vendredi 21 mars 2014

A quelques heures du vote

On a de la chance, chez nous, ce n'est pas trop difficile de savoir pour qui voter aux municipales. Le maire sortant a l'air d'un chic type, son bilan est tout à fait montrable, et en plus on l'a déjà vu pour de vrai !

Ce qui n'empêche que la concurrence s'agite, notamment en raison des multiplications des listes dans son camp.

C'est ainsi que l'équipe de la maire d'avant (huhuhu la sale liaison) bat le pavé à la sortie des marchés et supermarchés. C'est exotique, on ne les voit qu'en période d'élections. C'est comme les cerisiers du Japon, ça donne une idée de la saison, en somme.

Bref, l'autre jour, l'une d'entre elle voulait nous fourguer un bracelet pour la Journée de la Femme. Comme elle était plus petite que moi je l'ai toisée de toute ma hauteur et de tout mon militantisme pour lui dire "C'est la Journée de LUTTE pour les DROITS des Femmes, pas la Fête des Mères...".

Et elle de me répondre : "ah mais on peut lutter avec un bracelet, hein, huhuhu".

Il faut dire que ce parti a fourni nombre de manifestants ces mois derniers au rangs des cathos homophobes intolérants arriérés et bouchés de l'entendement, du coup on ne s'attend pas à beaucoup plus pertinent.

Hier soir, coup de sonnette. Ils voulaient s'assurer qu'on avait bien le programme de leur candidate.

Il faut vous dire qu'on habite un quartier surnommé "le petit coeur rouge" de notre ville, autant vous dire qu'on a quasi plus de chances de croiser un zébu en rut qu'un militant de chez eux, par chez nous.

Bref. Mon Enchanteur qui est un garçon bien plus gentil et poli que moi les a éconduits fermement mais courtoisement.

Depuis je rumine. Je regrette de ne pas leur avoir ouvert la porte et monté un grand sketch façon "mais avec tous les étrangers qu'il y a dans le quartier, vous n'avez pas peuuuuur ?? Et qui sais, si ça se trouve, on a peut-être aussi des homosexuels, allez savoir ?". Avant de les envoyer à ma voisine / copine et coco préférée, Marcelle, qui les aurait probablement reconduits manu militari aux frontières du centre-ville.

Oui je sais. C'est pas gentil et assez mal élevé.

Mais figurez-vous qu'en plus d'être hypothyroïdique, je suis également hypotolérante à la connerie.

vendredi 14 mars 2014

Gravité de la gravidité

Bon. Me voilà partie à faire un billet de plus sur cet enfant à venir. Mais après on passe à autre chose, je ne suis pas qu'un utérus à pattes.

La question qu'on nous a le plus souvent posée depuis qu'on a annoncé qu'on était en voie de reproduction, c'est "mais vous l'avez fait exprès ?" (sous des formes variées).

Rompons-là le suspense, oui.

Je passe sur l'agacement notoire lié à ceux qui pourraient penser que j'ai "coincé" ainsi mon Enchanteur. D'une part, parce qu'on est l'un et l'autre bien placés pour savoir qu'avoir un ou des enfants avec quelqu'un n'est pas un gage de finir sa vie avec le quelqu'un en question. Parfois, tant mieux, d'ailleurs. Mais c'est un autre sujet.

D'autre part parce que c'est une insulte à son intelligence et à sa capacité à avoir un avis propre de penser qu'on peut lui imposer des choses. D'abord il a une intelligence plutôt supérieure à la moyenne ce qui le place en situation de pouvoir correctement analyser les tenants et aboutissants d'une situation donnée. Ensuite parce que oui oui, il est capable de dire non. Alors certes, on peut forcer le passage et faire les choses en dépit de.

Pour le coup c'est une insulte qu'on me fait à moi que de penser que je pourrais passer outre son avis juste pour suivre une idée fixe qui ne serait qu'à moi, encore plus en mettant en jeu la vie d'un être à venir et non concertable à ce stade du projet.

Or donc, oui, on l'a fait exprès. On s'est dit à un moment qu'à nos âges, il fallait se poser la question avant qu'il ne soit trop tard pour se la poser. On a pris chacun son temps de réflexion. On a parlé beaucoup, soupesé ce qu'il faudrait sacrifier de fatigue, d'inquiétudes, de sacrifice d'espace personnel au projet de faire un petit d'homme qui serait un espoir de quelqu'un de bien.

On a pesé aussi la possibilité que ça n'aille pas tout seul, qu'on réponde oui à l'envie mais qu'elle ne se concrétise jamais.

Et puis on a dit qu'on était OK pour tout ça, chacun notre tour.

Et on s'est lancés dans l'idée qu'on partait pour un marathon potentiel de la fertilité tardive. (C'est la partie la plus rigolote de l'histoire, si on y pense bien, et rassurez-vous, on a pas oublié d'en profiter).

Il se trouve qu'on avait à peine fini de s'échauffer qu'on avait de bonnes nouvelles. Rassurez-vous, toute cette énergie n'est pas perdue, on va trouver quoi en faire :p

Alors oui, on est un couple encore relativement récent et on va avoir un bébé. Comme pas mal de gens qui frôlent la quarantaine (voire qui l'auront dépassée au moment du terme, hein mon amour ?) et qui recommencent une vie de couple après une première. Et l'avantage c'est qu'on sait déjà à quel point la naissance d'un enfant peut impacter une vie de couple, du coup, à défaut d'être prémunis, on est avertis, et armés pour ça.

Et on est heureux. J'envisage donc d'envoyer ce billet à copier aux prochains qui nous posent la question, plus ou moins directement.

Que ceux à qui ça pose question d'une façon ou d'une autre aillent se faire cuire le cul.

Je profite de boucler sur le sujet pour préciser une chose. Ce matin sur Twitter, des amies bien intentionnées tentent de me faire croire, à l'occasion d'une gigantesque faute d'étourderie et de "j'ai voulu faire trop vite" que la perte de mes neurones, invoquée dans une tentative pitoyable de me trouver une excuse, était normale dans mon état.

Alors je ne connais pas le fondement scientifique de cette affirmation, mais je n'ai pas noté, pour aucune de mes deux grossesse, de perte significative d'intelligence entre l'avant et le pendant.

Mon père, ce grand moqueur, et ceux qui adorent me détester (coucou vous, ça va, vous vous régalez ? Allez jouer avec vos jouets, maintenant !) vont illico penser que la raison est la suivante : plus bête, tu meurs, de toute façon.

Pour autant, constatant régulièrement que la bêtise humaine n'a pas de fond, et en toute immodestie, je me considère comme encore capable de descendre, et par le fait je l'affirme : je fais des fautes à 1fauteparjour par étourderie ou envie d'aller trop vite, et ce même quand mon utérus est vide, et pas à cause de la grossesse, et toc et paf !

mercredi 12 mars 2014

"Petits bobos" et autres propagandes

Resituons le débat.

Je n'ai AUCUN problème avec la fertilité et j'en suis fort heureuse. Je suis tombée enceinte très vite quand je l'ai voulu, jamais quand je ne l'ai pas voulu, avec des bébés qui poussent comme sur un sol fertile (enfin, celui en cours, jusqu'ici, celle déjà née, elle est fracassante de vie exubérante, j'en conclus qu'elle va bien).

Tout ça pour dire que l'état intéressant dans lequel je me trouve est une conséquence directe de choix de notre couple et que donc je ne m'en plains pas.

Mais bon.

A défaut de me taper les insupportables nausées du premier trimestre et plus si affinités, me voici affublée de la carte "douleurs ligamentaires". Ce n'est pas une surprise, c'était déjà le cas la première fois et j'ai huit ans de plus, autant dire : un corps moins jeune, moins adapté. Bref. J'en chie encore plus, en résumé.

Et je sais que ça va empirer dans les semaines à venir.

Je cherchais donc si quelqu'un avait parsemé les internets avec des remèdes de grand-mère qui auraient le bon goût de ne pas franchir la barrière placentaire. Autant vous dire : la quête du Graal. Quand on tape "grossesse" il y a un bot qui coupe tout le contenu intéressant du net et qui remplace par ce message unique : "ces petits bobos sans gravité disparaîtront après l'accouchement".

Le cri primal qui me monte aux lèvres, c'est "petit bobo, mais va te faire cuire le cul, CONNARD" (car forcément c'est écrit par un homme. Ou une femme sans enfants. Méchante et cruelle. Bref).

Alors et d'une, est-ce que vous avez vu une femme enceinte se plaindre de la gravité de ses tourments ? Non. On trouve ça douloureux, chiant, handicapant. Personne n'a prétendu qu'on allait en mourir, alors on a pas BESOIN qu'on nous fasse la leçon sur le fait que "rhooo lala c'est pour la bonne cause, fais pas ta chochotte, c'est même pas grave, en plus. C'est rien qu'un petit bobo".

Ne minore pas mes tourments ou je te fais accoucher par les narines, pigé ?

Et ensuite ce nirvana supposé qu'est supposé être l'après accouchement. Essaie de t'assoir après avoir expulsé la chair de ta chair du fond de ta chair. La foufoune en vrac, le bassin en kit Ikéa, le dos explosé et potentiellement une cicatrice d'épisio qui te rappelle, entre deux moments d'extase corporelle, qu'on est quand même là pour enfanter dans la douleur.

Alors bon. Que la médecine et l'humanité considèrent que les remèdes seraient pires que le mal, c'est une chose. Mais du coup, si vous n'avez pas de réponse, vous n'avez droit qu'à UNE réaction, ou alors je déverse un tombereau d'hormones déchaînées sur vous et les 17 générations qui vont suivre[1]. Une seule réaction, donc : la COM-PA-SSION.

Et le prochain qui parle de "petit bobo", je m'arrange pour qu'il expérimente dans sa chair avant qu'on en recause, ok ?

Note

[1] pour de vrai je ris de mes malheurs et j'essaie de vous en faire rire et de relativiser, ne croyez pas que j'ai la moindre énergie corporelle à déchaîner sur vous, là tut'suite

lundi 10 mars 2014

La place de Moukmouk

Il y a quelque chose comme 10 ans de ça, des mails ont commencé à surgir dans les boîtes d'un certain nombre de blogueuses.

Ils provenaient d'un ours blanc qui nous contait des histoires d'oiseaux, de baleines et d'Anouk, son ourse à lui, en commençant par "Kwekwe" et avec des noms indiens à peine prononçables parfois.

Des mails qui font ouvrir des grands yeux effarés (mais qui c'est ce tyyyype ? ) et très vite des grands yeux ravis (encoooore des histoires !).

Bernard, dit Moukmouk de Pohénégamouk, s'est un peu fait tirer l'oreille par les unes et par les autres avant d'ouvrir son blog. Il était très complexé sur son écriture, à grand tort. Mais il a fini par le faire et a régalé encore bien plus de personnes avec ses contes, et puis partagé ses réflexions sur le monde et le climat, et les hommes entre eux.

J'ai eu la chance de le voir une fois. Je ne me souviens plus pourquoi, j'étais coincée chez moi et il en était ravi, parce qu'il trouvait que nous autres les français on tenait les visiteurs à l'écart de nos foyers et qu'il voulait voir à quoi ça ressemble, l'intérieur des maisons chez nous.

J'ai découvert son solide accent, ses moustaches, ses yeux qui pétillent, et on a passé l'après-midi à parler et à rire comme si des années, des cultures, des kilomètres n'auraient pas dû empêcher qu'on se rencontre.

Bernard, Moukmouk, quasi jumeau de mon père, m'a été une sorte de grand frère bienveillant. Pas un de ces messages qui ne contenaient pas à la fois un peu de rêve, de consolation quand il en fallait, de tendre soutien quand il y en avait besoin. Et des échanges autour de l'écrit, du fait de transmettre, de raconter.

Ça doit faire un an que je n'ai aucune nouvelle de lui, même indirecte. Alors ok, il y avait cette blonde qui l'occupait un peu. Mais il y avait aussi des soucis avec son grand cœur généreux, des médecins qui voulaient opérer, lui qui ne voulait pas.

J'ai essayé d'écrire, bien sûr, à des adresses mail que j'avais, mais j'en ai perdu aussi dans le crash de mon ordinateur, et je n'ai jamais eu de réponse, ni aux appels sur twitter...

Alors évidemment, je suis plus qu'inquiète.

Je ne sais même pas si l'inquiétude est encore de mise. Je sais qu'il manque. Et qu'il doit manquer à d'autres que moi qui seraient sans nouvelles...

Alors si quelqu'un sait ce que Moukmouk devient ou est devenu, je veux bien savoir.

Mais pour qu'on ne soit pas seul(e)s à trouver vide sa place, je propose à tous ceux qui ne le connaissent pas d'aller lire ses histoires. Vous apprendrez pourquoi c'est très mal élevé de dire "esquimau", notamment, et vous y ferez connaissance avec des tas d'oiseaux malicieux et des baleines pleines de sagesse.

Edit du soir : une bouteille à la mer m'apporte cette réponse : Moukmouk va bien. Rien de plus mais déjà ce soulagement. Il ne reste plus qu'à l'imaginer heureux dans ce morceau de sa vie loin des claviers

mercredi 5 mars 2014

Ma très chère interne

Alors en préambule et pour que les choses soient claires, je n'ai rien contre le fait de prêter mon corps à la science aux futurs médecins en formation, pour peu qu'ils n'en fassent pas n'importe quoi.

Aussi, quand je me suis inscrite à la maternité et qu'on m'a annoncé que je ne serai pas suivie par une sage-femme mais par un(e) interne, je n'y ai rien trouvé à redire.

Depuis je l'ai vue deux fois et...

... comment dire ?

On va dire qu'elle n'a pas fini d'apprendre !

Entre la première consultation où elle commence une phrase par "rassurez-moi, vous ne contractez pas ?" (à quoi je me suis mordu la langue pour ne pas lui répondre vertement que si c'était le cas, c'était son job à elle de me rassurer et pas l'inverse), le manque d'assurance et de douceur dans le geste, et celle de ce matin où elle m'a dit au revoir comme ça : "Bonne continuation ma petite dame" (mais ouaaaate ? On se croirait à la boulangerie ou au café du commerce !!!).

Et encore je passe sur le fait qu'elle avait une jeune femme en formation avec elle et qu'elle ne m'a ni présentée, ni demandé si j'étais ok pour être scrutée par une personne surnuméraire (on va dire que je suis exigeante sur la politesse requise en CHU...).

Bref. On va dire qu'heureusement que je suis de nature détendue, pas angoissée, pas facilement angoissable,et qu'il y a moyen d'en rigoler en racontant parce qu'elle ne me met pas en situation délicate, douloureuse, ou dangereuse.

Et doublement heureusement, d'ailleurs, parce qu'on fait quoi quand on se sent "mal traité", d'une façon ou d'une autre ? On en parle à qui ? Je crains que la question n'appelle des réponses fort différentes, du "ouais mais si on ne veut pas d'étudiantes on va en clinique" à d'autre, heureusement plus "orientées patients".

Par ailleurs et pour conclure sur une note bien moins aigre-douce, j'en profite pour saluer l'évolution des pratiques vers une prise en charge moins invasive et chiante que ma première, et la très grande bienveillance de toute l'équipe envers leurs patientes, quel que soient leurs âges, poids, couleur, niveau de compréhension ou même aptitude à parler le langage administratif couramment.

Bravo, merci, et faites durer ainsi jusqu'à l'accouchement, au moins ;-)