J'ai l'impression de ne parler que de fric, ces derniers temps[1]. Principalement pour dire que je suis fauchée. Mais ça me donne mauvaise conscience de dire ça : je sais fort bien que je fais partie des privilégiés.

En effet, après de nombreuses années de tripalium, j'ai l'honneur et l'avantage d'être passée au-dessus du salaire moyen des français employés du secteur privé. Du coup, assez nettement au-dessus du salaire médian. Bien, mettons-nous une claque dans le dos, ça n'a pas été rien d'arriver à avoir un revenu en vague rapport avec mon niveau d'expertise et d'expérience. Alors comment ça se fait que ça soit, à défaut de vraiment juste au quotidien, trop pour multiplier les vacances ?

Parce que, putain, pour une littéraire, je compte.

Alors OK, en tant que représentante des classes moyennes, je bénéficie de peu d'aides sociales. Ok mes enfants mangent. Beaucoup. Ils dilapident mes revenus en comté râpé et parmesan. Ok l'un d'entre eux pousse tellement que je suis revenue au stade du nourrisson à qui on refait la garde robe trois fois par an. OK on privilégie le frais au marché plutôt qu'à l'hypermarché (encore que la différence n'est pas saisissante). Ok j'ai un plan de vie qui fait que je privilégie un petit confort au quotidien plutôt que de se serrer la ceinture toute l'année pour une semaine de vacances de rêves.

Mais, quand même.

J'ai beau me foutre un peu de l'argent, j'ai une fâcheuse tendance à vivre dans le monde réel, quoi qu'on en dise, et c'est chiant d'arriver à 48 ans, 11 mois, 28 jours pour continuer à avoir des fins de mois difficiles à partir du 15-20 et à se demander quel abonnement on pourrait supprimer sans que ça ne soit une punition.

Soyons très clairs : je ne me plains pas. D'autant que j'ai encore de quoi me donner un peu d'air sous forme de concerts, bouquins, verres en terrasses ou à couvert selon la météo. Pas tout le temps, mais régulièrement.

Je m'effare des conditions de vie des gens qui sont vraiment vraiment fauchés, eux.

(Et que personne ne me conseille de me trouver un mec riche. Dans l'immense majorité des cas, les mecs riches aiment les femmes pas comme moi et tendent à s'intéresser à des sujets chiants, et quand même, faut pas déconner, on mangera encore du riz et des patates et marre plutôt que de se fader un conducteur d'Audi).

Oué. Fuquons le capitalisme, vivons d'amour,d'eau fraîche et de pinard, toussa.

Note

[1] A vrai dire j'ai l'impression de moins parler. J'ai des bouts de billets qui virevoltent et je soupire en faisant "meh". Peut-être trop d'exposition ces derniers mois, avec des conséquences un peu désagréables. Peut-être que je me fatigue. Peut-être que je rumine deux trois sujets qui me bouffent de l'énergie. Bref, aucune idée d'où je vais côté blogs et ça ne changera pas le monde.

Commentaires

1. Le mercredi 28 août 2024, 17:09 par Matoo

C'est une détresse quotidienne pour tellement de gens de devoir compter chaque jour, chaque semaine et chaque mois, et en effet encore plus quand on a des enfants. :-(
Evidemment qu'on ne te souhaite pas spécialement de rencontrer un mec riche !! On souhaite à un mec riche (ou pas) de te rencontrer en revanche. :heart:

2. Le mercredi 28 août 2024, 17:41 par Sacrip'Anne

Bah. Tsé, Mattoo les mecs hétéros sont plutôt chiants. Il faut que je trouve moyen de devenir lesbienne, selon mon aîné.

3. Le mercredi 28 août 2024, 18:38 par Cinabre

Salut meuf, ça va, tu vas bien ?
On se présente, mais non tu nous connais
On est là pour te pomper
T'imposer sans répit et sans repos
Pour te sucer ton flouze
Ton oseille
Ton pognon
Ton pèze
Ton fric
Ton blé
Tes économies
Tes sous
Ton salaire
Tes bénefs
Tes bas de laine
Tout ce qui traîne.....
Problème d'artiche, beaucoup trop de monde connaît les fins de mois difficiles qui débute le 15 ...

4. Le mercredi 28 août 2024, 18:48 par Sacrip'Anne

Cinabre oh le vieux souvenir, cette chanson. Et ceux pour qui ça commence le 6 ou le 7...

5. Le mercredi 25 septembre 2024, 23:23 par gilda

Tiens, c'est peut-être la période qui veut ça : on y est retourné aussi aux fins de mois sous surveillance : ne supportant pas d'avoir des sous quelque part, et souhaitant assurer un toit personnel à notre fille (et prise d'une envie irrésistible de faire partie du club très select des acheteurs de maison voisine 8-) ), on a par avance refilé tout le gras aux enfants et par ailleurs voilà que l'entreprise qui emploie Le Joueur de Pétanque est en grande difficulté et que les salaires n'arrivent plus. Sur mon seul emploi nourricier, nous voilà un tantinet serré. On s'y refait vite. Peut-être qu'au fond je ne sais faire que comme ça.

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