Sacrip'Anne

« Oui, je sais très bien, depuis longtemps, que j’ai un cœur déraisonnable, mais, de le savoir, ça ne m’arrête pas du tout. » (Colette)

jeudi 5 mai 2016

Attention, ça taille un peu petit !

Alors voilà. J'ai une fille de bientôt dix ans [1].

Elle a toujours été en taille dans une moyenne haute (juste sous la courbe des 25 % les plus grands), ce qui est un étonnement perpétuel pour moi. Et un tout petit peu au-dessus de cette même courbe pour le poids. Faut dire qu'avec son poids de cheveux, en plus :D

Quand je la vois, elle me fait l'exact même effet qu'un fruit d'été juste mûr pour être mangé : joliment remplie, pleine de vie, pas maigre, mais vraiment pas grosse non plus. Elle a un petit bidon à géométrie variable selon la quantité de légumes disponibles au repas d'avant, des fesses pour lesquelles je me damnerai.

Bref. Magnifique.

J'ai longtemps cru que c'était parce qu'elle n'était pas "juste mince" que les fringues "de son âge" lui étaient très vite trop serrées. Concrètement, là, elle met du douze ans, et ça ne va plus durer très très longtemps. Alors, oui, je me suis longtemps dit que c'était ses jolies fesses haut perchées, rondes et fermes, celles-là même qu'on lui envie.

Et puis plus elle grandissait, plus j'ai eu l'impression qu'en fait, les tailles de fringues rayon filles étaient sous taillées. Sans parler du fait que les t-shirts sont cintrés, les pantalons forcément slim, enfin bref, la mode enfantine a bien changé, depuis nos sous-pulls unisexes et nos pantalons en velours de même [2].

Enfin bref, quoi qu'il en soit, depuis des années je regarde ça d'un oeil dubitatif en me demandant si, tout en me disant que bon, faudrait être bien cynique pour sous-tailler les fringues de petites filles de beaucoup beaucoup de marques et leur faire ressentir dès le plus jeune âge qu'elles sont TROP GROSSES POUR LEUR AGE (et ceux via des parents pas du tout réceptifs aux messages généralement peu bienveillants concernant l'acceptation de soi d'un côté, et la consommation de l'autre).

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Depuis presque 22 mois j'ai un fils. Mon père le surnomme l'ogrillon, j'ai entendu le sobriquet "Viking". Enfin bref. il est grand. Il est déjà plus grand que la taille moyenne à deux ans. Mais bon, il a encore les pieds qui touchent par terre, la plupart du temps, je vous rassure.

On commence à virer le deux ans de son tiroir parce que ça tire un peu, et à le passer en trois. Il se trouve qu'il aime le rose alors on lui a acheté une marinière avec rayures roses. Et puis un petit t-shirt bleu avec un cœur trop mignon. J'ai pas fait gaffe dans le rayon promo de mon supermarché, j'ai pris du trois ans, en me disant que ça allait au moins lui faire la saison, ma pauv'dame. C'est en rentrant que j'ai vu la mention "T-shirt fille" sur le bleu. Et par déduction que j'ai pigé, pour les rayures roses. On lui a pris des fringues dites "de fille" [3].

Et puis là on lui a mis.

Et bé ça fera pas la saison.

Alors que le t-shirt garçon de son pyjama, il n'est pas horriblement trop grand mais quand même, on voit bien qu'il a de la marge, surtout en hauteur.

Là, avec ses t-shirts de fille, il est bien moulé, ça lui remonte au-dessus du nombril quand il lève les bras.

Du coup oui, je peux confirmer. L'injonction sur le corps des filles, ça commence à trois ans. Et il y a des parents pour mettre leurs mômes au régime, oui, je dis bien au régime, à cause de ça. D'autres qui habillent leurs enfant au rayon adulte. D'autres à les faire monter sur la balance pour bien leur mettre en tête qu'elles ne sont pas dans la norme souhaitable dès le plus jeune âge. Je vous jure. Il y en a. Beaucoup.

Tailles.jpg

Je vous mets la photo du plus grand (et moins cintré) des t-shirts, sur l'autre, c'est pire. Dessus un t-shirt fille (vous aurez compris, hein, y a du rose) en taille 3 ans. Dessous un t-shirt garçon taille 3 ans. Sans même focaliser sur la longueur, il y a bien 2-3 cm d'écart (à multiplier par un devant et un dos, donc le double, voyez ce que ça fait comme différence sur un corps d'enfant) en largeur.

Je suis dans une rage folle. Contre le monde. Contre les injonctions faites sur le corps de toutes petites filles. Sur le fait de faire flipper des parents si tôt, sur les fabricants, les distributeurs, les cons. En colère.

Et je partage avec vous.

Pour que tous les parents qui se disaient que c'était bizarre, cette taille de vêtement, tiltent comme j'ai tilté. Pour qu'on ait encore moins de remords à piocher dans les rayons qui leur vont, pour qu'on coupe leurs étiquettes (ça rend le tri compliqué, je sais, j'ai fait !), pour qu'on les rassure, pour qu'on soit de moins en moins nombreux à être dupes et de plus en plus nombreux à être scandalisés.

Parce que c'est un scandale.

Notes

[1] dans 16 jours, me dirait-elle à l'oreille si elle n'était pas très occupée à jouer en ce moment même

[2] oui je suis un dinosaure né dans les années 70 si je veux, non mais ho !

[3] mais je vous rassure, son pénis est resté bien accroché et il n'a pas l'air de se sentir blessé dans son ressenti du tout. Juste, il a pointé le rose et fait "cochon" d'un air ravi, paraît-il

lundi 2 mai 2016

Gonze de féministe

Je fais un clin d'oeil au site antédiluvien "Copine de Geek", dans ce titre, mais en fait, il s'applique aux conjoints de toutes. Et non, pas nécessairement aux conjointEs dans les cas de couples homo justement parce qu'il s'agit d'intériorisation de valeurs "dites féminines".

Je participe à un projet qui est bien chouette sur la maternité et le féminisme. Et dans les discussions préparatoires, il y a une phrase qui a fait tilt.

Pourquoi on dit que les hommes devraient aider dans les tâches ménagères ? Aider, c'est faire la gentillesse de donner un coup de main. C'est prendre en charge un petit morceau. Alors que, dans ce qui nous occupe, il s'agit de partager également la responsabilité d'un foyer.

Cette phrase est entrée en collision avec plein de choses vécues, de comportements visibles, de conversations. Et le constat que même nos mecs, "alliés" et parfaitement convaincus de la nécessité du partage en théorie, ne sont pas forcément dans la posture qui convient en terme de pratique.

Commençons déjà par déconstruire un peu le stéréotype. Autour des machines à café, quand on parle des rapports entre sexes (rire gras), on explique généralement que bon, chez nos ancêtres, les hommes allaient chasser le mammouth pendant que la femme vaquait en chantant à des activités plus faciles physiquement, comme la cueillette, l'élevage des enfants, les soins au foyer.

Passons sur cette vision rigoureusement scientifique (ahem) et interrogeons-nous. Qui parmi les hommes que nous connaissons est réellement allé chasser le mammouth dans les dernières années ? Personne dans les derniers millénaires.

Du coup, on a remplacé la chasse par des tas d'autres activités dites masculines comme gagner 25 % de plus en se levant le matin ou aller faire la guerre, mais fondamentalement, cette aptitude de Killer de Mammouth est devenue environ inutile. Surtout depuis qu'on chasse dans les rayons du supermarché, ce qui est à la portée de tous sans distinction de genre. Et même, rions donc, est devenu une activité de gonzesse, faire les courses, dites donc.

Donc voilà. On ne naît pas Fâme avec la vocation de servir le foyer. C'est dit. Ce ne sont pas des prérogatives féminines que de s'occuper de la maison, ce ne sont pas des choses innées qui éclosent de nos petites mains vaillantes mais joliment manucurées.

Mettons que nous ayons affaire à des hommes qui ne trouvent pas que c'est dégradant d'être une femme (et donc de se livrer à des activités de femmes). Et qu'ils soient déjà conquis à l'idée qu'ils peuvent le faire (en théorie), soyons même fofolles, disons-nous qu'ils en ont déjà fait, des trucs de la maison.

Ouah.

Soyons bien clairs, on ne vous dira pas merci. Parce que le foyer commun, comme son nom l'indique, il est commun. Et qu'il nous appartient en commun (je sais, je me répète) d'en faire un lieu vivable pour chacun de ses habitants. Alors non, on ne vous dira pas merci à chaque machine vidée, ou alors vous le faites à chaque fois qu'on fait un truc aussi. Je vous renvoie à cet excellent article qui m'a donné plein d'inspiration et de clés logistiques (oui, on a des corbeilles, plein, et les mômes rangent leur linge). Et qui en prime m'a déculpabilisée. On ne vous dira pas merci, mais on vous respectera et on vous montrera (ou on essaiera) le plaisir qu'on a à vivre dans un foyer propre et serein.

On ne vous fera pas de listes. J'en rigole maintenant mais au début de notre vie commune, l'Enchanteur, plein de bonne volonté, mais surtout d'inertie, m'a demandé une méthodologie pour nettoyer la salle de bains. Oui vous pouvez vous étouffer de rire.

Donc si vous ne savez pas comment faire, plutôt que de nous prendre pour vos mamans qui avons du temps pour faire votre éducation en plus de nettoyer, allez sur internet. Y a tout. Je suis sûre que vous trouverez des tutos pour tout faire dans une maison, et même des bonnes idées qu'on a pas encore eues. Et là vous allez forcer notre admiration.

Et puis arrêtez de penser que nous sommes les grandes vestales de la vie du foyer, qu'on va, en un éclair de génie, savoir à quel moment organiser les vacances, la rentrée, quelles courses faire, et quelle sortie éducative et sympa pour le week-end.

Prenez des initiatives. Si elles sont mauvaises, tant pis. Si elles sont bonnes, génial.

Arrêtez de vous reposer sur nous pour prendre les décisions et organiser le qui fait quoi. On a pas gagné le droit au sérieux et à la responsabilité. Nous aussi on adore glander des heures en attendant que ça tombe tout cuit. Et les mômes qu'on a, on a choisi de les faire / les inclure dans notre foyer. Ça ne contient pas une clause de "moi aussi je suis un peu ton enfant ma chérie". Non non non. Jamais.

En écrivant ce billet mi fâché mi rigolard (parce qu'il vaut mieux en rire), je mesure qu'en plus, on peut progresser. Si je prends notre exemple domestique, mon Enchanteur, il est passé de zéro (rappelez-vous, la méthodo salle de bains) à la gestion de la bouffe de la semaine, du lave-vaisselle, d'une bonne partie des machines.

Certes, il lui manque encore un peu d'initiative personnelle, mais il commence à ne plus me demander mon avis sur tout et à FAIRE. Et ben vous savez quoi ? Ça allège sérieusement notre quotidien et ça permet de moins s'engueuler sur des trucs de peu d'intérêt comme le ménage, et de plus rigoler autour de séries. Que du bonus.

Donc voilà. C'est possible. Ça ne tache pas.

Ça fait juste de vous nos partenaires. Nos alliés. Et devinez quoi ? C'est tout juste ça qu'on cherche. Allez même savoir si c'est pas bon pour le couple, dites donc. En voilà une idée révolutionnaire, non ?

lundi 25 avril 2016

Vite !

Vite, vite, avant que le rythme de rentrée ne balaie tout, quelques bonheurs vacanciers...

  • faire la cuisine avec ma fille, la voir mûrir peu à peu sur son rapport à la nourriture
  • rire de son sens de l'auto dérision
  • entendre les compliments ("t'es belle, maman") et les déclarations d'amour de mon bébé joli
  • avoir TROIS HEURES TOUTE SEULE
  • n'en rien faire de plus compliqué que l'étoile de mer sur le lit, bouquiner, somnoler, bouquiner encore
  • avoir hâte de retrouver les autres après
  • savoir que je faisais le dernier rendez-vous avec mon maintenant ancien toubib
  • profiter de la passion pour les Beach Boys de mon fils pour écouter Good Vibrations plein de fois par jour
  • se promener avec des amis au soleil et profiter de leur chouette présence

(et oublions les épisodes fâcheux comme la voiture à la fourrière...)

Ayé, c'est fini, c'est la rentrée.

Mais bon, j'ai posé mes congés pour cet été, histoire de pouvoir rêver soleil et bons moments loin du boulot.

mercredi 13 avril 2016

La semaine d'avant vacances

Je pense que les menaces de la charcutière de priver Lomalarchovitch de ses saucisses a fonctionné : depuis, il est l'incarnation du bébé parfait.

Quand je rentre, on papote, on joue, on lit beaucoup, on chante. Il a oublié son art de la provoc et sa surdité totale au "non" des dernières semaines.

Sachant qu'il ne s'agit que d'un répit, je savoure chaque micro seconde de ces fins de journées si douces qu'elles en effacent le stress du travail, juste avant.

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Les parents de bref passage parisien sont venus dîner hier soir. C'était bien chouette et beaucoup trop court. Ah ! Si Paris était à Marseille, que les choses seraient plus faciles !

Du coup j'ai vu une photo semi récente (d'il y a quinze jours, autant dire plus d'un tiers de son âge, donc plus du tout d'actualité) de Nièce Adorée qui est vraiment très très belle (et très petite).

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Et puis J-3 avant les vacances.

lundi 11 avril 2016

Printanier (en images)

Il y a quelques rayons de soleil et il ne nous en faut pas plus pour se précipiter et mettre les pieds (nus, pour les plus grands[1]) dans l'herbe.

Hier, une fois n'est pas coutume, on a eu un dimanche en famille. Alors on en a profité.

Il y avait un petit grand qui faisait sa première sortie en draisienne ("avélo ! Avélo !"), pas encore très aboutie d'un point de vue équilibre, mais carrément si on s'en tient à l'enthousiasme du jeune homme.

Draisienne.jpg

Et puis cet excellente chose toute amie des parents Montessoriens que sont les bâtons et les pommes de pin. Intense concentration garantie. Et un peu de repos dans l'activité : courir dans l'herbe après l'explorateur en herbe.

Fixateur.jpg

Il y avait Cro-Mignonne, ma grande-chose adorée, pile à l'âge où on peut, en l'espace de quelques secondes, passer d'un questionnement intense sur le fait que les bâtons utilisés la dernière fois pour jouer aux agents secrets, est-ce qu'ils seront là ou pas, à un autre sur le fait qu'on voit la marque de sa culotte sous son legging (soupir).

GrandeChose.jpg

Et des câlins, parce que les câlins c'est important.

Tendresse.jpg

Note

[1] oui, on sait, en avril, pas d'un fil, mais bon. Où est le fun, si on reste en chaussures, hein ?