Sacrip'Anne

« Oui, je sais très bien, depuis longtemps, que j’ai un cœur déraisonnable, mais, de le savoir, ça ne m’arrête pas du tout. » (Colette)

jeudi 7 avril 2016

Bonheur d'aujourd'hui

Soudain ça me frappe.

Il y a cinq ans j'étais dans l'une des années les plus compliquées de ma vie.

J'étais, depuis quelques mois, seule avec ma fille, je venais de sortir de six mois d'acharnement contre des banquiers avec quelques alliés, mais moins que de gens qui compliquaient les choses.

Il y a avait un truc qui tenait de la torture sentimentale dans mon existence.

J'étais crevée. Et en même temps assez contente de me réapproprier ma vie, mais c'était dur, tous les jours, pour la logistique, pour les sous, pour le moral, pour tout.

Je ne savais pas encore que quelques semaines plus tard, on allait re faire connaissance avec mon Enchanteur. Je n'imaginais même pas ce qui allait suivre. J'étais certaine que je serai mère d'une enfant unique (unique en son genre, elle l'est restée !).

Et là je me dis que bon. On a un quotidien sportif, surtout cette semaine, on a des séquelles de la fatigue tous les deux. Mais des enfants pleins de vie et de jubilation de vivre. OK la porte fait shboing la nuit quand il rentre et ça me met de mauvaise humeur[1], mais on rit, et on vit et même si on est pas riches, qu'on se marche un peu dessus dans l'appart et qu'un nombre considérable de nos appareils électro ménagers ont canné dans ces deux dernières années, on est heureux.

D'un futur que je n'imaginais pas il y a cinq ans.

Note

[1] il va falloir encore un peu de temps pour que je sois sereine face aux interruptions du sommeil, je le crains

mardi 5 avril 2016

Mary Poppins

La fille de Mary Poppins [1] a une fille qui vit aux États-Unis depuis quelques années.

Elle y a eu deux fils, dont un qui est quasi jumeau de Lomalarchovitch, et qui est né avec une maladie congénitale. Du coup Mary Poppins a passé beaucoup de temps aux États-Unis à aider sa fille et on l'a très peu vue ces derniers mois.

Hier, le téléphone a sonné. C'était elle. Pour dire qu'elle avait hâte qu'on se voit.

Alors certes, elle est rentrée depuis deux mois ou presque mais elle a été occupée tout le temps et là, elle a hâte. Je lui propose samedi, et elle me répond "demain ?".

J'adore sa doute tyrannie et comme elle nous manque beaucoup, ce soir, on va voir Mary Poppins. J'ai hâte de voir comment ils vont se tourner autour avec Lomalarchovitch. Lequel des deux va déployer le plus grand numéro de charme !

Et j'ai hâte de la voir !

Note

[1] l'ancienne nounou de Cro-Mignonne, donc, pour ceux qui ne la connaissent pas

lundi 4 avril 2016

Comme on s'aime

Ce matin, émue par le manège plein de tendresse de mon fils (aller chercher une peluche, la câliner tendrement en "lui chantant" - c'est-à-dire en chantonnant deux mots et en comptant sur nous pour remplir les trous - une de ses chansons d'avant dormir), je lui tends les bras en lui proposant un câlin.

Bras dans lesquels ils s'est précipité, avant de m'escalader et m'entourer de ses petits bras.

Du coup je lui ai demandé s'il voulait qu'on se serre fort comme on s'aime. Et là, pression desdits petits bras autour de moi.

Il n'y a pas grand chose qui puisse donner un shoot d'amour pur aussi puissant, dans la vie, quand même.

Et me voilà, donc, emplie de bonheur pour les heures à venir.

mercredi 30 mars 2016

Et ben non, c'est pas facile

Je ne sais pas si c'est l'âge, le recul, l'expérience, mais je me suis rendu compte qu'on était très nombreuses à minimiser quand il s'agissait de s'épancher sur un sujet difficile lié à la maternité.

Du genre "j'ai les nerfs en pelote parce que mon bébé a hurlé toute la journée. Pourtant, c'est un bébé facile".

Stop.

Arrêtons.

Un bébé "facile", ça n'existe pas. Certes il y a des bébés gros dormeurs, des bébés qui ne font ni coliques, ni reflux, des bébés pétaradants de santé. Des bébés dont on dira ici qu'ils sont moins difficiles que d'autres.

Mais rappelons quand même qu'un bébé c'est un être en construction qui dispose de peu de moyens de communication. Pour la partie positive de la communication, ça fait des tas de bonheurs, pour la partie négative, c'est cris ou pleurs ou hurlements. Et TOUS les bébés pleurent. Oui, c'est usant, nerveusement. Oui c'est difficile de rester calme, sereine et positive après plusieurs heures de ce traitement.

Et puis les bébés ils ont une digestion très personnalisée. Ils mangent quand ça les arrangent, chient quand ça nous met le plus dans une posture compliquée. Et ils demandent des soins immédiats. Et puis quand ils commencent à sortir du biberon ou du nichon, c'est pour malaxer, pétrir, expédier, pulvériser de la bouffe PARTOUT. En plus on nous explique que c'est bon pour leur motricité. Et puis nous, ça ne peut pas nous faire de mal au "manger bouger" de nettoyer derrière eux plusieurs fois par jour, hein.

Quand ils grandissent, ils sont super maladroits. Ils se bugnent sans arrêt, explorent pile le centimètre carré douteux alors que vous avez sécurisé tout le reste de la maison. Ont un radar pour détecter un truc dangereux et se précipiter dessus où qu'ils soient. Ils ont besoin d'une surveillance permanente et même comme ça, ça ne suffit pas.

Ils ont un caractère impossible. C'est pas de leur faute, ça s'apprend, résister à la frustration. Pas de bol, c'est nous qui devons leur apprendre. Comme la patience. Et le pire, c'est qu'un bébé qui grandirait et ne piquerait jamais une crise ou ne s'amuserait pas à dire non à tout propos, on s'inquièterait pour lui.

Et puis ils s'emmerdent. Il y a besoin de leur proposer des jeux sur lesquels ils se concentrent / s'amusent, et des sorties pour prendre l'air, et des activités, et ceci et cela. Tous les jours. Jusqu'à ce que la nounou / crèche / halte jeux / maternelle vienne nous délivrer (et là on se plaint de ne plus avoir assez de temps pour eux). Et là ils tombent malade pour les années qui suivent. Le rhume continu, c'est le tarif minimum. Celui qu'on chopera aussi.

Tout ça pour dire que même quand ils sont "faciles" (c'est-à-dire qu'ils dorment raisonnablement la nuit, acceptent de faire une sieste, mangent sans trop de difficultés, tombent malades de trucs pas plus graves qu'un rhume / une varicelle et pas trop trop souvent, pas plus de tous les 15 jours), élever un bébé en essayant de le faire au moins mal, ce n'est pas FACILE.

Et encore, on a même pas évoqué les valeurs qu'on veut transmettre et qui se heurtent à plein de trucs. Le bleu pour les filles, le gamin qui veut faire de la danse. Les autres qui Savent. La déconstruction de tout un tas de chose, la construction d'autres, confrontées à ce que nos enfants en font.

Alors ok, globalement, on a fait exprès de les faire. Ils nous apportent, outre leur maillon de perpétuation de l'espèce, de l'espoir, de l'amour, du rire, des ouvertures vers plein de choses. Oui on savait. Ou on croyait savoir.

Et on ne les regrette pas.

C'est juste qu'ils nous transforment en esclaves éreintés de leurs besoins infinis. En paradoxes ambulants, jamais rassasiés de la joliesse de leur enfance, consternés par le temps qui passe, mais aussi dépités par le manque devenu total de temps personnel. Et inquiets. En permanence. Pour rien ou pour des trucs importants. On s'en passe. On se réjouit d'avoir 10 minutes seule une fois toutes les 6 ou 7 semaines. On endure, mais c'est dur.

Tout ça pour dire : ce sont nos enfants, nos choix, on les assume.

Mais par pitié, les copines. Ne minimisez plus, ne cherchez plus à vous excuser. Ne dites plus "pourtant j'ai de la chance, il/elle est facile".

Parce qu'aussi choupis qu'ils soient, aussi formidables, aussi merveilleux, non, ils ne sont pas faciles. Ce n'est pas facile.

Et il y en a marre de se plier à l'injonction de la mère parfaite qui traverse tout ça avec le sourire ébahi permanent.

C'est pas facile.

On s'en tire bien. Plutôt. Suffisamment. Enfin on espère.

C'est pas facile.

On en retire parfois une certaine fierté.

Mais ce n'est pas facile.

Et que ceux qui voudraient qu'on se taise là-dessus et qu'on ressorte nos sourires épuisés mais heureux 24 h / 24 aillent se faire cuire les fesses.

On a le droit de le dire.

Que ce n'est pas facile. Et oué, heureusement qu'il y a des moments de bonheur indicible. Sinon ça ferait bien longtemps qu'il n'y aurait plus d'humanité pour bousiller l'humanité, c'est moi qui vous le dit.

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mardi 29 mars 2016

Pas bavarde, mais…

Or donc j'ai un peu fait une pause de bavardages, ces derniers temps, mais il y a quand même eu, malgré la douleur en bas à gauche, des petits malheurs et des terribles, des bonheurs dans la musette. Parmi lesquels :

  • un week-end absolument impromptu avec l'ami Moukmouk. Pour cause de genou et d'agendas de fin de semaine un peu tordus, on a pas fait de grand tourisme suburbain, mais on a papoté, placoté, discuté, bien ri, bien cuisiné et bien mangé. C'était drôlement bien et j'ai hâte que ça recommence.
  • le lit "de grande" de ma fille est enfin arrivé. Par "de grande" il faut entendre : un peu surélevé avec une cabane en dessous. Dans laquelle on a mis son tatami et son futon, du coup il y a de la place pour les soirées pyjamas. Et mettre hors de ma vue / du dessus de son lit la tonne de peluches qui colonisaient l'espace jusque là. Par ailleurs elle a la chance à peu près unique d'avoir un lit assemblé par sa mère, Cyrano de Bergerac (ou presque) et un Indien (d'Amérique). Je ne vois pas comment ne pas faire de beaux rêves avec ça.
  • Lomalarchovitch fait des petites phrases ! On est pas complètement dans les "Marquise, vos beaux yeux…", mais pour les "Encore bisou maman !" ça fonctionne très bien. Je m'émerveille de la précision de ce qu'il nous raconte avec ses moyens de 20 mois et demi, et de ce qu'il comprend (sauf le mot "non" que résolument, il n'entend pas. Bizarre, hein ?)
  • Ma Nièce Adorée est née !!! Pour la Journée Internationale du Droit des Femme !! C'est la plus belle des enfants dans la catégorie Ma Nièce Adorée. J'ai hâte de la rencontrer.
  • Pour la première fois depuis la naissance de mon fils, j'ai été assez reposée pour ne pas m'endormir à la sieste hier. C'est peut-être un détail pour vous, et je ne m'illusionne pas sur la durée dans le temps de cette sensation magnifique, mais si vous saviez ce que je savoure !!!
  • Et puis des bons moments avec les amis ce week-end, Lomalarchovitch en mode conquérant, archi chiant et super adorable à la fois, des promesses de rayons de soleil (un jour). Des tas de bouquins dont un certain nombre de bons.

Bref, il aura été assez inattendu, ce mois de mars.