Lundi, même en ayant pas fait médecine, je savais. Appel au doc première heure le matin, prise de rendez-vous en urgence pour le lendemain, et puis le boulot. Y en a, pas mal, ces temps-ci. Du chouette, du satisfaisant, pour la plus grosse part, mais du bon gros volume de boulot. De quoi avoir la sensation d'être honnêtement crevé en fin de journée.
Curieusement le fait de savoir me fait mieux "vivre" les symptômes. Mais c'est aussi la chappe de fatigue qui s'abat sur moi. Maintenant que j'ai médicalement le droit d'être fatiguée au-delà du "c'est normal après une grossesse et un accouchement", ça pèse encore plus lourd, d'une certaine façon.
Soir venu : poireautage dans le froid et dans la cour de l'école pour accueillir notre maire et quelques adjoints pour une réunion publique. On les alpague comme il se doit sur leur absence de réponse. Meeting improvisé, ça pèle bien, à 19h30, dans ce sifflet venteux. Et puis satisfaction mesquine à être plus nombreux dehors qu'à attendre à l'intérieur pour la réunion. Promesse de réponse sous 15 jours par Mme le maire, on se dit à jeudi avec l'adjointe avec qui on venait de réussir à choper un rendez-vous.
Mardi début d'après-midi, bureau du doc. Elle regarde mes analyse "ah mais ça ne va pas du tout !" et moi. Et mes analyses. Et moi. Elle me dit "vous encaissez bien, vous, dites donc".
Politesse ? Volonté ? Tempérament ? Question de survie ? En tout cas me présenter au monde en mode "je suis fatiguée, tellement tant et plus que si vous saviez, vous vous endormiriez immédiatement sous mes ondes de fatigue", c'est pas moi. Alors oui, à part la mine battue, pour le presque reste du monde, c'est une maladie "invisible". Y a mon Enchanteur, qui sait un peu (et qui relève bien la logistique). Mais même à la maison, j'essaie, au moins un peu, de communiquer de l'énergie, et un peu de sourire.
Ordonnance, médicaments. Y a plus qu'à attendre quelques semaines pour que ça fasse effet. Plus qu'à trouver le bon dosage, après.
Mercredi du boulot du boulot du boulot. Mi semaine passée, j'ai l'impression d'avoir couru trois marathons. Mais mes dossiers en cours donnent des résultats satisfaisants. On puise l'énergie où on peut.
Jeudi pareil. Puis départ pour la mairie pour notre rendez-vous. Ce qui me sauve la peau, sans doute, c'est la pause de 15 mn sur un banc dans la fin de journée ensoleillée. Vitamine D en absorption directe, mères émerveillées par les jeux de leurs enfants, la vie passe autour de moi, je respire lentement, je me pose.
Puis rendez-vous, plutôt positif dans la forme. Mais on se réjouira quand les fenêtres ouvriront et fermeront, pour de vrai, notamment. Petite satisfaction de constater que la maire n'a pas dû apprécier DU TOUT de se faire prendre en défaut. Gniark gniark. Du coup ils parlent des "engagements pris par Mme le Maire", sans doute pour nous faire comprendre que "eux, contrairement aux autres, ils s'engagent et ils tiennent leurs promesses". Qu'ils fassent, surtout. Pour de bonnes ou de mauvaises raisons, mais qu'ils fassent, les enfants s'en foutent du qui manipule qui, de l'élu en quête de mandat ou du parent d'élève en mode troll citoyen.
Retour maison quasi 21 heures. Plus qu'un jour.
Vendredi productivité limitée à l'essentiel. Gros coup de barre après le énième réveil supra matinal. Encore quelques heures, et puis il faudra récupérer les mômes chez la copine, dont l'une juste pour la fin d'après-midi. Profiter d'eux, au max. Les faire rire, les faire sourire. Embrasser la grande jusqu'à dimanche. Coucher le petit. Faire un peu le guignol sur ma wi-fit pour faire de la "bonne fatigue", pour transpirer toute cette pesanteur.
Curieux comme cette sensation de me bouger, si peu soit-ce, me donne l'impression de ne pas céder trop de terrain à ce connard de japonais. Tant que je peux peux faire du hula hup devant ma télé, je résiste, et si je résiste, je ne déprime pas trop. Et puis écroulage jusqu'où le sommeil pourra me mener. On verra.
Et puis samedi, dimanche, dormir tant que je peux, tant que Lomalarchovitch me laisse faire. Renoncer à des sorties plaisirs parce que sinon je ne tiendrai pas la semaine d'après. Lire moins que ce que je voudrais. Maudire, râler, me désoler un peu de ces freins. Me dire que c'est temporaire. Et que profiter des mes blonds, au moins un peu, ce n'est pas une punition.
Mais bordel, cette fatigue.