mercredi 21 mai 2014

8

8 ans.

Elle a huit ans aujourd'hui. Elle aura 8 ans à 17h25 précisément. Elle pèse 25 kilos de plus qu'alors et mesure 75 cm de plus, environ.

Cette grande chose qui est mon bébé. Cette gaminette dans laquelle on devine déjà des morceaux d'elle au futur. Celle qui aime violemment, de tout son petit être, celle qui dédaigne d'un mouvement d'épaule ce qui ne lui plait pas, celle qui se passionne et celle qui marque son territoire.

L'autre soir elle renâclait qu'on lui mettait trop la pression pour l'école (au prétexte vrai que je lui suggère d'apprendre par coeur ses tables de multiplication, alors que la maîtresse les leur fait entrer par imprégnation. Reste de vieille école que je porte en moi ? Facilité de lui demander plus parce qu'elle peut tant ?). Bref, j'ai acquiescé à sa demande : tant qu'il n'y a que du point vert, je regarde les leçons pour me tenir au courant mais sans réviser ce qu'elle a déjà vu en étude. Ça paraît plus que raisonnable, à vrai dire :)

Bref, pendant qu'on parlait, elle me disait qu'elle trouvait dur de s'entendre dire qu'elle n'est pas parfaite. A quoi je lui ai répondu que personne n'était parfait.

"Toi, comme maman, tu es parfaite", me répond-elle.

Sourire et rires et démonstrations que non, mais que quand on s'aime, on s'aime justement autant dans ses imperfections, voire plus, que dans quoi que ce soit d'autre.

Plus tard je demandais à mon Enchanteur s'il avait enregistré ce moment précieux, pour que je me le repasse en boucle dans les années à venir.

Il m'a dit que non, puis a attiré mon attention sur quelque chose. Que même si à l'adolescence, il y avait sans doute eu quelques râleries, il ne m'entendait guère renâcler contre ma propre mère.

Forcément, ma maman, elle est parfaite. Ça m'a touchée fort qu'il fasse ce parallèle.

J'espère surtout que ces huit premières années auront été le moyen d'aider ma petite grande à trouver sa structure, à écrire la base de qui elle est.

Qu'à son tour elle devienne quelqu'un qui avance dans la vie avec la force de qui n'a jamais souffert de sa mère. Que je lui sois toujours une mère positive, aidante, accompagnante, qui qu'elle soit et quelle que soit sa réalité.

(En attendant, vivement ce soir, voir les frimousses réjouies et barbouillées au chocolat, la rondeur des joues encore pleines d'enfance, jouer avec les cadeaux et la voir rayonner du plaisir très attendu d'être la reine du jour).

mardi 24 juillet 2012

Poker face

C'est Snana qui m'a fait penser à ça, hier, en racontant sur Twitter comment malgré son expression neutre, sa fille s'était délectée à la découverte d'un bien joli nouveau mot (testicule, pour ceux qui se demanderaient, était le mot en question).

(Et après tout, testicule n'est pas un gros mot, pourquoi faudrait-il réagir spécifiquement à l'apprentissage de ce lexique de l'anatomie, hein ? :-D )

Donc je me remémorais des fois où j'ai entendu des déjà parents dire comme il était dur de se retenir de rigoler, parfois, quand l'heure est à la gronderie.

Pour ma part, j'ai tranché : je ris.

Et j'explique à ma fille que je ris parce que sa façon de réagir est drôle, parce qu'elle met de l'astuce à se sortir d'un mauvais pas, mais que je suis quand même fâchée de la bêtise.

Généralement, ça ne la dispense pas d'une explication de texte et des conséquences proportionnées à la dite bêtise, d'ailleurs.

Au final, je me dis que c'est, aussi, une façon de montrer que c'est contre la bêtise, qu'on est fâché, et que ça n'enlève pas l'amour qu'on porte à l'individu, et puis lui donner confiance dans sa capacité à se défendre, même si au final, elle se fait gronder quand même.

Et puis zut. C'est comme ça que ça se passe et que ça nous va bien, je crois.

jeudi 31 mai 2012

Usage et utilité des chaussures roses

Mes chaussures font, au bureau, souvent parler.

Non que j'arbore tous les jours des teintes éclatantes, mais suffisamment souvent, au moins à la belle saison, pour que ça soit mon "petit truc" (mon super pouvoir qui ne sert à rien : porter des chaussures qui font causer !).

Mes camarades qui sont des pipelettes et des petits curieux viennent de trouver, en dehors de l'occasion de création de lien et de bonne humeur, une nouvelle utilité à mes pompes.

En effet, les rares bureaux cloisonnés le sont de verre. Mais ! De verre pourvu de bandes dépolies dites "de confidentialité". Et elles portent fort bien leur nom puisqu'une fois les portes fermées, il est bien compliqué de savoir qui complote avec le chef est en réunion et donc pas disponible dans l'instant pour faire avancer le dossier sacrément stratégique de l'approvisionnement en café.

Une bonne partie de mon étage est donc devenu assez spécialiste en "à qui sont ces chaussures", en cette période de réorganisation échevelée que nous connaissons. Un fort bon moyen de gagner le pari du "qui est nommé où" ?

Or, quand c'est moi qui complote suis invitée à parler boulot par l'un de nos chefs... busted ! Ma façon de leur donner en loucedé des infos encore confidentielles ? ;-)

Du coup, pour les nouvelles, je n'ai pas trop hésité sur la couleur !

Pink Crocs !

(Cassedédi à ma môman, qui a les pieds de la même couleur !)

vendredi 9 mars 2012

La socialisation des filles

Mercredi soir, nous parlions (aussi) de la programmation des filles en matière de socialisation -au plus grand étonnement de ceux qui, partis plus tôt, en sont restés à de sombres histoires de friture ou de tricotin.

Nous en étions à constater que nous autres, filles, émettions des signaux en direction de garçons qui ne les voyaient pas, pour le plus grand effet comique quand on sait se raconter avec beaucoup d'auto-dérision, mais quand même, pour notre plus grande tristesse, parfois mutuelle, quand on se rate.

De fil en aiguille et en échange de micro bouts d'opinions sur twitter pour poursuivre la conversation, je me faisais la réflexion que, bien que pacha, un peu, mon papa n'avait jamais insinué d'aucune manière que ce soit que, étant née fille, il y avait des choses hors de ma portée ou des choses que je ne devais pas faire.

Et bien qu'adepte contrainte de la double (ou triple) journée, ma maman n'a jamais insinué qu'en tant que fille, je devrais faire ci ou ça, ou quoi que ce soit.

Pour autant, tout en ayant assidument donné dans le dire (ou plutôt écrire) plutôt que de rester dans le flou, quand il était question de commerce amoureux, ce qui n'a pas toujours porté ses fruits au demeurant, il m'a fallu arriver à l'âge avancé de 35 ans, 11 mois et 27 jours pour faire ce qui jusqu'à présent me semblait à moi, féministe convaincue, un truc "pour les garçons" : aller me servir à la source. Faire le premier pas. (Musique vaguement angoissante en arrière-plan).

C'est ainsi que l'Enchanteur qui ne l'était pas encore tout à fait et qui semblait fermement décidé à rentrer chez lui a finalement retardé un peu son départ, sur un mode "j'avais rien vu venir mais bon, laissons-nous faire" [1] [2]

Bref, tout ça pour dire que la société est forte à nous programmer et qu'il ne suffit pas de parents, d'une éducation non sexiste à la maison, pour sortir des stéréotypes qui sont les nôtres.

Notes

[1] enfin ça c'est ce qu'il me dit à moi. Et si vous arrivez à lui tirer quelques commentaires sur le sujet, vous serez très forts. Pour ma part, il m'arrive parfois de penser qu'il a été trop poli pour refuser et que maintenant il est tout empègué, ne sachant plus comment dire que oui, mais non. Fort heureusement, il a l'air plutôt satisfait de son sort et de ma cuisine, ce qui tend à me rassurer.

[2] C'est une blague, hein, il me semble qu'il est content pour de vrai de mon effronterie !!!