Les aventures de Lomalarchovitch

lundi 27 octobre 2014

Billet anti nataliste

C'est magnifique, le déni.

Fantastique.

On se lance dans un projet amoureux, une envie d'étendre à un individu de plus nos capacités à aimer. On se souvient qu'on était, la première fois, tout à fait fatigués (même si on l'était chacun de notre côté). On se souvient que les couches, bah, c'est pas marrant, mais bon.

On se souvient de loin, avec des petites fleurs et des gazou-gazou gouzi-gouzi de partout.

Jusqu'à ce que ces petites choses potelées et bavouilleuses vous ramènent directement les pieds sur Terre, à une vitesse foudroyante.

Par exemple ce premier rhume, toujours trop tôt dans son histoire. [1]

Ce premier rhume où la chair de votre chair, non seulement malade, vous regarde avec toute la panique du monde dans les yeux, en mode "mais Môman, qu'est-ce qu'il m'arrive, j'me sens pas biiiiiennnnn ouiiiiiiiinnn !!!!!" (car le rhume n'affaiblit pas le décibel, bien au contraire).

Ce premier rhume vous permet de constater que dans un grand élan de "ma fille sait se moucher et soyons raisonnable, je n'aurai pas d'autre enfant", vous avez bazardé le tuyau de plastique gerbant mouche-bébé, ou vous l'avez refilé au père de la gamine, on s'en fout.

Curieusement, pour ma part, j'avais complètement oublié l'avoir bazardé, donné, que sais-je. J'étais persuadée que cet engin du diable était encore dans nos murs. Nos relations ont été tellement conflictuelles que, des années après, je le vois encore à sa place dans la salle de bains, même en son absence.

Pourquoi ces visions ? Parce que truc, qui relie directement votre bouche aux orifices nasaux de votre bébé, vous propulse en quelques secondes du monde des bien-portants à celui des malades. Car si on recommande de se laver copieusement les mains en vue de limiter la contagion, on ne vous parle pas de ce tube à aspirer le rhume.

Certains escrocs vous la joueront en mode Tchernobyl. Les microbes et autres virus s'arrêteront à la frontière dans le réservoir à morve gluante.

Comme vous n'êtes pas nés de la dernière pluie, vous comprendrez très vite que c'est pas plus vrai que pour le nuage radioactif et vous ferez, comme moi, provision de rhinadvil (car oui, au moins, on peut prendre des médicaments en se faisant croire que ça va nous guérir, autant qu'on peut avec un rhume).

Or donc ce foutu mouche-bébé a disparu. Heureusement j'en ai un modèle "poire" dans la trousse de toilette du bébé tout neuf. Le mouche-bébé aussi est tout neuf.

3 minutes plus tard, force est de constater que ça aspire autant que les genoux de ma grand-mère coupent.

Évidemment le rhume s'est déclaré après la fermeture des commerces à proximité. Il faut donc parer au plus pressé, telle la survivor de la maternité. Fabriquer un aspirateur à morve avec l'embout de la poire et une paille, par exemple. Constater que ça ne marche pas, couvrir pudiquement le bout de l'embout qui va aller dans la bouche par une compresse pour éviter de s'avaler un gros paquet de mucus, fermer les yeux, faire une prière à Sainte Rita, savoir que dans 48 heures ça en sera fini de l'insolente bonne santé de la jeune parturiente.

Aspirer.

Recommencer.

Plusieurs fois dans la nuit.

(Avoir beaucoup envie de vomir, aussi).

Le lendemain, dès l'ouverture, envoyer quérir un mouche-bébé dégueulasse du diable qui sera quand même moins pire.

Dans le même temps, lancer un benchmark auprès des jeunes mères du bureau sur les mouche-bébé électriques, sujet sur lequel, perso, je me suis beaucoup interrogée lors des premières années de Cro-Mignonne. Mais que je n'avais jamais tranché, comme la prose ci-dessus vous en aura convaincu.

Aux premiers signes d'arrière-nez-gorge qui pique, se jeter sur le premier site marchand et commander, avec livraison premium en express dans l'heure, que dis-je, dans le quart d'heure qui vient !

En vrai, attendre la livraison avec une impatience teintée de curiosité.

Recevoir l'objet juste avant un bib, lui coller des piles. Envoyer une pipette de sérum phy dans les narines de l'héritier. Aspirer électriquement.

Constater que ce putain d'objet très cher est quand même aussi efficace que celui par aspiration, finalement.

Se désoler pour tous les rhumes chopés à aspirer le nez de sa fille.

Faire une prière à Sainte Rita pour que sur les 3 millions 975 mille 499 rhumes à venir dans les 4 prochaines années, l'Objet Miraculeux m'en épargne quelques uns.

Faites des gosses, qu'ils disaient. Encore un coup des labos pour nous faire bouffer du médoc qui sert à rien.

(Pardon, Lizly, je sais que pour toi c'est trop tard. J'ai tardé, je ne voulais pas être celle qui te le dit. Mais moucher son môme, c'est un coup à rester nullipare, si on Sait).

Note

[1] Il faut dire que la frangine, toute nourrie au biberon qu'elle était, n'a pas fait son premier rhume avant 6 ou 7 mois. J'espérais que l'envie de lui ressembler, tout ça. Que dalle. QUE DALLE !!! Cet enfant est ingrat.

samedi 27 septembre 2014

Jamais au grand jamais !!!

Jamais !

Il ne faut jamais au grand jamais dire sur les internets qu'on a un bébé facile, ça porte la poisse !

Le nôtre, après avoir ajouté des complications aux biberons pendant trois jours, a arrêté de dormir le jour pendant trois autres ! Et tout ça pour quoi ?

Parce qu'il a trouvé ses bras. Et ses mains. Et qu'on ne sait jamais, pendant qu'il dort, ça pourrait ne plus marcher, de lever le point, le faire descendre entre ses deux yeux plus ou moins délicatement, descendre jusqu'à la bouche, tétouiller son poing, recommencer. Recommencer TROIS CENT DOUZE MILLE FOIS DE SUITE BORDEL !

Donc après la grande journée du nervous breakdown d'hier où il a dormi, en tout, 3/4 d'heures dans l'après midi et hurlé quasi une heure consécutive, j'ai résolu : je ne dirai plus jamais qu'il est facile. Tant pis pour lui.

Je dis ça, mais ses rires en formation au fond de sa gorge, ses sourires charmes "how you dooooouin ?", son sourire extatique quand on remonte son mobile, son air content de me voir quand il se réveille, tout ça...

Bref.

Fatigués. Parfois excédés. Mais pas mal heureux, faut dire.

vendredi 12 septembre 2014

Vous le nourrissez ?

Alors j'avais complètement oublié cette expression.

Je l'imagine volontiers très un peu datée car la plus jeune des dames qui nous a posé la question doit avoir allègrement passé le cap des 70 ans.

"Vous le nourrissez ?"

Comment résister à la tentation ?

Comment répondre sérieusement à cette question ?

On a pensé très fort le "non, ça coûte trop cher", le "ah bon, il faut ?", le "non, mais on l'arrose beaucoup" (palme de la meilleure réponse à ce jour, décernée à mon Enchanteur).

Je sais bien que c'est une façon pudique de ne pas parler de boobs, hein.

Mais dans le genre héritage hypocrito-con venu du fond des âges, quand même.

Donc oui, on le nourrit. Mais sans nichonnage. Et vu sa courbe de croissance et son insolent bien-être, il a l'air de survivre plutôt bien.

vendredi 5 septembre 2014

Mais ça c'est bien passé, bordel, euh !!!

Je reviens sur cette histoire de césarienne.

Je savais, parce que plusieurs amies sont passées par là, y compris dans des temps où mes projets de maternité n'étaient pas encore formulés, que certaines femmes vivaient très mal cette façon de donner naissance.

Et je précise directement dès le début de ce billet qu'il n'est aucunement question pour moi de nier leur souffrance ni les raisons pour lesquelles elles en viennent là. Chacune digère ce qu'elle peut de sa vie, son entourage, la pression social et son monde intérieur, chacune réagit différemment, et si certaines femmes souffrent, il faut les aider à passer le cap.

Pour ma part, ça n'est pas le cas du tout.

Au contraire, l'accouchement par voie basse de l'aînée reste encore, plus de 8 ans après, un souvenir douloureux, violent, compliqué. L'autre jour je me disais : bon ben au moins, je n'aurais plus à avoir peur de comment va se passer l'accouchement, je m'arrête là, et cette pensée était directement liée à la naissance de ma fille.

J'ai mis un mois à pouvoir formuler que je la trouvais magnifique à haute voix, un an à pouvoir raconter cet accouchement. Et quelques années de plus à me dire que bon, oui, je pouvais faire un autre enfant, tant pis, au pire je meurs sur place mais j'aurais connu la joie (j'exagère à peine).

Autant pour son frère, j'ai été tout de suite plongée dans le bonheur de profiter de lui (à part les agrafes un peu douloureuse et les changements de position à négocier avec un peu d'attention les premiers jours, j'avais à peu près oublié qu'on m'avait ouvert le ventre moins d'une semaine après). Je me suis sentie disponible pour lui, pour moi, pour son père, sa soeur et son frère, très rapidement et on profite bien, malgré la fatigue inhérente à la présence d'un tube digestif trop mignon dans votre vie.

Du coup je suis un peu en décalage. Que ça soit le personnel de l'hôpital (visiblement, il est important pour eux de prendre en charge la fameuse souffrance au plus tôt, et je peux vous assurer qu'il ne se sont pas jetés sur le bistouri, la bave aux lèvres et l'envie d'en découdre, il ont pris le temps de s'assurer que c'était la meilleure option possible et avaient l'air désolés de m'annoncer que bon, il faut y aller, là), le médecin de la PMI, mais aussi les femmes qu'on croise et qui demandent si tout s'est bien passé.

Je réponds oui, avec enthousiasme. Si on en vient à constater que Lomalarchovitch est né par césarienne, j'ai en général droit à une exclamation horrifiée "ah mais il né par césarienne, quand même !". Ben oui. Mais du coup il est né vite, vivant, et moi aussi. Enfin pas vite mais vivante. Et en assez bon état pour l'accueillir rapidement mais dans une bouffée d'amour plutôt que dans un gémissement de souffrances.

Peut-être que je n'ai pas besoin de la preuve par le vagin pour être investie par ma maternité. Peut-être que chez moi, ça se joue autrement. Ou je ne sais quoi d'autre. Peut-être, on ne sait pas, que mon espèce de gros bon sens paysan me dit que si on pratique ce genre d'intervention depuis plusieurs millénaires, à force, ça devient quasi aussi naturel que le chemin prévu à cet effet ? (Je rigole, hein).

Tout ça pour dire : ça c'est, dans ma tête, dans mon corps, dans notre histoire de famille agrandie, dans mon rapport à mon fils, bien passé. Très bien, même. Et j'en suis heureuse et soulagée.

Mais je trouverais ça chouette, puisque j'ai l'intuition qu'il y aura des femmes pour en avoir souffert, dans les commentaires, que celles qui ont passé le cap et qui s'y trouveront aussi nous raconte, quel a été leur déclic, leur truc pour passer outre. Histoire que je ne me contente pas de vous balancer que je vais bien, mais que ça serve aussi un peu.

On y va ?