mardi 26 juin 2018

Merci pour tout

Il y a des rencontres plus atypiques que d'autres.

La mienne avec Erick était totalement de notre époque (pas de celle de nos naissances).

Il gérait le compte d'Une faute par jour sur Twitter, je gagnais parfois un zéro faute toute la semaine à la dictée du matin. Je trouvais qu'il faisait bien son job, avec une bonne distance entre convivialité et respect.

Quand on a commencé à parler de faire des blogs au bureau, je lui ai proposé de se rencontrer pour qu'on en parle. C'est marrant comme on a beau "travailler dans les internets", de façon plus ou moins technique, ça reste incongru de se faire faire une proposition de business en message privé.

On s'est rencontrés et on a commencé à travailler ensemble. Un blog, puis deux. Des livres blancs, des interviews.

Ce qui n'était pas dans le cahier des charges initial c'est qu'on allait si bien fonctionner ensemble. On avait plusieurs conversations par jour sur plusieurs fils de mails, parfois avec des ajouts par SMS ou par téléphone. Et on s'y retrouvait.

On avait la même façon de réfléchir, d'avoir le cerveau qui travaille en arrière-plan et tout soudain, pouf, le truc clair qui surgit comme une évidence.

On a beaucoup beaucoup beaucoup ri. Beaucoup refait le monde. Beaucoup fait de projets.

Beaucoup mangé de viande avec des frites lors de nos déjeuners, presque tous les mois, sans qu'on en ait fait une obligation, juste que souvent on avait envie de manger ensemble, quelques minutes de point boulot et puis du bon temps ensuite. Je me suis parfois incrustée dans des interviews pour mes blogs, celle de Tristan, notamment. Un chouette moment, doublé du bonheur d'avoir été l'un des instruments de leurs retrouvailles.

Bref on est devenus amis. On se parlait de nos enfants, nos fiertés, nos pans difficiles, on rigolait. On se disait que c'était vraiment chouette de travailler ensemble. Il était très fort pour dire ce qu'il voyait de bien dans les gens. J'ai sa voix dans l'oreille, le son de son rire. Encore.

Ça fait moins de cinq ans qu'Erick était entré dans ma vie mais c'est devenu quelqu'un d'important.

L'an dernier il est tombé brutalement malade, ou plutôt, la réalité de sa maladie s'est brutalement fait connaître à lui. Il s'en est sorti une première fois, avec quelques mois bonus pour profiter de la vie, de sa femme qu'il admirait tellement, de son fils, des amis.

Il détestait être malade, être diminué. Et puis il y a deux mois il m'a envoyé un mail pour me dire qu'il n'arrivait plus à bosser et qu'il était temps pour lui de prendre du temps pour affronter ça. Je me souviens, il m'a écrit "ça n'est pas la fin".

Son dernier SMS répondait au mien, "des bisous", mais avec une sorte de bafouillage dedans. J'ai su après qu'il était déjà hospitalisé. J'ai compris après combien ce SMS avait dû lui coûter pour juste arriver à se concentrer, l'envoyer. Je crois que c'est l'un des plus beaux cadeaux d'amitié qu'il m'ait fait, cet effort pour envoyer deux mots.

Et puis il est mort, il y a quelques heures. C'est un grand vide. Je pense constamment à sa femme et à son fils pour qui cette dernière année presque et demi a dû être un cauchemar, une épée de Damoclès et pour qui le futur doit être bien sombre aujourd'hui.

Je pense à Erick et je me dis qu'il va beaucoup manquer au monde.

A moi, en tout cas, il va manquer énormément. Il manque déjà énormément.

Merci pour tout, Erick. C'était chouette de te connaître.

mercredi 20 juin 2018

Dans mes oreilles

Ça fait quelques années que j'ai des problèmes avec le traitement de l'actualité, ironie du sort pour une qui a un jour rêvé d'être journaliste.

Longtemps la radio m'a permis de rester au courant après avoir arrêté les JT sous toutes leur forme, et pour la presse écrite je lis Les Jours, autant vous dire qu'on est pas dans la course au scoop la plus acharnée.

Mais même comme ça, beaucoup de journaliste m'agacent, leurs invités m'horripilent souvent (quand pas pire), j'ai l'impression d'être en colère constamment et d'être impuissante à aider le monde à aller mieux.

Au début de mes trajets à vélo, j'écoutais d'une oreillette (pour garder l'autre oreille aux sons environnants !) la même chose que dans ma voiture, la matinale de France Inter. Je me suis rendu compte que très vite, si je n'étais pas indignée, je décrochais et je n'avais pas retenu grand-chose à l'arrivée. Que par ailleurs le fait d'être informée très en détail du sort du monde ne changeait hélas pas grand chose.

Du coup je suis passée aux podcast. Et particulièrement ceux de Popopop, l'émission animée par Antoine de Caunes sur Inter, à une heure où je ne peux l'écouter.

Merveille ! Déjà parce qu'avant, je n'avais jamais le temps disponible pour des podcast, aussi parce qu'il est évidemment excellent et qu'il est aussi bon en intervieweur qu'en amuseur.

Du coup, j'ai ri aux éclats, à voix haute, avec Alain Chabat, été captivée par ce que racontait Josée Kamoun, la traductrice de la nouvelle version de 1984, découvert des artistes, vibé fort en écoutant James Thierrée, pétillé avec Vincent Dedienne...

Hier j'avais opté pour la spéciale Higelin et j'ai changé avec Jacques qui chantait sur les disques qu'il choisissait, c'était un vrai moment de bonheur.

C'est essentiel de cultiver les instants de bonheur.

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lundi 18 juin 2018

Le coup de vieux

Ça fait un moment que je ne suis plus la plus jeune des équipes où je travaille, et rarement celle de la bande de copains réunie à l'instant T.

Pourtant, cette année, ça a été l'année du coup de vieux.

Entendons-nous : aux yeux de la folle jeunesse je suis en plein déni. Je fais des choses que je ne faisais pas il y a 20 ans, je ne me sens pas limitée par grand-chose (outre un planning serré et des moyens réduits). Si ça ne tenait qu'à moi, je ne me sentirais pas vieille !

Ça n'a pas de rapport non plus avec le fait que la jeune femme en alternance qui enchante mes journées pro a la moitié de mon âge.

Pour autant, pour la première fois, je me sens d'une certaine façon disqualifiée par le fait d'avoir plus de deux fois vingt ans, mais aussi la charge - mentale, temporelle - d'une vie de famille.

Je ne sais pas expliquer ce sentiment précisément, c'est diffus, sans doute en parti teinté de mon propre ressenti (de ma paranoïa ??).

Mais c'est comme ça.

Le coup de vieux de la daronne dans une nichée de post ados, libres de tous leurs mouvements.

Spa très grave. D'abord je me trouve plus sereine sur un certain nombre de choses que quand j'avais leur âge (et je leur souhaite d'aller plus vite que moi sur ces sujets !) Ensuite, c'est quand même plutôt un signe de bonne santé, de vieillir. Enfin, comme je disais plus haut, je ne me sens pas limitée par quoi que ce soit. Au contraire, je fais bien plus de choses qu'il y a dix ans :)

Alors juste un constat. Le temps passe et parfois il se laisse mesurer. C'est parfois spectaculaire.

vendredi 8 juin 2018

Ce matin, un lapin

(Ne me remerciez pas pour cette chanson qui va vous suivre toute la journée, les quadragénaires !)

Les aventures à vélo se poursuivent et se passent plutôt bien. J'ai passé le cap de deux trajets par semaine, ça passe. Et cette semaine, celui des deux trajets deux jours de suite. Ça pique un peu, mais ça passe.

Pour nous détendre, j'ai pris mon après-midi et j'ai prévu de retrouver mon Enchanteur à la piscine (pas sûre du tout de faire autant de distance que d'habitude, hein).

Plus le temps passe et plus je me réjouis du choix de ce vélo pas très typique.

Son confort est l'une de ses grandes qualités et j'apprends à le connaître de mieux en mieux. L'autre jour, suite à une déviation inopinée, je me suis retrouvée en ville et j'y ai constaté que j'ai quand même nettement gagné en aisance (de conduite et de comportement). Il est fiable et robuste, si on met de côté l'étonnant sifflement grinçant disparu aussi vite qu'il avait apparu d'hier !

Je prends goût aussi à comprendre comment il fonctionne et au petit entretien. Un jour je finirai peut-être stagiaire de Auprès de ma selle, allez savoir ?

En attendant je soigne ma chaîne, je resserre tout ce qui se desserre à force de faire des trajets sur des chemins pas complètement lisses, j'apprends à le connaître.

Je commence à reconnaître les vélos (et les têtes !) de certains vélotafeurs réguliers que je croise ou qui me double, on se salue. Ce matin (j'étais en robe, ceux qui sont sur Twitter savent, pour les autres je raconterai) ration de sourires qui a compensé la petite partie urbaine un peu pénible - alors qu'hier c'était tout cool.

Bref, Wyatt est devenu mon fidèle allié ainsi qu'une occasion de plein de choses agréables et même s'il ne me fait pas gagner de temps sur les trajets boulot, il me fait arriver de bien meilleure humeur.

Un de mes cadeaux d'anniversaire préféré de toute ma vie <3

PS : le lapin du titre c'est celui que j'ai croisé sur ma route, ce matin.