Sacrip'Anne

« Oui, je sais très bien, depuis longtemps, que j’ai un cœur déraisonnable, mais, de le savoir, ça ne m’arrête pas du tout. » (Colette)

samedi 24 février 2024

En vie

En vie. Ce truc puissant qui nous saisit la veille et le lendemain des grandes décisions [1], ou quand le tonnerre gronde fort dans nos vies. Ou les deux. La vie c'est maintenant, profitons.

En vie, en pleine décompensation, mais aussi vibrante d'envies. Oui, mais lesquelles ?

Dans une sorte de drôle d'entre deux, plus la vie d'avant mais pas encore celle d'après, je me replie souvent dans ma chambre. Chacun son territoire et c'est, de toute façon, mon endroit préféré. Il m'arrive de m'y sentir un peu recluse, confinée. Principalement, c'est aussi l'endroit où je prends du temps pour moi, pour lire, pour écouter de la musique. Ça fait presque 25 ans que ce que je fais des concessions musicales, il est temps de replonger dedans. J'y retrouve la joie de l'immersion d'il y a fort longtemps, j'explore puis je renoue avec ce qui me fait vibrer. En prenant à nouveau du temps pour vraiment écouter, sans autre activité parallèle. Ça m'avait manqué à un point que je n'avais pas réalisé.

Et pour le reste, de quoi ai-je envie ? D'équilibre, sans doute, entre les enfants, le boulot, les amis, les gens nouveaux à rencontrer, mais aussi des moments d'indispensable solitude[2] De rires, de joies.

Penser à l'avenir, aussi. Changer de boulot ? J'aime ce que je fais mais les conditions évoluent et les perspectives à moyen terme me laissent pensives. Ou alors attendre que le vent tourne en restant dans ma bulle ? Pas la tête à y penser sérieusement, encore.

Pour ma vie sentimentale, qu'est-ce qui me tente ? Sûre de rien, au moment où on se parle. Je me méfie de ma capacité à faire des déclarations fracassantes qui seront démenties dès la première surprise de la vie. Sans doute un peu désabusée par la vie adulte. Par tout ce qui transforme les battements frénétiques du cœur en soupirs ennuyés. Je ne sais pas si, demain, l'idée de mettre ce fort joli crush à l'épreuve de la réalité sera irrésistible. Ou si l'aliénation à un autre me semblera insupportable. Aucune idée, mon manque de clairvoyance à ce sujet étant connue, je me garderai bien, donc, de formuler quelque pronostic que ce soit. On verra bien.

En attendant, je sors, je m'échappe, je m'étourdis et me retrouve à la fois dans des rires amis et des pétillements d'yeux. Je rentre et m'emplis d'amour aux rires de mes enfants, aux ronronnements de mes chats. Je vibre aux émotions par art interposé. Je savoure la lumière, les gourmandises, les moments hors du temps et tout ce qui rend quelques instants hors du commun[3].

Et là, tout de suite, à l'instant où on se parle, je ne suis pas sûre que ça ne soit pas très grave de n'avoir d'autre plan pour la vie que de se la réapproprier. Contrairement à Maïa le chat dont le regard semble me demander "Kestchuvafer ?" (oui, j'ai un chat professionnel de l'affrication, c'est incroyaux).

Notes

[1] ou la veille des révolutions, dirait Julie Corrençon

[2] On ne dirait pas, car mon tempérament sociable est plus visible et parce que je suis très amatrice de choses cachées sous le nez des gens, mais j'ai besoin de calme et de solitude, régulièrement. Juste ce qu'il faut.

[3] Un jour un sociologue se penchera peut-être sur ces curieux humains du premier quart de troisième millénaire qui bondissaient aux vibrations des notifications, croyant recevoir un message, déçus par une pub, mais parfois rendus souriants par quelques mots.

mardi 20 février 2024

Les passeuses, les passeurs

Je faisais, l'autre jour, le constat que ma culture est... a... on a probablement le même caractère. Curieux. Mais capable de se braquer assez vite. J'ai grandi au milieu de livres dans lesquels il n'y avait qu'à piocher, entourée de musique, de films, de théâtre, autant dire que mon accès à l'art n'a pas été une lutte de chaque instant. Dedans j'ai picoré, connu de grands émois, quasi fusionné avec certaines œuvres majeures ou mineures, dans une grande liberté et avec beaucoup d'entrain.

Mes références se sont construites d'enthousiasme, de rencontres, de hasards. Pleines de trous, pleines d'envies [1]

En revanche, s'il y a bien un truc qui me fait fuir en courant, ce sont les discours de "sachants" (pas ceux qui sachent chasser en passant chez Sacha, non). Les dogmes. Il FAUT avoir lu. C'est une œuvre indispensable à écouter. Le dernier film détestable de machin chose. Les gens qui vous font descendre leur avis dessus comme un passage obligé, ça me met illico dans un état de rébellion avancée, dans lequel je pourrais prononcer à voix haute quelques insultes bien senties. Mais comme les sachants, parfois, sachent un peu, ou ont bon goût à l'occasion, je loupe des choses ou les découvre un million d'années plus tard que tout le monde. Il suffit de mettre le "Masque et la plume" cinq à dix minutes pour me voir me transformer en Hulk.

Ce qui n'empêche pas du tout d'adorer les recommandations. Les gens proches ou moins, qui pensent que quelque chose va te plaire et te mettent sur le chemin plus ou moins directement. Les gens à la culture infinie qui ont toujours quelque chose à faire découvrir, ressentir, qui donnent envie, tout simplement.

Du coup, souvent, l’œuvre reste attachée, dans un coin de mes souvenirs, au passeur ou à la passeuse qui me les a fait découvrir. Et ça ne rend le tout que plus joli. Encore plus précieux. Surtout si ça m'a plu.

Note

[1] d'ailleurs depuis hier soir, j'ai envie de relire au moins une partie des Rougon-Macquart, merci Franck, ça me réjouit à l'avance de retrouver mon cher vieil Emile !

jeudi 15 février 2024

Comment buter sa saboteuse intérieure ?

L'autre jour, au travail, privée de mon ordinateur, je faisais une fantaisiste to do des tâches en cours dans ma vie, et comme je prends internet pour mon psychanalyste, l'ai postée dans la foulée sur les réseaux sociaux. Dans les items en cours mais pas cochés : "Buter ma saboteuse intérieure". "Mais comment tu fais ça ?" me demande-t-on à divers endroits.

Pas. La. Moindre. Idée.

L'escroquerie de ce titre est donc totale.

Mais quand même, je constate. Après un bas vertigineusement bas en fin d'automne, un autre en janvier, je l'ai fréquentée de près, ma saboteuse intérieure. Et elle m'a bien bien gonflée.

J'ai donc décidé que j'avais l'âge et la détermination pour lui péter la gueule proposer un plan de carrière avec une légère reconversion.

Il me semble qu'il est vain d'attendre que nos contradicteurs internes ferment leurs grandes gueules. J'ai donc décidé de nommer la mienne conseillère en catastrophisme. De la remercier poliment des faits qu'elle porte à mon attention parce que, tout de même, c'est gentil d'être venue et d'avoir pris la peine, tout ça. Et de la faire attendre dans un boudoir reculé la prochaine occasion.

Après tout cette saboteuse, elle est un bout de moi. Née des injonctions des uns, des interprétations que j'ai pu faire. D'une envie générale de plaire ou complaire. D'obtenir de l'approbation, de la crainte de ne pas mériter l'amour ou l'affection qu'on me porte.

Rien que de très banal, en somme.

Ma saboteuse, je lui dois des trucs assez pratiques, quand même. Ces stratégies de survie en milieu hostile qui font croire à la terre entière que j'ai un sens de l'organisation hors du commun. Alors que je suis la fille qui a perdu ses clés dans un congélateur. Alors voilà, elle a fait ça. Trouver des hacks pour compenser mon poil dans la main et ma tête dans les nuages. Ca marche pas mal. Elle a un peu viré control freak, les années de jeunes enfants, mais mon naturel reprend solidement le dessus, ces derniers mois. L'équilibre me plaît pas mal. Il me sauve la peau à fréquence élevée et me laisse de l'air à respirer.

Probablement je lui dois d'autres choses aussi, l'absence de peur à me coltiner à mains nues avec le difficile, entre autres. Enfin non, ce n'est pas une absence de peur. J'y vais mais j'ai peur. Mais j'y vais. Ce genre d'ambiance.

Merci. Mais non merci pour prendre le dessus et me faire vivre dans l'illusion que ce qui n'est pas perfection, chez moi, je peux le cacher, le grimer, le rendre invisible aux yeux du monde.

Simultanément, vous, gens bien intentionnés, vous êtes promus. Je vous nomme conseillers en toutes bonnes choses. Vos avis, mots gentils, vos regards, j'ai décidé de les prendre au premier degré. Après tout, c'est vous qui me voyez de l'extérieur et je ne suis pas si bonne comédienne. Personne n'ayant intérêt à flagorner (je n'ai aucune influence sur vos vies ou vos comptes en banques), je considère, désormais, que vous dites la vérité et qu'elle est incontestable.

Lundi c'était l'épreuve du feu, ça se jouait au physique. Une tenue qui m'a valu des compliments, pour lesquels j'ai vaguement pensé "mais ça ne peut pas être vrai que ça me va car je suis grosse et que ça se voit". Et ben merde. De quel droit je retire à mes chers collègues leur droit à me trouver à mon avantage malgré ce "détail" anatomique, hein ? Donc j'ai dit merci avec un grand sourire et savouré la gentillesse des mots.

Quant à l'horrible personne que je suis mais tout le monde l'ignore sauf moi, j'ai fini par considérer que si, vraiment, personne n'était au courant, c'est qu'il devait y avoir une raison. Je ne suis pas la seule sorcière de mon entourage, voyez-vous.

Faites gaffe néanmoins [1], si vous vous risquez à me dire des douceurs, je veux vous croire, maintenant.

Alors j'écris ça comme j'ai écrit bien d'autres choses, au fil des années. Mais ces jours-ci ça va plutôt bien, entre moi, et j'espère que ça va durer parce que c'est assez... agréable, de se vouloir du bien. On est con, hein ?

Et vous, jolies personnes qui partagez mes jours, de près, de loin, "en vré" ou en ligne et même un petit peu de tout ça, je vous souhaite à vous aussi d'être, un peu de temps en temps et si possible de plus en plus souvent, en paix avec qui vous êtes. Car vous êtes magnifiques.

Note

[1] oreille en plus

dimanche 11 février 2024

Votre âme qui palpite au creux de ses mains

Je ne sais pas s'il existe un mot pour décrire ça. L'intimité ? Oui, dans une certaine mesure. Une sorte de sommet dans l'intimité, alors. La sensation que vous avez quand quelque chose vous touche de si près que vous en frissonnez. Ça peut être de la musique, des mots, des images. Ça peut être aussi la proximité d'une autre personne.

Vous savez ? Le battement de votre cœur, lourd, bas dans la poitrine, animal. Le souffle en écho. La sensation de plénitude. D'absolu. Vous venez de déposer vos 21 grammes tout palpitants au creux d'une paume. Un doigt l'effleure et au cœur de cet instant, c'est comme si l'autre savait tout de vous et que c'était la plus juste chose qui puisse vous arriver à ce moment-là.

Il y a des gens avec qui on sait, que cet instant est partagé, qu'il ou elle ressent le même genre de choses.

D'autres pour lesquels on ne perçoit que la partie qui nous concerne.

Pour autant que vous sachiez, l'autre est peut-être, si près de votre essence, en train de faire sa liste de courses.

Ça n'a finalement pas une si grande importance, d'ailleurs. Comme un orgasme solitaire né de la pensée d'un(e) autre, c'est peut-être vous qui imaginez l'essentiel. Mais le plaisir est bien réel.

Et puis la redescente. Le manque de ce qui vous a rempli si fort. L'envie d'y retourner. La sagesse qui vous murmure que la vie serait invivable si elle se jouait à ces hauteurs en permanence. Le retour au normal. Oui, mais bientôt, alors, d'accord ?

Parce que cette caresse-là sur votre âme vibrante, ça ressemble fort à un rendez-vous avec votre vie.

PXL_20240208_070305523.jpg, févr. 2024

mercredi 7 février 2024

La vrille

Je me fatigue, je me saoule. Je me suis mise au tas, toute seule, comme une grande. Sur un bout de conversation que j'ai lancé, en plus, merde. Pas vu la sortie de virage. Sur quelques mots je me suis mise à douter et j'ai passé la nuit à me demander si je n'avais pas, en toute légèreté, bazardé une douzaine d'années de vie commune par la fenêtre. Alors j'ai refait le film. Pour la millième fois, au moins. J'ai cherché tout ce que j'aurais pu faire de différent, tout ce que je n'avais pas essayé, pour éviter cette conclusion.

Evidemment je n'ai trouvé aucun élément neuf. Il se trouve que j'avais vraiment réfléchi, avant, au mal que je faisais, à la déception que je créais. Pour moi, pour lui, pour les autres. Parce que moi qui viens d'une famille heureuse, j'ai rêvé de ça, de créer la mienne. Un endroit où il se passe de jolies choses, où on a plaisir à se réfugier quand la vie est ce qu'elle est.

Et oui, j'en ai sacrifié, des choses, à cette envie. Et je m'en suis raconté, des choses, vous savez comme je suis douée pour prendre une minute de joli et cacher 23h59 de difficile et douloureux, derrière. Tout était vrai. Mais tout n'était pas dans le récit. Ceux qui savent se souviennent peut-être que dès le début, on a eu notre lot de choses difficiles. Je me souviens nettement d'avertissements bienveillants, aussi, dans la phase "juste avant". Je ne regrette rien, j'ai cru, pendant des années, au-delà du raisonnable, sans doute, qu'avec beaucoup d'amour et un cadre familial réconfortant, on aurait tous de la place pour s'épanouir. Le loupé est fatal. Le sentiment d'échec énorme. La culpabilité encore pire. Mais je crois, vraiment, profondément, que je ne suis pas la bonne personne pour continuer à apporter ça sans devoir effacer qui je suis au passage. Sans mettre à risque la mère que je suis pour mes enfants.

Alors voilà. On en a tiré le plus joli, de cette histoire. On a un enfant qui est impossible à regretter et pour qui on va continuer d'être des parents concertés et qui le feront passer par dessus toute autre considération.

Et moi je rebaptise mon projet : "avoir une famille qui est ma vie" en "avoir des enfants qui sont ma vie". De ce côté là, ça va plutôt bien.

---

Au-delà de ça je crois que ça n'est pas tellement la peine que je m'illusionne plus longtemps. Je crois que je suis strictement incompétente à faire entrer une chose aussi déraisonnable que l'amour dans un truc cadré et raisonné qui aurait un début, des passages obligés, des rites auxquels se plier. Je disais hier et je complète : je ne crois pas aux serments d'éternité, aux pour toujours qu'on signerait un vendredi matin à 9h31 et qui seraient strictement incapable de prévoir ce qui se passerait si... Je ne crois pas aux briseur(se)s de ménage, je crois que si une place s'occupe dans nos cœurs c'est qu'elle était disponible avant. Je ne crois pas aux ultimatums. Je ne crois pas à contraindre l'autre à devenir ce qu'il ou elle n'est pas. Je crois en l'amour gratuit, qu'on donne sans présumer de ce qu'on recevra en retour. Je crois en l'invention d'une relation qui fasse la place à chacune des parties concernées. J'ai des doutes sur la vie domestique partagée (j'adore l'intimité du quotidien, je déteste la charge ingrate qu'elle fait peser sur les sentiments). Je déteste les mariages, leurs symboles mignons et la confusion entre amour et administration de patrimoine commun (Tarquine va hurler en lisant ça, si elle lit).

---

D'ailleurs, pour vous dire à quel point je n'entre pas dans les cases, l'histoire qui m'a le plus guidée vers celle que je suis aujourd'hui, je ne l'ai jamais vécue. Il était (est toujours !) anglo-danois et barman au pub O'Sullivans de St Germain en Laye. J'avais ma résidence secondaire dans celui de Cergy. J'avais une vingtaine d'années, à peine. Je me suis pointée un jour avec une gueule de bois monumentale, il était en visite en vue de prendre un poste à Cergy. Il m'a demandé ce que j'avais bu la veille (un Long Island Ice Tea, probablement plusieurs, ne faites pas ça chez vous, les enfants). M'en a fabriqué un qu'il a fait glisser vers moi en me disant dans un français charmant "Le mal par le mal".

Je suis tombée amoureuse en un rien de temps et comme je n'ai jamais eu peur de mes sentiments, lui ai dit telle l'écorchée vive que j'étais déjà (pire, même). Et ben lui, pas. Mais il a accueilli tout ce qu'il pouvait sans me faire du mal. Il m'a fait découvrir Douglas Adams. Je pense que c'est moi qui ai mis Radiohead sur le tapis et lui les Pixies, mais je peux avoir inversé. On a beuglé sans fin sur Alanis Morissette. On a découvert Jeff Buckley ensemble, la mâchoire décrochée de stupéfaction. J'ai sur une cassette à la cave le message qu'il m'a laissé juste avant d'entrer dans son avion pour le Danemark, où il vit toujours. Il a perdu mes coordonnées. Je l'ai retrouvé, suis allée le voir, plusieurs fois. Il a rencontré sa femme qui m'a détestée immédiatement (alors que bon, si j'étais une menace, elle ne serait pas là, hein). On s'est fâchés. Je l'ai re-retrouvé. A une époque où Internet n'était pas ce qu'il est maintenant. On se voit une fois tous les dix ans, on se parle sporadiquement sur Facebook mais il n'oublie jamais mon anniversaire et j'ai son livre préféré (son exemplaire à lui, pas n'importe lequel) dans mes étagères. J'ai porté son parfum pendant 25 ans et d'ailleurs, je me suis levée il y a 5 minutes pour aller m'en mettre parce que la pensée de lui me réconcilie avec plein de trucs que j'ai foirés. C'est à cette date l'unique personne avec qui je peux écouter de la musique sans que l'un parasite le plaisir de l'autre. Et l'une des seules personnes qui ait pris qui je suis, sauf ça, sauf la possibilité d'une histoire d'amour (car de l'amour, il y en a. Une autre forme, maintenant), tout ce que je suis sans froncer un sourcil. Ca fait 30 ans et c'est toujours aussi important pour moi qu'il existe, qu'on se soit rencontrés et qu'on soit à un clic de pouvoir se parler. (Aux dernières nouvelles, sa femme me déteste toujours, toutefois).

Alors, une fois qu'on s'est dit ça, allez donc être raisonnable, avec des sentiments qui prennent une forme pareille. Rien n'est prévisible.

---

Donc j'ai passé la nuit à re re re réfléchir. Et je crois que je n'ai aucun regret, ni d'avoir vécu cette histoire en dépit des probabilités, ni d'y mettre fin. Avec toute la douleur que ça procure, d'arrêter de se raconter une vie qui n'est pas complètement réelle. J'admire, un peu envieuse, les amoureux.ses au long cours. Je ne suis pas naïve, je sais que tous les jours ne sont pas faciles, que tout le monde a ses crises et ses doutes. Mais c'est un truc qu'ils ont réussi et pas moi, de dompter le déraisonnable. Chapeau.

Et là, tout de suite, je me sens à la retraite sentimentale anticipée. Comme une vieille bagnole cabossée au fond d'une fourrière : qui voudrait ça ? Mais s'il prenait l'envie saugrenue à un type qui me plairait aussi de m'aimer, je crois que c'est le plus bel acte d'amour que j'ai à offrir. Ne pas promettre de "pour toujours" mais y croire tous les jours. Et si la vie n'est pas une pute, ça peut faire une sacrée série de jours. Mais ça, c'est (ou ça ne sera pas) une autre histoire.

Pardon aussi, j'ai conscience de me répandre indécemment sur les internets ces jours-ci. Ca m'aide à mettre un peu de clarté dans mon bordel intérieur. Je vais songer à me mettre au vert, à garder ça dans un coin. Ca suffit de vous peser dessus avec mes états d'âme.