L'autre jour, j'avais rendez-vous chez l'ORL-qui-m'a-dit-que-tout-va-bien à l'heure du déjeuner.

Mon Enchanteur m'y a gentiment accompagnée, et comme j'avais pris l'après-midi en congé, nous avions prévu de rendre visite à une amie après.

Entre les deux, une urgence, se nourrir, et plutôt vite.

Nous voilà donc, guillerets et rassurés, un peu affamés aussi, devant le McDonalds[1] de la gare de la ville où nous étions.

Devant le dit fast-food, un monsieur me demande une pièce. Que je n'avais pas, comme souvent, j'ai rarement de la monnaie sur moi. Il me demande alors si je peux lui payer un sandwich alors j'ai dit oui, et même un menu, on est entrés.

Mais maintenant chez Mc Do il faut commander sur une borne ! Or, ma connaissance des menus est si faible que je me retrouve comme une poule qui a trouvé des bretelles. Je propose donc au monsieur de choisir ce qu'il veut. Il cafouille lui-même un peu, mais au final, nous voici partis dans la (longue) attente de nos menus. A table. Je crois que je ne vais pas me remettre du fait d'aller au Mc Do et d'attendre qu'on me serve à table.

Quoi qu'il en soit, voici nos plateaux. Avec mon menu, celui de l'enchanteur, celui du monsieur et un burger de plus. Je me dis que bah, il doit avoir faim.

Pas du tout, il constate la présence d'un sandwich en trop !

J'ai donc trouvé la deuxième personne du secteur après moi inapte à se servir d'une borne.

On a échangé quelques politesses sur qui mangerait le sandwich, je lui ai proposé de l'emporter, il a refusé poliment. Et du coup après son menu, c'est Noé qui a mangé le sandwich (commandé en trop) du SDF. Le vil !

Quoi qu'il en soit c'était un de ces moments où la conscience du privilège est forte. J'étais contente de servir à quelque chose ce jour là et me suis sentie très maladroite. En lui proposant de s'assoir avec nous (je me disais qu'il devait se faire lourder plus souvent qu'à son tour et que manger assis, c'est plus cool, mais ça se trouve il n'avait pas envie, ou ça le gênait et il n'a pas osé refuser), en ne trouvant pas de sujet de conversation sans me dire que j'allais l'embarrasser avec un air de Bécassine Béate qui descend de son petit nuage rose.

Bref.

On était côte à côte dans des mondes violemment distincts. Je ne suis pas sûre que ça soit le monde de mes rêves.

Note

[1] C'est un truc un peu particulier, je n'aime pas le Mc Do, mais une fois par an je suis prise d'une envie dévorante d'un menu chez eux. J'en sors déçue et mal nourrie et le cycle repart pour un tour.

Commentaires

1. Le mercredi 21 septembre 2016, 09:14 par Moukmouk

McDo très bourratif, mais je ne comprends pas comment on peut se sentir à la fois gonflé mais en ayant encore faim...Un mystère que je ne compte pas élucider...

2. Le mercredi 21 septembre 2016, 09:29 par Sacrip'Anne

Moukmouk surtout quand il existe de si bon hamburgers faits avec des produits beaucoup moins toxiques !

3. Le mercredi 21 septembre 2016, 09:33 par Tetsuo

Plusieurs expressions me font sourire :

  • la poule et les bretelles. Chez moi c'est la poule et le couteau ou la poule et le peigne. Finalement, ça marche aussi avec bretelles. ou crayon. Ou pendule.
  • l'air de Bécassine Béate. Celle là est géniale. Mais surtout forte de sens. Le gouffre qui sépare deux réalités, tellement profond qu'on a peine à comprendre ce qui a pu merder à ce point dans notre triste monde. Enfin, si, on sait, plus ou moins clairement. En fait, la profondeur du gouffre nous montre justement à quel point notre société a merdé et l'illustration concrète de cette réalité fait mal au bide...
4. Le mercredi 21 septembre 2016, 11:34 par Sacrip'Anne

Tetsuo je connaissais le couteau aussi, pas le peigne. Je vais la garder par devers moi :D

Bécassine béate, ça vient de Gilda :) Je ne voulais pas dire dame patronnesse parce que c'est tellement pas moi, mais dans l'idée, ça parle bien.

Et oui, ça fait mal au bide. Comment on fait pour prendre soin les uns des autres sans blesser autant qu'on fait mal ? Comment on fait pour réparer ce monde qui va mal ? Comment on fait pour survivre à se monde sans trop s'aveugler ?

Bref. Des bises, tiens !

5. Le jeudi 22 septembre 2016, 00:33 par gilda

À une époque lointaine avec deux collègues et amis (c'était au temps où des collègues pouvaient être des amis, la vie professionnelle n'était pas encore un jeu de téléréalité dans lequel il faut éliminer les autres) on allait de loin en loin au fast-food pour étalonner le pas-bon.
(et du coup pendant plusieurs semaine la cantiné nous paraissait hautement gastronomique)

C'est bien de lui avoir proposé, quand même, à ce monsieur, non ?
Ça me fait penser qu'il y a une dame souvent sur le banc devant la librairie et qui demande 2 € aux passants. Sauf que nous à force de la croiser on sait que c'est quelqu'un d'assez bien loti à la base, mais probablement sous tutelle et qui se sert des sous quémandés pour s'acheter des cigarillos (par ailleurs logée et nourrie dans une des nombreuses maisons de retraite cossues des environs). J'imagine sa tête si quelqu'un la croyant à la rue et affamée l'embarquait dans un fast-food. Parfois on voudrait bien faire et ça n'est pas simple. Et, oui : ce monde est violemment séparateur des humains.

6. Le jeudi 22 septembre 2016, 09:26 par Sacrip'Anne

Gilda ah ben si je devais recommencer, je recommencerai pareil ou à peu près, bien sûr. C'est juste que bon. Ma vie, la sienne.

Elle me fait bien rire, ta dame aux cigarillos !!

7. Le jeudi 22 septembre 2016, 09:30 par gilda

PS : En fait Bécassine Béate ça vient de Samantdi, de même que lorsqu'il m'arrive d'évoquer la vie de femme de footballeur (c'était son billet du 5 avril 2007, pour la Bécassine Béate j'ai perdu la trace). En fait c'est tellement moi dans plein de circonstances de la vie que je lui avais aussitôt demandé la permission de m'en resservir.

8. Le lundi 26 septembre 2016, 10:19 par Sacrip'Anne

Merci pour le re-crédit, gilda !

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