J'ai mal au monde.
Rassurez-vous, ça fait des années que j'ai arrêté de parler politique sur internet, ça ne change tellement rien, ça n'apporte tellement rien d'édifiant. Je ne suis ni économiste, ni politologue, ni assez intelligente ou assez cultivée pour que mes mots soient utiles à quoi que ce soit. Je ne sais même pas si j'ai raison de penser qu'on pourrait vivre mieux dans un monde où tout le monde trouverait sa place. Je ne sais même plus si je crois en la politique telle qu'on la connait aujourd'hui. pour être honnête.
Mais hey. Un arbre deux fois millénaire m'émeut aux larmes, alors on se doutait de tout ce que je viens de vous dire.
Juste : j'ai mal au monde, ou plutôt à sa population. A tout ce qu'on en a fait pour en arriver à un moment où on trouve que c'est une bonne idée que les gens qui décident des règles du jeu soient les bullies de la classe.
Je ne crois plus en grand chose mais je ne suis pas encore assez cynique pour m'en foutre. Sale période.
Alors voilà, la bulle a cédé, retour au monde normal, pas dans sa plus belle configuration.
J'ai déposé le petit à l'école pour l'une des dernières fois de sa vie (il n'est pas mourant, il lui reste 4 jours d'école élémentaire avant le collège). J'ai fait le tour du quartier à pieds, pour en sentir le pouls. Chez nous la députée sortante est réélue au premier tour avec un score qui fait, j'espère, un peu chaud au cœur à celles et ceux qui auront le plus besoin d'elle.
C'était étonnamment silencieux pour un quartier de 20 000 habitants ou presque. Le bruit des travaux et le silence des humains. Certes, il était déjà un peu tard pour les départs au travail, les travaux des écoles en ont déplacé les entrées et donc les cris matinaux.
Je suis passée devant la mini forêt (c'est la technique d'un japonais, je crois, il s'agit de planter un grand nombre d'arbres de certaines espèces précises dans un espace très restreint, ça créé une sorte de système qui fait que les arbres poussent plus vite, bref, j'irai prendre des photos des panneaux explicatifs si ça intéresse quelqu'un).
De fait, ça pousse dru. Les bébés arbres plantés il y a deux ou trois ans sont déjà quasiment à mi hauteur des "vieux" déjà sur place. De l'autre côté de l'immeuble, le square des acacias est à nouveau un ilot de fraîcheur et de verdure, 9 ans après son "remodelage", comme on dit en urbanisme, et la plantation de jeunes arbres à la place de vieux qui allaient très bien. Curieusement ça m'a mis du baume au cœur. Je crois que je vieillis comme Idefix.

Faites gaffe à vous, gens que j'aime. J'ai envie de vous serrer dans mes bras, de vous dire que ça finira par aller, qu'on va trouver moyen. Que l'intelligence humaine est rarement au rendez-vous mais quand elle l'est... ça peut être magnifique, aussi. Un jour je résoudrai ce conflit entre naïveté et cynisme à l'intérieur de moi, ça n'est pas aujourd'hui.
Pour le moment j'ai mal au monde. Ne serait-ce que pour le petit garçon géant qui pleurait dans mes bras hier soir en disant qu'il y avait tant de gens parmi ses préférés dont la vie risquait de brutalement changer...

