J'ai dû me faire, ces jours-ci, un aveu qui ne m'a pas plu du tout.
Imaginez-vous bien que, depuis 49 ans — bientôt 50 —, je me promène avec cette sorte de résilience à toute épreuve : dure à cuire mais sensible quand même, capable de me remettre sur pied, blablabla, bullshit and so on.
Bon.
J'ai constaté que je gérais moyennement bien la tristesse, en ce moment.
Enfin, on se comprend. La paire d’années 2023-2024 est passée par là, terrifiante à plus d’un point de vue : crainde de perdre ma mère, perdre un ami, me jeter à corps perdu dans une nouvelle tranche de vie, galérer tellement à trouver le bon dosage de la bonne molécule que j’ai cru, parfois, ne plus jamais me sentir bien.
Vous allez vous foutre de moi, mais ça prend du temps de se remettre, figurez-vous. Y a pas un jour youpla, tout va bien à nouveau, ou presque.
Il y a du mieux qui gagne, petit à petit. Et puis des jours sans, avec ou sans raison évidente.
Et des jours tristes, parfois.
Pas un drame.
Avant, quand j’étais triste, j’étais juste triste. Je pleurais toutes les larmes de mon corps, s’il le fallait. Je traînais mon drama le temps qu’il fallait, en général quelques heures, quelques jours, et puis c’était reparti.
Maintenant, quand le flot monte, je sens mes épaules remonter jusqu’à mes oreilles, tout mon corps se crisper, et un cri du cœur qui dit : « Oh non, putain, ça revient. »
Une sorte d’onde de choc qui n’en finit plus de se propager en cercles concentriques — mais dans l’autre sens (je fais les images bizarres que je veux, c’est mon blog, bordel).
Fort heureusement, ça passe. De plus en plus vite, j’ai l’impression. Mais ne nous portons pas la poisse avec des constats trop optimistes.
On change ; je n’ai plus de super-pouvoir pour contrer la tristesse.
On vieillit ; les stocks d’insouciance sont de plus en plus bas chaque année. Raison de plus pour en fabriquer dès qu’on peut. Ne serait-ce que quelques secondes.
Commentaires
Tristesse, fatigue, souvent les deux vont ensemble. Une bonne thérapie, c'est le repos et l'air marin ;-)
Je plussoie Gilsoub ! Je viens de passer 10 jours dans "leur" merveilleuse Bretagne et ça m'a requinquée. La joie est arrivée immédiatement quand j'ai vu la mer, enfilé ma combi et marché dans les vagues.
Cependant, dès le retour sur Lille, le poids là est réappararu quasi instantanément... Bon, j'espère faire durer un peu l'effet quand même mais cela me préoccupe.
Y-a-t-il un lien avec la courbe de digestion ?
Des bises du Nord.
Gilsoub en tout cas la fatigue empire la tristesse, c'est sûr. J'arriiiiiive !
Lysa non mais j'arrive dans la maison de Gilsoub lundi, pas la peine de me vendre l'article !!! (Oui, non, pas tout le temps, le lien). Bises !
Je plussoie tellement. En fait, j'ai constaté que les épisodes de blues d'autrefois ont été remplacés par des épisodes de sérénité aujourd'hui...
Je plussoie également les commentaires sur le changement d'air... Faudrait au moins partir et s'échapper un semaine par mois.
Tiens, c'est drôle, j'ai jamais pensé à mettre ça sur le dos de la vieuserie. Un gros déni de ma part ? La vie est dure parfois pour les petites patates que nous sommes. On va se gaver d'amour pour recharger nos batteries (qui tiennent moins bien la charge, c'est vrai)
J'ai mal écrit mon nouveau pseudo sur le com précédent, déso.
Orpheus ou, dans un registre moins coûteux, aller au ciné, voir une expo. Laisser quelque chose d'extérieur remplacer la bête rongeuse qui nous dévore le nombril par l'iintérieur.
Alana ouiiiiii on va en mettre partouuuuuuttt !! Je pense que c'est lié à la vieillerie dans le sens de "on a cumulé plus d'expériences et on sait que ça va retomber" et pas comme d'une question de dégénérescence, mais après tout, qui sait ?
Gérer la tristesse, tout un programme. Elle ne nous a pas évité ces dernières années et je me prépare encore à la suite. Car dans l'équation, plus l'on vieillit, plus on risque d'être touché par la mort. Alors on essaie de se blinder...peine perdue car ça revient sans prévenir comme une vague et les larmes coulent.
Le plus dur à gérer c'est peut être le sentiment d'actes perdus, de choses qu'on aurait du dire ou faire autrement.
Pas de solution pour ma part, sinon se raccrocher au temps présent, à d'autres "challenges" et activités pour combler les manques. Et nous sommes riches de cette tristesse, aussi étrange que cela puisse paraître. Ne dit-on pas que les plus grands comiques étaient souvent des personnes marquées par la tristesse et la mélancolie ?
Didier (Iceman) c'est pour ça que j'essaie de dire ou faire ce qui m'est important quand je le peux, sauf si ça a de trop importantes conséquences sur la vie d'autres que moi. Et cultiver la joie, dès qu'on peut.
Le vieillissement, c est du bonus. Certes, la décrépitude guette et la société vous cloisonne vite dans votre classe d'âge. La tristesse est la pourriture noble de nos émotions. Perso, je la gère comme je peux, en me disant, ça va aller, resserre tout autour de toi la douceur, la lumière et les meilleurs leviers de joie. Ça va passer.
"alors la pierre qui pèse sur mon âme sera soulevée, elle retombera de tout son poids sur le passé, et l'empêchera de resurgir encore une fois". *
L'inquiétude est plus sournoise, plus envahissante. Plus présente au quotidien.
Creatinine oui, tout passera, bien sûr. Et cette citation est parfaite pour le dire. Je crois que c'est mieux ainsi, quoi qu'il en soit. (Et puis bon, je vieillis mais j'ai la chance d'en être à la partie encore plutôt jeune de la vieillesse - enfin tout dépend de par quel bout on regarde.)
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