Je reviens sur cette histoire de césarienne.
Je savais, parce que plusieurs amies sont passées par là, y compris dans des temps où mes projets de maternité n'étaient pas encore formulés, que certaines femmes vivaient très mal cette façon de donner naissance.
Et je précise directement dès le début de ce billet qu'il n'est aucunement question pour moi de nier leur souffrance ni les raisons pour lesquelles elles en viennent là. Chacune digère ce qu'elle peut de sa vie, son entourage, la pression social et son monde intérieur, chacune réagit différemment, et si certaines femmes souffrent, il faut les aider à passer le cap.
Pour ma part, ça n'est pas le cas du tout.
Au contraire, l'accouchement par voie basse de l'aînée reste encore, plus de 8 ans après, un souvenir douloureux, violent, compliqué. L'autre jour je me disais : bon ben au moins, je n'aurais plus à avoir peur de comment va se passer l'accouchement, je m'arrête là, et cette pensée était directement liée à la naissance de ma fille.
J'ai mis un mois à pouvoir formuler que je la trouvais magnifique à haute voix, un an à pouvoir raconter cet accouchement. Et quelques années de plus à me dire que bon, oui, je pouvais faire un autre enfant, tant pis, au pire je meurs sur place mais j'aurais connu la joie (j'exagère à peine).
Autant pour son frère, j'ai été tout de suite plongée dans le bonheur de profiter de lui (à part les agrafes un peu douloureuse et les changements de position à négocier avec un peu d'attention les premiers jours, j'avais à peu près oublié qu'on m'avait ouvert le ventre moins d'une semaine après). Je me suis sentie disponible pour lui, pour moi, pour son père, sa soeur et son frère, très rapidement et on profite bien, malgré la fatigue inhérente à la présence d'un tube digestif trop mignon dans votre vie.
Du coup je suis un peu en décalage. Que ça soit le personnel de l'hôpital (visiblement, il est important pour eux de prendre en charge la fameuse souffrance au plus tôt, et je peux vous assurer qu'il ne se sont pas jetés sur le bistouri, la bave aux lèvres et l'envie d'en découdre, il ont pris le temps de s'assurer que c'était la meilleure option possible et avaient l'air désolés de m'annoncer que bon, il faut y aller, là), le médecin de la PMI, mais aussi les femmes qu'on croise et qui demandent si tout s'est bien passé.
Je réponds oui, avec enthousiasme. Si on en vient à constater que Lomalarchovitch est né par césarienne, j'ai en général droit à une exclamation horrifiée "ah mais il né par césarienne, quand même !". Ben oui. Mais du coup il est né vite, vivant, et moi aussi. Enfin pas vite mais vivante. Et en assez bon état pour l'accueillir rapidement mais dans une bouffée d'amour plutôt que dans un gémissement de souffrances.
Peut-être que je n'ai pas besoin de la preuve par le vagin pour être investie par ma maternité. Peut-être que chez moi, ça se joue autrement. Ou je ne sais quoi d'autre. Peut-être, on ne sait pas, que mon espèce de gros bon sens paysan me dit que si on pratique ce genre d'intervention depuis plusieurs millénaires, à force, ça devient quasi aussi naturel que le chemin prévu à cet effet ? (Je rigole, hein).
Tout ça pour dire : ça c'est, dans ma tête, dans mon corps, dans notre histoire de famille agrandie, dans mon rapport à mon fils, bien passé. Très bien, même. Et j'en suis heureuse et soulagée.
Mais je trouverais ça chouette, puisque j'ai l'intuition qu'il y aura des femmes pour en avoir souffert, dans les commentaires, que celles qui ont passé le cap et qui s'y trouveront aussi nous raconte, quel a été leur déclic, leur truc pour passer outre. Histoire que je ne me contente pas de vous balancer que je vais bien, mais que ça serve aussi un peu.
On y va ?
Commentaires
Comme je te l'ai dit l'autre jour, j'ai eu quatre césariennes qui se sont très bien passées. Elles étaient programmées (bassin plat). Personnellement, pour moi qui aide que ça aille vite et bien je n'ai aucun regret. J'ai eu 4 beaux enfants en très bonne santé. Pas de douleurs post op significatives à part que j'ai toujours allaité et que plus on a de césarienne plus l'utérus se contracte :) Je me suis toujours levée le deuxième jour pour m'occuper des enfants. Les équipes de la clinique ont toujours été super sympas, la rachi- anesthésie normale. Il y a juste ce petit moment de doute lorsque l'on attend le cri du bébé, puis c'est au papa de prendre le relais puis la sale de réveil avec les jambes qui reprennent leur vivacité. Mon principal souci a toujours été que les enfants aillent bien que la grossesse se passe bien. C'est toujours le même chirurgien qui les a pratiquées alors on se connait bien tous les deux, on s'envoie des mails depuis, c'est un médecin nul en relationnel mais très, très bon dans le ressenti et techniquement.
Certaines personnes m'ont fait comprendre que je n'était pas une vraie femme......moué, mais j'aime tous mes enfants du même amour ensuite qu'importe la façon dont ils sont nés, ils sont là bien vivants. Ensuite, je comprends que cela puisse gêner certaines femmes. Sincèrement, je n'y pense plus voilà, parce que l'amour s'est construit au fil des mois même s'ils m'en font baver ces chameaux :)
Ma meilleure amie a eu une césarienne. Dans un autre temps, l'enfant et la maman serait mortes. Une césarienne, ça sauve des vies et c'est plus ou moins la seule chose d'important que j'y vois.
Elle l'a très bien vécue, elle n'avait pas besoin que ça soit par voix basse spécifiquement tant qu'elle avait sa petite ^^ Justement la seule chose qu'elle a mal vécue, c'est qu'ils ont tardé pour la sortir de la salle et qu'elle a attendu 4h sans voir sa fille. Ça reste douloureux, ça a manqué (un autre hôpital aurait géré autrement.. une question de personnel finalement).
Arkadia c'est ça, à la fin, ils nous en font baver, ces chameaux, quoi qu'il arrive. Dire qu'on fait exprès de les faire !
Dame Ambre je partage complètement l'avis de ton amie, y compris sur le délai d'attente pour retrouver le bébé. A la fin je trépignais tant que me le permettait la situation (allongée endolorie en salle de réveil). Mais je n'ai pas l'impression que ça ait créé un vide angoissant et à vie entre mon fils et moi, du coup, c'est déjà "oublié" !
2 accouchements par voie basse (1x dans 1 cagibi, 1x dans l'eau), et j'ai aimé ça autanz que l'allaitement
Désolée, je ne fais pas partie de celles qui peuvent témoigner de leur souffrance (autant pour la césarienne que l'allaitement "raté").
Ya eu d'autres frustrations et difficultés - normal quand on y pense ... la mise au monde et éducation d'1 enfant ça ne peut ps, exister, sans difficulté et souffrance
Je n'ai pas d'expérience en matière de césarienne en dehors de ce que m'en a dit ma mère (puisque je suis née par césarienne). Quand j'étais enceinte, elle me disait carrément : "l'idéal c'est la césarienne comme moi, ça évite d'avoir trop mal". Alors elle ne fait vraiment pas partie de ceux qui l'ont mal vécu non plus, désolée. En ce qui concerne l'accouchement par voie basse, autant j'ai souffert avant (les contractions), autant je ne garde pas un souvenir douloureux de l'accouchement proprement dit. J'étais shootée grâce à la péridurale (j'ai cette particularité là : drogues et médicaments agissent beaucoup plus vite et plus intensément chez moi que chez la majorité des gens), et ça a eu lieu super vite. Tout le personnel médical répétait que c'était "tellement rare que ce soit aussi rapide et facile lors d'un premier accouchement", ça en devenait gênant, je craignais qu'ils se mettent à applaudir ou à se prosterner devant moi... :-)
Si je redoutais la césarienne, c'était uniquement à cause de la manière dont mon corps réagit aux drogues justement. Parfois on doit faire une anesthésie générale, je n'y ai jamais eu droit mais je n'ai pas très envie d'en faire l'expérience. Pour le reste, je pense que ça m'aurait été égal à partir du moment où j'ai un enfant vivant à l'arrivée. Ce qui est sûr, c'est que la crainte de la césarienne fait partie des raisons pour lesquelles j'ai préférée accoucher dans un hôpital (en plus ma mère et ma grand-mère étaient également nées par césarienne, j'avais l'impression que c'était limite héréditaire).
2 voies basses, 1 césa prévue mais finalement en urgent (bébé en siège, mais venu + tôt que la date fixée). Aucune douleur pour les 3, et j'en suis très heureuse. J'estime pas nécessaire le fait d'en ch...pour prétendre avoir "vraiment" accoucher. 21eme siècle quoi!
J'ai eu plus mal pour les suites de ma 2eme épisio que pour la césa.
Par contre tu verras : la sensation de toucher la peau du ventre, de la sentir avec tes doigts mais de ne rien sentir sur ton ventre, nerfs coupés obliges, ça fait bizarre,limite rigolo et ça dure un bon moment...
Nam vu les stress que tu as connus pendant tes grossesses et après, je trouve ça chouette que tu aies eu des accouchements qui t'ont laissé de bons souvenirs <3
Junko la fatalité héréditaire de la césarienne, ça ferait un bon titre ! Que l'anesthésie générale te soit épargnée tant que faire se peut !
vealaure j'ai un doigt de pied qui, depuis, a le même manque de sensations que le ventre et me "châtaigne" quand je me lève, je me demande si c'est lié ? (Rien d'handicapant quoi qu'il en soit !)
"Pas un vrai accouchement", "pas une vraie femme", "tu enfanteras dans la douleur"... c'est dingue ce que les gens peuvent dire comme conneries...
A propos de la difficulté et de la souffrance inhérentes à la mise au monde d'un enfant, il en est qui dépasse la frustration d'un accouchement "pas comme on en rêvait", c'est celle du "pas d'accouchement du tout." Je peux comprendre que certaines femmes soient tristes ou déçues de la manière dont leur enfant est venu au monde... en fait non, je ne comprends pas vraiment: avoir un enfant en bonne santé et etre soi même en état de bien l'accueillir c'est quand même le principal non ?
J'ai eu la chance d'avoir une césarienne (péridurale) en urgence ce qui nous a permis d'avoir notre fille vivante, et à moi de rester en vie.
Je comprends ce que tu nous dis, et comme toi, je n'ai pas été frustrée d'avoir eu une césarienne.
Et bien quand à moi, je suis RAVIE de pas avoir eu de césarienne car j'ai extrêmement peur des piqûres (à un point qui défie l'entendement). Plus que de la douleur (ou je sais, 21eme siècle tout ça). Une aiguille dans mon dos? No Way!!! Du coup j'ai accouché les 2 fois sans péridurale (mais super vite). Donc je peux pas vraiment apporter ma pierre à l'édifice (Le père précise qu'à la fin, j'aurai pu tuer n'importe qui pour qu'on me "SORTE L'ENVAHISSEUR DE LA BORDEL, OUVREZ MOI MEME SANS ANESTHESIE MAIS QUE CA S'ARRETE OUI".). Ben oui, mais c'était trop tard ... Et évidemment, s'il avait fallu, pour eux, pour moi, aucune hésitation!
(Mais du coup, lorsque je vois mes copines qui ont eu péri et ou césarienne, j'ai l'impression que ce sont des warriors! p-) )
En ce moment, grossesse "oblige" faut-il croire, on m'assène régulièrement différentes sentences concernant l'accouchement. Si on les met toutes à plat, certaines se complètent et beaucoup se contredisent, toutes sont des vérités du point de vue de celles et ceux qui m'en bombardent.
De la césarienne, on m'a présenté le pire comme le meilleur mais on n'a pas l'air d'aimer m'entendre dire que cette perspective m'effraie bien moins qu'un accouchement par voie basse. Pourtant...
Je ne sais pas comment cet enfant viendra au monde, et comment je vivrai ce moment là. J'ai le sentiment qu'être prise en charge par une équipe de spécialiste pour une césarienne est loin d'être le pire scénario envisageable (même en excluant tous ceux qui se terminent de manière terribles ou tragiques, j'entends)... On en recausera en janvier ! :p
Ma fille est née il y a 5ans. 17h de travail, la péri qui ne faisait effet que du côté droit, et le temps qui trainait en longueur sur la fin... Si bien que quand on nous a dit "césarienne" c'était finalement un soulagement!
Ils ont super bien bossé, j'étais en confiance, anesthésie juste comme il faut, du coup j'ai même senti quand ils ont sorti ma fille de mon ventre, c'était juste MAGIQUE !!! Le premier cri, dans les bras de son père, puis très vite posée sur mon ventre.
Honnêtement, que du bonheur, la sensation bien présenté de lui avoir donné naissance, même si ce n'était pas par voie basse.
Et un allaitement qui allait de soi. J'ai eu beaucoup de chance!!!
Anne, à l'occasion, tu en parles à ton médecin, gynéco...peut-être du côté des médecines asiatiques qui connaissent bien l'emplacement des nerfs, les longs, les courts...
Ce que je sais, c'est que les abdos ont mis du temps à revenir.
Heidi autant je comprends parfaitement ce que tu dis et j'y adhère sans réserve, autant je me dis que si on atterrit dans cette souffrance, ça doit être comme de dire à un enfant "finis ton assiette, y a des gens qui meurent de faim dans le monde".
Je me dis que c'est surout les gens / circonstances qui ont amené à se dire que si pas de passage par la foufoune, t'es pas une vraie mère qui sont à blâmer.
Et hélas, aucune de ces souffrances ne vient soulager celle des autres. (Quoi qu'il en soit, je prête un bébé, surtout la nuit, aux copines qui voudraient pouponner, hein. Je dis ça je dis rien).
Fauvette, cette sensation que si on avait été quelque part, plus isolées, au fond d'une campagne ou d'une brousse quelconque, on y aurait laissé notre peau, enfant et mère, je l'ai eue très fortement après la naissance de Cro-Mi. Le "si" tient à la fois à tant et à si peu que c'est vertigineux, encore parfois.
Alors oui, surtout contente que tout le monde soit en pleine forme.
Raphaëlle mais comment as-tu survécu à deux grossesses avec la phobie des piqûres Dont une avec diabète, en plus ! Ma pauvre.
Ceci dit, je ne vais pas te jeter la pierre si tu veux absolument me faire croire que je suis WonderWoman la Princesse Guerrière :D
Lizly en tout cas si tu te poses des questions ou que tu as envie d'en parler, n'hésite pas, je tiens à ta disposition une énorme collection de clichés, parti pris, des anecdotes terrifiantes et... nan je rigole. Bonne suite à toi. Et on croise les doigts pour que tout soit au plus simple pour vous deux (trois, on va dire que le papa a quelques émotions le jour J).
ChrisG voilà qui fait plaisir à lire !
vealaure j'ai rv de contrôle cette semaine, je poserai la question. Et puis sinon je pense aller voir vite ma gynéco/endocrinologue vu que mon expérience des internes me laisse penser que je vais avoir envie de faire le point avec quelqu'un de moins flippé/flippant. Et puis au pire je vois mon anesthésiste préféré dans pas si long. C'est pas handicapant, du coup je ne m'affole pas du tout. Mais merci :)
Pas d'accouchement par césarienne pour moi non plus, donc pas de témoignage à ce niveau là.
Malgré un petit soucis de péridurale (il a fallut la faire deux fois) je garde de mon accouchement un bon souvenir, grâce notamment à la sage femme qui m'a pris en charge ce jour là.
Je pense que césarienne ou voie basse cela peut être un bon souvenir ou un mauvais souvenir en fonction de la prise en charge par l'équipe soignante et de son vécu aussi.
Ce que je peux comprendre par contre c'est l'attente difficile de ne pouvoir être de suite avec son enfant en cas de césarienne.
Cependant quand les césariennes sont programmées souvent l'équipe laisse faire un peau à peau à la maman avant qu'on s'occupe d'elle.
L'essentiel pour moi quand je suis partie à la maternité c'était que mon fils aille bien. Psychologiquement je crois que j'étais prête à avoir une césarienne si cela était la meilleure solution pour lui.
Ben moi, pour le numéro 2, quand j'ai vu la panique dans les yeux de ma moitié parce que ça venait pas comme il fallait et sans anesthésie, en plus de passer du sentiment de "Je sers pas un peu à grand chose, là ?" à la conviction "Je suis totalement et absolument inutile", personnellement j'étais tout à fait favorable à la césarienne ou n'importe quoi d'autre qui nous amène directe à l'issue du processus.
Du coup, à mes yeux, qu'il soit arrivée par voie basse, à voix haute, par césarienne, par wifi, dans la mesure où tout le monde est là, ça s'est bien passé.
Mais bon.
De toute façon, il ne s'agissait pas de mon bide/vagin/périnée et en plus il est clair que je ne suis pas une vraie femme, alors...
Pas eu de césarienne donc pas très utile dans la conversation d'ici. Mais pour avoir eu un accouchement avec péridurale et un sans (parce qu'arrivée "trop tôt" (ou plutôt à un moment où les équipes étaient occupées par d'autres naissances) et après c'était trop tard), je peux témoigner que pour le "sans" péridurale j'ai cru qu'on allait mourir le bébé et moi. Et que si ça avait été le premier accouchement comme ça et non le second je n'aurais sans doute pas voulu courir le risque de recommencer - de peur en + de laisser l'enfant aîné orphelin -. Ce que j'en ai retenu c'est que passé un certain seuil de souffrance on n'est plus en état de communiquer à d'éventuels secours que ça ne va pas, vraiment pas. Alors vive toutes les techniques qui permettent d'éviter d'en arriver là, quitte sans doute à endurer d'autres douleurs mais sans danger immédiat.
Gilda comme j'ai mis 8 ans à avoir un deuxième, je ne peux que comprendre :)
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