Sacrip'Anne

« Oui, je sais très bien, depuis longtemps, que j’ai un cœur déraisonnable, mais, de le savoir, ça ne m’arrête pas du tout. » (Colette)

mercredi 29 octobre 2025

Une période formidable

Or donc vertiges. Qui ressemblaient à des vertiges positionnels paroxystiques bénins (le temps que tu prononces le nom t'es guéri) mais qui pourraient tout aussi bien, finalement, être liés à un énième changement de dosage de lévothyroxine. Qu'on m'abatte, ça sera plus rapide que d'avoir une régulation stable, ça fait deux ans que je galère, j'en peux plus[1].

Bref : on ne sait pas trop ce qui m'étourdit.

Visiblement personne ne se pose la question de la tumeur de la taille d'un pamplemousse, inopérable, forcément, dans mon cerveau , c'est déjà ça, me dis-je avec le sens de la relativisation qui me caractérise.

C'est épuisant, et comme j'ai décidé que je ne serai pas victime d'un truc qui a bénin dans son nom, j'en ai tenu compte dans mon activité juste assez pour dire que je ne suis pas une gamine écervelée. Vraiment juste assez.

(Et ça a quand même réussi à me pourrir un moment qui n'aurait dû être que plaisir, mais bon).

C'est tendu au boulot, donc je suis vaillamment retournée, après une nuit courte et vertigineuse, à mes affaires courantes qui, pour deux jours, se déroulaient dans le 15e, son charme bourgeois, sa ligne 8. Tout ce qui peut être retenu contre nous l'étant au centuple. Et toutes ces sortes de choses.

C'était pour une formation et par un effet très étrange, alors qu'on travaillait sur des sujets totalement déconnectés de l'émotionnel, on s'est retrouvées dans une sorte de thérapie de groupe, pendant laquelle on s'est échangé de nombreux kleenex[2].

Bref, je rentrais chez moi vendredi soir, pas mécontente d'en avoir fini et de pouvoir me poser un peu. Bien serrée entre mes voisins et la porte du métro, casque collé sur les oreilles, en plein exercice d'escapisme mental en situation critique, quand je sens ma voisine d'infortune (celle à ma droite, aucune des autres) se coller encore un peu plus à moi et élever le ton. D'un coup d'épaule je fais glisser mon casque vers l'arrière d'une oreille (impossible de lever la main jusqu'à ma tête, vu la foule) et l'entends tenir des propos outrés à son propre voisin de droite, à base d'injonctions à enlever ses sales paluches et lui foutre la paix. Le mec était immense, massif, puait la crasse et l'alcool et avait le regard vitreux.

Comme une bonne féministe, et globalement comme une meuf qui ne réfléchit pas assez, je lance, au bluff, un "Hey Samia, c'est trop drôle, j'ai croisé ta mère à la Fourche ce matin, tu vas bien ? Tu rentres chez toi ?" histoire de fournir une porte de sortie non agressive à tout ce petit monde. Et là le mec me regarde autant qu'il peut sans loucher et me lâche un "Ta gueule grosse pute, tu me laisses avec ma meuf".

Il faut noter qu'on sait de la meuf en question deux choses : elle ne s'appelle pas Samia, et ça n'était pas sa meuf. Ah non, trois. Sa mère n'était pas à la Fourche, le matin où je ne l'ai pas croisée.

Et là, je vois la grosse paluche du type passer par dessus l'épaule de sa victime pour venir tenter d'agripper mon blouson et visiblement essayer de me fracasser la tête contre la porte du métro.

Fort heureusement pour moi (et elle, qui aurait pris aussi) il était beaucoup trop bourré pour avoir la coordination nécessaire et les portes se sont ouvertes à Invalides, où je devais descendre. J'ai attrapé la "Samia", on a sauté sur le quai. Le métro est reparti, on s'est pleuré dans les bras pendant cinq minutes avant de constater qu'on n'avait aucune information pour porter plainte. Elle a repris la 8, je suis partie choper la 13, fin de l'histoire.

Je raconte ça en faisant la rigolote mais c'était flippant. Même si je voyais qu'il n'était pas en état de me faire mal exprès, il aurait tout à fait été capable de me, nous faire mal, pas exprès, mais efficacement.

Et sur un wagon blindé, personne, absolument personne n'a bougé (enfin, littéralement, c'était compliqué de bouger vu le nombre de personnes entassées, mais au moins élever la voix, lui gueuler dessus).

Autant vous dire que ma foi en l'espèce humaine et son intelligence, déjà très fragile d'habitude, est en négatif en ce moment.

Si on ajoute à ça que mon aîné ne s'est même pas rendu compte qu'un toubib était passé chez nous jeudi, ni que j'étais rentrée en vrac vendredi, vous aurez une bonne idée du sentiment d'amour reçu qui me submerge en ce moment. Et encore, j'en passe en moments d'empathie inversée.

Une ligne blanche sur fond noir dans une expo pour signifier de ne pas dépasser la limite, avec des traces de pas de l'autre côté de ladite limite.

Notes

[1] Le coeur ? On ne sait pas encore.

[2] Notez que j'aurais dû le sentir venir, jeudi matin en me rendant sur place pour le premier jour, j'ai filé un mouchoir en papier à une inconnue qui pleurait en face de moi dans le métro. On n'a pas échangé un mot, mais tout ce qui a suivi les jours suivants a été relié à ça.

jeudi 23 octobre 2025

Ailleurs

Gros vertige en rentrant ce soir. Quand je vous dis que je hais le 15e. J'y passe la journée et je m'écroule[1]

Mes symptômes se foutent de ma gueule, depuis quelques semaines. "Fais gaffe à ton coeur !" ou "Ha ! Tu crois que tu tiens debout mais regarde, tu ne tiens pas debout !"[2]

Pépins de santé étiquetés "pas mortel mais il faut s'en occuper, là."

Ils sont choux, chez SOS Médecins. "Restez près de l'interphone". LOL. Heureusement l'interphone est sur mon smartphone, posé sur moi, calée en sécurité sur mon lit entre traversins et oreillers.

J'en profite pour vous dire que je vais probablement tenter de digérer ma vie sur un bout de fichier texte au fond de mon ordinateur, pour des temps imprévisibles.

Il n'y a pas de drame, pas de gravité. Je ne fais pas la gueule, rien de mortel ne menace à court terme.

C'est juste, je crois, mieux pour moi en ce moment. Ca durera ce que ça durera, nous verrons.

Ca tourne, je vous laisse, soyez heureux comme vous pouvez, si vous pouvez. Vous savez où me trouver.

Dédicace de Colette sur la page titre de "Claudine s'en va".  Colette ajoute, après le titre : qu'elle dit !

Notes

[1] Pour de vrai je n'aime pas le 15e parce que c'est l'endroit où ma grand-mère a vécu ses derniers instants de conscience, celle que j'aimais fort, celle que j'ai passé un bout de nuit à chercher d'hôpital en hôpital quand j'ai été prévenue par les secours, voilà, c'est pas plus con que ça.

[2] C'est bénin, très chiant mais bénin. C'est dans le nom, d'ailleurs, "bénin".

lundi 20 octobre 2025

Le doute

J'ai un sacré problème avec l'écriture en ligne, depuis quelques mois. Quelque part entre frustration, agacement, décalage immense (on y reviendra), il y a quelque chose qui ne me convient pas complètement depuis quelques temps et que je n'arrive pas complètement à identifier.

Comme, par ailleurs, ça bouge de l'intérieur, de réflexions en nouvelles blessures, de réparation en soulagements, j'erre aussi dans ma tête sans grande certitude sur l'endroit où tout ceci va me mener.

En attendant, mon corps m'appelle au calme et ma tête m'entraîne dans l'action, ma nature solitaire se braque à l'idée de parler pendant que ma partie sociable se réjouit de sorties communes.

Je vis au milieu d'une contradiction, à la fois pleine d'une certaine puissance à me dévêtir de couches superflues de l'épiderme (figurativement, bien sûr) et en plein vertige existentiel.

Mais là. Et sur aucun point obligée de décider quoi que ce soit, ni maintenant, ni plus tard. D'aucuns, âmes sensibles aux tourments du 21e siècle, trouveront sans doute que je me complais dans un état d'esprit toxique, pour moi et, allez savoir, peut-être même pour eux.

Moi ? J'appelle ça le doute, la nuance, la complexité.

Le vivre m'enrichit plus que de parler ou chercher un réconfort antalgique de court terme.

Sculpture de Niki de Saint Phalle visible en ce moment au Grand Palais.

vendredi 10 octobre 2025

BC,NR au Casino de Paris

On les avait vus en première partie de Nick Cave à Bercy l'an dernier avec S., on les a revus hier soir en tournée avec leur dernier album.

Black Country, New Road, c'était un premier contact un peu fou et le sentiment qu'une salle plus intime leur irait encore mieux.

Un album foutraque et charmant. Ils ont du temps pour en faire des tout aussi charmants et peut-être un petit peu moins foutraques.

Un concert hier beaucoup plus recentré, mélancolique, avec une dernière demi-heure à vous coller au plafond d'émotion.

En première partie : Westside Cowboy, pas toujours super en place mais on aime ne pas leur résister.

Et les premières photos de concert "en intérieur" avec mon p'tit Leica.

The Western Cowboys rassemblés tête contre tête pour une chanson.

Le public dans une lumière bleutée

Black Country, New Road sur scène

Black Country, New Road sur scène

Black Country, New Road sur scène

Black Country, New Road sur scène

Black Country, New Road sur scène