Pour faire suite aux billets divers de ces derniers jours sur l'entérination par notre société de ce qui est une réalité aujourd'hui, causons enfants. Et homos. Hannnnnn !!!!
En préambule, rappelons que pour faire un enfant,à l'heure actuelle, il faut un ovule, un spermatozoïde et un utérus. Point barre.
C'est plus simple quand tous ces éléments sont répartis sur deux personnes maximum et qu'elles s'échangent le matos entre eux sous les draps, mais si c'est la solution la plus communément adoptée depuis le début de l'humanité, ça n'est pas exactement la seule.
Et là, je pose mes principes, personnels et qui n'engagent que moi : pour élever des enfants, il faut les aimer et leur donner des éléments structurants. Éclairer le monde à notre hauteur, mais leur montrer, avant tout, comme se servir de la torche pour qu'ils puissent explorer le reste. Et faire passer l'intérêt supérieur de l'enfant (pas en matière de choix de jouets, hein, mais d'équilibre, de santé physique et psychologique) au delà de TOUTE autre considération.
Partant de là, il me paraît important d'éclairer la filiation biologique d'un enfant. Même quand on ne la connaît pas. Je pense aux enfants nés sous X, il me semble plus sain d'accompagner un enfant dans son histoire en lui expliquant que sa mère biologique a souhaité accoucher dans l'anonymat que de lui cacher qu'il a une mère biologique. Et l'accompagner sur le chemin de la "recherche" plutôt que de laisser un gros secret dans le tiroir. Qui que soient les adultes qui l'éduquent.
Il me semble d'ailleurs qu'il faut éclairer la filiation dans toute forme d'éducation de l'enfant. Qu'il soit 100% fait maison, fabriqué en éprouvette, adopté, on lui raconte ce qu'on sait d'où il vient, au-delà de nous. Ne serait-ce que pour l'inscrire dans la longue chaîne humaine qui l'a conduit sur Terre et qui se poursuivra après lui. Ne serait-ce que pour partager une histoire.
Ces pré-requis posés, je maintiens ce que je disais lundi. Je ne vois pas au nom de quoi un couple homo serait ni plus ni moins doté de ce qu'il faut pour être une "entité structurante" qu'un couple hétéro. Ni pourquoi on accorderait un droit à certains et pas à d'autres, dans la mesure où le parcours d'adoption est conçu pour "tester" la motivation, l'équilibre, le cadre de vie qu'ont à proposer des futurs parents.
Concernant la PMA, come on ! Le discours aujourd'hui est : c'est réservé aux couples stériles. Mais dans la réalité, la frontière belge est à deux pas. Et des couples homoparentaux, il y en a. Qui ont eu recours à la PMA. Juste ils ont roulé un peu plus. La question ne réside à mes yeux pas dans le "droit". D'abord parce que, une fois de plus, pourquoi donner un droit à certains et pas à d'autres. Sans vouloir blesser personne, un homme ou une femme stérile n'ont pas plus l'équipement de base fonctionnel pour faire un enfant sous la couette qu'un couple homo. Donc soit on crie au fatalisme et on se dit que la vie ne leur réserve pas cette possibilité et que c'est comme ça, soit on ouvre ce droit à tous parce qu'on est les mêmes humains.
D'autant que, et c'est ma "valeur guide" dans tout ce développement, avoir des enfants, ce n'est pas un droit qu'on s'arroge, c'est un devoir qu'on a vis-à-vis d'eux une fois qu'ils sont là, avant tout. La question n'est donc pas tant de comment on le fabrique que bébé que comment on fait de lui un adulte autonome, fonctionnel, citoyen...
Quant à la procréation pour autrui, je n'ai pour religion que l'intime conviction que chacun doit disposer d'une entière liberté de ce qu'il fait de son corps. Et que cette liberté ne doit subir aucune pression d'aucune sorte (économique, psychologique, menaces physiques). Qu'il n'est pas question de transformer des femmes en pondeuses en chaîne payées à l'embryon transformé. Mais qu'il n'y a pas plus de raison d'empêcher une femme qui, par conviction, voudrait aider un couple qui ne peut pas le fabriquer d'avoir un enfant.
En tout cas ça me semble un vrai débat de société à mener, hors de toute considération religieuse et dans l'équité parfaite des droits, aussi bien de ceux qui en bénéficieraient que de ceux qui prêteraient leur corps, le cas échéant.
Et pour conclure : rendez-vous à 19h devant l'Assemblée Nationale !
Commentaires
Il y a quelques lustres, mon époux et moi avions un problème de fécondité,TROP féconds nous étions ! :badass:
Au sortir du cabinet médical je dis au toubib, si seulement nous pouvions "donner" à d'autres notre trop plein ! 0:-)
Parce que être enceinte n'était pas le problème premier, non, c'était "élever" le bambin en devenir, et là, je capitulais... p-) :badass:
Il avait lui dans son couple le problème inverse du notre... :yum:
Il nous a souri et déclaré, bientôt ce sera possible, c'était en 1983... :blush:
Depuis dans la famille sont nés 3 enfants, de superbes gamins, fabriqués pour moitié "maison"... :p
Ce fut pour ces parents un marathon, la pendule biologique égrainant sans fin la course du temps.
Les frontières européennes ils les franchirent, visitèrent ainsi, le sud et l'est du continent. :mute:
Ils sont heureux ces enfants et que dire des parents et grands-parents,la tata que je suis l'est tout autant.
Chacune fait de ses "tripes reproductrices ce qu'elle veut", je n'en démords pas ! :)
Fils aîné n'a fréquenté que des jeunes femmes déjà "équipé" d'enfant, je lui demandais s'il n'avait pas envie d'en faire lui même, sa réponse?
l'important est d'avoir un enfant à choyer !
Tout est dit. :heart:
Oui, mume, tout est dit :) :heart:
Et si on considérait que chacun est capable de gérer ce qui lui semble "normal", et que cette "normalité" est différente pour chacun? Le mot est mal choisit mais je n'en trouve pas d'autre plus adapté. Ce que je veux dire, c'est que la gestation pour autrui, pour moi, c'est inconcevable, mais pour d'autres, c'est concevable. Donc je ne suis pas contre. Je ne voudrais pas l'envisager pour moi, mais pourquoi empêcher les autres d'y avoir accès s'il se sentent à même de pouvoir le gérer correctement. Je pense que les homos qui pourraient adopter ou avoir accès à la PMA se poseront suffisament de questions pour savoir s'ils se sentent capables d'être à la hauteur. Et ils le seront sûrement plus et mieux que des parents qui n'auront pas eu à s'interroger avant de procréer. Quand tu "survis" à une démarche en vue d'adoption ou à un parcours de PMA, et que tu trouves enfin le graal, tu connais sa valeur. Quand tu as rêvé d'un enfant, pleuré de désespoir, tu remercie tous les jours la vie de t'avoir fait ce cadeau. Et puis la filiation, c'est matière d'état civil, pas de quotidien. D'ailleurs, les enfants d'aujourd'hui ont des grand-parents en triple ou en quadruple et si les adultes sont intelligents, ça ne pose pas de problème. Et surtout ça ne gêne personne. De toutes façons, dans 20 ans on trouvera ça normal le mariage et l'adoption pour tous, et comme toute évolution de la société, on se demandera comment on pouvait vivre avant. Et ce n'est pas qu'une question de parti politique ou de religion ce débat, quand on n'a pas d'argument, on se cache derrière ce qu'on peut.
Pfiou, j'espère avoir été à la hauteur de la discussion parce que ça vole haut chez toi en ce moment ;-)
brige, c'est ça de fréquenter le gratin des activistes FAP :D
Plus sérieusement, oui, il faut arrêter de voir midi à sa porte, et considérer les choses dans le meilleur intérêt général, il me semble.
Je suis tout d'accord avec toi, c'est important de bien savoir d'où l'on vient, et de ne jamais nier évidemment qu'on naît tous d'un homme et d'une femme. 0:-) Après concernant l'éducation, on fait tous les mêmes erreurs... et de notre mieux !! p-)
Matoo, ah non je suis pas d'ac, ce qui est drôle c'est que justement, on ne fait pas les mêmes erreurs, sinon ça serait trop facile !!! :-D
A ce soir, donc p-)
Ah oui, bien d'accord avec toi, être parent c'est avant tout une énorme responsabilité que l'on prend...
Eli, 'reusement qu'il y a de bons moments, hein, sinon ce poids sur les frêles épaules des parents !!!
Complètement d'accord avec toi sur "ne rien cacher aux enfants" dans quelque domaine que ce soit et celui de leur filiation en particulier !
Pour tout le reste je n'ajouterai qu'une chose : un adulte peut élever et donner de l'amour à un autre enfant que le sien ! (et je sais de quoi je parle)
Madleine, ohhhh oui c'est possible !
Amen. Euh, j'veux dire ... A voté ! Enfin, chuis dac quoi.
Bien d’accord avec toi et il faut quand-même dire que les valeurs et la moral sont une négociation permanente entre les citoyens, le contraire sont des dogmes et préjugés. Les arguments de ceux qui s’oppose au droit de parentés ne tien pas la route, puisqu’au contraire ça ne peut que renforcer le droit des enfants et les devoirs des parents ! Ton billet est vraiment étonnent de fraicheur et vérité, la famille n’est plus ce qu’elle était tous fout le camp ! Il faut tout de même vivre avec la réalité qui nous entour la famille aujourd’hui est très différente de celle de nos grands parents ,elle est là il ni a plus qu’a faire évoluer le droit et les mentalités de ceux qui la refuse par préjugé ou homophobie!
En fait c'est même vachement plus sain un enfant d'homo, parce q'au moins on ne saura lui cacher qu'il est arrivé là par un chemin pas tracé d'avance, que de le laisser chercher désespérément dans le regard de ses parents le pourquoi je suis le seul blond aux yeux bleus ? pourquoi je ne ressemble ni à l'un ni à l'autre, et tous ces indices qui font deviner une autre vérité que celle si évidente de papa et maman ont fait des cabrioles ensemble et hop, la ptite graine tout ça... Y'a une armée d'enfants de facteur qui n'ont/auront pas cette chance !
Tout ça parce que le réchauffement climatique a fait se barrer les cigognes... 0:-)
Ceci dit, je partage tout à fait le commentaire de Brige ;-)
zelda, \o/ (va savoir pourquoi, je me doutais !)
Merci julio !
Jathenais, tu crois que ça existe encore, les enfants de facteur ? :p
Heidi, et la disparitions de différentes variétés de choux et de roses, aussi !
..Bon, je vous dis ce que je pense de la GPA (pour le reste, ce serait trop long, d'ailleurs même comme ça je crains devoir m'étendre un peu, pardon d'avance).
..Or donc, la GPA (gestation pour autrui). Il y a un point de vue que tu n'as pas du tout abordé en en parlant, Anne, et il me semble pourtant fondamental : le point de vue du bébé.
..Je ne vous apprends sans doute rien en vous disant qu'un enfant est conscient de pas mal de choses avant la naissance. Quiconque a fréquenté de près une femme enceinte le sait : un fœtus entend les bruits de la vie de sa mère (sa voix, celle du père s'il est présent, celle des gens qui lui sont proches, la musique qu'elle aime, sans parler des bruits de sa respiration et de son cœur). On sait aussi que le liquide amniotique prend le goût des aliments qu'elle mange. On sait enfin qu'il régit aussi à l'intention de sa mère : des études ont été faites là-dessus notamment à l'initiative de femmes muettes à qui on disait qu'elles ne pouvaient pas communiquer avec leur bébé avant qu'il ne soit né et même bien après, tant qu'il ne verrait pas assez bien pour comprendre le langage des signes. En réalité, échographie et monitoring réalisés
1. à un moment où la mère parle au bébé, tout haut
2. à un moment où la mère parle à quelqu'un d'autre, tout haut
3. à un moment où la mère parle au bébé, dans sa tête
..On s'est rendu compte que le bébé réagissait quasiment de la même manière à 1 et 3 (augmentation des mouvements et du rythme cardiaque, interprété comme augmentation de l'attention) mais nettement moins à 2. (Je ne retrouve pas la référence, mais je suis sûre de moi sur ce coup-là, l'étude avait été citée dans L’œil et la main).
..Autrement dit, bien avant de naître, un bébé n'est pas une chose, il réagit à ce qui lui arrive, il a conscience de beaucoup de choses concernant sa mère qui est, littéralement, son univers.
..(Il est bien évident que par "mère" j'entends "la femme qui le porte". Les histoires d'ovule et de projet d'enfant, un nourrisson n'y comprend pas grand-chose.)
..Vous imaginez donc le choc que représente pour un nouveau-né le fait de perdre sa mère. Un choc immense, une souffrance énorme, parlez-en aux gens qui travaillent dans les pouponnières où on recueille les enfants abandonnés, pour voir.
..La GPA implique de concevoir un enfant avec l'intention de lui faire subir ce choc, cette souffrance énorme.
..Franchement, ça me dépasse.
..Vous savez ce qui me dépasse encore plus ? Parmi les gens qui pensent que la GPA est une bonne idée, j'en connais qui, face à une femme enceinte du premier trimestre qui sait qu'elle ne pourra pas élever l'enfant, lui conseillent d'avorter, parce que c'est cruel d'abandonner un enfant.
..Note en passant : je suis pour le droit à l'IVG.
..Mais en ce qui me concerne, une femme qui est enceinte, qui ne souhaite pas avorter ou qui apprend sa grossesse trop tard, qui sait qu'elle ne pourra pas élever correctement son enfant et qui choisit de l'abandonner à la naissance, je l'admire : elle est dans une situation merdique, elle fait le choix "le moins pire". Son enfant souffrira, mais (au moins en France et dans les autres pays riches) elle sait qu'il sera sûrement recueilli par un couple aimant qui fera de son mieux pour lui.
..Par contre, je le redis, concevoir un enfant en sachant qu'on va lui faire subir ça, et au nom de quoi..? Franchement, je ne comprends pas.
..Je ne vais même pas rentrer dans les détails du débat sur le droit des femmes, parce que mon point de vue diffère vraiment trop du tien, Anne : je pense que ce serait de l'angélisme de croire que dans la majorité des cas on aura affaire à des femmes qui le font de bon cœur. Je pense que l'argent et le besoin d'argent vont jouer un rôle central là-dedans (c'est déjà souvent le cas dans les pays qui l'autorisent).
..Pour évoquer très brièvement des exemples de questions éthiques, même dans le meilleur des mondes où la femme fait ça de bon cœur.
..L'enfant est handicapé, ses "parents" n'en veulent plus, la mère porteuse ne veut pas avorter. On fait quoi ?
..L'enfant est handicapé, ses "parents" le veulent quand même mais la mère porteuse ne veut pas porter un enfant handicapé. On fait quoi ?
..Un problème médical oblige à choisir entre la santé de la mère et celle de l'enfant. On fait quoi ?
..L'enfant meurt à la naissance ou juste avant, à cause d'un problème causé par le comportement de la mère porteuse, ou simplement de quelque chose qu'elle aurait pu détecter mais qu'elle n'a pas remarqué. Est-t-elle responsable de la mort d'un enfant qui n'est pas vraiment le sien ? Peut-on lui faire un procès pour ça ?
..L'enfant nait, mais une hémorragie de la délivrance très grave pousse les médecins à pratiquer une hystérectomie. Cette femme n'aura plus jamais d'enfants. Peut-elle exiger un dédommagement ?
..J'en passe et des meilleures, et donc je ne vous raconte donc pas le merdier, les situations où quoi qu'on fasse on va générer une souffrance pas possible.
..En ce qui concerne l'adoption par des couples gays, je n'ai toujours pas d'opinion définitive, mais je trouve intéressant d'entendre qu'une associations d'enfants adoptés semble être plutôt contre.
..Je ne suis tout simplement pas convaincue qu'il suffit d'aimer un enfant pour bien l'élever. Je ne suis tout simplement pas convaincue qu'un enfant désiré sera forcément heureux et équilibré. Ça aide, c'est sûr. Mais je ne crois pas que ça suffise.
Oh et puis tiens, ce dossier sur psychologies.com pose aussi des questions intéressantes.
Anna, c'est précisément pour tous les points que tu évoques qu'il me semble que la GPA mérite un débat de société entier, fondé sur l'éthique de la gestation pour autrui et pas sur la question "pour les homos ou pas pour les homos".
Est-ce qu'on peut garantir une éthique qui permette à une femme de faire ça par altruisme ? Comment on cadre les "et si" ?
Je maintiens : je n'ai pas (encore) de religion à ce sujet, mais si on doit encadrer ce qui existe déjà, c'est dans l'intérêt supérieur de l'enfant qu'il faudra bien poser les questions et pas par rapport à nos croyances personnelles. Je ne l'ai pas RE mentionné dans le bref paragraphe sur la GPA mais ce n'est pas faute de l'avoir martelé plus tôt...
Quant à l'adoption et les questions que ça pose d'être un enfant différent / d'offrir un cadre différent, figure toi que j'en suis, un peu, familière. Non pas pour avoir vécu l'adoption.
Mais la question, quand on fait un enfant métis, on se la pose sur le racisme qu'il pourra affronter, sur le fait qu'on est pas en train de faire un bébé cadum comme dans les pubs.
Plus tard, la question de l'enfant qui ne vit plus avec ses deux parents au quotidien, on se la pose aussi. Comment on équipe son enfant face aux "pourquoi ton papa n'est plus là ?".
Et pour moi la réponse est bien dans ce qu'on transmet à l'enfant comme "équipement" pour faire face au monde que dans le qui on est comme parent.
Et tu as un peu survolé une partie essentielle de ce billet. Oui il faut de l'amour pour élever un enfant, mais il faut aussi accepter d'avoir un rôle structurant, endosser une énorme responsabilité pour lui fournir de quoi "pousser droit", ai-je dit et répété.
Du coup, pour les autres, je ne sais pas, mais l'angélisme de prétendre qu'il suffit d'aimer très fort pour élever un enfant, je n'en ai pas fait mention, non. Ni d'avoir omis l'enfant au cœur du débat...
J'ajoute, Anna, que si je ne me vois ni le faire ni le faire faire à une autre femme, je peux faire un effort et imaginer qu'une femme pourrait infliger ce traumatisme à un enfant : en impliquant les futurs parents "adoptants" pour que le bébé les reconnaisse comme faisant partie de leur univers, en étant persuadée de le confier à des gens qui feront tout pour l'élever au mieux. Il y a des femmes tout aussi bien informées que toi qui font ce choix, parfois au nom d'un altruisme chrétien, d'ailleurs, ce qui est ironique quand on y songe.
Bref. Tu as tes idées et elles sont aussi respectables qu'étayées. Mais tu ne peux pas les imposer comme base d'un contrat social au prétexte que c'est ce que toi tu penses (pas plus que moi ou aucun autre).
D'où la nécessité de débat social.
Ben, la souffrance de l'enfant abandonné par sa mère (porteuse) lors d'une GPA il me semble qu'on en fait très peu cas.
Tu as eu le temps de jeter un œil au dossier de psychologies.com ? C'est à ça que je pensais en disant que l'amour ne suffit pas.
Je te rejoins tout à fait sur la nécessité du débat : se contenter de dire "les gens font bien ce qu'ils veulent" quand des enfants sont impliqués dans l'histoire ne me suffit pas du tout.
Oui, Anna, je l'ai parcouru, et je le trouve très de parti pris, et même dangereux dans son parti pris. D'abord sur la filiation : on peut très bien inscrire une filiation biologique dans un cadre autre. Sinon ça veut dire que tous les enfants de parents séparés, les orphelins, les élevées dans d'autres cultures que celle du foyer nucléaire seraient voués à être profondément déséquilibrés.
Sur la notion différence des sexe / sexualisation / construction, il est dangereusement de parti pris, ce dossier. Il pousse vers le stéréotype du genre plus que vers la construction de l'identité, de mon sentiment à première lecture rapide.
Bref, c'est le reflet d'UN point de vue de la psychanalyse, pas une étude...
(Quand je pense qu'à cause de moi ma fille va se sentir d'être un peu garçon manqué et de changer d'amoureux en cours de parcours ! Ahhhh j'aurais dû plus m'identifier à ma mère et devenir féminine et garder, de force, mon ex toute ma vie, pour pousser un peu le trait).
En fait, il se lit exactement comme si les parents n'avaient aucune façon d'expliquer la vie aux enfants... et comme si les enfants étaient incapables de comprendre la notion de pareil / pas pareil.
C'est si grave que ça de dire que nos actions ont un effet sur nos enfants, autant que ce qu'on leur dit ? J'ai déjà entendu qualifier ça d'"éducation silencieuse", je trouve l'expression jolie et assez représentative. Je ne crois pas qu'il faille dire que les enfants de parents séparés, les orphelins et moitiés d'orphelins sont "voués à être profondément déséquilibrés", simplement que ça fait partie des petits cailloux que la vie met sur le chemin. La plupart vivront bien avec, les enfants sont résilients. Mais on ne peut pas faire comme si ça n'avait aucun effet sur eux.
Au demeurant, je pense que personne ne nie qu'il est autant voire plus dur pour un enfant de voir ses parents rester ensemble et se déchirer que de les voir se séparer. C'est d'ailleurs là que les gens comprennent mal, à mon sens, le sens de la promesse faite lors d'un mariage catholique : il ne s'agit pas de rester ensemble même si on se déteste, mais bien de faire de son mieux, ensemble, pour s'aimer toute sa vie. Après ça, personne n'est parfait, parfois ça foire.
Anna, je pense qu'on a une divergence de vue un peu irréconciliable, sur les actions. Je pense que l'éducation silencieuse, en effet, passe par l'exemple, mettre en action nos valeurs, nos principes.
Mais qu'elle ne peut se dispenser, à aucun moment, des mots pour expliquer, décoder, éclaircir, compenser les traces de nos actions.
Il est évident que qui on est / comme on agit laisse une trace sur nos enfants, mais il me semble que tout réside aussi dans le fait de dire : je crois en ça, et ça ne sera pas forcément ton choix plus tard.
Pour ma part, je suis intimement convaincue que l'exemple d'un couple qui s'aime et qui fait des efforts pour faire vivre leur couple et leur foyer en harmonie laissera une trace supérieure en impact au fait que ça soit deux hommes ou deux femmes qui composent ce couple. Pour peu qu'effectivement, on donne des clés aux enfants pour expliquer que ce n'est pas ce couple qui, biologiquement, a fabriqué l'enfant.
Après, être homo ne veut pas dire ne pas être un homme, ne pas être viril (ou bien ne pas être une femme, ne pas être féminine). Alors je ne vois pas bien comment un enfant ne pourrait pas construire son identité sexuelle à lui.
D'ailleurs, le meilleur contre exemple, c'est que si l'identité sexuelle se construisait exclusivement sur le "homme comme papa, femme comme maman", il n'y aurait pas d'homos, c'est bien plus complexe que ça (ou alors tu fais partie de ceux qui pensent que l'homosexualité s'acquière à cause des parents J'espère bien que non).
Peut-être que je me trompe. Sur l'essentiel et sur ce que je comprends de tes arguments.
Mais je n'arrive pas à passer outre l'impression que tes opinions sont beaucoup forgées sur des a prioris et des clichés, pour le coup.
(Et sur le refus du divorce façon catho, ton explication en est une, pleine d'angélisme, mais aussi de bienveillance, pas la plus répandue de mon expérience qui n'a rien d'une vérité scientifique...).
Anna, un article d'un autre point de vue que le tien à lire sur Libé
"(ou alors tu fais partie de ceux qui pensent que l'homosexualité s'acquière à cause des parents J'espère bien que non)."
Non non, je te rassure. Et je pense que nos points de vue ne divergent pas tant que ça. L'éducation silencieuse ne se dispense pas de mots, bien sûr que non ! Les deux se complètent, et les deux ont un rôle très important. :-)
Je ne vois pas la contradiction entre "se forger comme homme comme papa, femme comme maman" et être homo. On peut être femme comme maman ET lesbienne, homme comme papa ET gay. Il ne faut pas confondre identité sexuelle et préférence sexuelle.
Je suis bien d'accord pour dire que deux parents qui, je te cite encore, "s'aime(nt) et qui f(ont)ait des efforts pour faire vivre leur couple et leur foyer en harmonie" seront un bien meilleur exemple que deux parents qui se déchirent, quel que soit leur sexe. Mais, on en parlait avant-hier je crois, il y aura aussi des parents de même sexe qui se déchirent et ne font aucun effort pour faire régner un peu d'harmonie dans leur foyer.
(Pour en revenir à mon explication de la promesse du mariage catho, quand je dis que plein de gens la comprennent mal, j'inclus plein de cathos dans le tas de ceux qui, donc, la comprennent de travers selon moi. C'est triste, mais c'est ainsi.)
En cela l'article de Libé est éclairant, Anna. On SAIT aujourd'hui que les parents homos seront pointés du doigt à la moindre occasion. En revanche on a aucune donné sur la norme hétéroparentale.
Sur les parents hétéros tout court, on n'a pas de données, parce que c'est un "échantillon" bien trop vaste pour qu'on puisse obtenir une analyse pertinente. Mais sur les parents hétéros mariés, les parents hétéros divorcés, les parents hétéros divorcés remariés, les parents hétéros pas mariés, les parents hétéros veufs... On a. Suffit d'additionner tout ça. Je trouve ce billet de libé un poil hypocrite.
C'est justement la mise en tension de ces chiffres dans leur globalité et pas "niche par niche", qui serait intéressante, Anna. Moi c'est le dossier de Psychologies que je trouve hypocrite, culpabilisant, et un chouïa malsain... Chacun voit midi à sa porte, je pense, en la matière.
La discussion continue ailleurs
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