lundi 4 janvier 2016

Ça aurait dû

Ça aurait dû être un matin chagrin, un matin de rentrée avec une nuit de veille de rentrée où on ne dort pas assez, on se demande si on se souvient de comment faire son boulot, où on se réhabitue à sortir de la maison en laissant un nombre variable d'être aimés derrière soi.

Mais mon grand (enfin pas loin de 85 centimètres, à vue de nez) fournisseur de petits et grands bonheurs en a décidé autrement.

Réveillé au bruit des pas de moi-sa-mère, il a squatté la salle de bains pendant ma douche en se "lavant les 14 dents" (ie : en tétouillant sa brosse à dents), puis a babillé son envie de manger avant de s'emparer de son biberon, de coloniser sa chanceuse de mère en tant que fauteuil le plus confortable de la maison en m'offrant sa tête chevelue à embrasser pendant ce temps.

Puis chanter, lire pour lui en prenant le petit déj, le laisser dépiauter ma clémentine pour me la donner, quartier par quartier (environ) à la béquée...

Et partir avec un peu de blues mais surtout pleine de son amour et du mien pour lui, avec la perspective de son Ouiiiiiii ! enthousiaste quand je pousserai la porte ce soir.

lundi 16 novembre 2015

Que faire de la peur ?

Même pas peur, cri bravache, cri un peu enfantin.

Bien sûr qu'on a peur. Parce qu'on est humains. Parce qu'on a bien des raisons de ne pas être optimistes. On fabrique de l'exclusion, de la discrimination depuis des décennies, on refuse de voir... et ça nous pète à la gueule, littéralement.

J'ai bien peur, donc, que ça ne soit pas la dernière fois.

Pour autant, même si, fondamentalement, on a peur, que faire de cette peur ?

Pour ma part, une réponse est évidente : continuer à vivre. Sans minimiser le danger, mais sans le voir partout. Sans terroriser ma fille en lui faisant porter le poids d'une terreur aveugle qui n'est pas la peur.

Une autre réponse essentielle : en ayant certainement pas peur de l'autre. En continuant à saluer les gens dont je croise le regard dans la rue, quelle que soit leur tenue, leur tronche. En faisant entendre ma voix à chaque fois qu'un discours insoutenable sera tenu en ma présence. Pas par espoir de faire changer d'avis, mais dans celui de donner du courage, peut-être, à ceux qui se taisent même quand ils ne sont pas d'accord ? Un peu vaniteux, sans doute. Je n'ai pas d'autres armes.

Faisons quelque chose de beau de cette peur qu'on nous prive de nos libertés, de nos vies, de nos façons de vivre : rapprochons-nous. Faisons bloc avec nos différences conciliables, pas avec nos ressemblances.

Voici ce que je me dis, là tout de suite, dans le chaos du dedans de ma tête.

mercredi 2 septembre 2015

"We built the Pyramids"

Mon amie Minka me demande quelles sont les 5 "réalisations" (notons les guillemets, ils sont importants) dont je suis le plus fière.

Alors on va dire que "réalisations", c'est très large.

Celle d'il y a neuf ans, trois mois, douze jours, la brunette toute en jambes qui a des pieds quasiment aussi longs que les miens, dotée d'un caractère certain, lectrice assidue du Club des Cinq et de la Cabane Magique, joueuse émérite de Splatoon qui râle sur la connexion qui l'empêche chez moi d'avoir le même niveau que chez son père. Je la vois grandir hors de moi, à sa façon, et avec une évidence à savoir ce qu'elle veut qui parfois me fait tempêter mais principalement me réjouit.

Celui d'il y a treize mois et vingt-deux jours, jeune marcheur de plus en plus assuré, babilleur aux "Allo ? Ouuuiiiii" répétitifs, charmeur éhonté qui est déjà, de son jeune âge, une merveilleuse petite personne, gentil avec du caractère, rigolo et rigolant. Si j'ai bien conscience que je serais une terrible mère au foyer, il me tarde de le retrouver tous les soirs et d'entendre ses "iiiii" enthousiastes à mon arrivée.

Voilà. Ça c'est facile.

Il y a l'équilibre. J'essaie d'arriver à équilibrer les compartiments de ma vie (boulot, vie familiale, notamment) de façon à ce que ça soit le plus agréable possible à vivre. Du coup, je n'ai pas un intitulé de poste ronflant ni un salaire mirobolant, mais j'ai un boulot que j'aime beaucoup la plupart des temps, et dans lequel je peux ménager des horaires qui me donnent un peu de temps avec les enfants le soir. Et, la semaine sur deux où Cro-Mignonne n'est pas là, grâce au tempérament couche-tôt de Lomalarchovitch, nous avons quelques belles soirées en amoureux.

Certes nos week-ends sont compliqués des horaires atypiques de mon amoureux, plus de vacances ne seraient pas de refus. Et s'il y avait moyen de moyenner un peu de télétravail régulier, ça serait sans doute à creuser. Mais globalement, j'y trouve mon compte et je me trouve très "chanceuse" par rapport à la moyenne des parisiens, d'avoir ce petit petit peu de temps en plus.

Et puis il y a les autres. Alors certes, les autres ne sont pas une réalisation, hein. Mais ce qu'on met de soi dans les relations, un peu ? Enfin je trouve que j'ai un magnifique entourage familial (à un pouillème près) et amical, qui rend les choses belles, riches, drôles, épanouissantes. Bref. Je vous aime les gens et je suis heureuse qu'on se soit trouvés et qu'on fasse durer.

Et on va finir par notre histoire avec l'Enchanteur. Là encore, on ne peut pas dire exactement qu'une relation amoureuse soit une réalisation, mais vous voyez l'idée ? Je trouve qu'avec nos horaires décalés, nos divergences totales de vues en matière d'organisation, notre tribu hétérogène à géométrie variable et tout ce qui peut mettre des grains de sable dans les rouages, on s'en sort super bien et on se rend très heureux.

Un billet plein de triches avec la question de départ, mais connaissant un peu Minka, je suis sûre qu'elle y trouvera son compte :)

lundi 2 mars 2015

Bribes post vacancières

Qui a déjà tenté de mettre les mots "vacances" "trois" et "mômes" dans la même phrase ?

Ce qui est sûr c'est que la fin de cette phrase n'est pas "c'était reposant" !

Pourtant de jolis moments, de micros aménagements dans la maison enfin réalisés, des rires, des bonnes recettes, des moments complices et familiaux.

Et puis le petit qui trône au milieu de nos quatre attentions et en profite pour s'élancer de l'assis vers le quatre pattes, pour y chercher son équilibre, et comment bon sang de bon sang de bonsoir, on fait pour avancer, bordel, heu ?

Des rires d'enfants, des rires de grands. Des réveils trop matinaux, pour cause de rhumes, de toux, d'insomnies.

Un mystère de la ventoline disparue. Dématérialisée. Aucune idée d'où elle a pu partir, avec sa pote la bécotide et le truc en plastoc de 10 cm de long pour les prendre. Une journée à ranger sa chambre dans les moindres recoins pour en arriver à cette conclusion : dis-pa-rue, la vento.

Des repas familiaux avec bébé inclus. Comme spectateur, il a encore ses repas à part. Enfin spectateur actif : il goûte tout et si on tarde trop, nous relance à coups de "heu" tonitruants. Visiblement il est à peu près, environ, à l'opposé de sa sœur sur le grand spectre de la curiosité alimentaire.

Des coups de blues, aussi. Je digère, mais pas si vite, ces absences programmées une semaine sur deux.

Alors je regarde ça et les autres photos de ces derniers jour, le gang des rayures, les sourires enfantins, la pile de choses à faire au bureau, ma liste de bricolages à la maison. L'occupation pour noyer le blues. Et même des sourires et des rires, donc.

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mercredi 21 janvier 2015

Pomme d'amour

J'ai un bébé pomme d'amour, ses joues rebondies, rouges et tièdes lui font une tête de joli clown.

J'ai un bébé farceur, qui se retourne sur le ventre MAIS avec un bras coincé en dessous et râle parce que bon, quand même, faudrait voir à pas trop se fatiguer à appuyer sur son bras pour se dégager.

J'ai un bébé omnivore, qui a envie de tout goûter et vient d'entamer une très probablement longue histoire d'amour avec des croûtons de pain.

J'ai un bébé enchanteur, qui sourit tant et tellement quand il nous voit, chacun d'entre nous de son petit monde, papa, maman, frère et soeur, et qui sourit aussi au reste du monde. Il fait des têtes de charmeur, des têtes de farceur, j'ai un bébé irrésistible.

J'ai un bébé sauveur, il suffit de passer un peu de temps avec lui pour réapprendre le sourire, pour oublier un peu le fracas du monde qui tombe en pièce.

Alors je parle de lui parce que ça fait plus de bien que de parler du monde, là tout de suite.

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