jeudi 31 août 2023

Mettez m'en quatre douzaines !

Or donc voilà. Je boucle une année de plus et pas n'importe laquelle.

Que s'est-il passé cette année ? Ma mère a eu deux cancers. Qu'elle a éradiqués, à l'heure où nous nous parlons. Pourvu que ça dure ainsi.

Ne nous trompons pas, c'est elle qui a été malade et c'est à elle qu'est revenu le plus dur des boulots, espérer que la médecine sauve sa peau. Ce qu'elle a fort bien fait, d'autant que plus les commentaires des blouses blanches insistent sur les résultats inespérés, plus on prend la mesure du fait que c'était bien mal engagé pour elle.

Mais quand même, ces maladies, elles en mettent aussi un grand coup à l'entourage. Du coup j'ai été une amie pas trop présente pour ma grande sœur d'adoption qui s'en est cogné un aussi. Impossible d'être trop près d'elle sans lui faire porter mes inquiétudes. Même sans dire un mot, elle aurait senti. Je suis sûre qu'elle sait pourquoi, j'espère qu'elle ne m'en veut pas trop.

J'émerge très (trop) lentement de ce gros choc à mon socle. Je suis à peu près sûre, même, de ne plus jamais être exactement la même. De mon côté aussi il y a eu des absents, des à qui on ne peut pas demander, des sur qui on aurait aimé compter mais qui se sont dérobés. Et puis celles et ceux qui ont été là. Mes sorcières et aussi une gratitude infinie à mon amie Joëlle qui ne sait même pas à quel point elle m'a tenue debout. Et mes chats, indispensables consolateurs.

Il y a aussi eu, dans tout ce bouleversement, de grands moments professionnels, cette année. Le constat que plus personne parmi ceux qui m'importent n'est à convaincre de l'utilité de ce que je fais. Un combat acharné de 10 ans de pédagogie et de conviction passionnée. Et donc j'ai encore passé l'année à travailler pour aider vos patrons à comprendre qu'ils n'ont rien à gagner à mal vous traiter. La route est longue et ne sera jamais finie, je crains. Mais à défaut d'être essentielle dans la littérature, au moins j'ai un petit sentiment d'utilité fugace, plus que si je faisais la même chose pour vendre des armes, en tout cas.

Et aussi plus légèrement des moments de grande écriture-rigolade, de grande camaraderie en équipe ou de jouissance absolue à répondre à un brief absolument chiant pour arriver à faire rigoler l'open space avec ce grand moment culinaire avec le produit fini. J'aime faire rire les gens que j'aime, même au bureau.

(Je suis la personne qui, quand on lui demande un article sur un sujet d'une platitude confondante, y case des pitreries du genre non, la tarte Tropézienne n'entre pas dans le cadre du régime Méditerranéen. Dénoncez moi si vous voulez)

(Oui, en plus, je suis fière de moi).

Un nouveau bureau qui me permet de profiter beaucoup plus de la vie Parisienne. J'adore.

Mon vieux comte Russe de pacotille (ou pas ?) et son homme de compagnie vivent aussi toujours dans un coin de ma tête. Parfois je note une idée, un bout de chronologie. Rien n'a vraiment avancé mais je ne l'ai pas oublié non plus.

Toujours régulièrement des voix pour encourager cette pente là (merci à vous), de l'écriture pour autre chose que mon patron ou mon blog. Jusqu'à présent j'ai été trop paresseuse et pas assez courageuse pour l'explorer. Mais tant qu'on est pas mort il reste une chance, non ?

Des rencontres aussi, plein. C'est marrant comme on passe des années à ronronner dans son coin et tout d'un coup une série de nouvelles têtes se pointent dans votre vie. J'aime ça. La cuvée 2023 n'est pas exactement du genre reposant, mais hey. Vivons. C'est tout ce qu'il nous reste.

Globalement, cette année, j'ai eu l'impression d'être lancée à pleine allure dans un virage dont je ne sais ni quand ni où il débouchera. Peut-être dans la continuité d'avant. Peut-être pas.

J'ai perdu une grande part d'insouciance mais je me suis réapproprié un grand bout de farouche et joyeuse indépendance.

On verra où nous mène la prochaine.

mardi 8 août 2023

S'il y a une chose que vous devez savoir sur ma conception du bonheur

Contrairement à ce que beaucoup pensent, la Méditerranée n'est pas une fille facile qui vous accueille à bras ouverts sans la moindre question. Fille du Sud, elle est aussi chaleureuse que colérique, aussi belle qu'imprévisible. Ne pas écouter ses humeurs est toujours une grave erreur.

C'est munie de cette sagesse ancestrale que j'ai patiemment attendu trois jours et demi (autant dire une éternité) que le Mistral tombe et que le soleil la réchauffe - un peu.

Ce matin, nous y voilà et à peine arrivée sur le sable, à l'endroit où la mer s'abat et se retire, une méduse. Puis une autre et une autre. Tous les deux pas, des méduses échouées. Et dans l'eau des dizaines de méduses pas du tout échouées et pleines de filaments hautement brûlants.

Autant dire que ma frustration est grande.

S'il y a une chose que vous devez savoir sur ma conception du bonheur, c'est que cette plage en fait partie. Les caresses du soleil tôt le matin et du vent sur la peau. L'entrée dans la Méditerranée, où je ne suis plus qu'une peau au contact de l'eau salée, libre, le flux des pensées calé sur le mouvement des vagues. Les joies qui se diffusent et les peines qui se dissolvent, pour rejoindre celles de milliers d'humains et de générations avant moi.

Ces étés de tablées familiales, à se nourrir de fruits et de légumes gorgés de soleil, de centaines de livres dévorées pendant les siestes à l'abri de la morsure du soleil, bercées par le chant des cigales. D'heures passées à regarder le vent circuler dans la cimes des pins parasols.

Les pieds sales du premier au dernier jour à force de marcher pieds nus dans le jardin aride et sablonneux, les extractions d'épine d'oursins à plat ventre sur la table de la terrasse, toujours flanquée d'un chien au moins, longtemps en mission pour ré apprivoiser une paire de chattes blanches efflanquées et retournées à l'état quasi sauvage.

Bref. qu'on me rende ma plage, c'est urgent.