Sacrip'Anne

« Oui, je sais très bien, depuis longtemps, que j’ai un cœur déraisonnable, mais, de le savoir, ça ne m’arrête pas du tout. » (Colette)

mercredi 24 décembre 2025

Plaisir d'offrir et joie de recevoir

Je me suis fait l'autre jour un cadeau, mais ça n'est pas moi qui le fabrique. Et il a été l'objet de contributions extérieures afin que je puisse avoir une surprise.

Ce cadeau, j'en avais envie depuis longtemps, l'idée m'en trottait dans la tête (j'en ai offert un, similaire mais évidemment[1] pas identique, je ne saurai jamais s'il a touché son but, mais pour le mien, c'est un grand oui. Enfin je ne l'ai pas encore vu en vrai, mais je sais.

Depuis quelques jours, je rêve au moment où il sera dans mes mains. Je sais déjà que cet objet a une particularité, très étonnante, il permet la multiplication des cadeaux. Un truc un peu surprenant (quand on me connaît, pas tant.)

Me voici donc lancée, pleine d'enthousiasme, dans un projet, avec des morceaux à assembler, des emplettes à faire, des listes à établir, des mots à écrire.

Tout ça pour un tout petit club d'une dizaine de personnes que je vais voir les uns et les autres dans les... mettons, trois prochains mois ? (Environ, suggestion de présentation, il en est dont je ne suis pas sûre).

Je crois que je ressemble d'assez près à mon fils sur cette photo, en ce moment.

Lomalarchovitch dans une tentative salissante d'écrire à la plume au musée de l'école, cet été.

Je ne sais pas comment ces cadeaux seront reçus et appréciés, tout ce que je peux dire, c'est qu'ils seront pleins de moi. Et je n'en dis pas plus car je meurs d'envie de tout raconter !

Voilà, pour la musique, c'est facile, c'est ma chanson de Noël préférée.

(Tous les ans je pleure de rire devant. "We are the rennes, we are the rennes !")

Note

[1] Vous comprendrez le pourquoi de cet "évidemment" lors du reveal.

lundi 22 décembre 2025

Rhapsodie en lumières orangées dans le bleu froid

Il y a un peu plus de 20 ans, j'ai commencé à raconter n'importe quoi sur les blogs et j'y ai fait une découverte majeure. Des gens. Plein de gens. Avec qui on pense / se comporte / ressent suffisamment pareil pour se sentir en tribu.

Il faut dire qu'auparavant, je me sentais un peu isolée, à part mon amie d'enfance et celle de la fac, toujours un peu cinquième roue du carrosse, pas la plus indispensable du lot.

Et là, ces gens. Qui comprenaient ce que je disais, qui fonctionnaient selon des mouvements compatibles.

C'est ainsi qu'est né mon cercle d'amis, pour la plupart de plus de vingt ans, maintenant.

Tous neuroatypiques as fuck, je le crains bien, hyper, dys et compagnie, même si on est nés à une époque où ce mot n'existait pas et où on était priés de se conformer, merci, bisous.

Il en est une parmi nous qui jure qu'elle est la seule "normale" au milieu de cette tribu de freaks. Ne la croyez pas. (Elle est facile à reconnaître, c'est celle qui s'endort au milieu de 15 bavards, enroulée dans 4 plaids par 18 degrés).

À les fréquenter, j'en ai oublié le décalage, je me suis fabriqué un monde où les gens se comprenaient bon an mal an, et quand ils ne se comprenaient pas, en discutaient. Ça fonctionne pas mal.

Ces derniers temps, je suis brutalement ramenée au sol, j'habite plusieurs heures par jour dans un monde où les repères intellectuels ou culturels sont très différents des miens. Vraiment très.

Alors je fais ce que je peux pour que ça se passe bien aux heures ouvrables mais c'est un peu compliqué à gérer, parfois (et pas vraiment à double sens, surtout.)

Alors je pense à ceux qui comprennent. La tribu des internets, celles et ceux qui m'entourent et avec qui tout est tellement plus intéressant.

Ma tribu, du web ou d'ailleurs, points de lumière dans le froid environnant.

Les lumières de Paris comme points orangés chaleureux dans la lumière bleue de fin de nuit. Les lumières de Paris comme points orangés chaleureux dans la lumière bleue de fin de nuit. Les lumières de Paris comme points orangés chaleureux dans la lumière bleue de fin de nuit. Les lumières de Paris comme points orangés chaleureux dans la lumière bleue de fin de nuit. Les lumières de Paris comme points orangés chaleureux dans la lumière bleue de fin de nuit. Les lumières de Paris comme points orangés chaleureux dans la lumière bleue de fin de nuit.

mercredi 17 décembre 2025

De billes et de Klotz

Je suis passée devant cet endroit des centaines de fois, et puis samedi, en sortant du ciné avec Lomalarchovitch[1], j'ai levé le nez et...

L'ancienne enseigne d'un commerce désormais fermé, Joffo coiffeur.

(Est-ce qu'on lit encore Un sac de billes dans les collèges ? Je n'ai pas l'impression, en tout cas pas à en juger par les livres "au programme" achetés pour mes enfants.)

Et donc, après quelques recherches et vérifications, il s'agirait bien de l'enseigne de l'un des salons de la famille Joffo, comme dans Joseph Joffo, pas le salon historique qu'il évoque dans le livre, mais tout de même.

Comment se fait-il que je ne l'ai jamais vue avant ?

Quoi qu'il en soit, j'ai fait une découverte dingue (comprendre : tout le monde doit être au courant sauf moi).

Il se trouve que Un sac de billes et quelques suivants semblent avoir été (ré)écrits (a priori on dit remanié pour être poli), d'après les récits de Joseph Joffo par... Claude Klotz, alias Patrick Cauvin, alias l'écrivain majeur de ma fin d'enfance, début d'adolescence, vers qui je reviens encore parfois, juste pour le plaisir.

Il faut dire qu’en dehors d’écrire délicieusement bien des histoires qui m’ont plu, il savait écrire les pensées et mots des enfants comme personne, pour le plus grand bonheur de la jeune lectrice que j’étais. Il avait aussi des personnages féminins forts, dotés de personnalités, de volonté, de noirceur autant que de tendresse, d’humour et de résolution. Des femmes à qui la toute jeune moi aimait s’identifier.

J'ai donc repris Un sac de billes, Joffo remercie son ami écrivain Klotz[2], on le cite sur tout Internet pour son "aide", mais oui, ça saute aux yeux, il est là derrière chaque mot, on le sent, un peu retenu, comme pour ne pas se trahir ou dévoyer le récit original (il avait déjà publié mais pas encore ses "romans-Cauvin"[3]), mais lui, tellement.

Vous pouvez donc rire, tous ceux qui savaient, de mon inculture, je me vautre dans ce nouveau savoir avec joie : je n'ai pas l'impression de relire un récit de mon enfance, mais de découvrir un inédit, le temps de quelques trajets de métro.

Notes

[1] Je l'ai emmené voir "La petite cuisine de Mehdi" en espérant faire chuter sous 80 ans la moyenne d'âge des clients du cinéma.

[2] Il faut dire, ils avaient le même âge, gamins de la guerre, ils habitaient, adultes, le même coin de Paris (L'idée que l'un ait pu être le coiffeur de l'autre me fait rire au vu de sa calvitie, mais je suis le fruit de blagues multigénérationnelles sur le fait de couper "son cheveu" ou de se laver les cheveux à l'éponge, on a la famille qu'on peut).

[3] Et d'ailleurs, en écrivant ce billet je me dis que c'est pour ça que je n'ai pas percuté : quand j'ai lu Joffo, je connaissais Cauvin mais pas Klotz et je n'y suis pas revenue après.

mardi 16 décembre 2025

J'aurais dû faire un index

Il y a quelque temps que je n'arrive même plus à dater, j'ai décidé qu'il y aurait une photo par billet. Issue de mes stocks persos, de préférence, on n'est jamais si bien servis que par soi-même (enfin surtout pour ne pas avoir à me soucier de questions de droits).

Parfois le lien avec le billet (m')est évident, parfois plus ténu ou compréhensible par moi seule.

Et puis est venu le couvent et assez vite l'envie d'ajouter à l'image une illustration musicale. Qui a fini par s'étendre ici aussi.

Souvent j'ai, dès l'écriture, l'idée de la photo et/ou de la chanson, à d'autres moments rien du tout et ça devient une recherche acharnée dans ma bibliothèque d'images et mes playlists préférées.

Je ne sais pas dans quelle mesure ça intéresse la douzaine de personnes qui passent ici, ni même si vous y trouvez un sens ; pour moi c'est vraiment quelque chose qui est devenu un "objet" complet à trois dimensions, mes mots, mes images, la musique d'un(e) autre.

Bon. Il se trouve qu'avec le temps qui passe, les billets qui clignotent, disparaissent, reparaissent ou pas, j'oublie parfois ce que j'ai mis.

J'aurais dû faire un index ; il est trop tard maintenant pour ne pas voir ça comme une corvée monumentalement chiante. Tant pis. Doublons il y aura et tout le monde va y survivre. Enfin vous. Et moi aussi.

Ça restera très moi, un peu chaotique, beaucoup bordélique mais choisi avec le cœur.

Mon reflet en train de photographier une affiche "Art for the people" dans une vitrine de galerie d'art, au coin de la rue du bureau.)

jeudi 11 décembre 2025

Savoureux

C'est fou, avec Laurent, on s'est vus moins d'une demi douzaine de fois, je pense, et pourtant c'est "mon vieux copain", quelqu'un avec qui une forme vive d'affection s'est installée (de ma part au moins !) aux tout premiers regards. Le pauvre, depuis, il subit.

Curieusement, je le vois presque plus souvent depuis qu'il est Marseillais, lors de ses passages parisiens que quand nous vivions à quelques kilomètres l'un de l'autre. Il faut que je lui rende la visite éclair, d'ailleurs.

La journée est tombée en place autour de notre déjeuner, comme par enchantement. Un marché matinal, le trajet, 5 minutes d'avance, pile le temps d'un tour de pâté de maison.

J'ai vu de jolies rues, des parisiens parisianer et des touristes tourister, un lampadaire au cœur fendu que j'ai tout de suite adopté.

Et puis ma boucle bouclée, on s'est retrouvés, face à face dans la rue et on s'est tombés dans les bras devant notre point de rendez-vous. Et c'est bon, cette chaleur d'un humain aux yeux pétillants.

Ceux d'entre vous qui suivent son blog savent qu'on est tombés tous les deux sous le charme de ce restaurant, de sa patronne (qui porte un très beau prénom !), de son équipe, de sa cuisine, simple, divine. On s'y est régalés en devisant, on a échangé des suggestions de lecture, plaisanté avec le serveur, parlé de vins et de pourquoi on aime l'appeler par son appellation plutôt que son cépage (ce Chablis était parfait), contrairement aux Américains (ça rappelle où on en a bu la première fois, ou avec les gens qu'on aime, souvent).

Quoi qu'il en soit, tout était savoureux, le contenu des assiettes, le regard des convives, les sourires du personnel. La mousse au chocolat était à se damner.

Nous avons donc, en toute logique, décidé d'en faire notre cantine.

Le reflet d'une dame dans une vitrine Des piétons au croisement de la rue des orfèvres. Un lampadaire au coeur fissuré, je l'ai adopté immédiatement. Un jeune homme adossé à un mur. Un homme le nez sur son téléphone longe le restaurant "Le Casanova" Un homme à vélo avec un garçon sur le porte bagage. Le rond de serviette avec la serviette bien épaisse de notre nouvelle cantine.

J'aime cette aptitude aux petits bonheurs qu'on partage, l'œil pour aller chercher la minuscule étincelle de joie, le petit bonheur, l'attraper au vol, le faire virevolter, le partager si on peut et s'en réjouir.

Et puis nos chemins se sont séparés ; je me suis un peu trompée de film mais je suis rentrée heureuse, quand même, encore portée par l'écho de nos sourires.