Sacrip'Anne

« Oui, je sais très bien, depuis longtemps, que j’ai un cœur déraisonnable, mais, de le savoir, ça ne m’arrête pas du tout. » (Colette)

mardi 11 octobre 2016

Apprivoiser, ça veut dire créer des liens

Voici donc 8 jours, en gros, que Maïa est arrivée à la maison.

Elle est encore très réservée sur la coexistence avec les humains, mais s'enhardit jour après jour à notre plus grande joie.

Il nous arrive maintenant de la croiser à découvert et selon son sens des priorités, elle met plus ou moins longtemps à regagner son abri-sous-le-canapé.

Évidemment ces croisement s'accompagnent du regard "mais enfin que faites-vous là, intrus ?" qu'elle maîtrise parfaitement !

Maia.jpg

Elle joue beaucoup "avec nous" en fin d'après-midi et nous sommes passés du stade où elle voulait bien jouer à partir du moment où elle pouvait faire comme si aucun humain ne tenait le fil à celui où elle accepte qu'on soit assis par terre. Elle attrape ses jouets de dessous le canapé, nous jette parfois un regard outré, mais continue à jouer, et ce malgré le raffut de Lomalarchovitch.

Je vois ça comme un bon signe.

Nous avons un petit rituel de la gourmandises, une fois Lomalarchovitch couché. Je lui préparer quelques petits morceaux de gourmandises (morceaux de jambon, de thon) que je lui offre, maintenant, sur le bout du doigt et qu'elle vient manger avec une tête de junkie hallucinée. Ou alors je lui fais un chemin vers une soucoupe posée près de moi. L'appel du délice étant plus fort que sa crainte, elle vient, par avancées/reculs successifs, et mange goulûment.

Si je suis seule, elle peut consentir à venir se percher ensuite sur un canapé, ou se mettre à l'affût de ma pelote. Si on est deux, elle reste plus discrètes, ça doit lui faire beaucoup, encore.

Bref. On s'apprivoise, jour après jour. Grands achievements et petits pas de saucisse [1].

Et participer à cette grande aventure que d'apprivoiser un être vivant, c'est puissant.

Note

[1] copyright Floh

dimanche 9 octobre 2016

Au moment de dormir

J'ai toujours adoré les rituels du coucher avec mes enfants. Il faut dire qu'ils m'ont fait le grand plaisir de m'épargner les longs mois de refus d'aller au lit que d'autres infligent à leurs parents, ça aide.

D'ailleurs, on se dit toujours la comptine de la nuit avec Cro-Mignonne, du haut de ses 10 ans et presque demi. Mes jours sont comptés.

Avec son frangin, le rituel du moment m'est particulièrement chouette. Je m'installe dans son lit, on lit une histoire. Je le vois suivre les images mais aussi les mots sur mes lèvres, un grand sourire impatient sur les siennes. Il guette le moment où je vais suspendre ma phrase et où il énoncera le mot ou la fin de phrase manquante, d'un air triomphant. Juste pour cette bouille, si vous saviez.

Ensuite on chante "Je t'aime" d'Anne Sylvestre. Qu'il finit parfois d'un "JE T'AIIIIIMMME" pas complètement harmonieux aux oreilles, mais totalement à mon coeur.

Et puis c'est la comptine rituelle, qu'on a fabriquée pour lui, puis, en ce moment, avant les bisous, c'est l'heure des mots bizarres (bolobolobolo ! Bidibidibidi ! Babebibobu !) qui le font hurler de rire.

On se fait les bisous de bonne nuit, les derniers je t'aime, je le laisse souriant et heureux, je ferme la porte souriante et heureuse.

Il n'y a pas une journée de merde qui survive à ce moment de complicité et d'amour, moi je vous le dis.

lundi 3 octobre 2016

Il y a 16 ans

J'ai toujours eu des animaux autour de moi. Des chiens, des chats, parfois en nombre, parfois juste un de chaque.

J'ai adoré avoir des copains à quatre pattes tout au long de mon enfance, de mon adolescence, du coup, quand je me suis installée, j'ai pris un chat.

Une chatte, plutôt, une demoiselle Willow très foncée avec une tache couleur soleil sur un côté du visage.

Il se trouve qu'en même temps que le chat est entré dans ma vie le père de Cro-Mignonne. Qui y est allergique. Alors j'ai dû donner le chat quand j'ai choisi de garder le gars, et quoi qu'on en dise pour la suite, ça a donné ma fille alors. Que regretter ?

Bref, ladite fille est asthmatique et pleine d'allergies, alors malgré son désir brûlant d'un matou à elle et ce depuis qu'elle sait articuler le son "miaou" (à savoir son plus jeune âge), c'était non. Et donc il y a 16 ans que je n'ai plus d'animal poilu.

Du coup quand sa pneumologue, eu égard à la belle amélioration de sa capacité respiratoire, au fait qu'elle est en garde alternée et donc dans un milieu sans chat une semaine sur deux, à son absence de réaction pendant des séjours dans des maisons à chats et à sa grande maturité sur la prise des traitements a dit "ok".

Un ok sous conditions, notamment celle de prévoir l'idée que ça ne se passe pas bien, mais ok.

Alors samedi on est allés à la SPA, on a fait la rencontre d'une très jolie chattone de sorcière, noire aux yeux verts/jaune avec une micro tache blanche, belle, timide et curieuse.

On a cru qu'on allait devoir l'attendre un peu mais dimanche, on nous a appelés pour nous dire que la stérilisation serait pour plus tard, qu'on pouvait venir la chercher.

Et depuis hier on a un chat sous les meubles (avec un épisode : trônant sur l'arbre à chat, qui me paraît de bon augure pour la suite).

La pauvre qui connaît peu les humains, elle doit se demander ce qu'est l'engin blond piaillant qui appelle "Maïa ! Cachée Maïa !", mais j'ai pu la caresser du bout des doigts, elle a mangé un peu devant moi... on y croit ! La force du thon et de la patience seront avec nous.

Et comme un chat noir sous un meuble, c'est pas archi photogénique (déjà que les animaux noirs, c'est pas facile à photographier), vous aurez des photos... quand la demoiselle sera d'accord !

lundi 26 septembre 2016

C'est long, la rentrée

Alors il y a eu la phase vertiges, on va dire que c'est en voie de résolution, peu ou prou.

Il y a les enfants qui reprennent leur rythme. Ça va environ tout seul pour l'une, moins pour l'autre qui, entre sa mère à la maison pendant une semaine puis son père qui reprend le chemin du boulot trouve que c'est bizarre et moins marrant que tout le monde en même temps dans la piscine (je ne lui donne pas tort).

Et puis les retrouvailles avec la halte-jeux et son lot de microbes et autres virus.

On voit qu'on gagne un peu de résistance immunitaire, il a mis trois énormes semaines à attraper son premier rhume. Très costaud, le rhume, vu qu'il nous l'a gentiment distribué.

Nous voici donc épuisés par nos rentrées, les réveils à 6h15, les microbes, à gérer le rhume d'homme d'un bébé de deux ans tyrannique.

On aura pas fini de la digérer, cette rentrée, que ça sera déjà la Toussaint, j'ai l'impression.

Bref. C'est l'heure d'aller bosser.

mercredi 21 septembre 2016

Comment Noé a mangé le sandwich du SDF

L'autre jour, j'avais rendez-vous chez l'ORL-qui-m'a-dit-que-tout-va-bien à l'heure du déjeuner.

Mon Enchanteur m'y a gentiment accompagnée, et comme j'avais pris l'après-midi en congé, nous avions prévu de rendre visite à une amie après.

Entre les deux, une urgence, se nourrir, et plutôt vite.

Nous voilà donc, guillerets et rassurés, un peu affamés aussi, devant le McDonalds[1] de la gare de la ville où nous étions.

Devant le dit fast-food, un monsieur me demande une pièce. Que je n'avais pas, comme souvent, j'ai rarement de la monnaie sur moi. Il me demande alors si je peux lui payer un sandwich alors j'ai dit oui, et même un menu, on est entrés.

Mais maintenant chez Mc Do il faut commander sur une borne ! Or, ma connaissance des menus est si faible que je me retrouve comme une poule qui a trouvé des bretelles. Je propose donc au monsieur de choisir ce qu'il veut. Il cafouille lui-même un peu, mais au final, nous voici partis dans la (longue) attente de nos menus. A table. Je crois que je ne vais pas me remettre du fait d'aller au Mc Do et d'attendre qu'on me serve à table.

Quoi qu'il en soit, voici nos plateaux. Avec mon menu, celui de l'enchanteur, celui du monsieur et un burger de plus. Je me dis que bah, il doit avoir faim.

Pas du tout, il constate la présence d'un sandwich en trop !

J'ai donc trouvé la deuxième personne du secteur après moi inapte à se servir d'une borne.

On a échangé quelques politesses sur qui mangerait le sandwich, je lui ai proposé de l'emporter, il a refusé poliment. Et du coup après son menu, c'est Noé qui a mangé le sandwich (commandé en trop) du SDF. Le vil !

Quoi qu'il en soit c'était un de ces moments où la conscience du privilège est forte. J'étais contente de servir à quelque chose ce jour là et me suis sentie très maladroite. En lui proposant de s'assoir avec nous (je me disais qu'il devait se faire lourder plus souvent qu'à son tour et que manger assis, c'est plus cool, mais ça se trouve il n'avait pas envie, ou ça le gênait et il n'a pas osé refuser), en ne trouvant pas de sujet de conversation sans me dire que j'allais l'embarrasser avec un air de Bécassine Béate qui descend de son petit nuage rose.

Bref.

On était côte à côte dans des mondes violemment distincts. Je ne suis pas sûre que ça soit le monde de mes rêves.

Note

[1] C'est un truc un peu particulier, je n'aime pas le Mc Do, mais une fois par an je suis prise d'une envie dévorante d'un menu chez eux. J'en sors déçue et mal nourrie et le cycle repart pour un tour.