J’ai peu de goût pour les cadeaux-obligations, ceux dans lesquels on ne met rien de soi, où l’on se contente de cocher une case sur sa liste. Ceux derrière lesquels on se cache en disant : « C’est l’intention qui compte, hein ! »
Bah non. C’est l’attention qui compte.
Et ce n’est pas si courant, dans la vie, d’avoir justement l’idée de quelque chose qui plairait à l’autre. Il y a toujours une sorte de pari — des paris, même : celui de louper le coche, de ne pas avoir réussi à transmettre… l’intention.
L’autre jour, une amie me disait : « Offrir un livre, ce n’est pas un cadeau personnel. »
J’ai ri, parce que si.
Enfin non — pas si on attrape le premier bandeau rouge venu, au prétexte que l’autre aime lire.
Mais je pratique depuis longtemps avec ma mère — et assez assidûment ces derniers temps avec pas-ma-mère — une forme de communication très particulière, à base de : « Si tu es comme je crois que tu es, tu vas sans doute aimer ce livre qui m’a fait de l’effet. » Croyez-moi, c’est personnel. Pour moi, ça l’est, en tout cas.
J’adore quand surgit l’idée d’un cadeau pour quelqu’un. J’ai autant de joie à préparer mon méfait que, j’espère, la personne à qui il est destiné en aura à le recevoir. Et souvent, c’est ça aussi, le cadeau : l’attention particulière, la pensée qu’on a pour l’autre, ce que ça dit de notre histoire partagée.
En ce moment précis, je me consume d’impatience et d’excitation à l’idée de voir une idée qui a pris forme. Encore plus à la transmettre à celle ou celui à qui elle est destinée.
J’aime, quand je reçois une attention, sentir la pensée de celui ou celle qui offre derrière. Cette espèce d’urgence à savoir si l’effet est bien celui espéré. J’ai de la chance, j’en reçois, des gestes d’attention. C’est parfois totalement immatériel, parfois pas.
J’espère que la personne à l’autre bout sent que mon sourire persiste absurdement sur mon visage — entre autres symptômes que l’attention a touché juste.
« Et c’est quoi votre budget ? » On s’en fout.
Parfois, ça ne coûte rien : c’est un moment partagé, un lien qui mène à quelque chose qui va nous réunir en pensées.
Parfois, ça se monnaie. Et là, on fait comme on peut. Mais la corrélation entre prix et pensée est rarement le principal critère de pertinence.
La date peut être très accessoire, aussi. Chaque occasion fabriquée se suffit à elle-même. On se fout des anniversaires et autres dates imposées, non ?
Ce qui est essentiel, c’est de savourer, quand on a dans sa vie, des gens qui sont touchés par ce qu’on leur offre — et qui nous touchent et nous surprennent en retour.
C’est toi, le cadeau, ai-je souvent envie de dire.