mercredi 2 décembre 2015

La chasse à la baleine

Y a des jours, vous êtes content(e)s que les vêtements tombés du placard le matin correspondent finalement aux péripétiesqui vous attendent.

Par exemple, quand vous vous retrouvez en fin d'après-midi en pleine chasse à la baleine.

C'est ce qui m'est arrivé lundi. On avait, avec deux collègues, rendez-vous avec une agence de communication. Pour ceux qui ne m'ont jamais vue en vrai, il faut savoir que je fais des gestes en parlant. Potentiellement de grands gestes.

Or donc sur le dernier tiers de la réunion, je sens au détour d'un de ces gestes illustratifs un truc désagréable qui me rentre dans le sein droit.

Pour avoir déjà vécu cette sensation déplaisante [1] j'ai identifié sans peine le coup de la baleine de soutif qui perce sa gaine de tissus et prend sa liberté, après avoir subi les contraintes du job un peu trop longtemps à son goût.

Il se trouve que j'avais une chemise / tunique ample à large encolure. Ce qui m'a mise tout de suite dans l'embarras (si elle remonte d'un centimètre, impossible de cacher le truc, tout le monde va la voir) autant que dans la possibilité d'intervenir illico presto.

J'ai donc pris une posture un peu étrange en mode "allangui, mais je cache mon décolleté d'un bras" et de l'autre, ait profité de la forme de demi-cercle de la baleine pour la pousser hors de sa gaine en exerçant une sorte de rotation en passant par le bas du vêtement.

Une fois dégagée, fort heureusement sans trop d'encombres, je l'ai récupérée toujours par le bas et donc sous la table[2], je la récupère.

J'ai ensuite terrassé et plié tant que j'ai pu la baleine (connue pour sa souplesse) pour la mettre dans la poche de mon pantalon.

A la fin de la réunion, j'ai évacué ma baleine dans la corbeille à papier [3]

Mes collègues assurent n'avoir rien vu. Quant aux trois messieurs de l'agence, ils ont été polis. Morale de l'histoire : soyez toujours prêts pour la pêche à la baleine.

(Et sinon, je vais vous embêter encore un peu avec tout ça, mais que ceux qui trouvent que c'est une bonne idée n'hésitent pas à relayer, et pourquoi pas soutenir avec un petit don notre projet "Tous bons élèves !" à l'école Langevin Wallon de Colombes)

Notes

[1] il y a même une fois où j'avais dû retirer mon soutif, en le faisant passer par mes manches, à un feu rouge, tellement c'était intenable

[2] comme quoi les vêtements du haut pas rentrés dans le pantalon, c'est pas juste une question de style, c'est aussi se préparer à toutes les situations

[3] car l'expérience m'a déjà montré plusieurs fois que la gaine recousue, en tout cas par mes soins, ne suffirait pas à contenir la baleine plus de quelques heures

mardi 10 novembre 2015

Z'en avez pas marre, les gars ?

Depuis des années, il y a un truc qui me sidère dans les discussions "para féminisme".

De plus en plus, il y a des hommes pour dire qu'ils sont d'accord sur le fait que plus d'égalité est souhaitable, qu'ils souhaitent prendre leur place dans des domaines comme la parentalité, que les "combats" féministes les y aident, d'une certaine manière, en ouvrant le champ des possibles pour tous les genres. Et ça c'est chouette, même si du coup, ces hommes "prennent de la place" et qu'il s'agit ENCORE d'eux.

De façon horripilante, il y a au moins un mec par conversation pour dire "oui mais moi je ne suis pas comme ça". C'est très bien, on en est contents, on donne le cookie au monsieur et ça n'est pas le sujet. Mais au moins, disons qu'ils ont une conscience, quelque part, et même s'ils ramènent à eux, on peut espérer qu'au bout du compte, dans les faits, dans le quotidien, ils aient des pratiques moins chiatiques que d'autres, au bureau, à la maison, dans la rue...

Mais, très très très rarement, quand il s'agit de foutre la paix aux femmes dans la rue, par exemple, ou de viol conjugal et que le pathétique "argument" vêtements / attitude / maquillage / allure de la victime surgisse et finisse par leur "donner tort", face à ces pauvres mâles qui ne peuvent rien faire contre des pulsions très naturelles, il en est pour s'indigner. Je crois même que je n'ai jamais entendu un homme dire que l'argument ne tient pas la route. Alors que j'ai souvent entendu des hommes ricaner avec un air connivent (dans le meilleur des cas) à l'évocation de la salope qui passe les jambes à l'air.

Alors je pose la question.

Que vous soyez séduits par une robe, une allure, un sourire, une chevelure, bref, qu'une personne attire votre attention n'est PAS la question. Figurez-vous que ça arrive à tout le monde, mêmes aux femmes (qui, oui, ont le droit d'être séduites aussi et de ne pas attendre le bon vouloir du mâle).

Mais vous n'en avez pas marre d'être réduits à vos pulsions ? Et si vous deviez vraiment toutes les suivre, combien de personnes devriez vous frapper, tuer, embrasser, violer par jour ?

Sérieusement, ça ne vous indigne pas qu'on vous dise que vous, les hommes, vous êtes des animaux conduits par votre cerveau reptilien ? Ca flatte quoi, chez vous, au juste ?

Encore une fois, qu'on ait de l'appétit pour un autre, c'est la vie et c'est ça qui fait que l'espèce a un peu duré.

Mais qu'on se serve de cet argument pour expliquer que les femmes ont tort d'être dans l'espace public, et encore plus tort d'y être comme elles sont, et que ça ne vous fasse rien de vous faire insulter au passage, ça me dépasse.

Rappelons au passage que la grande majorité des coupables de viols font partie de l'entourage de leur(s) victime(s). Et que, tant qu'on y est, s'il n'y avait que de belles gonzesses dénudées pour se faire violer, ça se saurait.

hashtag pointvenusdemilo

lundi 18 mai 2015

Le japonais qui va se faire cuire le cul

Alors pour les fans (!!!) de mon coloc japonais, quelques nouvelles !

Les analyses de mi avril l'ont montré déjà affaibli : juste un peu au-dessus du plafond, avec des anti corps revenus dans les clous.

Du coup on grimpe d'un cran pour le dosage, et on en a profité pour changer de matelas (j'ai profité de mes insomnies matinales pour réaliser que le précédent me faisait mal, dites donc).

Et ben là, figurez-vous qu'il m'arrive de me réveiller tard, vers 6 heures du mat ! Et parfois plus ! Et même me rendormir, luxe incroyable.

Du coup je suis écrasée non plus par la fatigue pesante de l'hypothyroïdie mais par la dette de sommeil à rattraper. C'est dans ces cas-là qu'on ressent nettement la différence entre fatigue et sommeil, en fait.

Bon. Et je suis un peu à la ramasse, aussi. Du genre à oublier ma tête à la maison avant de partir. Le contrecoup, le prix à payer pour ces derniers mois où j'ai arraché un peu de leurs derniers retranchements de quoi fonctionner.

Mais avec bonne humeur et joie de vivre retrouvés.

Et ça c'est chouette.

Pour célébrer ça, je vous invite à aller regarder les japonais dormir :)

vendredi 13 mars 2015

Curieuse semaine

Lundi, même en ayant pas fait médecine, je savais. Appel au doc première heure le matin, prise de rendez-vous en urgence pour le lendemain, et puis le boulot. Y en a, pas mal, ces temps-ci. Du chouette, du satisfaisant, pour la plus grosse part, mais du bon gros volume de boulot. De quoi avoir la sensation d'être honnêtement crevé en fin de journée.

Curieusement le fait de savoir me fait mieux "vivre" les symptômes. Mais c'est aussi la chappe de fatigue qui s'abat sur moi. Maintenant que j'ai médicalement le droit d'être fatiguée au-delà du "c'est normal après une grossesse et un accouchement", ça pèse encore plus lourd, d'une certaine façon.

Soir venu : poireautage dans le froid et dans la cour de l'école pour accueillir notre maire et quelques adjoints pour une réunion publique. On les alpague comme il se doit sur leur absence de réponse. Meeting improvisé, ça pèle bien, à 19h30, dans ce sifflet venteux. Et puis satisfaction mesquine à être plus nombreux dehors qu'à attendre à l'intérieur pour la réunion. Promesse de réponse sous 15 jours par Mme le maire, on se dit à jeudi avec l'adjointe avec qui on venait de réussir à choper un rendez-vous.

Mardi début d'après-midi, bureau du doc. Elle regarde mes analyse "ah mais ça ne va pas du tout !" et moi. Et mes analyses. Et moi. Elle me dit "vous encaissez bien, vous, dites donc".

Politesse ? Volonté ? Tempérament ? Question de survie ? En tout cas me présenter au monde en mode "je suis fatiguée, tellement tant et plus que si vous saviez, vous vous endormiriez immédiatement sous mes ondes de fatigue", c'est pas moi. Alors oui, à part la mine battue, pour le presque reste du monde, c'est une maladie "invisible". Y a mon Enchanteur, qui sait un peu (et qui relève bien la logistique). Mais même à la maison, j'essaie, au moins un peu, de communiquer de l'énergie, et un peu de sourire.

Ordonnance, médicaments. Y a plus qu'à attendre quelques semaines pour que ça fasse effet. Plus qu'à trouver le bon dosage, après.

Mercredi du boulot du boulot du boulot. Mi semaine passée, j'ai l'impression d'avoir couru trois marathons. Mais mes dossiers en cours donnent des résultats satisfaisants. On puise l'énergie où on peut.

Jeudi pareil. Puis départ pour la mairie pour notre rendez-vous. Ce qui me sauve la peau, sans doute, c'est la pause de 15 mn sur un banc dans la fin de journée ensoleillée. Vitamine D en absorption directe, mères émerveillées par les jeux de leurs enfants, la vie passe autour de moi, je respire lentement, je me pose.

Puis rendez-vous, plutôt positif dans la forme. Mais on se réjouira quand les fenêtres ouvriront et fermeront, pour de vrai, notamment. Petite satisfaction de constater que la maire n'a pas dû apprécier DU TOUT de se faire prendre en défaut. Gniark gniark. Du coup ils parlent des "engagements pris par Mme le Maire", sans doute pour nous faire comprendre que "eux, contrairement aux autres, ils s'engagent et ils tiennent leurs promesses". Qu'ils fassent, surtout. Pour de bonnes ou de mauvaises raisons, mais qu'ils fassent, les enfants s'en foutent du qui manipule qui, de l'élu en quête de mandat ou du parent d'élève en mode troll citoyen.

Retour maison quasi 21 heures. Plus qu'un jour.

Vendredi productivité limitée à l'essentiel. Gros coup de barre après le énième réveil supra matinal. Encore quelques heures, et puis il faudra récupérer les mômes chez la copine, dont l'une juste pour la fin d'après-midi. Profiter d'eux, au max. Les faire rire, les faire sourire. Embrasser la grande jusqu'à dimanche. Coucher le petit. Faire un peu le guignol sur ma wi-fit pour faire de la "bonne fatigue", pour transpirer toute cette pesanteur.

Curieux comme cette sensation de me bouger, si peu soit-ce, me donne l'impression de ne pas céder trop de terrain à ce connard de japonais. Tant que je peux peux faire du hula hup devant ma télé, je résiste, et si je résiste, je ne déprime pas trop. Et puis écroulage jusqu'où le sommeil pourra me mener. On verra.

Et puis samedi, dimanche, dormir tant que je peux, tant que Lomalarchovitch me laisse faire. Renoncer à des sorties plaisirs parce que sinon je ne tiendrai pas la semaine d'après. Lire moins que ce que je voudrais. Maudire, râler, me désoler un peu de ces freins. Me dire que c'est temporaire. Et que profiter des mes blonds, au moins un peu, ce n'est pas une punition.

Mais bordel, cette fatigue.