Une séparation, c'est comme une explosion dont on ne verrait pas tout de suite les effets. Entre le moment où elle se produit et celui où tout s'écroule s'installe un temps suspendu par les craintes et les questions. Votre identité à deux reste en l'air un moment, déchirée, méconnaissable. Votre histoire, celle que vous avez construite pas à pas, ne ressemble plus à aucun de vos souvenirs. Quand tout finit par retomber dans un fracas assourdissant, il faudra encore un moment pour y voire dans la poussière soulevée par cette chute.
Et ça, c'est si vous choisissez de voir.
Il y a des tas de gens aux couples bancals qui refusent catégoriquement de remettre en cause le bon fonctionnement de leur plan initial. Et qui sommes-nous pour les juger ? A peine pouvons-nous laisser la pensée nous effleurer, nous, vieux routards des histoires d'amour qui finissent mal, que si un jour ça s'effondre, plus dure sera la chute. Et encore. Si finalement le déni était une sorte de matelas ?
Aucun avis ne vous sera utile, aucune parole de mise en garde ne vous préparera. C'est vous contre vous, avant d'être vous en train de vous séparer de l'autre. Au moment où quelque chose en vous se sera mis en place.
Mais avant ? Tant de question ? Sais-je exister en tant qu'individu seul ? N'ai-je pas fusionné avec l'autre, suis-je encore capable de vivre sans me tourner constamment pour interroger du regard celui ou celle qui m'accompagne depuis si longtemps ? Et les amis tellement communs qu'on ne sait plus qui a rencontré qui en premier ? Pour beaucoup d'entre nous, la question financière est cruciale, ça n'est pas une partie de plaisir de réévaluer son train de vie parce qu'on a le cœur déserté. Alors oui, beaucoup restent en suspens parce que l'appart bien situé, les chouettes vacances, le quotidien confortable... et encore beaucoup plus encore parce que : la survie.
Et puis qui va faire tout ce qu'on a pas envie de faire au quotidien ?
Ce qui est bizarre, c'est que beaucoup de questions s'évaporent une fois qu'on a franchi le pas, bouclé les étapes logistiques nécessaires à toute séparation. Depuis un mois et demi j'ai bricolé avec ferveur, cuisiné avec nonchalance, lavé des tonnes de linge, nettoyé derrière moi, fait les courses et des papiers...
Je craignais un peu d'être submergée de tâches domestiques en repartant à neuf, une fois encore. Finalement mon quotidien est doux, même les jours d'enfants affamés pleins de requêtes et de vêtements boueux, il me reste du temps "à moi", celui dont j'ai découvert il y a si peu de temps qu'il était indispensable à mon bon fonctionnement.
Un mois et demi depuis que j'ai récupéré ma vie et mis un point final à cette explosion qui m'aura occupée de long mois.
Je pensais que juillet serait festif et solitaire. Il l'a été moins que prévu, riche de plein d'autres choses, du bon, du mauvais ; la vie.
Je suis peu sortie, ces derniers jours, à part pour de l'utilitaire bureau / courses. Je dors, enfin, raisonnablement bien, comme si mon corps m'autorisait le relâchement nécessaire, la récupération. Le repos de la guerrière est moins torride que celui du guerrier, mais indispensable. Alors j'y consacre le temps qu'il faut. Je me nourris de livres, de films, de temps de rêverie. Je passe des heures à regarder les couleurs du ciel, le soir. Ce moment de réappropriation me fait un bien fou ; j'invente des fonctionnements nouveaux dont je m'émerveille.
Après avoir beaucoup pensé à comment aider l'autre à aller moins mal et à comment cesser d'en souffrir, je fais des miracles pour ma couvée et de la douceur pour moi. Je ne pense quasi pas à ma vie d'il y a quelques semaines, quelques mois.
J'habite ma vie, enfin, comme jamais depuis un très long moment. Ca valait la peine.
Commentaires
Welcome home!
Franck m'ôte les mots du clavier ! :)
Bon retour à toi ❤
Merci Franck et Isa !!
P’tain, Franck nous a volé le commentaire qui tombait sur nos lèvres à la lecture !!!
Du coup, je te le mets en français : Bienvenue chez toi !
Et puis en latin aussi, y a pas d’raison : Grata domum !
Bisou
Orpheus Grazie mille !
Enjoy alors :-)
Je m'y applique, Gilsoub.
On peut être si bien avec soi même
On est si bien quand on est soi même et prendre le temps de s'aimer à la 1ere personne du singulier
Cinabre c'est rigolo, ce n'est pas tant de ma relation avec moi que je parlais mais de rythmes choisis, de priorisations et équilibrages. Mais finalement peut-être que ça revient un peu au même.
La discussion continue ailleurs
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