La vie et toutes ces sortes de choses

dimanche 11 février 2024

Votre âme qui palpite au creux de ses mains

Je ne sais pas s'il existe un mot pour décrire ça. L'intimité ? Oui, dans une certaine mesure. Une sorte de sommet dans l'intimité, alors. La sensation que vous avez quand quelque chose vous touche de si près que vous en frissonnez. Ça peut être de la musique, des mots, des images. Ça peut être aussi la proximité d'une autre personne.

Vous savez ? Le battement de votre cœur, lourd, bas dans la poitrine, animal. Le souffle en écho. La sensation de plénitude. D'absolu. Vous venez de déposer vos 21 grammes tout palpitants au creux d'une paume. Un doigt l'effleure et au cœur de cet instant, c'est comme si l'autre savait tout de vous et que c'était la plus juste chose qui puisse vous arriver à ce moment-là.

Il y a des gens avec qui on sait, que cet instant est partagé, qu'il ou elle ressent le même genre de choses.

D'autres pour lesquels on ne perçoit que la partie qui nous concerne.

Pour autant que vous sachiez, l'autre est peut-être, si près de votre essence, en train de faire sa liste de courses.

Ça n'a finalement pas une si grande importance, d'ailleurs. Comme un orgasme solitaire né de la pensée d'un(e) autre, c'est peut-être vous qui imaginez l'essentiel. Mais le plaisir est bien réel.

Et puis la redescente. Le manque de ce qui vous a rempli si fort. L'envie d'y retourner. La sagesse qui vous murmure que la vie serait invivable si elle se jouait à ces hauteurs en permanence. Le retour au normal. Oui, mais bientôt, alors, d'accord ?

Parce que cette caresse-là sur votre âme vibrante, ça ressemble fort à un rendez-vous avec votre vie.

PXL_20240208_070305523.jpg, févr. 2024

mercredi 7 février 2024

La vrille

Je me fatigue, je me saoule. Je me suis mise au tas, toute seule, comme une grande. Sur un bout de conversation que j'ai lancé, en plus, merde. Pas vu la sortie de virage. Sur quelques mots je me suis mise à douter et j'ai passé la nuit à me demander si je n'avais pas, en toute légèreté, bazardé une douzaine d'années de vie commune par la fenêtre. Alors j'ai refait le film. Pour la millième fois, au moins. J'ai cherché tout ce que j'aurais pu faire de différent, tout ce que je n'avais pas essayé, pour éviter cette conclusion.

Evidemment je n'ai trouvé aucun élément neuf. Il se trouve que j'avais vraiment réfléchi, avant, au mal que je faisais, à la déception que je créais. Pour moi, pour lui, pour les autres. Parce que moi qui viens d'une famille heureuse, j'ai rêvé de ça, de créer la mienne. Un endroit où il se passe de jolies choses, où on a plaisir à se réfugier quand la vie est ce qu'elle est.

Et oui, j'en ai sacrifié, des choses, à cette envie. Et je m'en suis raconté, des choses, vous savez comme je suis douée pour prendre une minute de joli et cacher 23h59 de difficile et douloureux, derrière. Tout était vrai. Mais tout n'était pas dans le récit. Ceux qui savent se souviennent peut-être que dès le début, on a eu notre lot de choses difficiles. Je me souviens nettement d'avertissements bienveillants, aussi, dans la phase "juste avant". Je ne regrette rien, j'ai cru, pendant des années, au-delà du raisonnable, sans doute, qu'avec beaucoup d'amour et un cadre familial réconfortant, on aurait tous de la place pour s'épanouir. Le loupé est fatal. Le sentiment d'échec énorme. La culpabilité encore pire. Mais je crois, vraiment, profondément, que je ne suis pas la bonne personne pour continuer à apporter ça sans devoir effacer qui je suis au passage. Sans mettre à risque la mère que je suis pour mes enfants.

Alors voilà. On en a tiré le plus joli, de cette histoire. On a un enfant qui est impossible à regretter et pour qui on va continuer d'être des parents concertés et qui le feront passer par dessus toute autre considération.

Et moi je rebaptise mon projet : "avoir une famille qui est ma vie" en "avoir des enfants qui sont ma vie". De ce côté là, ça va plutôt bien.

---

Au-delà de ça je crois que ça n'est pas tellement la peine que je m'illusionne plus longtemps. Je crois que je suis strictement incompétente à faire entrer une chose aussi déraisonnable que l'amour dans un truc cadré et raisonné qui aurait un début, des passages obligés, des rites auxquels se plier. Je disais hier et je complète : je ne crois pas aux serments d'éternité, aux pour toujours qu'on signerait un vendredi matin à 9h31 et qui seraient strictement incapable de prévoir ce qui se passerait si... Je ne crois pas aux briseur(se)s de ménage, je crois que si une place s'occupe dans nos cœurs c'est qu'elle était disponible avant. Je ne crois pas aux ultimatums. Je ne crois pas à contraindre l'autre à devenir ce qu'il ou elle n'est pas. Je crois en l'amour gratuit, qu'on donne sans présumer de ce qu'on recevra en retour. Je crois en l'invention d'une relation qui fasse la place à chacune des parties concernées. J'ai des doutes sur la vie domestique partagée (j'adore l'intimité du quotidien, je déteste la charge ingrate qu'elle fait peser sur les sentiments). Je déteste les mariages, leurs symboles mignons et la confusion entre amour et administration de patrimoine commun (Tarquine va hurler en lisant ça, si elle lit).

---

D'ailleurs, pour vous dire à quel point je n'entre pas dans les cases, l'histoire qui m'a le plus guidée vers celle que je suis aujourd'hui, je ne l'ai jamais vécue. Il était (est toujours !) anglo-danois et barman au pub O'Sullivans de St Germain en Laye. J'avais ma résidence secondaire dans celui de Cergy. J'avais une vingtaine d'années, à peine. Je me suis pointée un jour avec une gueule de bois monumentale, il était en visite en vue de prendre un poste à Cergy. Il m'a demandé ce que j'avais bu la veille (un Long Island Ice Tea, probablement plusieurs, ne faites pas ça chez vous, les enfants). M'en a fabriqué un qu'il a fait glisser vers moi en me disant dans un français charmant "Le mal par le mal".

Je suis tombée amoureuse en un rien de temps et comme je n'ai jamais eu peur de mes sentiments, lui ai dit telle l'écorchée vive que j'étais déjà (pire, même). Et ben lui, pas. Mais il a accueilli tout ce qu'il pouvait sans me faire du mal. Il m'a fait découvrir Douglas Adams. Je pense que c'est moi qui ai mis Radiohead sur le tapis et lui les Pixies, mais je peux avoir inversé. On a beuglé sans fin sur Alanis Morissette. On a découvert Jeff Buckley ensemble, la mâchoire décrochée de stupéfaction. J'ai sur une cassette à la cave le message qu'il m'a laissé juste avant d'entrer dans son avion pour le Danemark, où il vit toujours. Il a perdu mes coordonnées. Je l'ai retrouvé, suis allée le voir, plusieurs fois. Il a rencontré sa femme qui m'a détestée immédiatement (alors que bon, si j'étais une menace, elle ne serait pas là, hein). On s'est fâchés. Je l'ai re-retrouvé. A une époque où Internet n'était pas ce qu'il est maintenant. On se voit une fois tous les dix ans, on se parle sporadiquement sur Facebook mais il n'oublie jamais mon anniversaire et j'ai son livre préféré (son exemplaire à lui, pas n'importe lequel) dans mes étagères. J'ai porté son parfum pendant 25 ans et d'ailleurs, je me suis levée il y a 5 minutes pour aller m'en mettre parce que la pensée de lui me réconcilie avec plein de trucs que j'ai foirés. C'est à cette date l'unique personne avec qui je peux écouter de la musique sans que l'un parasite le plaisir de l'autre. Et l'une des seules personnes qui ait pris qui je suis, sauf ça, sauf la possibilité d'une histoire d'amour (car de l'amour, il y en a. Une autre forme, maintenant), tout ce que je suis sans froncer un sourcil. Ca fait 30 ans et c'est toujours aussi important pour moi qu'il existe, qu'on se soit rencontrés et qu'on soit à un clic de pouvoir se parler. (Aux dernières nouvelles, sa femme me déteste toujours, toutefois).

Alors, une fois qu'on s'est dit ça, allez donc être raisonnable, avec des sentiments qui prennent une forme pareille. Rien n'est prévisible.

---

Donc j'ai passé la nuit à re re re réfléchir. Et je crois que je n'ai aucun regret, ni d'avoir vécu cette histoire en dépit des probabilités, ni d'y mettre fin. Avec toute la douleur que ça procure, d'arrêter de se raconter une vie qui n'est pas complètement réelle. J'admire, un peu envieuse, les amoureux.ses au long cours. Je ne suis pas naïve, je sais que tous les jours ne sont pas faciles, que tout le monde a ses crises et ses doutes. Mais c'est un truc qu'ils ont réussi et pas moi, de dompter le déraisonnable. Chapeau.

Et là, tout de suite, je me sens à la retraite sentimentale anticipée. Comme une vieille bagnole cabossée au fond d'une fourrière : qui voudrait ça ? Mais s'il prenait l'envie saugrenue à un type qui me plairait aussi de m'aimer, je crois que c'est le plus bel acte d'amour que j'ai à offrir. Ne pas promettre de "pour toujours" mais y croire tous les jours. Et si la vie n'est pas une pute, ça peut faire une sacrée série de jours. Mais ça, c'est (ou ça ne sera pas) une autre histoire.

Pardon aussi, j'ai conscience de me répandre indécemment sur les internets ces jours-ci. Ca m'aide à mettre un peu de clarté dans mon bordel intérieur. Je vais songer à me mettre au vert, à garder ça dans un coin. Ca suffit de vous peser dessus avec mes états d'âme.

dimanche 4 février 2024

La coiffeuse et son chien

Avant de commencer à vous raconter quoi que ce soit, je dois dire que si ce billet peu intéressant vient à vos yeux, c'est totalement de la faute de Franck, qui me l'a demandé. Il se trouve que je vais, sous peu, voir ledit Franck (qui est par ailleurs le parrain de Lomalarchovitch) et qu'une privation de ses maamouls étant absolument inenvisageable, j'écris, donc. C'est aussi simple que ça.

Comme une grande partie de l'humanité, je n'aime pas trop aller chez le coiffeur. La musique, les papotages, les voisines de siège, le temps interminable. Comme une immense partie de l'humanité qui a les cheveux non-raides, j'ai une raison supplémentaire d'appréhender la coupe : "Attention ils bouclent, ça va remont... trop tard". Si vous savez, vous savez.

N'ayant pas franchi le cap de la tondeuse, je me suis adjoint les services de coiffeuses qui viennent chez moi, ce qui réduit considérablement le temps passé à cette tâche, me permet de choisir l'éventuelle musique et de choisir environ l'horaire qui me convient.

Bref, Stéphanie est venue. Stéphanie est déjà venue deux fois et sa première entrée chez moi a été l'occasion d'un long soupir de soulagement : elle a les cheveux bouclés. Elle ne les lisse pas. Elle SAIT.

La première fois elle m'a fait une coupe chouette. La deuxième : pas mal.

Pour être honnête j'hésitais avec un salon un peu luxe à 110 balles et le thé en plus, mais pas de place, urgence capillaire, bref, Stéphanie.

On se dit bonjour comment ça va, elle me répond ça va, je lui réponds ça va. On ne va quand même pas se dire comment ça va pour de vrai (c'est à dire pas très fort, ni l'une ni l'autre).

Installation. "On fait quoi ?" (ben on coupe, tiens). Et là je fais l'erreur fatale, absolue, qu'à mon âge je devrais avoir rayée de la liste des erreurs. Je réponds : "Comme la dernière fois, c'était bien".

Non parce que : les coiffeurs ne se souviennent plus, bien sûr. Ils voient des milliards de cheveux défiler sous leurs doigts / peignes / cheveux. On ne dit jamais "comme d'habitude" ou "comme la dernière fois" à ces gens-là sans prendre un maximum de risques.

"Ok, on enlève ça, donc ?" me montre-t-elle.

Ça me paraît un peu beaucoup mais je viens de rentrer de Marseille où tout est galéjade, et j'ai l'impression d'en avoir vraiment long sur la tête, donc je dodeline en forme de oui et wakatepe, l'affaire est faite.

C'est ce moment que choisir le chien, enfermé avec son maître dans ma chambre, pour aboyer.

Mon chien est une crème de gentil chien, une boule d'amour, 40 kilos de névroses affectives sur pattes, mais quand quelqu'un entre chez nous, il est con. On ne sait pas si ça tient de ses émotions débordantes ou de son éducation précédente, mais il se met à aboyer comme un sourd et se jette sur la ou les personnes concernées comme s'il avait l'intention d'en faire son repas. Vu ce qu'il mange, je peux vous garantir qu'il n'a pas faim. Mais bon, 40 kilos de muscles et des crocs de bonne taille, c'est assez efficace, comme dissuasion. Tout ça pour qu'il vous mette la tête sur les genoux dix minutes après en réclamant caresses, câlins et saucisson de l'apéro. Mais bon.

Bref, je m'excuse en son nom de l'impolitesse canine et là, j'entends le tremblement de sa voix.

"Le mien, j'ai dû lui dire au revoir lundi". A ce stade on a tous compris que c'était un euphémisme et qu'elle a donc fait euthanasier son chien, hein ?

Vous connaissez mon état du moment, ainsi que l'attachement que j'ai pour les bestioles. Je sens que ça va mal se finir.

Elle a passé la demi-heure suivante à couper compulsivement MON pelage tout en me racontant, minute par minute, les derniers jours de son épagneul. Les premiers signes. L'incapacité à se lever. L'animal coincé qui n'a pas réussi à bouger. Les gamelles boudées. Les pleurs et gémissement de douleur. L'inquiétude. La faiblesse. Le véto. La piqûre. Les 15 ans d'amour avec ce bon gros pépère.

C'était triste, la pauvre bête a visiblement souffert, et on a l'une et l'autre héroïquement réussi à ne pas pleurer. J'avoue que j'ai failli me mettre à sangloter au moment où l'assistante du vétérinaire lui a tendu l'empreinte dans le pâtre de la papatoune du toutou, juste avant qu'elle ne s'en aille.

On aurait vraiment dit une scène de film (je n'ai pas précisé si c'était un bon film, notez).

Et quand elle m'a tendu le miroir, je n'ai pu que constater, impuissante, que l'espace entre ses doigts pour me dire combien on enlevait était bien un peu grand.

Me voici avec la coupe d'un petit pâtre grec, aurait dit Colette. Je suppose que je vais m'habituer. J'ai la certitude que ça va repousser. Mais la prochaine fois je tente la toiletteuse, je pense.

mardi 30 janvier 2024

Une absence qui a pris sa forme

(Non, je ne parle pas de ma mère, elle va aussi bien que possible vu les circonstances et vient de m'envoyer un SMS)

Il y a quelques semaines (? mois ?) j'ai fait un rêve étrange, bien que parfaitement réaliste. L'une des personnes qui me fait du bien m'attendait, délicieuse surprise, à la sortie du métro, dans le froid piquant d'un matin d'hiver, pour un café avant de démarrer nos journées respectives.

Rien d'affolant. Rien de prémonitoire non plus, au vu des 7 894 raisons pour lesquelles ça n'arrivera pas.

Sauf que mon cerveau, ce tordu, a commencé à raisonner en baignoires remplies par des robinets qui fuient et en trains qui se croisent - ou pas - pour m'expliquer que non, ça n'arrivera pas. Parce que si généralement j'arrive par Liège et repars par Saint Lazare, j'y transite très tôt. Qui se lève et travers Paris pour aller prendre un pauvre café à peine avant 8 heures du mat, dites moi ? Personne.

En plus, il suffit d'une ligne 13 récalcitrante pour que je change d'avis et arrive, finalement, par Saint Lazare ! Ou que, comme ce matin, la rame se plante à Place de Clichy pour ne pas en repartir, ou pas tout de suite, et que je décide de m'octroyer une promenade dans la nuit parisienne. Et même si j'arrive bien à l'endroit prévu, il y a une fourchette d'une bonne quinzaine de minutes, sans compter les effets Ile de France Mobilités, dans laquelle je peux arriver.

Pof, on se loupe. A presque tous les coups on se loupe, finalement. Le drame (mon cerveau est une drama queen).

(D'ailleurs, pour votre gouverne, la rue Moncey est fermée pour cause de travaux, ces jours-ci. Si vous voulez vous offrir un moment insolite à Paris, je vous recommande donc de la prendre en marchant, d'un pas décidé, bien au milieu de la chaussée, le manteau flottant au vent derrière vous. C'est tellement kiffant que les passants vous sourient, c'est dire).

Bref. Nous n'explorerons pas les 7 893 raisons beaucoup plus sérieuses pour lesquelles ce moment n'existera jamais que dans mon rêve, cette nuit-là.

Mais quand même, à chaque fois que j'émerge, essoufflée, des 5 volées de marches qui mènent du quai à la surface, il me semble voir une absence qui a pris sa forme.

Croyez en vos rêves, qu'ils disaient. N'importe quoi.

(La prochaine fois je vous parle de mon chat qui est un mec toxique ou des goûts musicaux de mes voisins Polonais, ça sera plus raisonnable).

mercredi 24 janvier 2024

Le bon endroit où pleurer à Paris

Ca fait deux fois en assez peu de temps que j'expérimente ce phénomène urbain tout à fait étonnant.

Le meilleur endroit où pleurer à Paris, c'est le réseau de transports en communs.

Clairement le bureau est assez contre-indiqué. A la maison il faut endosser son costard de parent, autant que faire se peut. Au téléphone ça rend la communication peu fluide. Oui, bon, la nuit, au fond de son lit. Pour ma part je trouve qu'un lit, c'est le meilleur pour un tas de choses mais pas pleurer.

En revanche, si les larmes se mettent à couler de vos yeux, silencieuses, même abondantes, vous pouvez être parfaitement sûre que personne ne vous interrompra. Ni pour vous demander si vous avez besoin d'aide, d'un kleenex, ou même d'un verre d'eau.

Non, on vous laissera pleurer, tranquillement, au calme. Plus ou moins encadrée par les voisins, selon le remplissage de la rame. Parfois un regard vous scrutera (inquiet ? indiscret ?), mais c'est tout. Pile au moment où le quotidien domestique et le professionnel vous lâchent la grappe. Pile le moment où vous avez le cerveau moins occupé.

Alors voilà, mon conseil, si vous voulez ouvrir les vannes et pleurer un bon coup, que vous y avez accès, allez pleurer dans le métro. Ultra moderne solitude garantie. Et parfois c'est ce dont on a besoin, pendant un moment, un court moment.