lundi 24 novembre 2014

Mangeailles

Notre fils a un certain nombre de points communs avec les terre-neuve.

Il bave abondamment. Quand on le met dans la baignoire, beaucoup d'eau en sort (mais quand on sort le bébé, l'eau n'y retourne pas).

Et depuis quelques jours, il était absolument fasciné par ce qu'on met, nous dans notre bouche.

Pourtant j'étais bien partie pour faire la feignasse de la diversification ! Je me disais : quand il tiendra assis tout seul, quand il aura 6 mois. J'avais même sourcillé quand la PMI nous a dit que si on avait envie, on pouvait démarrer, rapport au fait que les mêmes il y a 8 ans et quelques ont sourcillé quand je n'ai pas attendu les 6 mois préconisés à l'époque pour faire goûter des trucs à Cro-Mignonne.

Cohérence, et toutes ces sortes de choses.

Or donc, samedi matin, on prenait notre petit déj et le flot de bave s'est encore épaissi autour de la bouche de Lomalarchovitch. Amusée par ces regards inquisiteurs (et limite accusateurs de le priver de choses si manifestement intéressantes), je lui a mis un peu de jus de ma poire sur la bouche, m'attendant à la grimace de jeune empoisonnée à laquelle sa sœur m'avait habituée. Même quand elle aimait. [1]

Il s'est léché les babines avec délectation et s'est mis à tétouiller plein d'entrain et d'enthousiasme, en manifestant un "encore, encore" parfaitement jubilatoire.

Je suis donc allée cuire et mixer une carotte [2]. Dont on lui a proposé une cuiller pour voir. Il a aimé. Du coup il en a eu une de plus.

Le lendemain au même repas, en me voyant plonger la cuiller dans le petit pot, il m'a agrippé la main pour que j'arrive plus vite à sa bouche et le seul truc qui le freine, c'est un léger défaut de méthodologie pour savoir quoi faire de cette chose qui n'est pas du lait (mais je vous rassure, il arrive parfaitement bien à l'avaler à la fin).

C'est donc parfaitement mignon et marrant à regarder, même si bordel, euh, on avait pas dit que 6 mois, c'était bien, finalement ? :D

Yummy.jpg

Notes

[1] Et qu'elle continue à pratiquer avec une belle constance, c'te chipie.

[2] Note aux jeunes parents débutants : la carotte violette est jolie, mais n'oubliez pas que ça fait des taches violettes sur le bébé, ses doigts, et tout ce qu'il touche avec. Et ce que vous touchez parce que vous aussi, vous êtes plein de carotte. Ne me remerciez pas, c'est gratuit.

jeudi 6 novembre 2014

Le grain de riz

Bon.

Il est l'heure de mettre sur le tapis LE sujet polémique.

Non parce que de toute part ça en cause, autour de moi, ces jours-ci, et le monde ne peut pas continuer à tourner sans un avis de plus.

Le riz.

Soyons clair, le riz est un aliment de base dans nombre de pays, il en existe de multiples variétés et de nombreuses façon de le cuire et de accommoder. Loin de moi l'idée de porter un jugement sur les pratiques des autres.

Mais il faut se rendre à l'évidence, chez les français, on est globalement pas très bons en cuisson du riz. Je veux dire : même dans les restaurant, le riz en accompagnement, c'est souvent pas top. Et quand je vois les rayons rempli de précuit en sachet pas bon, ça me déprime vaguement.

Alors chez nous, le riz, on le rince (en plus, ami surveilleur de l'indice glycémique, dans l'idée de rincer, il y a l'objectif d'enlever l'amidon, et ton riz en sera d'autant moins cruellement défavorable à ton taux de sucre dans le sang). Abondamment, jusqu'à ce que l'eau de rinçage reste claire.

Et après des années chez mes parents de cuisson dans la casserole d'eau, qu'on égoutte après le temps de cuisson, j'ai rencontré un asiatique fourbe et cruel qui a fait entrer dans ma maison un rice-cooker, un immonde truc décoré de fleurs gris pâle et rose pastel mais qui cuit vachement bien le riz.

Donc riz acheté par sac de 22,5 kgs, bien rincé, 3/4 de gobelet par personne, l'équivalent d'une phalange d'eau au dessus du niveau de riz, on appuie sur le bouton, on touille si on est dans le coin à la fin de la cuisson et on laisse au chaud jusqu'au moment de manger, et la vie est belle.

Et toc et paf.

mardi 4 novembre 2014

A,B,C, et tous les autres

Comme certains d'entre vous le savent, je me suis présentée, suite à des appels du pied désespérés de la directrice de l'école et du maître de Cro-Mignonne, aux élections de délégués des parents d'élève.

Il faut dire qu'il n'en restait plus que deux, l'an dernier, et dont la vision large était visiblement contestable et contestée.

Du coup on a mis sous pli du matériel électoral et avec mon camarade tête de l'autre liste (pas de concurrence farouche, hein, on est quasi tous élus et avant même le premier conseil d'école, on bosse déjà ensemble), nous avons tenu le bureau de vote un petit matin de début octobre frisquet.

C'est le moment de dire que les questions d'analphabétisme et illettrisme me touchent depuis fort longtemps tout en me faisant bien sentir ma totale impuissance à faire quoi que ce soit. Du temps où, professionnellement, j'ai lourdement insisté pour organiser des conférences de sensibilisation à ce sujet, on m'a dit que c'était la chasse gardée d'un syndicat en particulier.

Et maintenant quoi ?

Parce que là, le pourquoi de notre quartier, notre école, sont un peu traités par dessus la jambe par la nouvelle municipalité saute aux yeux. Une bonne partie des parents d'élèves sont illettrés en français. Pas nécessairement dans leur langue natale, mais en français, oui, donc ce sont les enfants qui lisent, potentiellement, les informations qui leur parviennent. Ou pas. Ou mal.

Une autre partie est analphabète, dans toutes les langues.

Vu comme ça prend aux tripes de voir, sur les enveloppes, Monsieur qui a recopié sur Madame (y compris le prénom parce qu'il ne sait pas écrire le sien ni distinguer le prénom du nom, dans le recopiage), les écritures tremblantes, enfantines, celles, justement, écrites par les enfants pour suppléer...

Vu comme ça prend aux tripes je ne peux même pas imaginer ce que ça fait dans la vie de tous les jours, où tout est écrit, tout doit s'écrire, partout, tout le temps, les stratégies d'évitement, de compensation, l'humiliation constante, le sentiment d'infériorité, le sentiment d'être si facilement manipulable par ceux qui savent, le patron qui te fait signer d'une croix en bas du contrat [1], si à la merci du monde, si petit face aux administrations papivores.

Bref, ça me fait monter des larmes aux yeux et je voudrais bien avoir une BONNE idée de comment apporter quelque chose à ceux qui voudraient apprendre, au moins un peu.

Et je ne sais pas bien quoi.

Note

[1] je l'ai appris dans une étape pro précédente, c'est une pratique super courante notamment dans les entreprises de nettoyage, étonnant, non ?