Ceux qui ont fredonné "doo-doo-doo-doo" en lisant mon titre ont toute ma tendresse.

L'autre matin, je ne sais plus lequel, lundi ? mardi ? j'étais sur le toit du bureau à boire mon café et à prendre des photos. Gammes techniques et tentatives vaines d'attraper mes émotions au passage. Gros programme pour un début de journée, mais routine indispensable - sauf si la météo l'interdit.

Des toits parisiens, de la fumée qui sort des cheminées, surtout du gris mais aussi un peu d'ocre poudreux du soleil qui se lève derrière.

Depuis l'arrivée brutale du froid, vous marchez, innocents, dans la rue, sur un sol sec, pendant que j'exerce mes piètres talents de patineuse non artistique sur le rooftop[1].

C'est assez étrange, à vrai dire, et je ne m'habitue pas du tout pendant l'hiver, à cette sorte de décalage de perception de la météo qui se joue le temps de quelques étages en ascenseur.

Bref.

C'était le début de semaine, je m'apprête à descendre et reprendre le cours de ma journée de bureau et l'ascenseur s'ouvre sur deux types qui avaient oublié d'appuyer sur le bouton pour s'arrêter avant le toit. Une science compliquée, les ascenseurs, dans notre immeuble, ne les blâmez pas.

La lumière se dore légèrement, juste avant le lever du soleil, au dessus des toits parisiens.

Je les salue et leur dis que, dommage, à quelques minutes près ils ont loupé le lever du soleil.

Casquette le plus bavard me répond que bah, ils ont l'habitude, ils sont souvent sur des chantiers à l'heure où le jour commence.

Je lui réponds qu'il ne faut pas s'habituer aux belles choses, voyons.

Le soleil quasi sorti de derrière l'horizon. Au dessus, quelques nuages dessinent une forme d'oiseau géant.

Et puis ils descendent et je me dis que c'est bien un truc de vieille blanche privilégiée à emploi de bureau, ma remarque. Pour moi, on touche à un mélange de frisson métaphysique, à la joie du cahier neuf le jour de la rentrée (celui-là même qui sera raturé dès la première heure de cours), à des pensées, intimes ou pas, certaines partagées dans les minutes qui suivent, d'autres qui resteront à l'intérieur de moi. C'est un moment pour moi, absolument seule - solitude choisie. C'est aussi un moment que je peux choisir de ne pas vivre, si la météo est vraiment contre moi, notamment.

50 nuances de gris dans le ciel et sur les immeubles. Dans une trouée de nuages on devine la lumière dorée du soleil levant.

Pour eux, avant la beauté, ça peut être un décor de boulot usant dans des conditions difficiles, dangereuses. De longues heures à tenir, encore.

Quoi qu'il en soit, je ne m'en lasse pas.

Note

[1] Je ne sais pas marcher sur un sol glissant, je n'y peux rien, c'est comme ça, foutez-vous de moi si vous voulez.

Commentaires

1. Le jeudi 20 novembre 2025, 14:59 par Orpheus

« Ne jamais s’habituer aux belles choses » reste néanmoins un très bon conseil de vie.

2. Le jeudi 20 novembre 2025, 15:11 par Tomek

Et c'est bien de garder cet émerveillement… ❤️☀️
C'est pas toujours évidemment d'ailleurs selon l'humeur.

Orpheus : mais grave.

3. Le jeudi 20 novembre 2025, 16:21 par Alain K.

"Doo-doo-doo-doo…"

4. Le jeudi 20 novembre 2025, 16:49 par Laurent

Les goûts et les couleurs, comme dirait l'autre. Exemple, mon mec se moque souvent de moi quand je dis : on va voir la mer ? C'est à portée de bus, voiture, vélo mais bon, pas son truc. Alors j'y vais seul. Et m'émerveille seul.

5. Le jeudi 20 novembre 2025, 17:14 par Tomek

Laurent : très bon exemple, la mer. Je crois que je ne m'en lasserai jamais. Si j'habitais à côté, j'irais tout le temps aussi, comme je vais souvent dans la forêt près de chez moi (en fait, je suis presque dans la forêt).

6. Le jeudi 20 novembre 2025, 20:04 par Sacrip'Anne

Orpheus certes mais bon, il ne m'avait pas demandé de conseils 😂

Tomek c'est tous les jours différent, ça aide.

Alain K and I say / It's allright 😉

Laurent team inlassable de la mer. Et alors les levers / couches de soleil sur la mer, m'en parle même pas.

Tomek bis pareil !

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