mardi 30 janvier 2024

Une absence qui a pris sa forme

(Non, je ne parle pas de ma mère, elle va aussi bien que possible vu les circonstances et vient de m'envoyer un SMS)

Il y a quelques semaines (? mois ?) j'ai fait un rêve étrange, bien que parfaitement réaliste. L'une des personnes qui me fait du bien m'attendait, délicieuse surprise, à la sortie du métro, dans le froid piquant d'un matin d'hiver, pour un café avant de démarrer nos journées respectives.

Rien d'affolant. Rien de prémonitoire non plus, au vu des 7 894 raisons pour lesquelles ça n'arrivera pas.

Sauf que mon cerveau, ce tordu, a commencé à raisonner en baignoires remplies par des robinets qui fuient et en trains qui se croisent - ou pas - pour m'expliquer que non, ça n'arrivera pas. Parce que si généralement j'arrive par Liège et repars par Saint Lazare, j'y transite très tôt. Qui se lève et travers Paris pour aller prendre un pauvre café à peine avant 8 heures du mat, dites moi ? Personne.

En plus, il suffit d'une ligne 13 récalcitrante pour que je change d'avis et arrive, finalement, par Saint Lazare ! Ou que, comme ce matin, la rame se plante à Place de Clichy pour ne pas en repartir, ou pas tout de suite, et que je décide de m'octroyer une promenade dans la nuit parisienne. Et même si j'arrive bien à l'endroit prévu, il y a une fourchette d'une bonne quinzaine de minutes, sans compter les effets Ile de France Mobilités, dans laquelle je peux arriver.

Pof, on se loupe. A presque tous les coups on se loupe, finalement. Le drame (mon cerveau est une drama queen).

(D'ailleurs, pour votre gouverne, la rue Moncey est fermée pour cause de travaux, ces jours-ci. Si vous voulez vous offrir un moment insolite à Paris, je vous recommande donc de la prendre en marchant, d'un pas décidé, bien au milieu de la chaussée, le manteau flottant au vent derrière vous. C'est tellement kiffant que les passants vous sourient, c'est dire).

Bref. Nous n'explorerons pas les 7 893 raisons beaucoup plus sérieuses pour lesquelles ce moment n'existera jamais que dans mon rêve, cette nuit-là.

Mais quand même, à chaque fois que j'émerge, essoufflée, des 5 volées de marches qui mènent du quai à la surface, il me semble voir une absence qui a pris sa forme.

Croyez en vos rêves, qu'ils disaient. N'importe quoi.

(La prochaine fois je vous parle de mon chat qui est un mec toxique ou des goûts musicaux de mes voisins Polonais, ça sera plus raisonnable).

mercredi 24 janvier 2024

Le bon endroit où pleurer à Paris

Ca fait deux fois en assez peu de temps que j'expérimente ce phénomène urbain tout à fait étonnant.

Le meilleur endroit où pleurer à Paris, c'est le réseau de transports en communs.

Clairement le bureau est assez contre-indiqué. A la maison il faut endosser son costard de parent, autant que faire se peut. Au téléphone ça rend la communication peu fluide. Oui, bon, la nuit, au fond de son lit. Pour ma part je trouve qu'un lit, c'est le meilleur pour un tas de choses mais pas pleurer.

En revanche, si les larmes se mettent à couler de vos yeux, silencieuses, même abondantes, vous pouvez être parfaitement sûre que personne ne vous interrompra. Ni pour vous demander si vous avez besoin d'aide, d'un kleenex, ou même d'un verre d'eau.

Non, on vous laissera pleurer, tranquillement, au calme. Plus ou moins encadrée par les voisins, selon le remplissage de la rame. Parfois un regard vous scrutera (inquiet ? indiscret ?), mais c'est tout. Pile au moment où le quotidien domestique et le professionnel vous lâchent la grappe. Pile le moment où vous avez le cerveau moins occupé.

Alors voilà, mon conseil, si vous voulez ouvrir les vannes et pleurer un bon coup, que vous y avez accès, allez pleurer dans le métro. Ultra moderne solitude garantie. Et parfois c'est ce dont on a besoin, pendant un moment, un court moment.

lundi 22 janvier 2024

I've got a feeling

Dire que j'ai les émotions en vrac, ces jours-ci, c'est sous-estimer la situation.

Déjà que je ne suis pas coutumière du tiède, dans ce domaine...

Certaines passent à travers une sorte de blob déformant et filtrant, mettent du temps à m'arriver (ce week-end il m'a fallu 24 heures pour comprendre si oui ou non, j'avais aimé un film, autant vous dire que niveau connexion avec moi-même, j'ai fait mieux). D'autres m'atteignent en décalé. Ma grande-sœur d'adoption, ma belle Luce, me commente la chimie du cerveau entre deux "tu veux un verre d'eau ?". Rien d'anormal, vu les circonstances, donc. Attendons que ça se rebranche doucement.

(Mon blob filtre déformant pourrait bien ressembler un peu à ça)
Photo de Diane Picchiottino pour Unsplash

La bonne nouvelle, s'il faut tirer de toute chose quelque chose de positif, c'est que je n'ai absolument pas la bande-passante pour m'auto-torturer. On verra ça plus tard.

L'autre bonne nouvelle c'est les bribes d'humanité pure qui circulent de certains d'entre vous à moi et inversement. Longtemps j'ai cru que donner du sens à sa vie c'était être Gandhi ou Mandela, Einstein à la limite. Je crois, maintenant, que rien n'en a, de sens, mais que tout l'amour, sous toutes ses formes, qu'on peut donner aux autres, toute la compassion, l'empathie, qu'on peut mettre à disposition, c'est ça, le truc qu'on peut laisser derrière nous (sauf quand on est un génie, évidemment, mais ça n'est pas mon cas).

Je me demandais ce matin comment ça allait se passer, au bureau. Pas la tête à ça et capable de fondre en larmes si on me propose un café.

Pour le moment ça va. Je me souviens des mots de Laure (la grande sœur de Luce, y a pas de hasard, et ma grande grande sœur d'adoption, donc, vous aurez suivi) qui me disait, quand j'étais enceinte pour la première fois, qu'on prétend que le cerveau des femmes est à 50 % consacré à fabriquer un bébé. Mais que, je la cite immodestement "avec ce qu'il nous reste, il y a largement assez pour faire tourner les affaires courantes", ou quelque chose de ce goût là.

On va dire que ça marche aussi pour ça.

I've got a feeling, chantaient les Beatles du haut de leur toit. Bande de gros malins, va.

Je ne relis pas sinon je pleure.

lundi 1 janvier 2024

Le changement c'est (presque) maintenant

Voilà, c'est le jour symbolique où la terre entière présente ses voeux.

Alors bonne année, et que le bonheur vous entoure. Vous êtes si beaux, quand vous brillez de bonheur.

Ici 2024 sera une année de transition. De séparation (déjà initiée depuis quelques semaines). D'ici quelques mois, d'ici à ce que les ados aient fini de bachoter, le nombre d'habitants de la maison descendra de cinq à trois.

En attendant, transition, cohabitation.

Je compte sur vous pour épauler Noé, je compte sur vous qui êtes nos copains à nous deux pour ne pas vous prendre la tête (et oui, dans les prochains mois, vous pouvez même nous inviter ensemble, je promets de ne pas lui envoyer ma vaisselle à la tête). Je compte sur vous pour être les amis sur lesquels j'ai toujours pu compter.

Il n'y a pas de drame, pas de détestation, juste la vie, mon instinct de survie qui me hurle des choses que je ne peux plus ignorer.

Et la vie.

The kids are allright, comme disait l'autre.

Allez zou, un bouquet de gui, qu'on se fasse des bises qui portent bonheur.