Comme j'ai plus de temps que quand mes enfants étaient petits, et que quand je devais gérer un mec, j'en consacre beaucoup à questionner la pratique photographique.
C'est bizarre d'avoir presque toujours eu un appareil entre les mains, de dix ans à maintenant, et de commencer à vraiment entrer dans le sujet sérieusement à cinquante. Enfin peut-être que ça a en partie à voir avec le temps et la liberté mentionnés ci-dessus.
Quoi qu'il en soit, me voici comme une poule qui a trouvé des bretelles sur le fameeeeeux sujet couleur / noir et blanc.
Il y a des gens qui, pour prendre comme pour regarder des photos, ont des avis hyper tranchés sur le sujet. Souvent en faveur du noir et blanc. Et ça s'entend : c'est graphique, intemporel, ça permet d'avoir facilement des contrastes très intéressants (j'adoooore les contrastes).
Mais la couleur, c'est aussi de la chaleur. Une information. Une indication, un univers en soi.
Alors j'ai fait des versions couleur / N&B de quelques photos qui s'y prêtaient pas mal. Dans l'ordre chronologique de prise de vue...
...avec un musicien dans le métro...
...avec un de mes chats...
...avec des gens qui prenaient le café au pied du bureau ce matin...
Et ça ne m'avance pas beaucoup. Je trouve des choses intéressantes aux deux versions. Je sais dire : j'aime cette version parce que et celle là en raison de, mais pas quelle est ma préférée.
Petite tribune féministe au passage. Il y a bien sûr plein de femmes qui font de la photo de rue, moins qui en font des vidéos. Je le déplore franchement mais je comprends pourquoi : globalement la question d'oser photographier des inconnus peut être tétanisante pour tout le monde, mais beaucoup d'hommes disent "au pire, les gens disent non et tant pis, ça n'est qu'une photo". Or, ce que j'entends et perçois en tant que femme c'est que la confrontation, toujours possible, est rarement aussi simple que pour un homme. On a peur pour notre matos, pour notre intégrité physique, plus que les hommes. Wait. Ca me rappelle un truc, mais quoi ? Les cours de récré et leur occupation majoritairement masculine ? La rue, idem ?
Bref, les meufs qui font des photos, je ne peux pas guérir votre timidité native mais je peux répéter : on peut sortir en groupe. S'en prendre à plusieurs filles c'est déjà plus difficile qu'à une seule. Voilà (ceci est un message personnel à Llu avec qui j'ai toujours plaisir à flâner, alors flâner en prenant des photos, hey, quelle bonne idée. Ou alors toi le son, moi l'image ?!)
Et aussi un sujet pour lequel il a été facile de trancher. Le ciel, ce matin : même pas eu l'idée vaguement bizarre de le passer en noir et blanc.
Commentaires
Han c'est intéressant, j'ai toujours pensé qu'il était plus facile pour une fille de faire de la photo de rue, qu'on lui refuserait moins facilement d'en faire, toutes choses égales par ailleurs parce que je sais que la rue est plutôt un environnement généralement hostile pour vous, c'est clair.
Encore un biais perso qu'il va falloir déchiqueter (ça va, j'ai du stock encore) :-)
J’imagine par ailleurs que les mecs sont plus enclin à voler qu’à demander… peut-être un à priori… 🤔
Sinon, pour ce qui est du débat couleur/noir et blanc, mon avis perso oscille avec un penchant pour la couleur. Il y a quelques années, j’avais abordé la question chez moi (with a plot twist 🤭), si ça t’intéresse, c’est là.
Profite bien de ce temps retrouvé. C’est sympa aussi pour nous d’en voir le résultat… 🤩
Franck il y a deux choses : les choses intériorisées, qu'on n'ose pas et les objectives comme le fait que la rue "appartient" aux hommes. Ceci dit, sur la question de demander, oui, le taux de oui est peut-être plus élevé chez les femmes (et le taux d'emmerdes à suivre avec).
Orpheus alors là pour le coup je ne sais pas. C'est une question "d'école", certain(e)s disent que la photo de rue, c'est de la photo non posée et que donc c'est documentaire, de prendre les gens sans demander, d'autres demandent systématiquement (ton chouchou JB Pellerin, par exemple !). Et oui, ça m'intéresse ! Merci pour la machine à remonter le temps. Et merci beaucoup :)
Orpheus de retour de lecture. Alors dans le cas pris en exemple, le orange pouvait être complémentaire au bleu de la mer, aussi, donc ça peut donner un truc intéressant. Ce matin j'ai un peu galéré pour trouver les expositions pour reproduire sur la photo ce que je voyais (et puis ça changeait tout le temps, c'était orange d'un côté et violet dix centimètres de plus à gauche).
Je pense qu'il y a aussi une sorte de "référence" ou d'hommage aux "patrons" dans le noir et blanc.
Je crois, mais ne le dis à personne, que j'ai décidé de ne pas choisir.
La belle excuse du documentaire me laisse perplexe… 🤨
Oui, je peux très bien comprendre le côté hommage aux maîtres, ou apprentissage de référence… s’essayer au style de… 👍
Ca n'est pas vraiment une excuse, c'est une philosophie Orpheus. Et si tu prends le nombre de fois où Ronis a dit "c'est une drôle d'histoire" pour raconter qu'il a pris quelqu'un en mode photo volée, qu'il y a eu des tirages et des parapluies et des calendriers etc, et que les personnes l'ont contacté 50 ans après en disant : "Je crois que c'est moi sur la photo"... et personne n'accuse Ronis d'avoir utilisé de bonnes excuses pour voler des photos. Ou alors en se disant qu'il a sacrément bien fait.
Il y a, dans la photo de rue selon certaines écoles, cette volonté de témoigner comment les gens s'habillent, vivent, fonctionnent dans l'espace public. Si tu vas par là, la photo du baiser de l'autre jour, je n'aurais pas dû la prendre, par exemple (non je ne me suis pas jetée au milieu d'un carrefour pour demander l'autorisation !!).
Pour ma part je fais très attention à la décence. Par exemple, mon SDF chouchou (nommé Miroslav dans ma tête) il a une gueule, une chienne adorable, mais je ne le prends pas en photo parce que sa situation de vie n'est pas une oeuvre d'art. Ou alors ça serait en le prévenant, avec son accord, etc. Il y a un resto près duquel je passe souvent devant lequel dort un autre SDF et jamais je ne le prendrai en photo, vulnérable, déjà dormir dans l'espace public. Et après, le deuxième point c'est la diffusion. Pas une bonne idée d'ouvrir un compte dédié "photos des enfants d'autres personnes prises dans la rue", par exemple.
Pour le reste, il y a le droit, la morale de chacun, la démarche artistique,...
Je te l’accorde… en fait je crois que ma position sur le sujet varie fonction de mon appréciation ou pas de la photo ou/et du/de la photographe. Oui, je sais, c’est pas très solide comme argumentation, et alors, kestuvafer ! 😅
Orpheus mais c'est un critère comme un autre !!
Intéressant comme papier, Quand j'ai commencé la photo, pas le choix, comme je voulais développer, c'était forcément du N&B. Maintenant, j'avoue que je ne sais pas trop pourquoi c'est un peu au feeling. Pour les paysages, en générale, c'est la couleur qui prime. pour les portrait j'avoue que j'aime bien le n&b, tu peux mieux jouer avec les contrastes. Et puis, des fois, c'est le noir et blanc qui sauve une photo un peu raté ;-)
Coté photo de rue, je dirais, ça dépend. Comme pour ton musicien, par exemple, tu peux demander avant, il continuera à chanter et trés vite oubliera l'appareil photo. Par contre, le gars qui regarde la vitrine du bistrot, forcément tu vole la photo, sinon tu perd la spontanéité qui fait le charme de la photo. Après, Doisneau était connu, notamment avec les gamins, pour leur demander de refaire un truc qu'ils les avait vu faire et qui lui plaisait, quitte à faire un peu de mise en scène... Bref, les débats son loin d'être tranché, et je dirais que tout ça est une question de feeling du moment ;-)
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