Sacrip'Anne

« Oui, je sais très bien, depuis longtemps, que j’ai un cœur déraisonnable, mais, de le savoir, ça ne m’arrête pas du tout. » (Colette)

jeudi 20 juin 2024

A propos de vulnérabilité (la vie ne s'arrête pas)

Plusieurs personnes pleines d'affection pour moi m'ont mise en garde, ces derniers mois, sur différents sujets (dont un !), en raison du fait que vu la quantité de galères sur mes épaules, j'étais vulnérable. Et donc il fallait faire gaffe à ce que je pense, vis, ressens, etc.

J'ai bien sûr ressenti toute leur amitié dans ces propos. Parallèlement, le germe d'une idée a fait son chemin depuis et je crois que je ne suis pas d'accord sur tout avec eux.

Déjà, il y a dans toutes les remarques, conseils, qu'on reçoit le biais de l'autre qui commente avec son vécu, son expérience, ses craintes et espoirs personnels, qui ne sont pas les nôtres, aussi proches qu'on puisse être.

Et puis, même si le cerveau humain est très bien conçu pour "oublier" cette donnée, on est vulnérables, tout le temps. Tout peut s'arrêter à chaque moment. Alors quoi ? On ne devrait jamais prendre de risques, de décisions, parce qu'on est très fragiles devant la vie ? Ca va vite tourner un peu végétatif, non ?

Sans philosopher sur l'infinitésimale pérennité de notre existence, c'est aussi quand ça dérape sérieusement et qu'on ressent à plein notre vulnérabilité qu'il y a plein de décisions à prendre. Quand on perd un proche, quand on s'approche très près de la mort ou que son ombre se fait juste un peu plus visible, il y a un paquet d'arbitrages un peu sérieux à faire, à un moment où on se sent probablement un peu plus fragile qu'à d'autres.

Et quoi ?

La vie ne s'arrête pas pour nous laisser reprendre nos esprits. La vie n'attend pas qu'on soit au calme, heureux, posés, insouciants à nouveau (si ça existe jamais).

La vie continue et tant qu'on peut, on fait pareil.

Et je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, avoir une haute conscience du fait que ça remue fort, que mon cœur est lourd et mon cerveau préoccupé, ça ne m'a jamais empêchée de savoir qui me fait du bien ou pas, s'il faut que je réfléchisse encore pour décider ou avoir un avis sur quoi que ce soit. Et je sais me débrouiller avec une dose raisonnable de complexité.

Alors oui, ami(e)s, je prends vos inquiétudes, vos peurs pour moi, vos avertissements comme autant de preuves d'affection.

Mais ça va aller, vous savez.

La preuve, je viens de racheter un fort coûteux aspirateur. Et ça me met en joie (c'est rarement moi qui l'utilise, notez bien).

mercredi 19 juin 2024

Les tout petits cadeaux qu'on se fait pour plus tard

Hahaha. Non je ne vais pas vous parler des places de concerts divers que j'ai achetées entre juillet et novembre, tant que mes finances étincelaient.

Je parle de ces petits gestes qui coûtent un peu d'énergie mais pas tant à un instant T et rendent la vie légère un peu après.

Par exemple, quand je rentre du marché, je me fais une petite séance équeutage de haricots / épluchage des épinards / écossages des petits pois. Le tout part dans des boîtes et le jour où j'ai besoin de les faire cuire, pas besoin de rendre du temps en plus pour tout préparer. Dans une semaine de travail de mère solo, c'est un certain luxe.

A chaque fois que je profite d'un de ces petits cadeaux, un sourire s'envole vers mon moi de quelques jours avant en forme de "merci ma vieille, je savoure".

(Et vous pouvez me parler de toutes les vitamines qui s'en vont etc, globalement, je m'en fous).

Quand on sort d'un long moment à subir la dernière minute (voire les heures trop tard) de quelqu'un d'autre, ça va au-delà du ménager, c'est une philosophie de vie qui reprend sa place.

Bref.

J'essaie de me faire plaisir.

vendredi 14 juin 2024

En apnée

Pardon, je me tais.

Depuis deux ou trois jours, je suis comme en apnée. Comme si un souffle de trop allait empêcher cette bascule de basculer.

Je l'attends depuis si longtemps que j'ai failli en devenir dingue, par moments.

La bascule bascule.

Dans le plus grand chaos. L'extrême lenteur, celle de l'absurde manque d'organisation et celle de la mauvaise volonté, à parts inégales.

Ca me laisse le temps de boucler une petite boucle avec un grand machin presque adulte.

Chaque seconde qui me sépare d'enfin accéder pleinement à ma nouvelle page m'est contrariété.

J'en peux plus.

Mais dans quelques heures la bascule aura fini de basculer. Moi de me retenir de respirer.

(Et oui, je sais, le contrecoup arrivera, et là aussi, je vais dire des conneries bruyamment, puis sortir la tête de l'eau et tout ira bien. Telle est la vie).

mardi 11 juin 2024

Un poisson nommé Wanda

Il y en a quelques uns parmi vous pour savoir que je suis victime d'une aberration linguistique.

Depuis fort longtemps, je crois que je vais comprendre l'italien sans jamais l'avoir appris.

Evidemment c'est complètement faux.

J'ai donc décidé de m'attaquer à ce problème et de voir par moi-même si mon affinité avec l'italien (la langue, pas Roméo, d'ailleurs j'ai connu un Roméo laid comme les sept péchés capitaux, donc bon). Duolingo, me voici.

Mes premières conclusions sont :

  • Duolingo, c'est pas mal du tout. Il manque à mon goût un peu d'explications sur la mécanique pour comprendre "comment ça ronronne sous le capot", mais qu'on trouve très facilement par ailleurs. On manipule dans tous les sens, donc la mémorisation se fait très bien, ça répète assez pour que ça rentre même si ça paraît compliqué en début de chapitre, c'est ludique et gratifiant. Donc après 15 jours d'utilisation quotidienne, je suis plutôt convaincue
  • Ca ne me semble pas très difficile de baragouiner quelques mots. A ce stade je peux commander une bière, du vin, du fromage, et même demander du fromage sur ma pizza. Les fondamentaux sont assurés. Je casse les pieds de mes collègues mais ils ont vécu pire.
  • Pourquoi j'ai choisi l'italien alors que j'adooooore Almodovar qui tourne plutôt ses films en espagnol, bordel ? Il va falloir que je replonge dans Fellini ?? (dans la vraie vie, si vous avez des recos de films / séries, je prends)

Je ne suis pas sûre de pouvoir parler vraiment bien un bel italien (toujours la langue, sinon j'aurais dit "à un bel italien") un jour, mais je m'amuse. Et puis j'arrive à un âge où il faut maintenir ses neurones occupés.

Rendez-vous prochainement pour une prochaine lubie de nature à vous faire ricaner derrière vos écrans ! Arrivederci !

jeudi 6 juin 2024

Perchée

J'aime à l'infini ces moments de calme matinal, perchée sur le toit parisien de mon bureau.

J'y suis seule, le plus souvent (ou alors saluée joyeusement par un travailleur matinal, homme de ménage ou alpiniste nettoyeur de carreaux).

C'est toujours beau, même quand il fait moche, paisible, à part les cris affamés des gabians.

Sauf grosse pluie, j'y prends un café très matinal les jours où je viens au bureau.

C'est un moment précieux, un instant apaisé avant la bataille. Quelques minutes pour moi seule, ou presque. La beauté de la vue se conjugue avec la possibilité, rare en ville, de voir loin.

Mes pensées tourbillonnantes se fixent un instant sur quelques salutations matinales (tiens, un rituel !), sur les morceaux qui passent dans mes oreilles. J'y suis souvent installée côté Est, pour voir le soleil se lever, entre autres.

J'y ai à l'occasion pleuré seule, avant l'heure de faire semblant pour le boulot. J'y ai aussi ri aux éclats à lire un message.

J'y remonte, parfois plusieurs fois dans la journée, avec mes collègues. Pauses joyeuses, réunions en plein air, les prétextes ne sont pas très difficiles à trouver.

La magie du beau opère à chaque fois.

Mais jamais autant que les matins qui ne sont solitaires qu'en apparence. Ils sont pleins de la pensée de gens qui me sont importants, de la ville qui s'éveille et de tout un tas de choses qui me rappellent que la vie nous réserve, même dans les pires de ses creux, quelques pépites dignes d'attention.