J'ai vu "A real pain" ce midi, à l'issue d'une promenade dont vous pouvez voir quelques images ici.

On va commencer par dire que c'est un excellent film.

Quelqu'un dont j'admire le talent a écrit un jour "All stories are love stories", et s'est mis du même coup dans la poche quelques millions de lecteurs, acquis à la cause de son bouquin dès la première phrase. Parmi ces histoires, il y a celles qui nous parlent de nous et qui nous font ainsi plus d'effet que d'autres.

Les deux s'appliquent parfaitement à ce film ; une histoire d'amour familial : deux cousins, Benjamin et David, élevés comme deux frères à l'ombre d'une grand-mère aimée et récemment décédée, un peu éloignés depuis, partent sur les traces de son histoire en Pologne.

Je ne suis ni polonaise, ni cousine proche dans le cœur de qui que ce soit, mais Benjamin et David, ce sont deux bouts de moi.

D'un côté le sociable Benjamin, en contact direct avec ses émotions et toujours heureux de les faire partager, pour le meilleur et pour le pire. Celui qui connecte avec les gens en quelques secondes, aime rire et faire rire. Qui dit ce qu'il pense quoi qu'il en coûte. Tissé de doutes, de valeurs incompréhensibles par d'autres. Celui, aussi, qui vit une peine plus grande que lui et se trouve seul au monde. Pas sans famille, non, pas sans amis, sans doute, mais seul comme on l'est quand on a pas, ou plus, la personne qui détient la deuxième clé de notre âme.

De l'autre, David, son angoisse omniprésente, sa résilience raisonneuse, son soucis de ne pas faire peser ses drames existentiels sur les autres.

Entre eux, comme en moi, en dialogue intérieur, de l'exaspération, de la tendresse, de la compréhension, de l'impossibilité à se faire comprendre. L'un qui tend la main à l'autre qui la prend ou la repousse, selon.

Alors voilà, ces deux personnages et leurs relations compliquées, ça m'a touchée, en plus de l'histoire belle et poignante et drôle, souvent, comme un reflet tendu par un miroir auquel je ne m'attendais pas.

Loin de la drôlerie, cette image de fin qui me hante plusieurs heures après[1].

Note

[1] De même que me hante ce moment d'absolue beauté dans l'épilogue de "The Brustalist", dont je suis bien incapable de dire un mot tant il m'a émue, désolée, toi, au fond, qui attendait ça. Je suis sûre que plein de gens intelligents l'auront fait mieux que moi, va.

Commentaires

1. Le lundi 3 mars 2025, 16:47 par Franck

Je suppose que tu as déjà vu « The Darjeeling Limited » (Wes Anderson), mais si jamais, je recommande ;-)

2. Le lundi 3 mars 2025, 19:07 par Sacrip'Anne

Franck oui, vu et adoré et tu me donnes envie de le revoir !

3. Le lundi 3 mars 2025, 20:12 par Créatinine

Tu me donnes envie d'aller voir ce fil, merci. Mieux que ces cabotins du Masque et de l'emplume !
Bong Joon-ho sort un film bientôt, ô joie.
Très beau portrait de femme hier soir sur France 2 avec Laure Calamy. Je crois que bien des mères peuvent s'y reconnaître : A plein temps.

4. Le mardi 4 mars 2025, 09:39 par Sacrip'Anne

Créatinine justement, je me demandais si Mickey 17 était Lomalarchovith (10 ans et demi) compatible ou pas. Oui, à plein temps...

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : https://sacripanne.net/trackback/2915