mercredi 26 décembre 2012

De grandes tablées

Je viens d'une "petite" famille en nombre, qui plus est, mes cousines ont vécu l'essentiel de leur enfance à l'étranger, alors cette année, j'ai fait une découverte assez impressionnante.

Il faut dire, pour nous, le moment où on fêtera notre fin d'année, ça sera samedi, quand les enfants seront revenus, les grands-parents varois de Cro-Mignonne arrivés, les paternels du Lutin réunis pour l'occasion. Et là, enfin, on ouvrira les cadeaux. Parce que c'est quand même plus rigolo quand on le fait tous ensemble.

Or donc, on s'est gardé les soirées du 24 et d'hier en amoureux, mais j'ai été l'invitée de célébrations de fin d'année dans les deux familles de mon amoureux. Du genre nombreuses, NOMBREUSES, les familles.

Et mon premier constat est immédiat : une famille nombreuse, ça fait du bruit !

BEAUCOUP de bruit.

Et malgré la trève de Noyel, bien connue des marchands d'armes, on devine entre les blagues, les froissements de papiers, les verres entrechoqués, les histoires des uns, les alliances des autres, les fines frontières des clans, enfin bref. Dans une énorme grande famille, on le sent bien, y a bien des histoires.

Je dois dire qu'au delà de Noël, du moment, j'ai été très touchée de l'accueil chaleureux de certains qui me connaissaient à peine ou pas, d'une sorte d'adoption avunculaire qui s'est jouée en quelques rires, et de jolis mots.

(Mais quand même, le retour à une sorte de silence relatif, après, c'est reposant !)

mercredi 12 décembre 2012

Quand ça va bien

L'an dernier j'ai pas mal vitupéré, en vrai et ici, sur l'école de Cro-Mignonne.

Enfin sur son institutrice et sur la directrice.

Le passage à l'école élémentaire a été, de ce point de vue, très salutaire.

J'aime bien le style de la toute nouvelle directrice, taillée comme une bûcheronne autrichienne, elle a le second degré prêt à dégainer et un style rugo-souriant avec les élèves qui me réjouit et semble leur convenir. Aussi. [1]

Et puis elle est du genre à aimer le contact, le bavardage, facilitante et rassurante.

En somme, côté parents d'élèves, elle fait son métier.

Les quelques échanges avec les deux maîtresses (il y en a une juste pour le vendredi !) sont fluides et cordiaux, bref, une situation qu'on aimerait trouver normale et qui, apparemment, ne l'est pas tant que ça.

Spéculidou dans le gâteau (je déteste les cerises sur le gâteau), ceux qui savent semblent se réjouir de l'arrivée du Lutin Facétieux, et préparer efficacement son arrivée.

C'est chouwette, le CP !

Note

[1] Ca me fait d'ailleurs rire de voir Cro-Mi, récemment investie d'un mandat de déléguée des élèves, préciser qu'elle doit occasionnellement aller dans le bureau de Mme la Directrice mais sans être punie !

mardi 11 décembre 2012

Petite lectrice

Dès la rentrée, je crois qu'elle s'est sentie autorisée à savoir lire, alors qu'il me semble bien qu'elle avait déjà pigé le truc, avant.

Depuis elle a pris de l'assurance, et désormais, le soir, ce n'est plus moi qui dispense la page de lecture ou l'histoire, mais bien elle qui nous ravit de ses mots joliment déchiffrés.

J'adore le grasseyement de ses r quand elle fait le son des lettres des mots qu'elle ne connaît pas, ses petites intonations qui commencent à venir en même temps que la lecture, ses dernières rares hésitations sur les trucs compliqués du genre gn, son air triomphant à la fin de la page, son plaisir quand les soirs sans école du lendemain, elle est autorisée à lire un peu avant de dormir.

Je crois que ça, j'ai réussi, lui transmettre le plaisir de lire. J'en suis immensément heureuse pour elle.

vendredi 7 décembre 2012

A deux doigts de la révélation

J'ai cru le grand moment venu ce matin.

J'étais en train de tresser la chevelure de Cro-Mignonne, quand elle me demande : "Maman, tu t'y connais, toi, en Père Noël ?"

"Très bien, ma chérie, je m'y connais très bien"

"Parce que tu as travaillé avec le Père Noël"

"J'ai fait le Père Noël, ma chérie" (intensifions le "fait" histoire de... non Rien ?)

"Non parce que je voulais savoir s'il avait une boule de cristal pour voir les enfants pas sages".

Caramba. On y est pas encore.

J'aurais pourtant juré que ce début de CP aurait la peau de la légende du Père Noël. Mais elle voit débarquer des tonnes de cartons à la maison et dit que s'il y a mon nom dessus, c'est de la laine (!!!). Elle imagine boules de cristals et autres trucs.

Diagnostic : elle VEUT encore y croire ! So be it...

Et ça tombe bien, pour Noël, elle sera avec son Papa, celui qui trouve que les sapins et les décos, c'est chouette. Ici, à part les calendriers qu'une grand-tante gâteau leur a offerts, pas l'ombre d'une guirlande.

Soupir.

Je ne suis même pas sûre qu'elle me manque, cette prétendue magie de Noël.

lundi 3 décembre 2012

1=1

J'étais, dans mon jeune temps, dans le camp de ceux qui trouvent ça "plutôt pas juste". Mais qu'il y avait tellement pire ailleurs.

Plutôt pas juste de gagner moins qu'un homme à job identique, plutôt pas juste de devoir faire des choix impossibles pour concilier aspirations professionnelles et maternelles.

Plutôt pas juste d'entendre des "toi qui es une femme, blablablablabla".

Mais comme le fait d'être une femme ne m'a jamais empêchée de faire mes choix, je n'étais pas très militante. Je trouvais même que les féministes militantes y allaient un peu fort.

Et puis un jour, par hasard, j'ai vu un reportage avec des femmes pour objet. Pas des femmes-objet, hein ? Encore que.

Des femmes dans la cinquantaine. Dont le mari était mort, ou s'était barré sans donner d'adresse. Ou tout simplement retraités, et elles jeunes encore, les gamins partis ou quasi. Des femmes dans une merde noire parce qu'elles se retrouvaient avec pas assez pour vivre, pas de couverture sociale, pas de retraite, presque pas de possibilité de retrouver un job.

La faute à "s'être arrêtées de travailler pour élever leur(s) enfant(s)".

Ca m'a terrifiée. Et alors que je n'étais pas encore mère, je me suis juré que mon axiome de base serait que quoi qu'il arrive, il faudrait que je puisse assurer pour mes enfants et moi.

Ca m'a, aussi, paru très injuste. Ces femmes n'avaient rien fait d'autre que de faire un choix, éclairé par leur histoire familiale, le bon sens économique immédiat, parfois (vous savez ce que coûte la garde d'enfants...), la confiance envers leur conjoint. Bref. Elles ont reproduit un schéma qu'on leur a inculqué depuis toujours. L'homme est là pour pourvoir aux besoins de la nichée, toi, occupe-toi d'eux car seule une mère a les qualités pour faire des enfants réussis, en somme.

Elles ont fait un choix, mais dans quel mesure était-ce complètement un choix ?

Bref. De ce jour, je me suis nettement radicalisée dans mon petit féminisme portatif. Et à toutes les femmes qui répondent aux militantes que non, elles ne sont pas soumises et ne se font pas hurler dessus par leur mari quand le dîner n'est pas prêt [1]. Je voudrais aussi leur dire qu'il n'est ni question d'émasculer leurs hommes, ni de déclencher une haine des unes pour les autres.

Il est juste question de donner un VRAI choix à chacune. Économique, religieux, social, professionnel. Et que pour débarrasser ces choix potentiels, il faut bien faire évoluer les mentalités, les a priori.

Alors, à ces femmes, particulièrement, qui trouvent que les féministes ne sont que des hommasses hystériques prônant la haine de l'homme, je propose un petit jeu.

Dans les phrases suivantes, remplacez le mot "femme" par "noir", "arabe", "pédé", "juif", ou n'importe quel autre mot désignant un groupe humain présentant une caractéristique commune.

  • C'est un peu normal que les femmes n'aient pas accès aux mêmes postes que les hommes, quelle que soit leur qualification, elles font d'autres choix de vie.
  • C'est normal que les femmes n'aient pas le même droit d'expression que les hommes, elles n'ont pas leur culture politique.
  • Même si les femmes ont maintenant le droit de vote, il est normal qu'elles soient moins représentées que les hommes dans les postes importants des mairies, ministères, entreprises... elles n'ont pas les qualités qu'il faut pour diriger.
  • Seule une femme a les compétences pour élever un enfant [2]
  • Une femme qui se fait violer, elle a bien dû le chercher un peu quand même, on ne va quand même pas envoyer des gens en prison pour ça.

On peut multiplier les exemples ad lib... Mais si une seule de ces phrase dans une seule de ses versions, modifiées ou pas, sonnent un peu bizarre à vos oreilles, c'est une bonne nouvelle. Vous avez basculé dans le camp des gens qui trouvent qu'un être humain égale un autre être humain. Et que quelles que soient les inégalités constatées et leurs raisons, qu'il s'agisse de politique ou de préjugés, d'économie ou de religion, il faut les combattre.

C'est aussi simple que ça.

Notes

[1] je n'invente rien, j'ai lu des commentaires de cet acabit sous un papier de Libé. Je sais, il ne faut JAMAIS lire les commentaires sous les articles de la presse nationale, mais quand même

[2] Par compétences je ne veux pas dire "seins" mais bien "compétences"