1.
Ca m'a pris des mois de préparation physique et mentale pour arriver à ce résultat.
Nourrir heure après heure mes muscles, mes sens, de tout ce dont ils ont besoin pour cet effort. Gagner, centimètre par centimètre, la mobilité, l'acuité. Développer mes sens. Observer. Chercher à extrapoler, à m'adapter.
Et puis comme si ça allait de soi, j'ai réussi.
C'est exceptionnel. J'ai un nouveau point de vue sur tout. Les choses me semblent déjà si différentes.
Cette connaissance nouvelle me nourrit, à son tour, pour ne pas repartir en arrière, pour, au contraire, gagner du terrain, chaque jour.
2.
Je n'arrive pour le moment qu'à tenir quelques secondes, puis je m'écroule. Mais chaque seconde de ma vie est consacrée à devenir plus fort, plus résistant. Chaque chute m'instruit, chaque vacillement me grandit, chaque tremblement m'apprend.
Il ne s'agit pas que de mon envie. Je sens au plus profond de moi cette force qui me dit que ma quête est juste. Que ma nature me pousse à ça.
Alors malgré les échecs, les chutes, les douleurs, parfois, je persévère.
3.
Je crois que j'ai franchi un nouveau cap. J'ai gagné en équilibre, en stabilité. Je m'accroche de toute la force dont je dispose, celle de mes mains, de mes pieds, de chaque muscle disponible, mais aussi de ma volonté et de mon envie.
C'est un peu comme si, en communiquant entre eux à mon insu, tous mes sens avaient compris quelque chose que je ne saurais pas exprimer consciemment.
Il m'est possible, maintenant, d'aller plus loin.
Ce point de vue chèrement conquis, celui qui a ma préférence, je peux le modifier, en me concentrant très fort. Je savoure ma nouvelle puissance.
4.
J'ai beaucoup plus confiance en moi. Mon corps me trahit parfois et je le paye en douleurs vives. Mais mon envie me les fait oublier rapidement.
Je tente de nouvelles audaces et je remporte de petites victoires. Si brèves mais si gratifiantes.
Je SAIS que je vaincrai les difficultés, je sais que je m'en rapproche de jour en jour. La réussite n'est pas encore complètement au rendez-vous mais je suis persuadé d'avoir raison d'essayer, quoi qu'il m'en coûte. J'ai la foi.
5.
Je perçois autour de moi le regard des autres. C'est parfois dans leurs yeux que je mesure mes progrès. Je leur jette parfois un regard triomphant, un cri de victoire.
On ne peut pas leur enlever ça, ils sont encourageants. Mais ils ne se rendent pas compte qu'ils me narguent autant qu'ils m'inspirent. Tout semble si simple, si naturel, pour eux.
Je veux leur prendre cette assurance, cette confiance. Je veux y arriver.
Je n'y tiens plus, j'essaie.
6.
La douleur est cuisante.
Celle de mon corps se fait déjà oublier, celle de ma volonté m'aiguillonne. Je ne resterai pas sur cet échec.
Dès que possible je recommence.
7.
J'ai encore fait plusieurs tentatives. J'ai eu mal, mais de moins en moins. J'ai senti que j'y étais presque. J'avais confiance en moi, j'étais sûr d'y arriver.
Mon envie me dévore et je n'attends plus que les bonnes circonstances.
8.
Victoire !
Je marche !!!
Commentaires
oui, à force de volonté, on marche... La volonté n'y suffit pas toujours, plus tard on entendra parler de lâcher prise :p
J'adore ce petit texte ;)
Fiction mon œil ! ;)
(quoique jusqu'à la chute¹ j'y aie cru :heart: )
¹ c'est pas le terme, en fait :p
Superbe chute (sisi, Pablo, le mot est approprié).
Je suggère en seconde histoire le "comment/pourquoi il faut mettre hors d'atteinte ce qui peut blesser ou être blessé, salir ou être sali, manger ou être mangé".
Merci Luce, ça m'a amusée de l'écrire !
Pablo, Lomalarchovitch en est environ à l'étape 5 :) (le reste c'est de mémoire !)
mirobinben huhu tous les deux ! Ah oui tiens, une idée à creuser !
Très joli texte, mais tu nous a habitués à écrire de belles choses...fiction ou pas, qu'importe! ;)
Merci Charlottine ! (J'ai précisé pour éviter la rafale de "Il marche déjà ???" alors que non !)
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