Avant de commencer à vous raconter quoi que ce soit, je dois dire que si ce billet peu intéressant vient à vos yeux, c'est totalement de la faute de Franck, qui me l'a demandé. Il se trouve que je vais, sous peu, voir ledit Franck (qui est par ailleurs le parrain de Lomalarchovitch) et qu'une privation de ses maamouls étant absolument inenvisageable, j'écris, donc. C'est aussi simple que ça.
Comme une grande partie de l'humanité, je n'aime pas trop aller chez le coiffeur. La musique, les papotages, les voisines de siège, le temps interminable. Comme une immense partie de l'humanité qui a les cheveux non-raides, j'ai une raison supplémentaire d'appréhender la coupe : "Attention ils bouclent, ça va remont... trop tard". Si vous savez, vous savez.
N'ayant pas franchi le cap de la tondeuse, je me suis adjoint les services de coiffeuses qui viennent chez moi, ce qui réduit considérablement le temps passé à cette tâche, me permet de choisir l'éventuelle musique et de choisir environ l'horaire qui me convient.
Bref, Stéphanie est venue. Stéphanie est déjà venue deux fois et sa première entrée chez moi a été l'occasion d'un long soupir de soulagement : elle a les cheveux bouclés. Elle ne les lisse pas. Elle SAIT.
La première fois elle m'a fait une coupe chouette. La deuxième : pas mal.
Pour être honnête j'hésitais avec un salon un peu luxe à 110 balles et le thé en plus, mais pas de place, urgence capillaire, bref, Stéphanie.
On se dit bonjour comment ça va, elle me répond ça va, je lui réponds ça va. On ne va quand même pas se dire comment ça va pour de vrai (c'est à dire pas très fort, ni l'une ni l'autre).
Installation. "On fait quoi ?" (ben on coupe, tiens). Et là je fais l'erreur fatale, absolue, qu'à mon âge je devrais avoir rayée de la liste des erreurs. Je réponds : "Comme la dernière fois, c'était bien".
Non parce que : les coiffeurs ne se souviennent plus, bien sûr. Ils voient des milliards de cheveux défiler sous leurs doigts / peignes / cheveux. On ne dit jamais "comme d'habitude" ou "comme la dernière fois" à ces gens-là sans prendre un maximum de risques.
"Ok, on enlève ça, donc ?" me montre-t-elle.
Ça me paraît un peu beaucoup mais je viens de rentrer de Marseille où tout est galéjade, et j'ai l'impression d'en avoir vraiment long sur la tête, donc je dodeline en forme de oui et wakatepe, l'affaire est faite.
C'est ce moment que choisir le chien, enfermé avec son maître dans ma chambre, pour aboyer.
Mon chien est une crème de gentil chien, une boule d'amour, 40 kilos de névroses affectives sur pattes, mais quand quelqu'un entre chez nous, il est con. On ne sait pas si ça tient de ses émotions débordantes ou de son éducation précédente, mais il se met à aboyer comme un sourd et se jette sur la ou les personnes concernées comme s'il avait l'intention d'en faire son repas. Vu ce qu'il mange, je peux vous garantir qu'il n'a pas faim. Mais bon, 40 kilos de muscles et des crocs de bonne taille, c'est assez efficace, comme dissuasion. Tout ça pour qu'il vous mette la tête sur les genoux dix minutes après en réclamant caresses, câlins et saucisson de l'apéro. Mais bon.
Bref, je m'excuse en son nom de l'impolitesse canine et là, j'entends le tremblement de sa voix.
"Le mien, j'ai dû lui dire au revoir lundi". A ce stade on a tous compris que c'était un euphémisme et qu'elle a donc fait euthanasier son chien, hein ?
Vous connaissez mon état du moment, ainsi que l'attachement que j'ai pour les bestioles. Je sens que ça va mal se finir.
Elle a passé la demi-heure suivante à couper compulsivement MON pelage tout en me racontant, minute par minute, les derniers jours de son épagneul. Les premiers signes. L'incapacité à se lever. L'animal coincé qui n'a pas réussi à bouger. Les gamelles boudées. Les pleurs et gémissement de douleur. L'inquiétude. La faiblesse. Le véto. La piqûre. Les 15 ans d'amour avec ce bon gros pépère.
C'était triste, la pauvre bête a visiblement souffert, et on a l'une et l'autre héroïquement réussi à ne pas pleurer. J'avoue que j'ai failli me mettre à sangloter au moment où l'assistante du vétérinaire lui a tendu l'empreinte dans le pâtre de la papatoune du toutou, juste avant qu'elle ne s'en aille.
On aurait vraiment dit une scène de film (je n'ai pas précisé si c'était un bon film, notez).
Et quand elle m'a tendu le miroir, je n'ai pu que constater, impuissante, que l'espace entre ses doigts pour me dire combien on enlevait était bien un peu grand.
Me voici avec la coupe d'un petit pâtre grec, aurait dit Colette. Je suppose que je vais m'habituer. J'ai la certitude que ça va repousser. Mais la prochaine fois je tente la toiletteuse, je pense.
Commentaires
J'ai aussi eu ce problème de coiffeurs/coiffeuses. J'optais donc pour du "à domicile" Hélas, la 1 bien, la 2 passable, la 3 fut la dernière, j'ai repris mes anciennes habitudes du "tout fait maison", à poils dans la salle de bain je fais comme je peux, GRATIS .
Il a bien raison Franck, ses gâteaux ensoleillés ne peuvent être dédaignés !! :heart: :heart:
Je vais prévoir de quoi :-)
la mume il est très fort, Franck.
Franck merciiiiii !
Moi aussi c'est à domicile mais sans la douloureuse et sans les papotages à moins de marmonner dans ma barbe face au miroir.
Laurent oui bon ben t'as vu mes cheveux, je ne vais pas tondre, quoi.
J'ai jamais fait à domicile, j'aime pas du tout l'idée d'avoir des inconnu·es chez moi. Ça m'a pris des années pour trouver une coiffeuse qui comprend ce que je lui demande et ne me fait pas chier avec la princesse Charlotte (ou une autre, hein, je ne suis pas sectaire, je n'aime AUCUNE princesse) (à part Leïa éventuellement, mais on dit GÉNÉRAL Organa, merci) mais maintenant, je la GARDE (et je suis dans le déni total concernant sa retraite qui arrivera avant la mienne).
Pour les "comme d'habitude", j'ai une anecdote inverse !
Après la disparition des coiffeurs officiant directement dans ma rue, j'ai opté au hasard pour un coiffeur deux rues plus loin, ouvert également le dimanche, m'y présente, attend à peine, m'installe sur le fauteuil libéré, et explique ce que je veux (c'est du très standard). Le gars s'exécute, je paie, globalement satisfait. 3 ou 4 mois plus tard (c'est ma fréquence habituelle), j'y retourne, et là, le même gars me voyant me lance "comme d'habitude ?", et devant mon air interrogateur voire suspicieux (avec qui me confond-il ?), me récite les exigences que j'avais énoncées à la première visite, avec un grand sourire. Bon, ça ne marche pas si c'est un de ses collègues qui est là seul le jour où je m'y pointe, je dois alors me répéter. Mais ce gars-là doit avoir une sacrée technique de mémorisation !
Anna surtout que la coiffure de Leïa... Non non rien, je sors !
Bladsurb ce type est épatant. Ses collègues doivent le détester, il ruine le métier !
Pfff et bien sur je suis sur que ce ne sont pas les bonnes dates pffff Pourtant j'aurais bien grignoté des mamouls en ta compagnie ;-) une autre fois ;-)
Gilsoub si tu savais la perversion du truc. On ne sera pas là ou tu penses qu'on sera. Ni les uns, ni les autres. Fou dingue, non ?
Mourf :-)
Gilsoub, ouarf !
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