Jeudi matin, je suis partie au bureau, comme beaucoup de jeudis et de matins.
J'avais le pas conquérant et une assurance au taquet car j'avais, pour célébrer ma joie d'aller, le soir, voir Paloma aux Folies Bergère, sorti mon plus bel arc en ciel sur les yeux. C'est fou, tu passes ta vie à dire que le maquillage, bah, vous êtes belles, les meufs, telles que vous êtes. Et tu te peinturlures un peu plus que d'habitude : paf, t'es la reine du monde. Je comprends tellement le drag, ce que ça ouvre de ta personnalité que même toi, tu ne connais peut-être pas.
Bon, je suis vite retombée de mon petit nuage : de chez moi au bureau : rien. Personne n'a même fait mine de me regarder un peu fixement. Les gens ne voient rien. Alors on s'en fout un peu, c'était pour moi, pour mon grand, pour le fun. Mais quand même, mon goût de la délicieuse provocation était un peu frustré.
Jusqu'à ce que je monte sur le toit du bureau pour un café matinal. Il faut savoir que nos locaux sont un labyrinthe (probablement conçu par les mêmes mecs que ceux qui ont conçu le plan de circulation automobile sous la Défense). Il y a un seul ascenseur qui va directement sur le toit, les autres s'arrêtent l'étage en dessous. Et la seule façon d'attraper cet ascenseur et pas un autre consiste à l'appeler pour descendre et pas pour monter, puisque c'est également celui qui sert de monte-charge pour les activités de restauration. Et donc parfois, descendre avant de monter. Je vois bien que ça a l'air énigmatique et je ne suis pas sûre d'être très claire, mais telle est la vie, je ne fais que vous exposer des faits.
Bref, j'appelle l'ascenseur, monte dedans et me rends vite compte qu'on est un de ces jours où je vais descendre avant de remonter.
Au -1, un chariot entre dans l'ascenseur, suivi par le type qui le pousse. Le type me voit et ouvre grand la bouche, façon mâchoire qui se décroche. Je me marre et lui dis "Bonjour, je suis venue vous chercher !". Il appuie sur un bouton, me répond que c'est très gentil, merci, la porte s'ouvre à l'étage qu'il a demandé, il se rend compte qu'en fait il va plus haut. "Vous m'avez troublé, je vais au 2e, refaites ça aussi souvent que vous voulez", me dit-il avant de me saluer joyeusement en sortant.
Ca m'a fait le début de journée. C'est pas le truc qui m'arrive le plus souvent au monde, qu'un mec perde ses moyens en me voyant, figurez-vous, cet instant Princesse Woke[1] dans son ascenseur restera donc un moment aussi joyeux que rare dans ma mémoire.
Et bien qu'un peu teintée de tristesses qui s'installent, cette journée a finalement suivi le ton de cette rencontre matinale. Beaucoup de joies, aussi. Et "Paloma au plurielles", c'était incroyablement bon. Allez-y si elle passe près de chez vous (et pas utile, pour ce faire, de vous faire un maquillage comme le mien, le public hétéro chiant est nombreux dans la salle !)
Note
[1] Je voulais tenter un truc du genre Princesse Monowoke mais même moi je l'ai trouvée moyenne.
Commentaires
« tu passes ta vie à dire que le maquillage, bah, vous êtes belles, les meufs, telles que vous êtes. Et tu te peinturlures un peu plus que d'habitude : paf, t'es la reine du monde. Je comprends tellement le drag, ce que ça ouvre de ta personnalité que même toi, tu ne connais peut-être pas. » > Comme je te l’ai dit le midi, je comprends tout à fait, ça me fait pareil avec les jockstraps ! :p
Orpheuset j'en rigole encore tellement le parallèle est excellent !
Orpheus, Sacrip’Anne -> Ou une combinaison de moto. :p
Tarvalanion personne ne remarque les mecs en combinaison de moto ? Mon monde s'écroule.
Mais non !! >_<
C’était en parallèle à ça : « vous êtes belles, les meufs, telles que vous êtes. Et tu te peinturlures un peu plus que d'habitude : paf, t'es la reine du monde«
Tarvalanion oui pardon je faisais le pitre !
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