Ceux qui ont fredonné "doo-doo-doo-doo" en lisant mon titre ont toute ma tendresse.
L'autre matin, je ne sais plus lequel, lundi ? mardi ? j'étais sur le toit du bureau à boire mon café et à prendre des photos. Gammes techniques et tentatives vaines d'attraper mes émotions au passage. Gros programme pour un début de journée, mais routine indispensable - sauf si la météo l'interdit.

Depuis l'arrivée brutale du froid, vous marchez, innocents, dans la rue, sur un sol sec, pendant que j'exerce mes piètres talents de patineuse non artistique sur le rooftop[1].

C'est assez étrange, à vrai dire, et je ne m'habitue pas du tout pendant l'hiver, à cette sorte de décalage de perception de la météo qui se joue le temps de quelques étages en ascenseur.
Bref.
C'était le début de semaine, je m'apprête à descendre et reprendre le cours de ma journée de bureau et l'ascenseur s'ouvre sur deux types qui avaient oublié d'appuyer sur le bouton pour s'arrêter avant le toit. Une science compliquée, les ascenseurs, dans notre immeuble, ne les blâmez pas.

Je les salue et leur dis que, dommage, à quelques minutes près ils ont loupé le lever du soleil.
Casquette le plus bavard me répond que bah, ils ont l'habitude, ils sont souvent sur des chantiers à l'heure où le jour commence.
Je lui réponds qu'il ne faut pas s'habituer aux belles choses, voyons.

Et puis ils descendent et je me dis que c'est bien un truc de vieille blanche privilégiée à emploi de bureau, ma remarque. Pour moi, on touche à un mélange de frisson métaphysique, à la joie du cahier neuf le jour de la rentrée (celui-là même qui sera raturé dès la première heure de cours), à des pensées, intimes ou pas, certaines partagées dans les minutes qui suivent, d'autres qui resteront à l'intérieur de moi. C'est un moment pour moi, absolument seule - solitude choisie. C'est aussi un moment que je peux choisir de ne pas vivre, si la météo est vraiment contre moi, notamment.

Pour eux, avant la beauté, ça peut être un décor de boulot usant dans des conditions difficiles, dangereuses. De longues heures à tenir, encore.
Quoi qu'il en soit, je ne m'en lasse pas.
Note
[1] Je ne sais pas marcher sur un sol glissant, je n'y peux rien, c'est comme ça, foutez-vous de moi si vous voulez.







