vendredi 31 janvier 2025

La solitude du parent solo

T'as beau te souvenir à quel point c'était difficile, cette année solo avec l'aîné, c'est comme la plupart des trucs très difficiles de la vie : on oublie suffisamment pour que la suite soit possible. Et puis on rationalise. La dernière fois, c'était un enfant en maternelle, désormais majeur et assez autonome. Là, le plus petit, il a dix ans et des, il est collégien, ça va être plus simple à gérer.

Foutaises.

C'était sans compter sur le génie du benjamin pour résister à toute forme de contrainte, ses états d'âme parfaitement justifiés (je sais, j'ai eu les mêmes longtemps, et j'ai encore des rechutes) à avoir l'impression d'être un alien, son impression qu'il sait déjà l'essentiel de ce qu'on essaie de lui apprendre au collège, sa passion envahissante pour les jeux vidéos. Et puis le fait que, même s'il se fait bien, de l'extérieur, à rejoindre ses aînés dans le club des gosses à parents séparés, il doit gérer un ajustement à une nouvelle façon de vivre.

L'aîné est en première année de médecine et donc n'est plus dispo pour grand chose (loin de moi l'idée de le blâmer, c'est violent, cette première année, qu'il reste concentré et on verra en mai).

Moi ? Je vieillis, j'ai moins de patience, envie de vivre aussi des trucs pour moi, la saturation facile.

Alors je prends sur moi, évidemment, cet enfant m'illumine, il mérite toute l'attention du monde. Lui et son aîné donnent un sens à ma vie rien que par leur existence. Mais putain ce qu'il est chiant, aussi.

Qui plus est : je suis obligée de le pousser pour qu'il s'autonomise, qu'il soit fiable dans ce qu'il fait. Ca n'est pas reposant.

Hier il était "malade", comprendre, il a vraiment été malade et ça va mieux mais bon, je suis trop faiiiiible et j'ai la nausééééeee ( = je ne veux pas aller au collège).

Parfois je reste de marbre, parfois, quand je sens qu'il en a vraiment gros, je me laisse faire. Sauf que moi, hier, j'avais un rendez-vous au bureau auquel je ne pouvais pas me soustraire. Alors je me suis dit, dix ans et demi, ça va, son frère est dans sa grotte du fond de l'appartement, au pire il pourra faire appel à lui. Il se fera tej, mais il ne mourra pas seul. Ok, vas-y, je lance un rice-cooker pour son déj, il peut passer la journée à la maison.

Bon, je ne vous cache pas que mon tuto sur la cuisson du steak (son parrain lui a appris l'an dernier, mais là il avait l'obstacle de la congélation à surmonter, en plus de la cuisson standard) au téléphone sur l'open space a fait rigoler mes collègues. Ainsi que mon angoisse face au fait qu'il n'a jamais, par la suite, confirmé avoir coupé le feu sur la gazinière.

Et non je ne m'angoisse pas pour rien, il en est capable, il l'a déjà fait. Plusieurs fois. Alors à quoi ça sert de cuire un steak si on fait cramer la maison après, hein ? Je vous le demande.

Alors voilà, mon petit gars qui est super autonome d'un côté et bébé de l'autre, c'est compliqué pour plein de trucs. Et si bien sûr son père n'est pas loin, ça implique une logistique complexe (réceptionner l'appel du collège, passer l'info, rappeler le collège, vérifier que le plan s'est passé comme prévu, non je ne lâcherai pas prise tout de suite là dessus, c'est mon fils, pas un colis qu'on peut laisser traîner dans la nature). Et puis c'est moi qui suis en lead, comme toujours, depuis toujours.

Bref, ces derniers temps il a des coups de mou. Alors j'essaie d'être là, plus présente, plus dispo. Parfois il n'en fait rien et c'est ok. Parfois il vient se lover contre moi et me parle pendant des heures. Savoir qu'il se sent mieux après, c'est la plus belle récompense du monde. Ca compense légèrement pour toutes les fois où je me dis que j'ai fait de la merde.

(Oui, je me rappelle que c'est mon choix. Que je savais. Ca ne rend pas le quotidien plus simple 10 jours sur 12, alors j'ai bien le droit de me plaindre un peu, bordel. Et oui, je sais, ça ira.)

(Qu'est-ce que je l'aime, ce relou).

dimanche 26 janvier 2025

Oui

En ce moment je dis majoritairement "oui" aux propositions qui surgissent, signe assez certain que, bon an, mal an, les choses ne vont pas trop mal.

C'est ainsi que sur un décision qui datait de quelques heures, j'ai retrouvé samedi quelqu'un qui est très important pour vous. Hein ? Pour nous ? vous exclamez vous de votre côté de l'écran. Oui. Il existe quelqu'un qui vous relie tous et que vous ne connaissez pas, aucun d'entre vous.

C'est celle que j'appelais ma "marraine de blog", il y a quelques années. Celle que j'ai lue un jour, puis deux, en y revenant sans cesse, au début des années 2000. Celle qui a fait le lien entre l'idée de blog et de "tiens, si moi aussi, j'essayais ?"

Pourquoi ? Nos vies étaient assez différentes, à l'époque, mais il y avait en elle comme en moi ce mélange de tourbillon d'émotions, d'incertitudes sur l'usage qu'on devait leur réserver, et un humour qui me fait toujours rire, 22 ans et quelques après.

Et, comme vous le savez, elle a changé ma vie. En écrivant sur internet, j'ai non seulement économisé une fortune en psys de tous genre, mais aussi trouvé à quelques clics des gens avec qui j'arrivais à fonctionner, avec qui on se disait "oh ! moi aussi". J'ai rencontré des gens, plein, dont un nombre certain fait toujours partie de ma tribu, certain(e)s de façon très rapprochée. Mes amis, ma famille d'élection.

C'est curieux parce qu'avec elle, on ne se connait finalement pas tant que ça et pourtant on est liées depuis presque la moitié de nos vies par ce fil. Alors oui, peut-être, si je ne l'avais pas croisée elle, l'envie serait venue autrement. Ou alors pas du tout et ma vie serait alors très différente d'aujourd'hui. Comme j'aime bien ma vie, quand je pense à elle, je pense "merci". Et j'aime penser qu'elle était la seule à pouvoir faire ça.

On s'est retrouvées après une longue absence et je lui dois encore un merci d'être venue me débusquer.

Et puis surtout, on a passé un bon moment (on est entrées dans un monde où quand tu achètes des livres, on t'en offre d'autres, ce qui est mon monde préféré entre tous ou presque).

Au moment où elle est repartie j'ai constaté que j'avais un message de ma "cousine" (pas du tout de mes cousines germaines qui crèveraient plutôt que de m'adresser la parole, et vu ce qu'elles ont dans la tête.... je leur retourne le compliment, non, donc, pas MA cousine, mais la femme du cousin de mon ex).

Une cousine pas cousine mais avec qui on s'entend bien et on a décidé de garder le titre quoi qu'il arrive. Elle était de passage à Paris, je n'en étais pas encore repartie, un coup de tête, un de ligne 4 - et deux déclarations (un hommage de style à une nonagénaire, et une de quasi amour à une femme splendide qui aurait presque pu me convaincre de m'intéresser de plus près à la grande cause lesbienne), nous voici dans un café à rattraper, là aussi, les dernières nouvelles.

Et c'est donc trempée par la pluie parisienne, puis banlieusarde que je suis rentrée chez moi, treize mille pas et plus de douze heures après en être sortie.

J'aime bien, quand la dernière minute vient mettre de la joie dans la vie.

vendredi 24 janvier 2025

Le cahier

J'ai retrouvé un cahier. Enfin il n'était pas perdu, j'avais juste complètement oublié son existence, bien que rangé au bas d'une étagère, à portée d'œil et de bras de mon bureau et de mon lit.

Ce matin je l'ai vu, vraiment vu, attrapé, ouvert.

Mandieu, mandieu quelle horreur.

En fait c'était comme un blog, mais dans un cahier. Ca évoquait notre quotidien d'étudiantes, Tante O et moi, j'y trouve mentionnés des gens dont je me souviens, d'autres pas du tout.

C'est tarte, misère.

Enfin, au moins, j'étais contente de dire au moi d'il y a trente ans que j'avais résolu la question de "celui avec qui on peut être soi".

Ne pas attendre de celui. S'en foutre, tant qu'on ne blesse pas, des avis des autres sur qui on est et vivre, point barre, comme on disait à l'époque.

Ah, aussi, j'avais une jolie graphie, quand j'écrivais beaucoup à la main.

Voilà, case closed. Pour le moment je l'ai planqué dans un coin, coming soon, la poubelle.

Est-ce que quand j'aurai 80 ans, si je les ai un jour, je regarderai mes vieux blogs avec le même mélange 1/4 attendrissement, 3/4 envie de me hurler dessus de fermer ma grande gueule ? (Probable) (C'est déjà le cas avec les billets d'il y a 20 ans). (Au secours).

mardi 21 janvier 2025

Dans la lumière

Je sors d'un tunnel joyeux et social. Mes parents, de passage à Paris, venus déjeuner deux fois, deux jours de suite. L'an dernier à la même époque, on avait peur de perdre ma mère, elle est bien chez nous, chez les vivants. Je ne saurais dire à quel point sa présence sur mon canapé me met en joie. Et puis 4 films de Lynch pendant le week-end, saisie d'une envie de saluer son départ comme ça[1].

De la cuisine, des rires, et puis plus tard une virée chez Ikea, un dîner avec des camarades de médecine de Cro-mi, joyeux aussi. Il faut dire qu'avec les ami(e)s de mon aîné, je suis chargée de raconter des horreurs à table, ce qui me réjouit hautement.

"Je n'ai pas débranché le câble pour ton imprimante, mon cœur, il fallait se mettre à genoux sous mon bureau et ça me rappelle de mauvaises heures de ma carrière". Genre.

Hier des hommes, des hommes, des hommes, celui du midi, les deux du soir, mon estomac m'indique qu'il est au bord du burn-out mais les moments ont été bons. Quand je pense que certains trouvent que je mène une vie calme.

Jusqu'à ce que je me retrouve sur le coup de 22h20 sur le quai de la 14 à Chatelet et qu'au moment où j'ai posé les pieds sur ledit quai, la mémoire me revienne. En semaine, la 14 s'arrête à 22 heures à cause détravo. Quels travaux, pourquoi encore ? Il semble que létravo soit un phénomène né avec les transports en commun et que personne ne comprenne exactement leur étendue ou durée.

Retraversée (à, ce que j'aimerais décrire "grand pas" mais qui dans la vérité de la vie doit être "ridiculement petits pas") de l'immense gare pour choper la 1 en vue d'attraper la 13. C'est plein de marches et long et mon genou hurle qu'il n'aime pas le froid, mais encouragée par les messages joyeux de mes camarades de soirée, j'avance, optimiste, résolue, confiante en mon destin.

(Interlude à lire ici).

Ca doit être une toile de fond de ma vie en ce moment. Foncer dans le tas avec confiance, menton levé, comme si le monde m'appartenait.

Note

[1] Toutefois, un conseil, ne regardez pas Eraserhead avant de dormir, ça donne des effets étranges. Oui, même si vous l'avez déjà vu. Plusieurs fois.

mercredi 8 janvier 2025

La vie, terre de contraste

Je ne sais pas de quelle humeur je suis, ces jours-ci.

Très en colère, côté mère de famille, contre le collège. Ils viennent taper dans plein de trucs essentiels chez moi. Heureusement je suis fort bien contenue par mon interlocutrice de la DDEN, une personne formidable, qu'elle soit louée pour son calme et sa détermination. Pour la première fois de ma déjà longue carrière de mère d'élève, j'envisage de sécher avec détermination et résolution les réunions diverses et variées qui jalonnent l'année scolaire. A quoi bon, ce qu'ils ont à me dire n'est que pipeau et mensonges.

(Lomalarchovitch va bien, lui.)

Sur le seuil de quelque chose de nouveau, côté pro. Mais sans changer de boulot. Changement d'équipe, de chef (je le connais déjà, il est tout jeune mais je crois qu'on va bien fonctionner ensemble). Je ne perds pas complètement mes anciens collègues qui seront toujours mes voisins, mais nous n'aurons plus de rituels de réunions ensemble. Très pleine de choses mêlées. En digestion, donc.

Et puis voilà, envie de choses qui ne se produisent pas juste en les souhaitant. Contente du programme de concerts à venir. En construction d'un programme de sorties à faire avec Lomalarchovitch pour les prochaines vacances qui seront là très vite. Un peu triste d'une attente qui me semble toujours trop longue.

En quête de pâte à bois pour boucher des trous assez petits, donc peu compatibles avec les tubes conventionnels. En questionnement sur le remplacement de mon imprimante. En perpétuelle recherche de recettes rapides et faciles et qui changent et qui plaisent à chacun de nous trois.

Envie de construire de jolies choses (pas des travaux manuels, hein). Mais quoi ?

Repris dignement la tradition de n'avoir jamais la fève.

Heureuse d'avoir constaté qu'il fait encore au moins un peu jour en sortant du bureau quand je pars tôt. Ca va dans le "bon" sens.

Un peu de tout, un peu de rien. Vraiment, je ne sais pas. Croisée de chemins brumeuse.

dimanche 5 janvier 2025

Sous la pluie d'Amsterdam (jour 2)

A l'hôtel, ma chambre était au 4e et dernier étage, et pour ceux qui se demanderaient, même moi je peux me prendre la pente du toit en m'allongeant un peu vite, oui. Ma fenêtre, ce matin, montrait des traces d'une activité météo intéressante...

Petit déj (pas dingue) animé par une discussion très chouette avec l'homme en charge. Il faut dire, il a commencé par m'épater en prononçant mon nom correctement. Ce que je ne pensais pas possible pour un néerlandophone, du premier coup et sans élan. Ce type, je crois que son métier, c'est d'être sympathique, il le fait très bien. En plus de dispenser de très bons conseils pour la visite de la ville.

Et me voilà dans la rue, avec des vélos, des toits, des voitures, couverts de neige. Vite au Rijksmuseum pour se mettre au chaud / à l'abri, car il continue à tomber un truc froid du haut qui ne me dit rien qui vaille. On dirait bien que juste le jour où on aimerait qu'elle se trompe, la météo a raison.

Le Rijksmuseum, c'est un (des) bâtiment(s) magnifique(s), où, là encore le confort du visiteur est de mise. J'installe mes affaires dans un casier et je pars à la découverte de ce que le musée a à offrir. A ce sujet, mon conseil, qui doit aller de soi et valoir partout dans le monde : levez vous tôt et allez directement à ce qui vous intéresse le plus. Vous aurez le musée quasi pour vous tout seul et c'est une sensation magique.

L'étendue des collections est immense, c'est un peu comme le Louvre, inutile d'essayer d'en faire le tour en deux heures. J'avais mis une grosse priorité sur les régionaux de l'étape, Rembrandt et Vermeer en tête (et un petit coucou à Vincent qui était là aussi).

J'en ai bien profité, dans le calme. Sauf ce moment improbable avec une japonaise... euh... survoltée, qui a visiblement trouvé que je ressemblais beaucoup à "La laitière" et que ça a amusé pendant de longues minutes (je dois avoir le type flamand, que voulez-vous. D'ailleurs c'est vrai qu'on m'adresse facilement la parole en néerlandais. Donc si vous pensez à moi en mangeant du yaourt, pas d'inquiétude, vous allez bien, c'est juste une affaire de ressemblance dans les yeux d'une japonaise).

Et puis il a bien fallu repartir. J'ai beaucoup douté de mon plan A (l'alternative impliquait de prendre les transports pour me rapprocher au max de la gare mais ça m'aurait fait beaucoup de temps sur place à ne rien faire sauf errer dans les rues pluvieuses) ,puis j'ai suivi mon programme initial. Partir à pied vers le Bloemenmarkt (marché aux fleurs) sur le Singel[1], en profiter pour acheter du fromage à touristes de luxe pour les enfants (je savais, de la dernière fois, qu'il y a une boutique sur trois qui vend du fromage dans cette rue). A vrai dire je savais aussi que le marché aux fleurs est un peu surcoté, il s'agit d'une enfilade de boutiques sur l'eau qui vendent, majoritairement, des bulbes. A planter à la bonne saison, donc pas maintenant. Mais le lieu est pittoresque et joli et j'ai un bon souvenir du fromage.

Comment vous dire que c'était humide, comme promenade ? Et venteux. La quantité de photos prises en route s'en ressent largement, il était techniquement impossible de se passer de parapluie, de le tenir d'une main, de l'empêcher de se retourner de l'autre et de prendre une photo avec la troisième. Et ce malgré veste déperlante et coupeuse de vent, pleine de poches. Sans parler des engelures possibles. De toute façon, au bout de la première journée, je suis arrivée à une conclusion géométrique. Il y a mille et une raisons de ne pas prendre de photos droites. C'est chiant, ça fait du boulot en recadrage et retouchez. Mais en plus RIEN n'est droit à Amsterdam. Absolument rien. donc démerde toi pour avoir un truc environ vertical plutôt au milieu et pour le reste, le monde s'en remettra. Voilà, c'était le résumé d'Amsterdam en photos, passez votre chemin si vous avez envie de donner un cours de verticalité.

Une fois le fromage acheté, j'ai encore hésité entre prendre le métro pour la station qui me séparait de la gare ou un promenade d'une trentaine de minutes pour arriver au même endroit, mais à l'air libre. Mon dibbouk doit toujours être en pleine forme, car j'ai opté pour la version pédestre. Ou alors je suis complètement masochiste. Bref, je suis remontée à pied, trempée comme une soupe, allant de coins de trottoirs qui sentaient les herbes de Provence à un autre. Quasi personne dans les rue, pas mal de commerces fermés, c'est une autre idée du tourisme de l'extrême que je me fabrique. En tout cas je salue deux points positifs :

  • J'ai attrapé un bonnet au vol en partant hier matin en me disant "au cas où". Je m'en suis remerciée avec ferveur tout au long du week-end.
  • Ces petits moments pénibles c'est super, ça te donne envie de rentrer te mettre au chaud chez toi. Ce qui ne me serait peut-être pas arrivé sinon, allez savoir.

J'écris ces mots dans le train qui me ramène, sous les yeux curieux et attentifs d'un très gentil bear qui ferait les délices de quelques copines. Pas sûre d'arriver à uploader des photos pour le billet avec le wifi de l'eurostar qui est cahotique et mou du genou à la fois, mais j'ai mis les quelques nouvelles dans l'album d'hier : il est ici.

Note

[1] Calmez-vous tout de suite, c'est un des canaux d'Amsterdam, pas un mec célibataire.

samedi 4 janvier 2025

Dans les rues d'Amsterdam (jour 1)

Je crois que j'avais râlé, ici ou ailleurs, sur la réservation obligatoire des billets dans les musées (à Amsterdam quand dans toutes les capitales du monde). Je reviens un peu là-dessus : certes, ça enlève beaucoup la spontanéité du voyage. Encore que du moment que le billet est à la bonne date, ils laissent entrer, ici, ou alors j'ai vraiment un très très beau sourire. Mais alors, quand 24 heures avant, tu reçois un mail bien fichu, qui te dit qu'on t'attend avec impatience [1], et qui te liste les points clés à avoir en tête, quel bonheur. La charge mentale fond comme neige au soleil, tu sais où il y a des vestiaires, où tu as le droit de prendre des photos (Van Gogh, Rijks) et ou pas (Anne Frank Huis).

Bon, grosso modo, c'est le nord de l'Europe donc tu as des vestiaires gratuits partout où ça se respecte un peu, hein. J'adore. C'est tellement plus confortable (surtout quand la veste a pris la pluie, que le sac à dos est lourd, etc). Voilà. Amende honorable faite. Ou semi amende.

Mais revenons au début. Il y a quelques semaines j'ai pris des billets de train et une chambre d'hôtel pour venir refaire mon stock de pins à Amsterdam.

Et c'était ce matin le départ. C'est toujours un petit combat entre le bout de moi qui adore explorer de nouveaux endroits et celui qui anticipe tout ce qui pourrait mal se passer et est-ce qu'on ne serait pas bien roulée en boule sous la couette, par hasard ?

Mais je me suis bien levée (aux horreurs) et me voici lancée à grande vitesse vers le grand Nord.

So far, so good.

De la gare, petite balade pour se dégourdir les jambes jusqu'à la maison (ou la cachette, plutôt) d'Anne Frank, qu'on avait pas pu visiter la dernière fois, justement pour faute de créneaux tous réservés.

Il se trouve que je suis tombée dans son journal un été, un peu au hasard dans tous les bouquins de la maison de vacances (qui est la maison de pas vacances de mes parents, désormais). Il y avait une photo de petite fille sur la couv, elle s'appelait comme moi, je me suis prise d'une amitié immédiate pour elle. Et j'ai, bien évidemment, eu le coeur brisé en apprenant ce qui lui était arrivé. Ainsi qu'à quelques millions d'autres personnes. Pour cause de papy fait de la résistance, j'avais bien entendu de ce qui s'était passé côté combattants, j'étais encore sans doute un peu jeune pour qu'on m'ait raconté la suite. Petit choc.

Anne Frank, donc. Par un de ces hasards hasardeux qui font la vie, je me suis trouvée à faire interprète entre l'agente d'accueil néerlandaise (à l'anglais parfait) et un couple d'italiens qui ne comprenaient pas que tous les billets pour aujourd'hui étaient vendus, qu'il n'y avait pas de place avant lundi. Eh bien soyez épatés, avec mes 221 jours de Duolingo, je leur ai dit que Non ci stanno biglietti per oggi, solo da lunedi. J'espère que ça vous en bouche un coin parce que moi, oui.

Ils sont optimistes, ces italiens, à venir se promener par ici avec trois mots d'anglais en se disant qu'ils se débrouilleront car l'italien ressemble tellement au néerlandais (non) ! Au demeurant j'en ai entendu un peu partout, des italiens aujourd'hui. Je suppose que la pluie leur manquait trop.

Anne Frank, donc. Un peu bizarre de se retrouver dans le décor qu'on a tant imaginé. Il y a un phénomène dans cette visite, petit à petit, les enfants se taisent et les adultes pleurent (on s'est échangé un hug amical avec une étrangère de passage en même temps que moi). Sauf Julia à qui sa mère a dû dire d'un ton désespéré "Mais Julia, ça n'est pas une histoire, ça s'est vraiment passé". Julia n'était pas disposée à croire sa mère mais son père l'a prestement évacuée, merci à lui et bon courage pour la discussion.

C'était bien, donc.

J'avais ensuite pour projet de flâner le long des canaux pour rejoindre le musée Van Gogh en prenant des photos pour tester mon nouvel appareil. Un pari audacieux vu la météo : il fait un froid de canard, il a plu copieusement à chaque fois que je suis sortie d'un bâtiment (et ça s'est arrêté à chaque fois que je suis entrée dans un autre). Sans parler que ça craint un peu la pluie, ces petites choses (les appareils photos, pas moi).

Mais comme les hollandais sont des gens formidables, il y a de quoi se réconforter, sous la pluie, certes, mais avec des mets subtils (non) autant que délicieux (oui). Jamais mangé d'aussi bonnes frites de ma vie. Si si, il y en a, elles sont en dessous de l'épaisse couche de parmesan et de la mayo à la truffe.

Les photos que vous verrez sont donc, pour la plupart, prise à la volée, sans visibilité parce que 1/ il pleuvait et que 2/ j'avais de la buée sur les lunettes et qu'on y voyait rien, bourdel. Mais ça vous donnera une idée d'à quoi ressemble Amsterdam sous la pluie, si jamais vous n'avez pas expérimenté par vous même. En un peu plus flou.

J'ai un peu moins flâné que prévu et arrivée au pied du musée Van Gogh, je questionnais vaguement mon choix de chaussures. Alors que non, j'en était juste déjà à 12 000 pas.

Est-ce que j'ai commencé ma visite par un cosy cappuccino ? Oui, absolument. Est-ce que j'ai refait le plein de pins ? Evidemment. Est-ce que ce musée vaut la peine d'être vu et revu ?

Demandez aux gens entassés devant les stars du lieu.

Pas trop à l'ouest (plutôt au nord), j'avais envisagé une légère fatigue à ce stade. J'avais donc prévu de dormir dans un hôtel au pied des musées, où je tape actuellement ces lignes au chaud en me disant que je comprends super bien le néerlandais, ça doit être génétique [2]. Indice de fatigue : la télé cause en fait en anglais.

Le projet serait éventuellement de ressortir pour découvrir une autre merveille de la gastronomie locale. Je tourne la tête et voit la fenêtre constellée de pluie. Il paraît qu'ils vendent des pizzas, dans l'hôtel, sinon (rassurez vous, je ne vais pas mourir de faim lors de ce séjour).

Demain Rijks - j'ai déjà admiré sa piste cyclable ! - et remontée tranquille à pieds jusqu'au marché aux fleurs puis à la gare [3] pour rentrer et reprendre le cours de ma vie. Sauf si, sur une illumination géniale, je me décidais à prendre le tram, par exemple, pour ne pas finir trempée. Par exemple. Ou un bus. Enfin n'importe quoi de fermé, quoi. Parce que figurez-vous que la météo de demain est annoncée PIRE !

C'est pas grave, je profite.

Et pour que vous en profitiez un peu aussi je vous ai mis d'autres photos en vrac, ici.

Notes

[1] Tone of voice, tone of voice, babies !

[2] J'ai dans mes aïeux un arrière-grand-père belge - flamand, close enough).

[3] Vu la facilité à lire des panneaux dans une gare qui pratique une langue assez pleine de consonnes, on va prendre de la marge, hein. Et pourtant je me débrouille pas mal en décryptage, vraiment, mais là ça fait beaucoup.