J'avais trois gros chantiers cette année. Les deux premiers sont, à l'heure où j'écris ces lignes, gérés, derrière nous. Pas si mal en huit mois, finalement, non ? Sauf que. Le troisième résiste et pour le dire aussi clairement que je le peux : c'est l'enfer. Ca fait 11 ans que je me traîne le japonais comme un coloc' plus ou moins gérable. Ne nous mentons pas, si "chronique" comme dans maladie chronique commence par ch, exactement comme le mot chiant, ça n'est pas un hasard.
Donc après du mieux il y a eu du pire. On peut résumer les choses ainsi : depuis novembre dernier, il a dû y avoir deux petits mois (en plusieurs morceaux) où j'avais l'impression de tenir le bon bout. Le reste du temps c'est la lutte. Quand le sommeil revient je m'en réveille pas plus reposée qu'en y cédant. Le reste du temps, j'ai l'occasion de voir de très beaux levers de soleils tôtifs, ou des nuits sombres.
J'en ai parlé parfois, ça n'a RIEN à voir avec le manque de sommeil d'une semaine de fête. Ni même des premiers mois d'un nourrisson non dormeur. C'est un truc écrasant qui vous vrille le cerveau. Enfin je crois qu'il y a assez de maladies qui génèrent de la fatigue pour me dire qu'entre toutes celles-là, j'ai de la chance de vivre avec mon japonais, plutôt qu'un autre. Mais quand même.
Je tiens parce que je ne peux pas m'écrouler.
Je tiens à coup de fake it until you make it. Je tiens parce que j'ai les gènes de ma mère.
Je ne sais pas si on meurt d'hypothyroïdie, mais je ne serai pas surprise qu'il y ait des gens qui se soient fait sauter le caisson à force des idées de merde qui tournent dans la tête à force de fatigue aiguë.
Donc voilà. J'ai de la merde dans la tête en permanence et ça me prend une énergie de dingue de lui résister. Je dis de la merde, je fais de la merde. Je suis sûre que j'ai laissé passer plein de trucs chez les gens que j'aime parce la plupart du temps, je suis hallucinée de fatigue.
Ok, le fait de chercher à être plus têtue que la maladie et de battre le pavé pour passer de bons moments n'aide pas. En fait si, ça aide, mais pas complètement.
Je ne sais pas demander de l'aide, je l'ai déjà dit[1]. Et puis je ne sais pas bien de quelle aide je pourrais avoir besoin : on va encore tâtonner jusqu'à trouver le bon dosage. 4 à 6 semaine à chaque fois pour avoir une idée, parfois provisoire, de ce qui marche ou pas. Espérons que la prochaine sera la bonne.
Mais de l'aide qui ne soit pas médicale ? Aucune idée.
J'ai juste hâte de ne pas me sentir comme une merde pendant plus de deux ou trois semaines. En attendant, je remets mon poker face, pour ne pas faire flipper les enfants, pour ne pas "déranger".
Et si j'ai fait de la merde avec vous, je vous prie de bien vouloir m'en excuser. Il y a des années où je suis pire que d'autres.
Note
[1] Et quand par miracle, je le fais, je me dis que la personne a bien assez donné pour que je l'emmerde encore, donc, bon.