lundi 21 février 2022

La chatière

En bonne mère poule inquiète du souffle nocturne de ses enfants asthmatiques, j'ai longtemps milité pour garder la porte de notre chambre entre ouverte pendant la nuit. Histoire d'entendre le moindre début de toux, de pleur, d'appel. Et puis je suis devenue une vieille dame insensible (hahaha). Mais nous avons recueilli des chats. Ceux qui savent savent quel est le rapport haineux qu'entretiennent les chats avec les portes fermées.

Maintenant que les enfants sont grands et tout à fait capables de venir nous réveiller en cas de problème, ils sont aussi, pour deux d'entre eux au moins, capables de se lever / laver / alimenter seuls le matin et partir pour le lycée. En revanche, le faire en silence ? Mission impossible. Quant à dormir porte fermée, c'est la certitude de se faire réveiller par des griffements furieux d'ObiWan, codépendant pathologique, en pleine nuit.

Bref, nous avons percé la porte de notre chambre pour y mettre une chatière (et j'imagine ceux d'entre vous hilares à cette idée et je suis ravie de vous offrir gratuitement cet instant de joie).

Le premier jour, les chats la regardaient avec des airs de mafieux russes, en train de se demander comment lui régler son compte.

Et puis à la faveur d'une fixation insuffisante, nous l'avons démontée pour ne laisser qu'un trou. Chats ravis. Nous moins car le bruit passe bien par les grands trous dans les portes.

Hier nous avons mis à profit l'énergie un peu retrouvée pour la refixer, correctement cette fois.

Têtes indignés. Regards courroucés de l'autre côté du panneau plexi.

Je vous vois nous traiter de cruauté animale. C'est donc le moment de vous dire que l'entrée de leur litière fonctionne sur le même principe de porte qui bascule et qu'il n'y a donc RIEN de nouveau sous le soleil.

Mes girafes de chats [1] sont bloqués sur leur indignation. Nous avons donc misé sur une familiarisation progressive en bloquant à l'aide d'une chaussette la partie basculante suffisamment ouverte pour qu'ils puissent entrer ou sortir. Sauf que ce crétin d'ObiWan a fait tomber la chaussette et s'est retrouvé du mauvais côté de la porte, à son goût, à deux heures du matin. Grand bruit.

Bref. A la fin on va gagner. Mais sachez, et riez à notre santé, que nous passons un bien trop grand nombre d'heures ces jours-ci à convaincre des chats de passer dans un dispositif conçu pour eux.

La vie est pleine de surprises.

Note

[1] pour ceux qui ne seraient pas familiers d'"Une saison au zoo", il se trouve que les girafes sont au moins aussi rétives que mes chats à la nouveauté

dimanche 13 février 2022

Le conflit de loyauté des chats

A la faveur d'un test Covid positif, la maison est, ces jours-ci, coupée en deux.

D'un côté le pauvre malade (qui va plutôt bien, c'est important de le préciser), qui a droit à l'immense canapé lit et à la grande télé moderne du salon. De l'autre ceux qui résistent et s'obstinent, au moins pour le moment, à rester négatifs.

Les chats, entre les deux camps, sont perdus. Inquiets comme des enfants coincés au milieu d'un divorce, ils vont de l'un à l'autre avec une petite mine malheureuse qui fend le cœur.

Chats en greve.jpg, févr. 2022 La première nuit, ils ont choisi le camp du malade et j'ai dormi en étoile de mer, absolument seule au milieu du lit deux places. J'avoue que c'est un peu mesquin mais j'ai savouré (je dois dire pour me disculper que le canapé lit est très confortable, et que je sais donc que mon pauvre Covidé y dort confortablement).

Certes j'ai bien eu quelques visites d'ObiWan pour me signaler que le reste du monde était ailleurs, t'es sûre que tu ne veux pas venir ? Mais quand même le grand calme.

Deuxième nuit : les chats ont choisi leur camp. Maïa a choisi celui du malade (à part une incursion à mes pieds en fin de nuit). ObiWan a finalement trouvé que la chambre c'était bien et s'est installé précisément au centre du lit. Au temps pour mon étoile de mer.

On sent néanmoins à leurs regards insistants qu'à leur yeux félins on fait : n'importe quoi. Je veux dire : c'est quoi la vie, la vrai, si ce n'est pas de faire le tas de chat qui se tient chaud ?

En attendant de retrouver l'unicité de lit et d'appartement, nous vivons dans un courant d'air (pour les non parisiens, il fait 1° une grande partie de la nuit et de la matinée. Nous déambulons donc (enfin pas trop, seulement quand on n'est pas enroulés dans nos couettes comme des nems surgelés) vêtus de collants en mérinos sous nos pantalons, de deux épaisseurs dont une, toujours, en mérinos, sous les polaires achetées pour le séjour en Bretagne (et qui remercie mon sens de l'anticipation, finalement ???!!). D'ailleurs j'écris ce billet avec des mitaines. Voilà où nous en sommes.

Bref, vivement qu'on soit tous positifs ou négatifs, mais qu'on en finisse.

mercredi 9 février 2022

Le thé de l'Avent mais après

Un mot d'abord pour vous dire que cette recrudescence et de billets est due à un jeune Gabin de ma connaissance. En raison de son existence dans nos vies, j'ai recommencé à mettre par écrit quelques petits bonheurs quotidien, pour son profit. Et comme j'ai parfois envie de faire plus long, vous avez droit à la version longue. On dit merci Gabin !

YogiTea.jpg, fév. 2022 Or donc, j'ai le grand plaisir depuis plusieurs mois de vivre ma vie professionnelle dans une équipe géniale. Toute le monde bosse bien, tout le monde s'entend bien. Je n'ai jamais vécu ça à ce point dans ma déjà un peu longue vie professionnelle et je savoure ça chaque jour. Et or donc², en raison de cet été de fait, nous nous sommes fait de petits cadeaux à l'approche de Noël. Comme je suis une grande buveuse de thé(s), j'en ai reçu de différentes sortes dont un calendrier de l'avent Yogi Tea.

On était donc mi décembre environ, et à la faveur du télétravail, j'ai ouvert ce matin la case 14.

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec Yogi Tea on peut résumer ça en "c'est bizarre mais bon. Parfois très bizarre. Souvent très bon". Et "la petite maxime pleine d'inspiration pour la journée".

Du coup j'ai deux rituels : ouvrir la fenêtre du calendrier de l'Avent et sortir le sachet du jour, avoir parfois quelques angoisses au vu du contenu (le piment doux m'a émerveillée, le gingembre citron m'a laissée sur une curieuse sensation de eurk ah mais si l'arrière-goût est bon). Et finalement être généralement ravie de ma boisson ! Et puis prendre en photo la maxime du jour et la partager avec mes collègues comme rituel de bonjour.

mardi 8 février 2022

Indécrottable bookworm

J'avais déjà raconté comment, si mes parents se sont occupés de mon éducation, les livres qui m'entouraient en avaient aussi fait une grosse part. Impossible de remettre la main sur ce billet dans le temps qui m'est imparti, mais sachez que Laura Ingalls et le Petit Prince ont été d'excellents baby-sitters.

Celles et ceux qui me connaissent savent qu'il n'y a pas une pièce de la maison dans laquelle il n'y ait pas (beaucoup) de livres. Et aussi que j'avais le plus grand mal à m'en séparer, même de ceux que je n'aimais pas particulièrement.

Alors voilà. Surprise, maturité, que sais-je. A la faveur d'un réaménagement de notre salon, j'ai trié les livres qui s'y trouvaient. Et je me suis séparée d'une grosse quantité d'entre eux. L'équivalent d'un carton d'emballage de lave-vaisselle plein (cette précision paraît bizarre mais il se trouve que dans le même temps, nous avons été contraints de changer de lave-vaisselle. Ca a été épique mais nous sommes désormais ravis du tiroir à couverts et de l'ouverture automatique pour aider à sécher le contenu).

2022 Chats de bibliotheque.jpg, fév. 2022

Je pense que jusqu'à la dernière minute Noé n'y a pas cru, à ce tri drastique, et puis on se voyait déjà trimballer ce très gros et très lourd carton jusqu'à la médiathèque, certes très voisine, mais sur le chemin de laquelle 4 ou 5 marches nous menaçaient du pire éparpillage.

Or donc, j'ai vendu mes anciennes étagères et, long story short, l'une de mes acheteuses a acheté une étagère Expedit / Kallax 5x5 cases et a eu comme prime d'achat pour zéro euro de plus le fameux gros (très très gros) carton plein de livres.

Depuis je pérore sur ma sagesse prétendue et ma capacité enfin trouvée à me séparer de livres.

Sauf que j'ai un peu triché. L'amoncellement a juste changé de forme et de place. Je suis la personne qui doit avoir une centaine de livres à lire en attente sur sa liseuse et qui en a encore mis quatre de plus ce week-end. Parce que bon, c'est plus pratique comme ça, des fois que j'oublie leur titre au moment où j'aurai du temps pour les lire ! Vous comprenez, n'est-ce pas ?

Avantage pour la collectivité : la discrétion de mon vice est totale. Inconvénient : j'ai tellement de choses sur ma pile à lire, entre le stock électronique et l'abonnement mensuel à deux livres de poches que je n'arrive plus à relire. Le drame.

(Ceci est un méga problème de privilégiée que je savoure à sa juste valeur)

lundi 7 février 2022

Quand les temps, oh ils changent euh

(Oui ça sonne mieux quand c'est Bob Dylan qui le chante).

J'ai du mal à retrouver le chemin du blog, c'est un fait.

Pas seulement par manque de temps / disponibilité pour laisser courir les doigts sur le clavier. Mais pas vraiment seulement pour cause de manque de temps. Peut-être parce que j'ai un peu de lassitude sur le monde (et sa banlieue).

Mais bref. Les ados grandissent selon leurs pentes caractérielles respectives. Je les admire beaucoup, à mener leurs chemins et leurs batailles, chacun la sienne, aucune facile, avec courage et détermination. Au mieux qu'ils peuvent dans un monde quand même particulièrement pas facilitant. C'est pas parfait, mais je les trouve vraiment impressionnants tous les deux. Sans doute qu'on y est pas tout à fait pour rien, mais quand même.

Lomalarchovitch dépense une folle énergie à entrer dans les cases de l'école sans se perdre au passage. Exercice difficile. Je le regarde en pensant aux générations entières de mômes à qui l'école n'a pas réussi. Je me dis qu'il a à la fois la chance de vivre à une époque où on accepte / accueille mieux les diversités, mais quand même, certains réflexes ont la vie dure. En tout cas il se donne à fond chez le psychomotricien, a demandé à voir une psychologue aussi pour lui parler de ses perspectives zébresques, fait des efforts, échoue parfois, progresse beaucoup. J'essaie à la fois de l'encourager dans cette voie tout en lui expliquant qu'il a parfaitement le droit à être qui il est, comme il est. Périlleux équilibre.

La vie avance et nous sourit, quand même, plutôt, ces dernières années, si l'on excepte le contexte global. Alors savourons. Et puis bientôt les vacances avec les amis, ça va être une pause bienvenue.

Et les petits bonheurs.

L'autre matin, j'ai croisé un trio de petits vieux du quartier qui promènent leurs chien matutinalement. Je les salue (les humains, les chiens) et fait remarquer à l'un des canins que oui, je sais, je sens le chat très fort.

Et son humaine de me répondre "ah mais il adore, il en a un à la maison".

Cette phrase tendre et malicieuse me donne le sourire à chaque fois qu'elle ressurgit. Alors sourions, non ?