ou moins passagère. Juste bien. Tu dégages autant de lumière que la scène finale de "Perfect Days"</em></p>
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<p>Les passants qui passent, si jamais ils remarquent quoi que ce soient tant les gens ne voient : rien<sup>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/03/21/Le-film-dans-ta-t%C3%AAte#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, auront peut-être l'impression d'une petite grosse dame entre deux âges qui se dandine, l'air un peu ailleurs, elle a tellement une tête à daronner tout le monde que c'est à elle qu'on demande un kleenex dans la rue, ou la direction qu'on cherche en vain.</p>
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<p>La vérité est ailleurs.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/03/21/Le-film-dans-ta-t%C3%AAte#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] D'ailleurs, les marcheurs dans les foules denses, ça ne va pas du tout. Pour avancer : visez les trous dans la foule. L'endroit où il n'y a pas déjà des gens. Et surveillez avec les deux trucs ronds posés au dessus de votre nez, sur votre visage, que les trous ne se sont pas remplis avant d'avancer.</p></div>
https://sacripanne.net/post/2024/03/21/Le-film-dans-ta-t%C3%AAte#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2706Bribes de ce qui rend une journée supportableurn:md5:87393c84a66c5e5f4bfdf514ded467ba2024-03-20T09:46:00+01:002024-03-20T17:33:32+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>Objectivement, hier c'était une journée de merde. En réunion du matin au soir, déjà. Pas toujours avec les manchots qui glissent le plus loin sur la banquise, en plus. Je déteste ça. Réveillée depuis 4 heures du matin, j'avais atteint les limites de ma patience vers 9h32 environ. Et puis finalement, Cougarillon m'ayant piqué ma place dans la salle pendant que je présentais un truc, j'ai déménagé près d'autres voisines, l'air s'en est trouvé allégé et je me suis mise à collectionner des bribes de jolies choses pour ne pas laisser les contrariétés de la vie réelle m'entraîner dans leur spirale de l'enfer.</p>
<p>Le café dans le soleil du matin, déjà. Dans peu de jours, on fêtera notre anniversaire d'emménagement. Mon téléphone est empli de photos toutes semblables mais jamais identiques. Trouver la vue du matin (souvent vers l'est, car, comme vous le savez, c'est là que le soleil point et que la lumière est dingue à cette heure matinale, mais dans mes grands jours, j'immortalise le tour complet). Souvent en poster une sur les rézosocio parce que la beauté, ça se partage, sinon ça ne sert à rien. Presque toujours en envoyer à de rares favoris, en forme de "bonjour, je te pense, là, tout de suite".</p>
<p><img src="https://sacripanne.net/all_blogs/public/illustrations/.20240319_MATIN_m.jpg" alt="" class="media-center"></p>
<p>Des nouvelles de mon ancienne alternante, désormais en CDI, qui nous a fait une énorme frayeur et qui, finalement, n'a rien de grave. Ouf. Une réunion qui finit à l'heure, on avait pas vu ça chez nous depuis l'assassinat de Jules César, environ. Un déjeuner sur le toit, deuxième de l'année. J'ai rosi, paraît-il. Toute le monde n'a pas la chance de bronzer en tranche napolitaine sans jamais arriver au chocolat, que voulez-vous. #OuitièmeBelge</p>
<p>Une réunion pour un projet plein de bonnes idées mais dont la mise en place est claquée au sol. Sauf que le mec qui a lancé l'idée est tellement positif, plein d'envies et ok pour simplifier tout ce qui peut l'être que... finalement, ça fait du bien au baromètre professionnel de passer une heure avec lui, dites donc. On a même réussi à ne pas dire du mal de...</p>
<p>Mes collègues, leurs rires, leur drôlerie, notre complicité, l'amitié qui s'est fabriquée derrière notre proximité professionnelle. Les consolations à la jolie A. qui s'inquiète pour son grand bébé malade et à qui ça fait du bien, je crois, les hugs et les confidences croisées avec Cougarillon, jamais radin sur ces sujets, les malices de Garan "la choute", les rigolades à peines déguisées avec Elo pendant une réunion très sérieuse et nos babillages subséquents <sup>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/03/20/Bribes-de-ce-qui-rend-une-journ%C3%A9e-supportable#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Je ne sais pas ce que nous deviendrons quand nos prochaines étapes pro nous auront éparpillés façon puzzle. Mais en ce moment, c'est là, et c'est de la bonne<sup>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/03/20/Bribes-de-ce-qui-rend-une-journ%C3%A9e-supportable#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>.</p>
<p>Un retour qui aurait dû être apocalyptique et qui a été moins pire. Ces moments où Saint-Lazare se transforme en épicentre du chaos, où on se piétine pour monter dans un train qui ne part pas, plein à craquer. Qu'une voix annonce que le train d'après est sur une autre voie (oui, ça fait beaucoup de voi). Où ma voisine se lève, pensant comme nous tous qu'on nous demande insidieusement de changer de train, m'escalade à moitié. Où je lui dis : "je vais y aller aussi, madame, juste, là, ça ne bouge pas, ça ne sert à rien". Et puis miracle, notre train démarre. Plein, avec dix minutes de retard, mais il démarre. A ma voisine rassise qui se plaint que c'est moche et qu'on est fatigués, je réponds que je suis presque sûre qu'ils ne le font pas exprès et qu'ils sont aussi embêtés que nous, elle me répond très malicieusement "vous croyez?". Eclats de rire. On en profite pour daronner le type d'en face dont les yeux pétillent de rire et de fièvre derrière son masque. J'adore ces micro liens impromptus qui se créent entre inconnus. Ca dure quelques secondes, quelques minutes au mieux, ça ne dit rien sur la compatibilité humaine que vous auriez avec la personne en question, mais on y fabrique des souvenirs et sourires qui durent parfois.</p>
<p>Toujours dans le train, éclats de rire à lire des chroniques d'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Vialatte">Alexandre Vialatte</a>. Ce type, il écrivait comme j'aime. Les fêlures profondes derrière l'esprit vif. De l'usage créatif du langage et de la pensée en veux tu, en voilà. C'est pratiquement contractuel dans ma famille paternelle d'aimer Vialatte pour des raisons de : Clermont-Ferrand (en plus de son mérite personnel). Mais même si je n'avais pas signé de mon sang, il aurait fait partie de ma liste des inévitables. C'est tellement saugrenu, bien écrit, vivant, drôle et pile au moment où tu ne t'y attends pas, un bout de phrase qui te crucifie d'exactitude. Il devrait y avoir plus d'hommes comme Alexandre Vialatte dans le monde. Ca rendrait la vie plus supportable. Excitante. Vibrante. Rage au cœur et rire aux lèvres, vous voyez l'ambiance. Notons bien que je n'ai pas dit qu'elle serait plus reposante, la vie. Mais au point où j'en suis...</p>
<p>Enfin, retour à la maison et les accueils enthousiastes du zoo : animaux, enfants. Les uns vraiment contents de me raconter leurs journées (les animaux), les autres plus inégaux dans ce domaine, mais tous pleins d'amour visible à l'œil nu. Je ne sais pas si on savoure jamais assez le fait de se savoir aimé(e) par nos enfants et bestioles. (Par d'autres aussi, mais ça devient vite plus compliqué).</p>
<p>Et puis, toute la journée, des pensées régulières pour ce truc bizarre qui vit dans un coin de ma jungle intérieure. Je surveille du coin de l'œil parce que ces machins, ils sont parfois du genre à pousser, grimper, s'accrocher aux murs, ruiner votre toiture et vous ravager l'âme au passage faute d'une attention suffisante. Mais pas là, ou pas encore. Alors je prends : la beauté de la contemplation de cette chose étrange qui fait du bien. Comme une plante qui n'aurait jamais dû se trouver là, même pas sûre que ça soit autorisé par l'académie de botanique. Il se trouve qu'elle s'est enracinée à ma surprise constamment renouvelée et a l'air parfaitement à son aise. Ca fait du bien à regarder, beaucoup, alors tant que ça va, ça va.</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/03/20/Bribes-de-ce-qui-rend-une-journ%C3%A9e-supportable#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] ce n'est pas un gros mot, vous pouvez vérifier</p>
<p>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/03/20/Bribes-de-ce-qui-rend-une-journ%C3%A9e-supportable#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Il est temps de vous avouer que je me contrefous de l'usage qui recommande de ne pas mettre de virgule avant et. Je fais ce que je veux si je trouve que ça swingue mieux, un point c'est tout. D'ailleurs je mets aussi des Et après des points et balek.</p></div>
https://sacripanne.net/post/2024/03/20/Bribes-de-ce-qui-rend-une-journ%C3%A9e-supportable#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2705Hashimoto pas mon amoururn:md5:1cca477629cc348e3e2de31c56d39a022024-03-17T10:20:00+01:002024-03-20T14:29:36+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>Pendant 36 heures j'ai été dans une colère noire, une colère dirigée exclusivement contre moi.</p>
<p>C'est pas faute de connaître par cœur les signaux, bordel. Pas faute de dire à chaque personne qui me parlerait des mêmes symptômes d'aller faire vérifier sa thyroïde.</p>
<p>Bref. Mon japonais déconne.</p>
<p>Pas comme au pire des moments, mais assez pour que ça me casse les pieds.</p>
<p>Pour celles et ceux qui ne savent pas, il y a une double lecture des mesures dans les résultats du labo. Ce qui est dans les normes. Et ce que vous ressentez vous, qui est particulier à chaque patient. Il y a des gens avec le même papier du labo que moi qui se porteraient comme un charme, d'autres qui seraient déjà écrasés de fatigue. Ou pas très heureux porteurs ou porteuses d'un tout autre symptôme.</p>
<p>Moi, ça fait des semaines que je traîne une fatigue physique et mentale que je rationalise par le cours de ma vie qui n'est pas exactement un long fleuve tranquille. Les yeux qui piquent dès le matin, même en ayant dormi 8 heures, ce qui n'arrive quasi jamais mais hey, rêvons, les nuits complètement décalées. La semaine dernière je n'ai pas réussi à trouver l'énergie de me lever pour aller arroser les plantes vertes, putain, comment j'ai fait pour ne pas m'en douter ?</p>
<p>Ça fait des semaines et même plutôt des mois que j'aurais pu percuter, changer de dosage. Ça n'aurait pas tout réglé dans le bordel de ma vie mais <a href="https://sacripanne.net/post/2018/03/23/mon-corps-me-hurle-dessus">ça aurait été ça de moins à traîner</a>. Ou pousser.</p>
<p>Parce que j'ai toujours une ordonnance au cas où. Depuis dix ans. Depuis dix ans je sais ce que ça fait et je n'ai rien vu. D'où : colère.</p>
<p>Et puis la voix de mon amie Luce a résonné dans ma tête. Ça parlait d'arrêter de se bousculer, soi. De se faire violence. De se traiter avec douceur. Après tout, c'est fait. La colère ne sert plus à rien. Voilà. Dans quelques semaines ça sera réglé, je serai à nouveau juste fatiguée comme une adulte de mon âge avec un job à plein temps et des enfants à élever.</p>
<p>Alors, hier, j'ai pris mon aîné sous le bras, on est allés faire un truc qui me faisait envie depuis des décennies. Quelque chose qui a gravé en moi cette notion d'attention aux autres, de tendresse, d'amour inconditionnel (et un petit bout de mon socle musical) que je sais donner aux autres et qu'il faudrait peut-être qu'à l'occasion je tourne vers moi. J'en suis sortie heureuse d'avoir choisi ce qui me faisait envie à moi, malgré plein de freins plus ou moins légitimes.</p>
<p>On ne va pas se mentir, c'est pas la forme ultime. Mais je sais à quoi me tenir jusqu'à ce que ça aille mieux.</p>https://sacripanne.net/post/2024/03/17/Hashimoto-pas-mon-amour#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2704Quand est-ce qu'on se voit ?urn:md5:daec38a9bdff79e1e41f23ab85fc488d2024-03-14T10:47:00+01:002024-03-14T11:40:45+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>Je suis le fruit de parents extrêmement sociables et d'une époque dont les codes et les outils étaient différents. Il n'était pas rare qu'enfant, en rentrant d'une course avec mon père, le samedi matin, on s'arrête taper au carreau de copains, et que selon la fortune qui était la nôtre, on les trouve chez eux, on y prenne un café, puis un apéro, puis qu'on appelle ma mère pour qu'elle nous rejoigne avec mon petit frère. On en repartait un ou deux repas plus tard<sup>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/03/14/Quand-est-ce-qu-on-se-voit#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Ca fonctionnait dans l'autre sens aussi, avec une particularité marrante : le salon de notre maison donnait directement sur la rue et il arrivait souvent que les copains enfants ou ados et les plus sportifs des adultes méprisent la porte et passent directement par la fenêtre pour entrer chez nous (une fois cette dernière ouverte, évidemment).</p>
<p>J'ai un souvenir d'une période un peu longue et chiante de travaux à la maison - il s'agissait de déplacer la cuisine - dont mes parents ont fait l'essentiel, sacrifiant leurs week-ends à la cause. Ils ont été tellement frustrés de ces mois de pause dans leur intense vie sociale qu'il n'était pas rare, par la suite, qu'ils aient des invitations pour tous les repas du week-end et qu'on ne les voit qu'à peine au petit-déj.</p>
<p>Je suis plus calme qu'eux, de ce point de vue. Les grands rassemblements ne sont pas mes amis, il faut de sérieux arguments pour m'attirer dans un endroit où on dépasse la dizaine. Mais quand même, j'aime ça, passer du temps avec les gens qui me sont chers. Il se trouve que j'ai partagé les quasi 25 dernières années de ma vie avec des hommes qui ont assez peu cette fibre tribale au cœur. J'ai adoré la puissance d'internet, des blogs et réseaux sociaux, pour rencontrer des gens fantastiques, du bout de la rue ou du bout du monde. C'était une époque formidable : on ne se voyait pas forcément beaucoup mais on se parlait. Dans les commentaires des blogs, des statuts. Par email. Les conversations occupaient le terrain et de très beaux liens se sont créés, renforcés avec les années.</p>
<p>Et maintenant... plus tellement.</p>
<p>A quel moment on est devenus tellement débordés ? A quel moment on a arrêté de papoter ?</p>
<p>Alors OK, il y a l'éloignement géographique avec plein de gens qui vivent loin de Paris. Ok les enfants, le quotidien, le boulot.</p>
<p>Ok je sors d'une douzaine d'années de vie avec quelqu'un dont les horaires décalés ont compliqué la gestion de la vie amicale. Où les rencontres étaient liées à l'annulation ou pas d'une représentation.</p>
<p>OK, je suis en ce moment très avide de me changer les idées. Peut-être que ça me fait ressentir plus fort que d'habitude le fait que la table du salon ne reçoit pas tellement d'invités<sup>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/03/14/Quand-est-ce-qu-on-se-voit#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup>. Je ne sais pas si je suis devenue sauvage et que le reste du monde vit une vie sociale épanouie, finalement. Ou si juste c'est plus compliqué et moins spontané qu'un avant que je fantasme un peu, de se voir.</p>
<p>Je fais le lien, peut-être à tort, avec notre e-vie sociale. On est passés de discussions endiablées à un like, si vraiment, on veut faire un effort. De ping pong de réponses en commentaires fleuves, on est arrivé à une sorte d'indifférence, où le scroll des nouveautés, plus ou moins algorithmiquement favorisées, prend le dessus sur l'échange.</p>
<p>(Je me sens tellement vieille conne)</p>
<p>Bref. J'ai dit mille fois que j'adorais les blogs parce que ça me permettait de concilier deux choses que j'aime faire : discuter et écrire. Petit à petit les rebonds en commentaire se sont déplacés sur les réseaux sociaux. C'était différent, mais chouette aussi. Et puis les grands patrons des réseaux sociaux ont cassé nos jouets. Ou on s'est blasés. Bref, ça bande mou, un peu, l'internet des bavardages entre copains, je trouve.</p>
<p>Mais putain, quand est-ce qu'on se voit, bordel ?</p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/03/14/Quand-est-ce-qu-on-se-voit#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] J'ai appris par la suite que ma mère détestait ça, s'imposer chez les autres, mais hey. Personne n'avait l'air maltraité.</p>
<p>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/03/14/Quand-est-ce-qu-on-se-voit#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] Il faut dire qu'en plus, le chien ne rend pas les choses faciles mais c'est encore un autre sujet</p></div>
https://sacripanne.net/post/2024/03/14/Quand-est-ce-qu-on-se-voit#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2703La fabrique du joliurn:md5:9068291c8ad422430058e5347f1ddfce2024-03-08T11:31:00+01:002024-03-14T16:06:16+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>J'allais commencer en disant : "Quand la vie ne va pas complètement comme on voudrait". Mais non. Cette recette peut être utilisée absolument tout le temps, même quand tout vous sourit <sup>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/03/08/La-fabrique-du-joli#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. Il est possible toutefois qu'on en ait encore plus besoin dans certains moments que dans d'autres alors... rêvons.</p>
<p>Que faudrait-il pour fabriquer du joli ?</p>
<p>Si le soleil se pointait, ça serait bien. Pas totalement indispensable, on ferait quand même, sans lui. Mais sa présence insolente et, n'ayons pas peur des lieux communs, lumineuse, pile au bon moment, serait un plus. Surtout en sortie d'hiver, quand on a bien fait le plein de sombre, de nuances de gris et d'humide.</p>
<p>Il faut du beau, aussi. Du paysage, de l'architecture. De l'art. Que l'œil puisse se poser dessus et s'illuminer de joie, s'interroger, râler, s'enthousiasmer.</p>
<p>Dans mon cas, et je comprends absolument les gens qui n'éprouvent pas cette nécessité, c'est bien s'il y a des gens (pas BEAUCOUP de gens, souvent, à l'unité). Ils peuvent être de nature un peu étrange, comme <a href="https://sacripanne.net/post/2023/12/18/L-exacte-densit%C3%A9-d-une-pr%C3%A9sence">ceux dont on retient dès le début des choses inaccoutumées</a>, ou pas, comme vous voulez. Pour moi, c'est plutôt oui. Pour fabriquer du joli, il faut des sourires, des rires. De la curiosité, quelque chose de l'ordre de l'addition de nos énergies qui donne une atmosphère dont on ressort avec le sourire et qui flotte un peu autour pendant un moment.</p>
<p>Du bon manger (oh que je vous plains, gens pas gourmands), du bon boire.</p>
<p>Des bêtises qui resteront longtemps accrochées à un souvenir, des choses plus ou moins sérieuses qui prendront du temps, sans doute, à être racontées au moins en partie.</p>
<p>Et puis, comme je suis une sauvage rebelle qui ne s'ignore pas tout le temps, ça serait bien de piquer un peu de temps à la productivité capitaliste. D'être l'artisan d'un morceau de liberté dans un bout de semaine habituellement peu dédié au plaisir. Fabriquer un bout de week-end au milieu de la semaine, en somme. Quelques heures de vacances piquées au sens du devoir.</p>
<p>Un peu d'arpentage, des endroits qu'on aime. Ou à découvrir, je ne suis pas chiante (pas sur ça).</p>
<p>Ça ne serait pas bien, de se fabriquer un coin de joli au nez et à la barbe des gens sérieux ?</p>
<p><img src="https://sacripanne.net/all_blogs/public/illustrations/.WhatsApp_Image_2024-03-07_at_16.55.49_m.jpg" alt="" class="media-center"></p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/03/08/La-fabrique-du-joli#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] ça arrive combien d'heures dans une vie, finalement, que TOUT aille bien en même temps, d'ailleurs ? </p></div>
https://sacripanne.net/post/2024/03/08/La-fabrique-du-joli#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2702Quelqu'un est morturn:md5:4301042845ef9b7e77b94268fa878f512024-03-06T15:00:00+01:002024-03-06T15:36:15+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>Quelqu'un est mort et ça me laisse stupéfaite.</p>
<p>Oui, je sais bien que des centaines de milliers d'humains meurent chaque jour. Mais celui-ci me touchait d'un peu plus près. Juste un peu.</p>
<p>On se connaissait, on ne se connaissait pas. J'aimais le lire, en grand ou en petit.</p>
<p>Il avait du talent. Il avait des gros soucis. Il n'était pas le premier dans ma vie avec des problèmes d'addiction.</p>
<p>Alors quoi ?</p>
<p>On aide un tout petit peu, comme on peut. En se doutant bien qu'on se fait couillonner, au moins un peu. En se demandant si on ne finance pas le truc en trop, qui fera tout basculer.</p>
<p>Mais parce qu'il n'y a rien d'autre à faire, on aide. Un tout petit peu. On parle, aussi. On soutient.</p>
<p>On ne s'est jamais vus. Pas eu le temps. Grand projet 2024 à oublier dès mars. Allez vous demander pourquoi j'ai tant d'impatience à voir celles et ceux qui comptent : la seule garantie c'est maintenant. Alors voyez, écoutez, embrassez, aimez, vivez, faites ce que vous voulez, mais faites-le avant le grand trop tard, bordel.</p>
<p>On s'est échangé des confidences, entre membres de la famille des grands sensibles accros aux mots et au rock'n'roll.</p>
<p>On s'est recommandé des bouquins. On s'est dit du bien de son mec. On s'est dit du bien de quelques gens qu'on avait en commun.</p>
<p>Et là il n'y a plus rien que quelques messages, quelques élans.</p>
<p>Je n'ai pas de mots pour dire ce qu'on était : copains ? C'est beaucoup ou pas pour quelqu'un qu'on a jamais vu ? Mettons, tous les deux membres de la grande famille des beautiful freaks.</p>
<p>Et malgré cette petite amertume en forme de point d'interrogation, et même si, finalement, c'était une possibilité tellement forte que je ne devrais pas en être si surprise, je suis sidérée par la tristesse de sa mort.</p>
<p>Salut Alexandre. Je suis debout.</p>https://sacripanne.net/post/2024/03/06/Quelqu-un-est-mort#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2701Les affreuxurn:md5:ae43c86a8d8f0b38f7b69e0c330ba9d12024-03-04T12:04:00+01:002024-03-04T12:20:55+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>Il y a une joie irremplaçable dans ma vie, un monstre à cinq têtes qui rugit de rire régulièrement, c'est ma bande de collègues. Et encore, on en a perdu quelques uns avec le temps... mais qui restent présent, à défaut du quotidien, au moins régulièrement.</p>
<p>On est le gang de bisounours de l'open space, à l'humour aussi acide que notre tendresse est velours. Pas un pour rattraper l'autre en termes d'humour. (Et en plus on bosse bien, ensemble). Que ce soit un moment où les journées sont chouettes ou par gros temps, le plaisir de se retrouver, c'est notre moteur à nous. Celui de faire hausser un sourcil ou éclater de rire les collègues d'autres équipes vient en deuxième. Les affreux.</p>
<p>Amis du politiquement incorrect, des câlins et du marketing digital, c'est nous.</p>
<p>Pour preuve ? Echantillon de ce qui fuse entre deux réunions. Ou en plein milieu. Enfin juste un lundi matin plutôt calme.</p>
<p>Esprits sensibles s'abstenir de lire.</p>
<p>"Ah non mais c'est un crush qui va rester un crush. C'est bien dommage mais au moins, s'il embrasse comme un labrador, je ne le saurai jamais !"</p>
<p>"J'ai testé le form, ça a marché, j'ai bien reçu le doc." "Ah, c'est toi my submissive ?"</p>
<p>"Je crois que c'est foutu pour moi, j'ai perdu le pouvoir des nichons. Je suis restée une heure en face de lui, je ne l'ai même pas vu checker mes boobs une seule fois." "Ah non mais ça c'est pas toi, c'est MeToo"</p>
<p>Mon autocorrect a changé "Si j'ai besoin de sucre à 3 heures du mat" en "si j'ai besoin de suc e r à 3 heures du mat, j'ai trop honte" (et pour celles et ceux qui savent à quel point je déteste me relire et combien de fois je me suis fait piéger par l'autocorrect : NON ça n'est pas moi !!)</p>
<p>Ouah les meufs, vous êtes habillées pour ne pas le rester longtemps !! Canon !!</p>
<p>"Non mais le mot gros, il a une connotation à géométrie variable. Un gros chien, un gros gâteau, une grosse b1te, tout le monde trouve ça super. Une grosse daronne, par contre..."</p>
<p>Voilà, c'est nous l'élite de la nation, les dieux du digital. Ajoutons notre sale manie de jouer à "titre" toute la journée. Il se peut qu'on soit légèrement insupportables. Mais qu'est-ce qu'on s'aime.</p>https://sacripanne.net/post/2024/03/04/Les-affreux#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2700Deux virgule huit mètres carrésurn:md5:84e805e19625b80889747d45a43885392024-02-26T14:36:00+01:002024-03-06T15:37:34+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>Petit à petit l'espace se réduit.</p>
<p>La cuisine est devenue hors limites il y a de nombreux mois déjà. Jamais propre, jamais accessible. Toujours à se marcher dessus, les rares moments à y exister ensemble. Une grande cuisine, pourtant, mais des normes d'hygiène et des attentes sur le rangement drastiquement différentes. Et ce renoncement qui devait être fait pour faire réagir : "tant que c'est comme ça, je n'y entre pas". Grosse maline. Plus de cuisine.</p>
<p>La salle de bains : envahie de piles de linges, le sale d'un côté, les panières pleines de propre jamais rangé de l'autre. C'était une bonne idée, pourtant, semblait-il. Une panière par habitant, à poser dans la chambre concernée une fois par semaine. Chacun range sa part. Jamais fait. Trop compliqué, encore. Et le linge sale des garçons qui surgit par sacs entiers, d'un coup, qui bloque tout le temps d'évacuer la corvée. La faute d'un gosse qui n'est même pas le mien qui trouve le couloir trop long. Sans parler de l'irracontable dégueulasserie.</p>
<p>Le salon devenu lieu de sommeil, aussi, abandonné. Il semblait humain de laisser à l'autre "son" espace qui ne redevient commun qu'au moment des repas partagés, comme si de rien n'était. Envie de vomir plutôt que de manger, souvent, devant le spectacle du déni.</p>
<p>Même ma chambre. Occupée cinq jours par semaine de 9 heures à 18 heures au moins. Sans aucun scrupule à s'attarder. Pièce dans laquelle, si la porte n'est pas fermée, on regarde, on entre sans prévenir, on interrompt.</p>
<p>Reste le lit. Même s'il a fallu batailler pour le déclarer zone interdite, à mon usage exclusif réservé. A part les chats. 2,8 mètres carrés où planquer le peu qui reste de ma vie intime. Enfin intime, calmons-nous. Hors de question d'en faire quoi que ça soit d'autre que ma retraite. Pas de changement d'agencement possible, non plus, pour le moment.</p>
<p>Litanie de la relativisation : c'est pas grave, c'est que du matériel, c'est à durée limitée, ok ça paraît long, pourquoi s'infliger ça, pourquoi être la seule à s'obstiner à considérer les autres, j'en rirai plus tard, déjà trois mois, tiens bon, c'est rien, il y aura un après.</p>
<p>Mais ne pas avoir envie d'en rire. Du tout. Rentrer parce que les enfants sont là, enfin au moins un, l'autre, une semaine sur deux. Rentrer parce que c'est le seul endroit possible. Rentrer parce que quand même, c'est chez moi, bordel. Mais n'avoir qu'une envie, à de rares moments près, quand j'y suis : être ailleurs. Tant que je ne peux pas refaire mon nid, m'y planquer.</p>
<p>2,8 m². C'est pas lourd, sauf dans ma tête et mes tripes.</p>https://sacripanne.net/post/2024/02/26/Deux-virgule-huit-m%C3%A8tres-carr%C3%A9s#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2699En vieurn:md5:66b7280d688a2f53cb3b38b2d39b5a2e2024-02-24T10:28:00+01:002024-02-25T17:10:42+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>En vie. Ce truc puissant qui nous saisit la veille et le lendemain des grandes décisions <sup>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/02/21/En-vie#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, ou quand le tonnerre gronde fort dans nos vies. Ou les deux. La vie c'est maintenant, profitons.</p>
<p>En vie, en pleine décompensation, mais aussi vibrante d'envies. Oui, mais lesquelles ?</p>
<p>Dans une sorte de drôle d'entre deux, plus la vie d'avant mais pas encore celle d'après, je me replie souvent dans ma chambre. Chacun son territoire et c'est, de toute façon, mon endroit préféré. Il m'arrive de m'y sentir un peu recluse, confinée. Principalement, c'est aussi l'endroit où je prends du temps pour moi, pour lire, pour écouter de la musique. Ça fait presque 25 ans que ce que je fais des concessions musicales, il est temps de replonger dedans. J'y retrouve la joie de l'immersion d'il y a fort longtemps, j'explore puis je renoue avec ce qui me fait vibrer. En prenant à nouveau du temps pour vraiment écouter, sans autre activité parallèle. Ça m'avait manqué à un point que je n'avais pas réalisé.</p>
<p>Et pour le reste, de quoi ai-je envie ? D'équilibre, sans doute, entre les enfants, le boulot, les amis, les gens nouveaux à rencontrer, mais aussi des moments d'indispensable solitude<sup>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/02/21/En-vie#wiki-footnote-2" id="rev-wiki-footnote-2">2</a>]</sup> De rires, de joies.</p>
<p>Penser à l'avenir, aussi. Changer de boulot ? J'aime ce que je fais mais les conditions évoluent et les perspectives à moyen terme me laissent pensives. Ou alors attendre que le vent tourne en restant dans ma bulle ? Pas la tête à y penser sérieusement, encore.</p>
<p>Pour ma vie sentimentale, qu'est-ce qui me tente ? Sûre de rien, au moment où on se parle. Je me méfie de ma capacité à faire des déclarations fracassantes qui seront démenties dès la première surprise de la vie. Sans doute un peu désabusée par la vie adulte. Par tout ce qui transforme les battements frénétiques du cœur en soupirs ennuyés. Je ne sais pas si, demain, l'idée de mettre ce fort joli crush à l'épreuve de la réalité sera irrésistible. Ou si l'aliénation à un autre me semblera insupportable. Aucune idée, mon manque de clairvoyance à ce sujet étant connue, je me garderai bien, donc, de formuler quelque pronostic que ce soit. On verra bien.</p>
<p>En attendant, je sors, je m'échappe, je m'étourdis et me retrouve à la fois dans des rires amis et des pétillements d'yeux. Je rentre et m'emplis d'amour aux rires de mes enfants, aux ronronnements de mes chats. Je vibre aux émotions par art interposé. Je savoure la lumière, les gourmandises, les moments hors du temps et tout ce qui rend quelques instants hors du commun<sup>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/02/21/En-vie#wiki-footnote-3" id="rev-wiki-footnote-3">3</a>]</sup>.</p>
<p>Et là, tout de suite, à l'instant où on se parle, je ne suis pas sûre que ça ne soit pas très grave de n'avoir d'autre plan pour la vie que de se la réapproprier. Contrairement à Maïa le chat dont le regard semble me demander "Kestchuvafer ?" (oui, j'ai un chat professionnel de l'affrication, c'est incroyaux).</p>
<p><img src="https://sacripanne.net/all_blogs/public/illustrations/.PXL_20240217_091453154_2_m.jpg" alt="" class="media-center"></p>
<div class="footnotes"><h4>Notes</h4>
<p>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/02/21/En-vie#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] ou la veille des révolutions, dirait Julie Corrençon</p>
<p>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/02/21/En-vie#rev-wiki-footnote-2" id="wiki-footnote-2">2</a>] On ne dirait pas, car mon tempérament sociable est plus visible et parce que je suis très amatrice de choses cachées sous le nez des gens, mais j'ai besoin de calme et de solitude, régulièrement. Juste ce qu'il faut.</p>
<p>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/02/21/En-vie#rev-wiki-footnote-3" id="wiki-footnote-3">3</a>] Un jour un sociologue se penchera peut-être sur ces curieux humains du premier quart de troisième millénaire qui bondissaient aux vibrations des notifications, croyant recevoir un message, déçus par une pub, mais parfois rendus souriants par quelques mots.</p></div>
https://sacripanne.net/post/2024/02/21/En-vie#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2698Les passeuses, les passeursurn:md5:9f06c7d39da9226420aa8b713ffe4dc02024-02-20T09:02:00+01:002024-02-21T10:12:13+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>Je faisais, l'autre jour, le constat que ma culture est... a... on a probablement le même caractère. Curieux. Mais capable de se braquer assez vite. J'ai grandi au milieu de livres dans lesquels il n'y avait qu'à piocher, entourée de musique, de films, de théâtre, autant dire que mon accès à l'art n'a pas été une lutte de chaque instant. Dedans j'ai picoré, connu de grands émois, quasi fusionné avec certaines œuvres majeures ou mineures, dans une grande liberté et avec beaucoup d'entrain.</p>
<p>Mes références se sont construites d'enthousiasme, de rencontres, de hasards. Pleines de trous, pleines d'envies <sup>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/02/20/Les-passeuses%2C-les-passeurs#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup></p>
<p>En revanche, s'il y a bien un truc qui me fait fuir en courant, ce sont les discours de "sachants" (pas ceux qui sachent chasser en passant chez Sacha, non). Les dogmes. Il FAUT avoir lu. C'est une œuvre indispensable à écouter. Le dernier film détestable de machin chose. Les gens qui vous font descendre leur avis dessus comme un passage obligé, ça me met illico dans un état de rébellion avancée, dans lequel je pourrais prononcer à voix haute quelques insultes bien senties. Mais comme les sachants, parfois, sachent un peu, ou ont bon goût à l'occasion, je loupe des choses ou les découvre un million d'années plus tard que tout le monde. Il suffit de mettre le "Masque et la plume" cinq à dix minutes pour me voir me transformer en Hulk.</p>
<p>Ce qui n'empêche pas du tout d'adorer les recommandations. Les gens proches ou moins, qui pensent que quelque chose va te plaire et te mettent sur le chemin plus ou moins directement. Les gens à la culture infinie qui ont toujours quelque chose à faire découvrir, ressentir, qui donnent envie, tout simplement.</p>
<p>Du coup, souvent, l’œuvre reste attachée, dans un coin de mes souvenirs, au passeur ou à la passeuse qui me les a fait découvrir. Et ça ne rend le tout que plus joli. Encore plus précieux. Surtout si ça m'a plu.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/02/20/Les-passeuses%2C-les-passeurs#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] d'ailleurs depuis hier soir, j'ai envie de relire au moins une partie des Rougon-Macquart, merci <a href="https://open-time.net/">Franck</a>, ça me réjouit à l'avance de retrouver mon cher vieil Emile !</p></div>
https://sacripanne.net/post/2024/02/20/Les-passeuses%2C-les-passeurs#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2697Comment buter sa saboteuse intérieure ?urn:md5:e62d07b22de705a69c9ffc33bcf68f742024-02-15T11:27:00+01:002024-02-15T14:03:04+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>L'autre jour, au travail, privée de mon ordinateur, je faisais une fantaisiste to do des tâches en cours dans ma vie, et comme je prends internet pour mon psychanalyste, l'ai postée dans la foulée sur les réseaux sociaux. Dans les items en cours mais pas cochés : "Buter ma saboteuse intérieure". "Mais comment tu fais ça ?" me demande-t-on à divers endroits.</p>
<p><a href="https://sacripanne.net/all_blogs/public/illustrations/ToDo.jpg"><img src="https://sacripanne.net/all_blogs/public/illustrations/.ToDo_m.jpg" alt="" class="media-center" /></a></p>
<p>Pas. La. Moindre. Idée.</p>
<p>L'escroquerie de ce titre est donc totale.</p>
<p>Mais quand même, je constate. Après un bas vertigineusement bas en fin d'automne, un autre en janvier, je l'ai fréquentée de près, ma saboteuse intérieure. Et elle m'a bien bien gonflée.</p>
<p>J'ai donc décidé que j'avais l'âge et la détermination pour lui <del>péter la gueule</del> proposer un plan de carrière avec une légère reconversion.</p>
<p>Il me semble qu'il est vain d'attendre que nos contradicteurs internes ferment leurs grandes gueules. J'ai donc décidé de nommer la mienne conseillère en catastrophisme. De la remercier poliment des faits qu'elle porte à mon attention parce que, tout de même, c'est gentil d'être venue et d'avoir pris la peine, tout ça. Et de la faire attendre dans un boudoir reculé la prochaine occasion.</p>
<p>Après tout cette saboteuse, elle est un bout de moi. Née des injonctions des uns, des interprétations que j'ai pu faire. D'une envie générale de plaire ou complaire. D'obtenir de l'approbation, de la crainte de ne pas mériter l'amour ou l'affection qu'on me porte.</p>
<p>Rien que de très banal, en somme.</p>
<p>Ma saboteuse, je lui dois des trucs assez pratiques, quand même. Ces stratégies de survie en milieu hostile qui font croire à la terre entière que j'ai un sens de l'organisation hors du commun. Alors que je suis la fille qui a perdu ses clés dans un congélateur. Alors voilà, elle a fait ça. Trouver des hacks pour compenser mon poil dans la main et ma tête dans les nuages. Ca marche pas mal. Elle a un peu viré control freak, les années de jeunes enfants, mais mon naturel reprend solidement le dessus, ces derniers mois. L'équilibre me plaît pas mal. Il me sauve la peau à fréquence élevée et me laisse de l'air à respirer.</p>
<p>Probablement je lui dois d'autres choses aussi, l'absence de peur à me coltiner à mains nues avec le difficile, entre autres. Enfin non, ce n'est pas une absence de peur. J'y vais mais j'ai peur. Mais j'y vais. Ce genre d'ambiance.</p>
<p>Merci. Mais non merci pour prendre le dessus et me faire vivre dans l'illusion que ce qui n'est pas perfection, chez moi, je peux le cacher, le grimer, le rendre invisible aux yeux du monde.</p>
<p>Simultanément, vous, gens bien intentionnés, vous êtes promus. Je vous nomme conseillers en toutes bonnes choses. Vos avis, mots gentils, vos regards, j'ai décidé de les prendre au premier degré. Après tout, c'est vous qui me voyez de l'extérieur et je ne suis pas si bonne comédienne. Personne n'ayant intérêt à flagorner (je n'ai aucune influence sur vos vies ou vos comptes en banques), je considère, désormais, que vous dites la vérité et qu'elle est incontestable.</p>
<p>Lundi c'était l'épreuve du feu, ça se jouait au physique. Une tenue qui m'a valu des compliments, pour lesquels j'ai vaguement pensé "mais ça ne peut pas être vrai que ça me va car je suis grosse et que ça se voit". Et ben merde. De quel droit je retire à mes chers collègues leur droit à me trouver à mon avantage malgré ce "détail" anatomique, hein ? Donc j'ai dit merci avec un grand sourire et savouré la gentillesse des mots.</p>
<p>Quant à l'horrible personne que je suis mais tout le monde l'ignore sauf moi, j'ai fini par considérer que si, vraiment, personne n'était au courant, c'est qu'il devait y avoir une raison. Je ne suis pas la seule sorcière de mon entourage, voyez-vous.</p>
<p>Faites gaffe néanmoins <sup>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/02/15/Comment-buter-sa-saboteuse-int%C3%A9rieure#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>, si vous vous risquez à me dire des douceurs, je veux vous croire, maintenant.</p>
<p>Alors j'écris ça comme j'ai écrit bien d'autres choses, au fil des années. Mais ces jours-ci ça va plutôt bien, entre moi, et j'espère que ça va durer parce que c'est assez... agréable, de se vouloir du bien. On est con, hein ?</p>
<p>Et vous, jolies personnes qui partagez mes jours, de près, de loin, "en vré" ou en ligne et même un petit peu de tout ça, je vous souhaite à vous aussi d'être, un peu de temps en temps et si possible de plus en plus souvent, en paix avec qui vous êtes. Car vous êtes magnifiques.</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://sacripanne.net/post/2024/02/15/Comment-buter-sa-saboteuse-int%C3%A9rieure#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] oreille en plus</p></div>
https://sacripanne.net/post/2024/02/15/Comment-buter-sa-saboteuse-int%C3%A9rieure#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2696Votre âme qui palpite au creux de ses mainsurn:md5:0fb6ab8028ca9b92b57b8d6989a8358d2024-02-11T12:17:00+01:002024-02-11T18:55:43+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>Je ne sais pas s'il existe un mot pour décrire ça. L'intimité ? Oui, dans une certaine mesure. Une sorte de sommet dans l'intimité, alors. La sensation que vous avez quand quelque chose vous touche de si près que vous en frissonnez. Ça peut être de la musique, des mots, des images. Ça peut être aussi la proximité d'une autre personne.</p>
<p>Vous savez ? Le battement de votre cœur, lourd, bas dans la poitrine, animal. Le souffle en écho. La sensation de plénitude. D'absolu. Vous venez de déposer vos 21 grammes tout palpitants au creux d'une paume. Un doigt l'effleure et au cœur de cet instant, c'est comme si l'autre savait tout de vous et que c'était la plus juste chose qui puisse vous arriver à ce moment-là.</p>
<p>Il y a des gens avec qui on sait, que cet instant est partagé, qu'il ou elle ressent le même genre de choses.</p>
<p>D'autres pour lesquels on ne perçoit que la partie qui nous concerne.</p>
<p>Pour autant que vous sachiez, l'autre est peut-être, si près de votre essence, en train de faire sa liste de courses.</p>
<p>Ça n'a finalement pas une si grande importance, d'ailleurs. Comme un orgasme solitaire né de la pensée d'un(e) autre, c'est peut-être vous qui imaginez l'essentiel. Mais le plaisir est bien réel.</p>
<p>Et puis la redescente. Le manque de ce qui vous a rempli si fort. L'envie d'y retourner. La sagesse qui vous murmure que la vie serait invivable si elle se jouait à ces hauteurs en permanence. Le retour au normal. Oui, mais bientôt, alors, d'accord ?</p>
<p>Parce que cette caresse-là sur votre âme vibrante, ça ressemble fort à un rendez-vous avec votre vie.</p>
<p><img src="https://sacripanne.net/all_blogs/public/illustrations/.PXL_20240208_070305523_m.jpg" alt="PXL_20240208_070305523.jpg, févr. 2024" class="media-center" title="PXL_20240208_070305523.jpg, févr. 2024" /></p>https://sacripanne.net/post/2024/02/11/Votre-%C3%A2me-qui-palpite-au-creux-de-ses-mains#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2695La vrilleurn:md5:1978bc437646fac1222beda1ac9dfc152024-02-07T08:20:00+01:002024-02-07T09:33:24+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>Je me fatigue, je me saoule. Je me suis mise au tas, toute seule, comme une grande. Sur un bout de conversation que j'ai lancé, en plus, merde. Pas vu la sortie de virage. Sur quelques mots je me suis mise à douter et j'ai passé la nuit à me demander si je n'avais pas, en toute légèreté, bazardé une douzaine d'années de vie commune par la fenêtre. Alors j'ai refait le film. Pour la millième fois, au moins. J'ai cherché tout ce que j'aurais pu faire de différent, tout ce que je n'avais pas essayé, pour éviter cette conclusion.</p>
<p>Evidemment je n'ai trouvé aucun élément neuf. Il se trouve que j'avais vraiment réfléchi, avant, au mal que je faisais, à la déception que je créais. Pour moi, pour lui, pour les autres. Parce que moi qui viens d'une famille heureuse, j'ai rêvé de ça, de créer la mienne. Un endroit où il se passe de jolies choses, où on a plaisir à se réfugier quand la vie est ce qu'elle est.</p>
<p>Et oui, j'en ai sacrifié, des choses, à cette envie. Et je m'en suis raconté, des choses, vous savez comme je suis douée pour prendre une minute de joli et cacher 23h59 de difficile et douloureux, derrière. Tout était vrai. Mais tout n'était pas dans le récit. Ceux qui savent se souviennent peut-être que dès le début, on a eu notre lot de choses difficiles. Je me souviens nettement d'avertissements bienveillants, aussi, dans la phase "juste avant". Je ne regrette rien, j'ai cru, pendant des années, au-delà du raisonnable, sans doute, qu'avec beaucoup d'amour et un cadre familial réconfortant, on aurait tous de la place pour s'épanouir. Le loupé est fatal. Le sentiment d'échec énorme. La culpabilité encore pire. Mais je crois, vraiment, profondément, que je ne suis pas la bonne personne pour continuer à apporter ça sans devoir effacer qui je suis au passage. Sans mettre à risque la mère que je suis pour mes enfants.</p>
<p>Alors voilà. On en a tiré le plus joli, de cette histoire. On a un enfant qui est impossible à regretter et pour qui on va continuer d'être des parents concertés et qui le feront passer par dessus toute autre considération.</p>
<p>Et moi je rebaptise mon projet : "avoir une famille qui est ma vie" en "avoir des enfants qui sont ma vie". De ce côté là, ça va plutôt bien.</p>
<p>---</p>
<p>Au-delà de ça je crois que ça n'est pas tellement la peine que je m'illusionne plus longtemps. Je crois que je suis strictement incompétente à faire entrer une chose aussi déraisonnable que l'amour dans un truc cadré et raisonné qui aurait un début, des passages obligés, des rites auxquels se plier. Je disais hier et je complète : je ne crois pas aux serments d'éternité, aux pour toujours qu'on signerait un vendredi matin à 9h31 et qui seraient strictement incapable de prévoir ce qui se passerait si... Je ne crois pas aux briseur(se)s de ménage, je crois que si une place s'occupe dans nos cœurs c'est qu'elle était disponible avant. Je ne crois pas aux ultimatums. Je ne crois pas à contraindre l'autre à devenir ce qu'il ou elle n'est pas. Je crois en l'amour gratuit, qu'on donne sans présumer de ce qu'on recevra en retour. Je crois en l'invention d'une relation qui fasse la place à chacune des parties concernées. J'ai des doutes sur la vie domestique partagée (j'adore l'intimité du quotidien, je déteste la charge ingrate qu'elle fait peser sur les sentiments). Je déteste les mariages, leurs symboles mignons et la confusion entre amour et administration de patrimoine commun (Tarquine va hurler en lisant ça, si elle lit).</p>
<p>---</p>
<p>D'ailleurs, pour vous dire à quel point je n'entre pas dans les cases, l'histoire qui m'a le plus guidée vers celle que je suis aujourd'hui, je ne l'ai jamais vécue. Il était (est toujours !) anglo-danois et barman au pub O'Sullivans de St Germain en Laye. J'avais ma résidence secondaire dans celui de Cergy. J'avais une vingtaine d'années, à peine. Je me suis pointée un jour avec une gueule de bois monumentale, il était en visite en vue de prendre un poste à Cergy. Il m'a demandé ce que j'avais bu la veille (un Long Island Ice Tea, probablement plusieurs, ne faites pas ça chez vous, les enfants). M'en a fabriqué un qu'il a fait glisser vers moi en me disant dans un français charmant "Le mal par le mal".</p>
<p>Je suis tombée amoureuse en un rien de temps et comme je n'ai jamais eu peur de mes sentiments, lui ai dit telle l'écorchée vive que j'étais déjà (pire, même). Et ben lui, pas. Mais il a accueilli tout ce qu'il pouvait sans me faire du mal. Il m'a fait découvrir Douglas Adams. Je pense que c'est moi qui ai mis Radiohead sur le tapis et lui les Pixies, mais je peux avoir inversé. On a beuglé sans fin sur Alanis Morissette. On a découvert Jeff Buckley ensemble, la mâchoire décrochée de stupéfaction. J'ai sur une cassette à la cave le message qu'il m'a laissé juste avant d'entrer dans son avion pour le Danemark, où il vit toujours. Il a perdu mes coordonnées. Je l'ai retrouvé, suis allée le voir, plusieurs fois. Il a rencontré sa femme qui m'a détestée immédiatement (alors que bon, si j'étais une menace, elle ne serait pas là, hein). On s'est fâchés. Je l'ai re-retrouvé. A une époque où Internet n'était pas ce qu'il est maintenant. On se voit une fois tous les dix ans, on se parle sporadiquement sur Facebook mais il n'oublie jamais mon anniversaire et j'ai son livre préféré (son exemplaire à lui, pas n'importe lequel) dans mes étagères. J'ai porté son parfum pendant 25 ans et d'ailleurs, je me suis levée il y a 5 minutes pour aller m'en mettre parce que la pensée de lui me réconcilie avec plein de trucs que j'ai foirés. C'est à cette date l'unique personne avec qui je peux écouter de la musique sans que l'un parasite le plaisir de l'autre. Et l'une des seules personnes qui ait pris qui je suis, sauf ça, sauf la possibilité d'une histoire d'amour (car de l'amour, il y en a. Une autre forme, maintenant), tout ce que je suis sans froncer un sourcil. Ca fait 30 ans et c'est toujours aussi important pour moi qu'il existe, qu'on se soit rencontrés et qu'on soit à un clic de pouvoir se parler. (Aux dernières nouvelles, sa femme me déteste toujours, toutefois).</p>
<p>Alors, une fois qu'on s'est dit ça, allez donc être raisonnable, avec des sentiments qui prennent une forme pareille. Rien n'est prévisible.</p>
<p>---</p>
<p>Donc j'ai passé la nuit à re re re réfléchir. Et je crois que je n'ai aucun regret, ni d'avoir vécu cette histoire en dépit des probabilités, ni d'y mettre fin. Avec toute la douleur que ça procure, d'arrêter de se raconter une vie qui n'est pas complètement réelle. J'admire, un peu envieuse, les amoureux.ses au long cours. Je ne suis pas naïve, je sais que tous les jours ne sont pas faciles, que tout le monde a ses crises et ses doutes. Mais c'est un truc qu'ils ont réussi et pas moi, de dompter le déraisonnable. Chapeau.</p>
<p>Et là, tout de suite, je me sens à la retraite sentimentale anticipée. Comme une vieille bagnole cabossée au fond d'une fourrière : qui voudrait ça ? Mais s'il prenait l'envie saugrenue à un type qui me plairait aussi de m'aimer, je crois que c'est le plus bel acte d'amour que j'ai à offrir. Ne pas promettre de "pour toujours" mais y croire tous les jours. Et si la vie n'est pas une pute, ça peut faire une sacrée série de jours. Mais ça, c'est (ou ça ne sera pas) une autre histoire.</p>
<p>Pardon aussi, j'ai conscience de me répandre indécemment sur les internets ces jours-ci. Ca m'aide à mettre un peu de clarté dans mon bordel intérieur. Je vais songer à me mettre au vert, à garder ça dans un coin. Ca suffit de vous peser dessus avec mes états d'âme.</p>https://sacripanne.net/post/2024/02/07/La-vrille#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2694La coiffeuse et son chienurn:md5:e4518dd83919b52548d75c27b7c7f3812024-02-04T17:37:00+01:002024-02-04T18:24:41+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>Avant de commencer à vous raconter quoi que ce soit, je dois dire que si ce billet peu intéressant vient à vos yeux, c'est totalement de la faute de <a href="https://open-time.net/">Franck</a>, qui me l'a demandé. Il se trouve que je vais, sous peu, voir ledit Franck (qui est par ailleurs le parrain de Lomalarchovitch) et qu'une privation de ses maamouls étant absolument inenvisageable, j'écris, donc. C'est aussi simple que ça.</p>
<p>Comme une grande partie de l'humanité, je n'aime pas trop aller chez le coiffeur. La musique, les papotages, les voisines de siège, le temps interminable. Comme une immense partie de l'humanité qui a les cheveux non-raides, j'ai une raison supplémentaire d'appréhender la coupe : "Attention ils bouclent, ça va remont... trop tard". Si vous savez, vous savez.</p>
<p>N'ayant pas franchi le cap de la tondeuse, je me suis adjoint les services de coiffeuses qui viennent chez moi, ce qui réduit considérablement le temps passé à cette tâche, me permet de choisir l'éventuelle musique et de choisir environ l'horaire qui me convient.</p>
<p>Bref, Stéphanie est venue. Stéphanie est déjà venue deux fois et sa première entrée chez moi a été l'occasion d'un long soupir de soulagement : elle a les cheveux bouclés. Elle ne les lisse pas. Elle SAIT.</p>
<p>La première fois elle m'a fait une coupe chouette. La deuxième : pas mal.</p>
<p>Pour être honnête j'hésitais avec un salon un peu luxe à 110 balles et le thé en plus, mais pas de place, urgence capillaire, bref, Stéphanie.</p>
<p>On se dit bonjour comment ça va, elle me répond ça va, je lui réponds ça va. On ne va quand même pas se dire comment ça va pour de vrai (c'est à dire pas très fort, ni l'une ni l'autre).</p>
<p>Installation. "On fait quoi ?" (ben on coupe, tiens). Et là je fais l'erreur fatale, absolue, qu'à mon âge je devrais avoir rayée de la liste des erreurs. Je réponds : "Comme la dernière fois, c'était bien".</p>
<p>Non parce que : les coiffeurs ne se souviennent plus, bien sûr. Ils voient des milliards de cheveux défiler sous leurs doigts / peignes / cheveux. On ne dit jamais "comme d'habitude" ou "comme la dernière fois" à ces gens-là sans prendre un maximum de risques.</p>
<p>"Ok, on enlève ça, donc ?" me montre-t-elle.</p>
<p>Ça me paraît un peu beaucoup mais je viens de rentrer de Marseille où tout est galéjade, et j'ai l'impression d'en avoir vraiment long sur la tête, donc je dodeline en forme de oui et wakatepe, l'affaire est faite.</p>
<p>C'est ce moment que choisir le chien, enfermé avec son maître dans ma chambre, pour aboyer.</p>
<p>Mon chien est une crème de gentil chien, une boule d'amour, 40 kilos de névroses affectives sur pattes, mais quand quelqu'un entre chez nous, il est con. On ne sait pas si ça tient de ses émotions débordantes ou de son éducation précédente, mais il se met à aboyer comme un sourd et se jette sur la ou les personnes concernées comme s'il avait l'intention d'en faire son repas. Vu ce qu'il mange, je peux vous garantir qu'il n'a pas faim. Mais bon, 40 kilos de muscles et des crocs de bonne taille, c'est assez efficace, comme dissuasion. Tout ça pour qu'il vous mette la tête sur les genoux dix minutes après en réclamant caresses, câlins et saucisson de l'apéro. Mais bon.</p>
<p>Bref, je m'excuse en son nom de l'impolitesse canine et là, j'entends le tremblement de sa voix.</p>
<p>"Le mien, j'ai dû lui dire au revoir lundi". A ce stade on a tous compris que c'était un euphémisme et qu'elle a donc fait euthanasier son chien, hein ?</p>
<p>Vous connaissez mon état du moment, ainsi que l'attachement que j'ai pour les bestioles. Je sens que ça va mal se finir.</p>
<p>Elle a passé la demi-heure suivante à couper compulsivement MON pelage tout en me racontant, minute par minute, les derniers jours de son épagneul. Les premiers signes. L'incapacité à se lever. L'animal coincé qui n'a pas réussi à bouger. Les gamelles boudées. Les pleurs et gémissement de douleur. L'inquiétude. La faiblesse. Le véto. La piqûre. Les 15 ans d'amour avec ce bon gros pépère.</p>
<p>C'était triste, la pauvre bête a visiblement souffert, et on a l'une et l'autre héroïquement réussi à ne pas pleurer. J'avoue que j'ai failli me mettre à sangloter au moment où l'assistante du vétérinaire lui a tendu l'empreinte dans le pâtre de la papatoune du toutou, juste avant qu'elle ne s'en aille.</p>
<p>On aurait vraiment dit une scène de film (je n'ai pas précisé si c'était un bon film, notez).</p>
<p>Et quand elle m'a tendu le miroir, je n'ai pu que constater, impuissante, que l'espace entre ses doigts pour me dire combien on enlevait était bien un peu grand.</p>
<p>Me voici avec la coupe d'un petit pâtre grec, aurait dit Colette. Je suppose que je vais m'habituer. J'ai la certitude que ça va repousser. Mais la prochaine fois je tente la toiletteuse, je pense.</p>https://sacripanne.net/post/2024/02/04/La-coiffeuse-et-son-chien#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2691Une absence qui a pris sa formeurn:md5:1524647e712046e219e9c21e615a83952024-01-30T08:12:00+01:002024-01-30T21:22:16+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>(Non, je ne parle pas de ma mère, elle va aussi bien que possible vu les circonstances et vient de m'envoyer un SMS)</p>
<p>Il y a quelques semaines (? mois ?) j'ai fait un rêve étrange, bien que parfaitement réaliste. L'une des <a href="https://sacripanne.net/post/2023/12/18/L-exacte-densit%C3%A9-d-une-pr%C3%A9sence">personnes</a> qui me fait du bien m'attendait, délicieuse surprise, à la sortie du métro, dans le froid piquant d'un matin d'hiver, pour un café avant de démarrer nos journées respectives.</p>
<p>Rien d'affolant. Rien de prémonitoire non plus, au vu des 7 894 raisons pour lesquelles ça n'arrivera pas.</p>
<p>Sauf que mon cerveau, ce tordu, a commencé à raisonner en baignoires remplies par des robinets qui fuient et en trains qui se croisent - ou pas - pour m'expliquer que non, ça n'arrivera pas. Parce que si généralement j'arrive par Liège et repars par Saint Lazare, j'y transite très tôt. Qui se lève et travers Paris pour aller prendre un pauvre café à peine avant 8 heures du mat, dites moi ? Personne.</p>
<p>En plus, il suffit d'une ligne 13 récalcitrante pour que je change d'avis et arrive, finalement, par Saint Lazare ! Ou que, comme ce matin, la rame se plante à Place de Clichy pour ne pas en repartir, ou pas tout de suite, et que je décide de m'octroyer une promenade dans la nuit parisienne. Et même si j'arrive bien à l'endroit prévu, il y a une fourchette d'une bonne quinzaine de minutes, sans compter les effets Ile de France Mobilités, dans laquelle je peux arriver.</p>
<p>Pof, on se loupe. A presque tous les coups on se loupe, finalement. Le drame (mon cerveau est une drama queen).</p>
<p>(D'ailleurs, pour votre gouverne, la rue Moncey est fermée pour cause de travaux, ces jours-ci. Si vous voulez vous offrir un moment insolite à Paris, je vous recommande donc de la prendre en marchant, d'un pas décidé, bien au milieu de la chaussée, le manteau flottant au vent derrière vous. C'est tellement kiffant que les passants vous sourient, c'est dire).</p>
<p>Bref. Nous n'explorerons pas les 7 893 raisons beaucoup plus sérieuses pour lesquelles ce moment n'existera jamais que dans mon rêve, cette nuit-là.</p>
<p>Mais quand même, à chaque fois que j'émerge, essoufflée, des 5 volées de marches qui mènent du quai à la surface, il me semble voir une absence qui a pris sa forme.</p>
<p>Croyez en vos rêves, qu'ils disaient. N'importe quoi.</p>
<p>(La prochaine fois je vous parle de mon chat qui est un mec toxique ou des goûts musicaux de mes voisins Polonais, ça sera plus raisonnable).</p>
<p><img src="https://sacripanne.net/all_blogs/public/illustrations/.PXL_20231123_065512411_m.jpg" alt="" class="media-center" /></p>https://sacripanne.net/post/2024/01/30/Une-absence-qui-a-pris-sa-forme#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2690Le bon endroit où pleurer à Parisurn:md5:f8b5bafedc6ec0984a02234c93cf93c32024-01-24T16:21:00+01:002024-01-24T16:29:38+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>Ca fait deux fois en assez peu de temps que j'expérimente ce phénomène urbain tout à fait étonnant.</p>
<p>Le meilleur endroit où pleurer à Paris, c'est le réseau de transports en communs.</p>
<p>Clairement le bureau est assez contre-indiqué. A la maison il faut endosser son costard de parent, autant que faire se peut. Au téléphone ça rend la communication peu fluide. Oui, bon, la nuit, au fond de son lit. Pour ma part je trouve qu'un lit, c'est le meilleur pour un tas de choses mais pas pleurer.</p>
<p>En revanche, si les larmes se mettent à couler de vos yeux, silencieuses, même abondantes, vous pouvez être parfaitement sûre que personne ne vous interrompra. Ni pour vous demander si vous avez besoin d'aide, d'un kleenex, ou même d'un verre d'eau.</p>
<p>Non, on vous laissera pleurer, tranquillement, au calme. Plus ou moins encadrée par les voisins, selon le remplissage de la rame. Parfois un regard vous scrutera (inquiet ? indiscret ?), mais c'est tout. Pile au moment où le quotidien domestique et le professionnel vous lâchent la grappe. Pile le moment où vous avez le cerveau moins occupé.</p>
<p>Alors voilà, mon conseil, si vous voulez ouvrir les vannes et pleurer un bon coup, que vous y avez accès, allez pleurer dans le métro. Ultra moderne solitude garantie. Et parfois c'est ce dont on a besoin, pendant un moment, un court moment.</p>https://sacripanne.net/post/2024/01/24/Le-bon-endroit-o%C3%B9-pleurer-%C3%A0-Paris#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2688Le changement c'est (presque) maintenanturn:md5:30966bb51653dbd779c9673fb8b6999b2024-01-01T10:20:00+01:002024-01-01T10:26:59+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>Voilà, c'est le jour symbolique où la terre entière présente ses voeux.</p>
<p>Alors bonne année, et que le bonheur vous entoure. Vous êtes si beaux, quand vous brillez de bonheur.</p>
<p>Ici 2024 sera une année de transition. De séparation (déjà initiée depuis quelques semaines). D'ici quelques mois, d'ici à ce que les ados aient fini de bachoter, le nombre d'habitants de la maison descendra de cinq à trois.</p>
<p>En attendant, transition, cohabitation.</p>
<p>Je compte sur vous pour épauler Noé, je compte sur vous qui êtes nos copains à nous deux pour ne pas vous prendre la tête (et oui, dans les prochains mois, vous pouvez même nous inviter ensemble, je promets de ne pas lui envoyer ma vaisselle à la tête). Je compte sur vous pour être les amis sur lesquels j'ai toujours pu compter.</p>
<p>Il n'y a pas de drame, pas de détestation, juste la vie, mon instinct de survie qui me hurle des choses que je ne peux plus ignorer.</p>
<p>Et la vie.</p>
<p>The kids are allright, comme disait l'autre.</p>
<p>Allez zou, un bouquet de gui, qu'on se fasse des bises qui portent bonheur.</p>https://sacripanne.net/post/2024/01/01/Le-changement-c-est-%28presque%29-maintenant#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2686Comme une touriste dans Parisurn:md5:e8e6d586c4e15628035dca0bd47cdee42023-12-08T11:27:00+01:002023-12-11T08:29:55+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>Je suis un pur produit de la banlieue. Born and raised in the wild 9-5, j'ai franchi la frontière d'un département pour venir passer ma vie d'adulte dans le 9-2 (pas le chic, chez les pauvres, au nord, malgré une escale Levalloisienne de quelques années). Alors, rassurons-nous, hein. J'ai parfois voyagé hors de ce périmètre : beaucoup en France, un peu en Europe et même au-delà, dites donc. Mais pendant longtemps je n'allais à Paris que pour y visiter des gens, y voir des choses. J'ai longtemps soutenu que je n'y vivrais pas du tout volontiers (période enfants jeunes, lourdes poussettes). Puis il m'est arrivé un truc un peu dingue : pour la première fois de ma vie, depuis quelques mois, je travaille dans Paris. Et là c'est le choc.</p>
<p>(J'ai un peu honte de l'avouer).</p>
<p>Je m'y sens super bien. Enfin en tout cas dans certains coins, dont celui du bureau. Qui est doté, c'est son plus bel argument, d'un toit terrasse duquel on a une vue à 360 degrés sur les toits de Paris <sup>[<a href="https://sacripanne.net/post/2023/12/08/Comme-une-touriste-dans-Paris#wiki-footnote-1" id="rev-wiki-footnote-1">1</a>]</sup>. OK, il faut un peu me forcer pour que je franchisse la Seine et que j'aille zoner rive gauche, en tout cas dans ses quartiers pompeux. C'est pas tant une question d'architecture que d'étalage de signes extérieurs de... valeurs qui ne me plaisent pas toujours. Mais il y a plein d'endroits que je découvre à la faveur d'un déjeuner, d'un dîner, d'un verre, d'un détour pour le plaisir, et cette rencontre tardive me laisse pensive. Car, bien entendu, j'ai pas le début du premier euro pour envisager d'y poser mon paillasson, à Paris. Vous pensez bien ! Alors on fait quoi ? On profite. Déjà qu'il ne faut pas me pousser beaucoup pour que je file à l'appel d'un moment chouette avec l'un(e) ou l'autre, me nourrir d'énergies amies pour, si en plus le décor est à la hauteur... pourquoi se faire du mal alors qu'on peut se faire du bien, comme disait le poète.</p>
<p><img src="https://sacripanne.net/all_blogs/public/illustrations/.PXL_20230914_063715861_m.jpg" alt="" class="media-center" /></p>
<p>A ces occasions je me rends compte que je ferais une piètre géographe, encore moins cartographe. J'associe un coin de rue avec une rencontre, à un moment partagé qui me tient chaud au cœur, à l'endroit où habite untel ou unetelle.</p>
<p>Fun (pas du tout drôle, à vrai dire) fact, pendant une grosse année, j'ai arpenté Paris et quelques concerts / expos / films / spectacles / parcs avec une personne dont j'espérais qu'elle me ferait du bien, en fait pas du tout, même plutôt l'inverse. Logiquement, il y a plein de lieux marqués par des souvenirs. La bonne nouvelle c'est que près de quinze ans après, ils laissent gracieusement de la place pour les nouveaux.</p>
<p>A moi Paris !</p>
<p>On se voit quand ?</p>
<div class="footnotes"><h4>Note</h4>
<p>[<a href="https://sacripanne.net/post/2023/12/08/Comme-une-touriste-dans-Paris#rev-wiki-footnote-1" id="wiki-footnote-1">1</a>] Et d'ailleurs, vous sentez, le matin, quand j'y monte pour un café, ou juste prendre l'air et contempler, que je choisis ma vue en fonction de ce que d'aucuns m'évoquent et que de là je vous envoie une pensée aérienne ?</p></div>
https://sacripanne.net/post/2023/12/08/Comme-une-touriste-dans-Paris#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2682Réactions à chaud à ma biographie non autorisée ?urn:md5:406f968e8df54e187f9c79a36420d1152023-11-24T15:04:00+01:002023-11-24T15:31:23+01:00Sacrip'AnneLa vie et toutes ces sortes de choses <p>Il est temps de sourire, un peu. Sans oublier la peine. Et ça tombe bien, hier il m'est arrivé un truc qui m'a fait littéralement pleurer de rire. Je ne sais pas si vous vous souvenez, les vieux des blogs, quand on scrutait les requêtes qui menaient à nous trouver pour en tirer des billets les plus drôles possibles ? J'ai eu droit à la version 2023 hier.</p>
<p>Mon alternante cherchait des infos de veille marché / concurrence et notre cheffe lui répond : "demande à Bard et ChatGPT, sinon". Tout doux, Bijou, m'exclamais-je alors. Je veux dire : c'est noté, son truc. En guise de démo sur la pertinence du sujet je tape dans Bard "Qui est Sacrip'Anne ?" pour obtenir un résultat... vraiment assez faux, mais bizarrement crédible.</p>
<p>Ca m'a fait marrer, mais pas trop vous sur les réseaux sociaux. Alors c'est pas grave, pour m'en souvenir dans longtemps, mes réactions à chaud et quelques idées précieuses pour l'avenir (oui, encore des conneries sur les internets).</p>
<p><em>Sacrip'Anne est le pseudonyme d'Anne G., une blogueuse et écrivaine française. Elle est née en 1979 et vit actuellement en France.</em><br />
Alors les gars, si j'avais voulu me rajeunir, j'y serai allée carrément, dix ou quinze ans d'un coup. Là c'est mesquin.<br /></p>
<p><em>Son blog, Sacrip'Anne, a été créé en 2006. Il est consacré à la vie quotidienne, à l'amour, au bonheur, et à la littérature. Anne G. y partage ses réflexions, ses anecdotes, et ses histoires.</em><br />
C'est curieux parce que ça n'est ni l'année de création de mon premier, ni de mon deuxième, ni de l'actuel blog. Pourquoi 2006 ? Mystère et putréfaction. 2003, donc, pour ceux qui se demanderaient, au fond.<br /></p>
<p><em>Elle a également publié plusieurs livres, dont :</em><br />
Non. Et croyez bien qu'après la mort de Moukmouk, qui me poussait à le faire, la déception de ne pas être cap est d'autant plus cuisante.<br /></p>
<p><em>366 Obsolètes à prise rapide (2012) : un recueil de phrases désuètes ou amusantes</em><br />
Pas si loin mais non.<br />
<br />
<em>Les aventures de Lomalarchovitch (2013) : une série de nouvelles fantastiques</em><br />
Lomalarchovith étant le surnom d'internet de mon fils (fils de Noé, donc, dans le texte), ses nouvelles sont toujours fantastiques. Mais toujours pas, non.<br />
<br />
<em>In bed with Sacrip'Anne (2015) : un recueil de réflexions sur l'amour et la sexualité</em><br />
Alors hum. Non. Mais ça me donne des idées. J'ai déjà des titres en tête : "Ne faites pas ça chez vous (vous allez vous faire chier)", ou "La traversée du désert" (mais le sable, ça gratte), ou encore "Aussi longue sera la chute de la déception qu'est haute la montagne de la foi" ? Non ? Dommage. Bon, en tout cas, n'espérez pas trop une sortie prochaine.<br />
<br />
<em>Anne G. est une écrivaine talentueuse et sensible. Son écriture est à la fois drôle, émouvante, et pleine de profondeur. Elle a su créer un blog et une œuvre qui touchent un large public.</em><br />
Mettons que "grand public" = vous, les 20 copains qui passez encore par là et on a une deuxième vérité !</p>
<p><em>Voici quelques citations d'Anne G. :</em><br /></p>
<p><em>"La vie est un cadeau, alors profitons-en."</em><br />
<em>"L'amour est la plus belle chose du monde."</em><br /></p>
<p>Non mais sérieux ?? Parce que j'ai pu dire des choses PROCHES de ça mais pas de façon aussi tarte, non ? C'est mon blog, qu'on cause, pas du dernier Giordano !!</p>
<p><em>"Les histoires sont essentielles."</em><br />
Oui, ça peut-être, comme ça.<br /></p>
<p><em>Si vous aimez la littérature, la vie quotidienne, et l'amour, je vous recommande de découvrir le blog et l'œuvre d'Anne G.</em><br />
Je suis assez d'accord. Ca marche aussi si vous aimez rire, la musique, le cinéma, refaire le monde pendant des heures et quelques autres choses savoureuses de la vie.</p>https://sacripanne.net/post/2023/11/24/R%C3%A9actions-%C3%A0-chaud-%C3%A0-ma-biographie-non-autoris%C3%A9e#comment-formhttps://sacripanne.net/feed/atom/comments/2680