Je fais un clin d'oeil au site antédiluvien "Copine de Geek", dans ce titre, mais en fait, il s'applique aux conjoints de toutes. Et non, pas nécessairement aux conjointEs dans les cas de couples homo justement parce qu'il s'agit d'intériorisation de valeurs "dites féminines".
Je participe à un projet qui est bien chouette sur la maternité et le féminisme. Et dans les discussions préparatoires, il y a une phrase qui a fait tilt.
Pourquoi on dit que les hommes devraient aider dans les tâches ménagères ? Aider, c'est faire la gentillesse de donner un coup de main. C'est prendre en charge un petit morceau. Alors que, dans ce qui nous occupe, il s'agit de partager également la responsabilité d'un foyer.
Cette phrase est entrée en collision avec plein de choses vécues, de comportements visibles, de conversations. Et le constat que même nos mecs, "alliés" et parfaitement convaincus de la nécessité du partage en théorie, ne sont pas forcément dans la posture qui convient en terme de pratique.
Commençons déjà par déconstruire un peu le stéréotype. Autour des machines à café, quand on parle des rapports entre sexes (rire gras), on explique généralement que bon, chez nos ancêtres, les hommes allaient chasser le mammouth pendant que la femme vaquait en chantant à des activités plus faciles physiquement, comme la cueillette, l'élevage des enfants, les soins au foyer.
Passons sur cette vision rigoureusement scientifique (ahem) et interrogeons-nous. Qui parmi les hommes que nous connaissons est réellement allé chasser le mammouth dans les dernières années ? Personne dans les derniers millénaires.
Du coup, on a remplacé la chasse par des tas d'autres activités dites masculines comme gagner 25 % de plus en se levant le matin ou aller faire la guerre, mais fondamentalement, cette aptitude de Killer de Mammouth est devenue environ inutile. Surtout depuis qu'on chasse dans les rayons du supermarché, ce qui est à la portée de tous sans distinction de genre. Et même, rions donc, est devenu une activité de gonzesse, faire les courses, dites donc.
Donc voilà. On ne naît pas Fâme avec la vocation de servir le foyer. C'est dit. Ce ne sont pas des prérogatives féminines que de s'occuper de la maison, ce ne sont pas des choses innées qui éclosent de nos petites mains vaillantes mais joliment manucurées.
Mettons que nous ayons affaire à des hommes qui ne trouvent pas que c'est dégradant d'être une femme (et donc de se livrer à des activités de femmes). Et qu'ils soient déjà conquis à l'idée qu'ils peuvent le faire (en théorie), soyons même fofolles, disons-nous qu'ils en ont déjà fait, des trucs de la maison.
Ouah.
Soyons bien clairs, on ne vous dira pas merci. Parce que le foyer commun, comme son nom l'indique, il est commun. Et qu'il nous appartient en commun (je sais, je me répète) d'en faire un lieu vivable pour chacun de ses habitants. Alors non, on ne vous dira pas merci à chaque machine vidée, ou alors vous le faites à chaque fois qu'on fait un truc aussi. Je vous renvoie à cet excellent article qui m'a donné plein d'inspiration et de clés logistiques (oui, on a des corbeilles, plein, et les mômes rangent leur linge). Et qui en prime m'a déculpabilisée. On ne vous dira pas merci, mais on vous respectera et on vous montrera (ou on essaiera) le plaisir qu'on a à vivre dans un foyer propre et serein.
On ne vous fera pas de listes. J'en rigole maintenant mais au début de notre vie commune, l'Enchanteur, plein de bonne volonté, mais surtout d'inertie, m'a demandé une méthodologie pour nettoyer la salle de bains. Oui vous pouvez vous étouffer de rire.
Donc si vous ne savez pas comment faire, plutôt que de nous prendre pour vos mamans qui avons du temps pour faire votre éducation en plus de nettoyer, allez sur internet. Y a tout. Je suis sûre que vous trouverez des tutos pour tout faire dans une maison, et même des bonnes idées qu'on a pas encore eues. Et là vous allez forcer notre admiration.
Et puis arrêtez de penser que nous sommes les grandes vestales de la vie du foyer, qu'on va, en un éclair de génie, savoir à quel moment organiser les vacances, la rentrée, quelles courses faire, et quelle sortie éducative et sympa pour le week-end.
Prenez des initiatives. Si elles sont mauvaises, tant pis. Si elles sont bonnes, génial.
Arrêtez de vous reposer sur nous pour prendre les décisions et organiser le qui fait quoi. On a pas gagné le droit au sérieux et à la responsabilité. Nous aussi on adore glander des heures en attendant que ça tombe tout cuit. Et les mômes qu'on a, on a choisi de les faire / les inclure dans notre foyer. Ça ne contient pas une clause de "moi aussi je suis un peu ton enfant ma chérie". Non non non. Jamais.
En écrivant ce billet mi fâché mi rigolard (parce qu'il vaut mieux en rire), je mesure qu'en plus, on peut progresser. Si je prends notre exemple domestique, mon Enchanteur, il est passé de zéro (rappelez-vous, la méthodo salle de bains) à la gestion de la bouffe de la semaine, du lave-vaisselle, d'une bonne partie des machines.
Certes, il lui manque encore un peu d'initiative personnelle, mais il commence à ne plus me demander mon avis sur tout et à FAIRE. Et ben vous savez quoi ? Ça allège sérieusement notre quotidien et ça permet de moins s'engueuler sur des trucs de peu d'intérêt comme le ménage, et de plus rigoler autour de séries. Que du bonus.
Donc voilà. C'est possible. Ça ne tache pas.
Ça fait juste de vous nos partenaires. Nos alliés. Et devinez quoi ? C'est tout juste ça qu'on cherche. Allez même savoir si c'est pas bon pour le couple, dites donc. En voilà une idée révolutionnaire, non ?
Commentaires
Je suis bien sûr totalement d'accord. Il reste que certaines filles demandent que la tâche ménagère soit faite selon telle méthode... par exemple l'art de plier les serviettes ou de remplir le lave-vaisselle...et ça... disons que je n'aime pas. Si j'assume la tâche, accepte que ce soit fait à ma façon.
"Alors non, on ne vous dira pas merci à chaque machine vidée, ou alors vous le faites à chaque fois qu'on fait un truc aussi."
Chez moi c'est ce qu'on fait, dire merci à chaque fois, je trouve que ça entretient la conscience du boulot de l'autre et la gratitude qui va avec, c'est tout bénef'. :-)
Moukmouk alors creusons. Pourquoi c'est si difficile de lâcher ce contrôle sur la perfection de nos méthodes ? Parce que c'est la SEULE qualité que le monde nous reconnaît, être une parfaite gestionnaire de nos intérieurs.
Après, dialoguer pour instaurer le "c'est celui qui fait qui a raison", ça peut prendre un peu, moyen, longtemps.
Ça dépend à quel point on a confiance en sa capacité à être vue pour autre chose, entre autres ;)
Georgia après on peut ne pas dire merci en mode "viens chercher ton cookie" tout en se manifestant mutuellement de la reconnaissance pour la prise en charge de ce qu'on ne fait pas soi :) Ce qui compte c'est que chacun se sente respecté, je crois.
Moi je me demande si tu ne serais pas une dangereuse révolutionnaire ;-)
En tout point d'accord avec toi (facile vu que je suis célib !) et aussi avec Moukmouk, parce que ça c'est du vécus ;-)
C'est assez fou, l'utilisation du verbe "aider" est un truc auquel je fais très attention chez moi. Genre je ne dis jamais à mes enfants "venez m'aider à ranger votre chambre" mais plutôt "il va falloir ranger cette chambre, si vous voulez aujourd'hui je vous aide". C'est un peu caricatural mais ça marche avec tout, je ne dis jamais "venez m'aider à vider le lave vaisselle" par exemple ...
Un jour, Il m'a dit "tu veux que je fasse ta vaisselle?". J'ai bondis et lui n'a pas compris pourquoi. Ben oui "il voulait juste m'aider". Grrr !!!
Sacrip'Anne, exactement ! Que chacun trouve son compte de respect et de reconnaissance du boulot qu'il fait.
Gilsoub et bé je te fais la même réponse :) Quant à mon potentiel révolutionnaire, je crains, pour le moins de n'être pas très consensuelle, en effet !
Raphaelle rho le "ta" vaisselle. Celui là je l'utilise quand "quelqu'un" a fait la cuisine et laissé la cuisine en vrac, spécifiquement :D (Et du coup je me fais un point d'honneur à nettoyer derrière moi quand je cuisine pour montrer comme JE suis exemplaire, bien sûr :ppp)
Georgia (quand je lis ton pseudo j'ai Ray Charles en tête)
Je me suis jamais poser la question du partage puis qu’avec mon doudou cela se fait comme cela de manière naturelle, et chacun fait les choses à sa manière, c'est très agréable au quotidien.
Cela n'a pas toujours était le cas dans mes autres vies, ce qui me fait prendre conscience de la chance que j'ai aujourd'hui et je le savoure à sa juste valeur.
Moukmouk m'a ôté les mots de la bouche...
Je demande souvent l'avis de Mme Mirovinben car mes méthodes ne sont pas forcément les siennes (pas le même passé ni les mêmes aptitudes/connaissances au début de notre vie commune) et que si je ne fais pas comme il faut (?!), je me retrouve comme un enfant face à sa maîtresse d'école.
Et à 64 balais et 33 ans de mariage, je n'apprécie toujours pas hyper beaucoup trop ça.
Je crois d'ailleurs que c'est notre seul sujet de dispute. Parce que je ne me laisse pas faire nan-mais-oh ! Ch'uis un mec, moa, faut pas me chercher et quand on m'cherche on m'trouve. p-) :p
lilou-la-teigne savourer c'est bien aussi :)
mirovinben alors je te fais la même réponse qu'à Moukmouk ! Et ohlala, impressionnant cette parade du mâle qu'yfautpaschercher :)
(Sacrip'Anne, c'est un des trucs que j'aime avec ce pseudo :D)
Georgia :)
Je ne sais pas pourquoi c'est le plus étonnant (ou alors peut-être à cause de ma santé ?), du jour où on s'est installé ensemble, celui qui allait devenir mon mari a partagé avec moi les tâches ménagères. Sans se concerter. Aucune idée de comment ça s'est mis en place, ça s'est fait naturellement je dirais (sincèrement, ça n'aurait pas été le cas je ne l'aurais pas épousé ; j'avais déjà donné dans mon premier couple, et dans ma tête y'avait un "plus jamais" imprimé en rouge).
Très souvent, on se dit merci. Juste pour la reconnaissance de ce qu'à fait l'autre (ce n'est pas systématique, note).
Alors bien sûr, j'apprends à mes enfants tout ça, je l'espère en tout cas.
Billet formidable ! Pas un mot à changer. Comme d'ab ! :heart:
Dame Ambre c'est chouette quand ça va de soi :)
Jacotte merci belle rouge :D
En fait, polariser les tâches sur l'un ou l'autre des individus de la communauté de vie, de façon générale, quel que soit le critère de polarisation, fut-il le genre, tient de la balle qu'on se tire dans le pied à mon avis.
Combien de fois j'ai entendu "mais ça je l'ai jamais fait, il n'y a que lui qui sait faire !" ?
C'est limite parasite dans une relation affective, cette dynamique du maître et de l'esclave à double sens.
C'est un privilège, nous avons la chance d'être très complémentaires au sein du foyer, il n'y a pas une tache que l'un sache faire et pas l'autre, ou que l'un veuille faire et pas l'autre.
Au quotidien, ça se gère sur la préférence du moment.
Aider est juste utilisé pour "pas faisable seul".
Merci pour ce joli billet :)
Merci Aggelos !
100% ce que je ressens. Merci. 0:-)
Je t'en prie chère absinthe !
Cela me fait beaucoup rire ce billet !
Parce que je pensais que depuis les années 1970 (eh oui...), nous n'avions même plus
à en reparler. Que le partage des tâches allait de soi, était naturel, normal...
Ce qui me fait rire aussi, c'est lorsque je regarde les couples de notre âge autour de nous : enfants élevés et partis, couple encore au travail ou à la retraite. Et alors ? Et alors ? Eh bien, pour certains monsieur Aide madame, pour d'autres le partage déjà installé perdure... rien n'est gagné, je vous le dis ! Certains n'ont jamais su se servir du lave-linge !
Tu as raison Anne de veiller au grain !
Anita soupir, hein ?
Je venais de lire ton article quand j'ai dit à mon compagnon : "es tomates sont super mures, faut les utiliser. Il faudrait faire des tomates-mozza en entrée.
- Oui bonne idée. Bon mais si je ne les fais pas, tu ne le feras pas (je venais de faire un plat principal compliqué et j'estimais avoir le droit de profiter de mon apéro sans repasser par la cuisine).
- Bin je vais t'aider. (Forcément, j'ai rigolé). Quoi ? Je sais pas comment on fait."
En plein dedans, donc, et la méthodologie tomate-mozza me paraît plus simple que la méthodologie salle de bains hein.
Sinon, j'ai une autre remarque : l'impact de la vie professionnelle. Quand j'ai commencé à vivre avec mon amoureux (pas quand je l'ai rencontré puisque nous vivions dans des régions différentes), il était encore étudiant alors que je travaillais. Il avait une bourse dont le montant était supérieur à mon salaire, mais il n'en était pas moins à la maison et pas moi. Dans ce contexte, en sachant que nous étions des jeunes gens bordéliques, il faisait limite plus de tâches ménagères que moi. La situation est opposée depuis qu'il travaille (beaucoup plus que moi à l'époque) et que je recommence à peine à travailler mais chez moi. Et je pense que cet aspect là, surtout en sachant que de nombreuses femmes sont à temps partiel avec des compagnons à temps complet, est essentiel aussi dans cette histoire de partage au sein du foyer.
Junko ahhhh ! La méthodologie de la tomate mozza ! Cet art sacré et mystérieux, caché aux hommes depuis tant de générations :D
Sur le boulot, forcément, le choix économique est que ça soit le plus petit salaire qui se "sacrifie" (en temps partiel, en congé parental), la plupart du temps. Et vu qu'on part avec 25 % de moins, nous autres les gonzesses, c'est un peu la double peine.
Ceci dit chez nous la répartition est très nettement liée à qui est à la maison quand (la semaine pour Noé, le week-end pour moi).
Je pratique très bien bien le jesaispasfaire et le jefaispabienfaitamaplace. Ça fonctionne pas mal. Tu crois que c'est mon côté mec qui s'exprime là ou seulement mon côté feignasse ?
Cunégonde huhuhu. Le côté feignasse que tu t'es autorisée à exprimer :)
Je fais partie du club du "chez nous on partage tout" depuis toujours. Pour être honnête, il en fait même plus que moi car il s'occupe des courses (c'est lui qui a la voiture :p) et du potager...
On n'a pas de règle particulière, l'un ou l'autre fait selon son savoir-faire, sa disponibilité, son état de fatigue. C'est vraiment très agréable...
Je crois aussi qu'il faut se dire merci, et souvent. On dit bien merci à la boulangère qui vous tend le pain, ou au voisin qui retient l'ascenseur... Mais pas un merci pour avoir daigné assurer une part du service domestique, plutôt un merci
pour ce momentpour le résultat : "le risotto est bon ? dites-le ! L'aspirateur a été passé ? Cool ! Le frigo est rempli ? "Ahhh tu as pris des Mamie Nova au café ? J'adooore !"heidi ah ben oui, le merci positif, c'est chouette. C'est le merci "merci d'acter que j'ai fait UN truc" que je dénonce :D
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