mercredi 13 juillet 2016

Grossièretés de bureau (notice pour Franck !)

Je crois que j'en ai déjà parlé ici, mais l'une des joies de mon boulot c'est "ma bande" (de deux principaux) collègues amis.

Depuis plusieurs années qu'on bosse, mange, fait les trolls, prend l'air, j'en passe, ensemble, on a même développé un méta langage compréhensible de nous seuls, je pense.

Et puis comme ça ne suffisait pas, on est en train d'inventer une nouvelle langue.

Bref. Ça met du baume au coeur dans les journées difficiles.

Je ne me souviens absolument comment ça a commencé, mais un beau jour, on a commencé, quand on allait manger hors du restaurant d'entreprise, à envoyer des photos aux absents qu'on aurait bien aimés avoir avec nous.

Des photos très gracieuses à bases de majeurs levés devant des verres plein d'alcool.

On en a donc une sacré collection dans nos smartphones respectives et l'expression "envoyer un fuck" fait partie de notre langage courant.

Et pourquoi on leur envoie des fucks ? Pour dire "tu nous manques", "à bas les soucis" "fuck les emmerdes, vive les terrasse", "la prochaine fois si t'es pas là on fait mettre l'ardoise sur ton compte", "allez viens, on prend ta commande et t'arrives".

Bref, ce geste fort grossier s'est transformé, en la situation, en pensées tendres pour les absents.

Aujourd'hui on avait un pari en cours qui a abouti au champagne gourmand (oui, le champagne gourmand, ce truc décadent, c'est génial).

Du coup, envoyer juste à la destinataire du fuck, c'était pas assez.

Il fallait partager.

Voici. C'est fait.

Je sais, un exemple terrible pour la jeunesse et les bonnes mœurs.

Même pas honte.

lundi 18 janvier 2016

Douceurs de fin de semaine

  • Voir, boire, papoter avec les amis
  • Profiter d'une rare humeur câlineuse d'une jeune chouette demoiselle
  • Constater de visu que le rescapé a bonne mine
  • Voir Lomalarchovitch s'éclater avec son parrain et sa marraine
  • Goûter un délicieux mafé
  • Rire
  • Se laisser charmer par les fossettes du plus jeune de la bande
  • Se rouler par terre avec les bébés

jeudi 14 janvier 2016

Bonheur du soir

Retrouvé hier soir un petit bonhomme fiévreux, comme savent le faire les enfants. Ils vous affichent un 39° triomphant sans aucune autre indication de ce qui ne va pas et puis le lendemain, pof, frais comme des gardons, prêts à vous retourner l'appart, la tête et le cœur en douze secondes.

Bref, hier soir, petite chose chaude et languissante.

Alors au mépris de tout ce que les bons parents devraient faire, on s'est installés tous les deux sous la couette et on a regardé le clip d'Une chanson douce avec des tas de photos de bébés kitch qu'il adore (c'est la chanson que je lui chante tous les soirs depuis sa naissance, et les têtes de bébés, ça lui plaît), et puis "m'bawé" (vous aurez tous reconnu Le lion est mort ce soir par Pow Wow sans difficultés, bien sûr), et enfin quelques Fabulettes de son choix[1].

Une fois la troupe couchée, mon tricot tout défait (j'ai un peu loupé une ligne dans le patron, oups) et recommencé, on a regardé Blue Jasmine. Balèse, le Woody, de faire un film qu'on regarde sans s'ennuyer avec principalement des personnages si antipathiques. Et Cate Blanchett n'a pas volé son Oscar.

Du bon amour, du bon ciné, que faut-il de plus pour être heureux ?

Note

[1] C'est fou d'ailleurs, il y en a, quand je les entends, ça remonte tout droit de mon enfance. C'est émouvant, doublement. Merci Anne Sylvestre pour ces bonheurs à rebondissements générationnels

mercredi 2 décembre 2015

La chasse à la baleine

Y a des jours, vous êtes content(e)s que les vêtements tombés du placard le matin correspondent finalement aux péripétiesqui vous attendent.

Par exemple, quand vous vous retrouvez en fin d'après-midi en pleine chasse à la baleine.

C'est ce qui m'est arrivé lundi. On avait, avec deux collègues, rendez-vous avec une agence de communication. Pour ceux qui ne m'ont jamais vue en vrai, il faut savoir que je fais des gestes en parlant. Potentiellement de grands gestes.

Or donc sur le dernier tiers de la réunion, je sens au détour d'un de ces gestes illustratifs un truc désagréable qui me rentre dans le sein droit.

Pour avoir déjà vécu cette sensation déplaisante [1] j'ai identifié sans peine le coup de la baleine de soutif qui perce sa gaine de tissus et prend sa liberté, après avoir subi les contraintes du job un peu trop longtemps à son goût.

Il se trouve que j'avais une chemise / tunique ample à large encolure. Ce qui m'a mise tout de suite dans l'embarras (si elle remonte d'un centimètre, impossible de cacher le truc, tout le monde va la voir) autant que dans la possibilité d'intervenir illico presto.

J'ai donc pris une posture un peu étrange en mode "allangui, mais je cache mon décolleté d'un bras" et de l'autre, ait profité de la forme de demi-cercle de la baleine pour la pousser hors de sa gaine en exerçant une sorte de rotation en passant par le bas du vêtement.

Une fois dégagée, fort heureusement sans trop d'encombres, je l'ai récupérée toujours par le bas et donc sous la table[2], je la récupère.

J'ai ensuite terrassé et plié tant que j'ai pu la baleine (connue pour sa souplesse) pour la mettre dans la poche de mon pantalon.

A la fin de la réunion, j'ai évacué ma baleine dans la corbeille à papier [3]

Mes collègues assurent n'avoir rien vu. Quant aux trois messieurs de l'agence, ils ont été polis. Morale de l'histoire : soyez toujours prêts pour la pêche à la baleine.

(Et sinon, je vais vous embêter encore un peu avec tout ça, mais que ceux qui trouvent que c'est une bonne idée n'hésitent pas à relayer, et pourquoi pas soutenir avec un petit don notre projet "Tous bons élèves !" à l'école Langevin Wallon de Colombes)

Notes

[1] il y a même une fois où j'avais dû retirer mon soutif, en le faisant passer par mes manches, à un feu rouge, tellement c'était intenable

[2] comme quoi les vêtements du haut pas rentrés dans le pantalon, c'est pas juste une question de style, c'est aussi se préparer à toutes les situations

[3] car l'expérience m'a déjà montré plusieurs fois que la gaine recousue, en tout cas par mes soins, ne suffirait pas à contenir la baleine plus de quelques heures

lundi 16 novembre 2015

Que faire de la peur ?

Même pas peur, cri bravache, cri un peu enfantin.

Bien sûr qu'on a peur. Parce qu'on est humains. Parce qu'on a bien des raisons de ne pas être optimistes. On fabrique de l'exclusion, de la discrimination depuis des décennies, on refuse de voir... et ça nous pète à la gueule, littéralement.

J'ai bien peur, donc, que ça ne soit pas la dernière fois.

Pour autant, même si, fondamentalement, on a peur, que faire de cette peur ?

Pour ma part, une réponse est évidente : continuer à vivre. Sans minimiser le danger, mais sans le voir partout. Sans terroriser ma fille en lui faisant porter le poids d'une terreur aveugle qui n'est pas la peur.

Une autre réponse essentielle : en ayant certainement pas peur de l'autre. En continuant à saluer les gens dont je croise le regard dans la rue, quelle que soit leur tenue, leur tronche. En faisant entendre ma voix à chaque fois qu'un discours insoutenable sera tenu en ma présence. Pas par espoir de faire changer d'avis, mais dans celui de donner du courage, peut-être, à ceux qui se taisent même quand ils ne sont pas d'accord ? Un peu vaniteux, sans doute. Je n'ai pas d'autres armes.

Faisons quelque chose de beau de cette peur qu'on nous prive de nos libertés, de nos vies, de nos façons de vivre : rapprochons-nous. Faisons bloc avec nos différences conciliables, pas avec nos ressemblances.

Voici ce que je me dis, là tout de suite, dans le chaos du dedans de ma tête.