jeudi 20 avril 2017
Libriste non geek, ça existe ?
Je me demande combien on est, dans cette galaxie un peu à l'intersection de deux mondes, à être absolument convaincu(e)s de la nécessité et de l'utilité de la philosophie du libre sans être du tout technicien(ne)s de près ou de loin.
Cet intérêt chez moi date d'il y a une quinzaine d'années je pense. Autant pour l'idée que l'utilisateur a du pouvoir sur l'outils qu'il utilise que par philosophie globale de la co construction.
Mes limitations technique et les freins de mon compagnon d'alors m'ont retenue de remplacer Windows et Office par des alternatives libres qui, de ce que je voyais à l'époque, étaient à peu près inutilisables pour des néophytes pur jus littéraires de mon genre sans avoir une masse de temps à y consacrer (quasi une reconversion professionnelle !).
Du coup, je me suis jetée comme la vérole sur le bas clergé sur Firefox assez rapidement après son lancement, dans la mesure où c'était totalement utilisable sans connaissances et que ça répondait à cette préférence philosophique qui est la mienne.
Les blogs, le web 2.0 globalement, m'ont permis d'acquérir un peu de culture du sujet (et le jour où j'ai rencontré Tristan pour de vrai, j'ai eu l'impression globale d'être une ado à un concert de JJ Goldman [1] pendant les 15 premières minutes tellement il a contribué à nourrir cette culture en me donnant l'impression que c'était simple, tout ça !)
J'ai eu longtemps, j'ai encore parfois, un complexe de l'imposteur qui utilise sans savoir (techniquement) contribuer à l'outil.
Grâce à ma rencontre avec Dotclear (l'outil, ses membres)[2] j'ai soigné un peu ce complexe. En utilisant l'outil (mais oui, l'utilisation par des non techniciens est probablement un cap important dans la vie d'un logiciel libre), en le faisant connaître.
J'ai aussi pu regarder comment c'était fait les CSS, même patouiller lamentablement dedans, et m'intéresser un peu au sujet du développement web, par ricochet (c'est la faute de Kozlika, au départ, et de bien d'autres ensuite) à l'accessibilité web. Et là encore degagner un peu de culture qui me permet de ne pas être complètement à l'ouest quand je croise un(e) codeur(se) du ouèb, à titre professionnel notamment[3].
Parfois aussi en contribuant à des tâches non techniques comme faire un retour, signaler un bug, tester un truc, donner une idée, discuter, être là dans les parages si ma façon de penser / ma casquette pro peuvent apporter une pierre à l'édifice, même petite. Ça demande un temps que j'ai de façon hélas très variables (faites des mômes), mais qui me donne l'impression d'avoir un tout petit peu droit de m'asseoir à la table et de manger avec les copains. De façon métaphorique bien sûr. Pour manger pour de vrai avec eux je ne me pose pas la question !
Et puis aussi en parmesan autour de moi (coucou Sttellla !). En montrant que c'est accessible pour des non spécialistes. En jouant avec de nouveaux jouets comme c'est le cas avec Mastodon en ce moment.
Enfin, un truc qui est tout petit petit mais qui me paraît important, en en parlant avec mes enfants. Ces espèces de jeunes pousses qui ont des outils numériques entre les mains depuis leur plus jeune âge et qui trouvent que ça va bien de soi, il me semble que c'est important de leur expliquer "ce qu'il y a derrière", qu'ils peuvent être au choix la rosette de Lyon (merci Tristan) ou des utilisateurs actifs et avertis, qu'ils ont un choix, qu'ils ont des questions à se poser sur leur futur vie en ligne, notamment.
Pour le moment c'est un peu tôt pour que ça entre en ligne de compte de leur vie de tous les jours, mais ce sont des graines pour demain [4].
Voilà mon chemin, mais justement, ce Mastodon qui débarque et qui pose plein de question, qui suscite des grands enthousiasmes mais aussi des rejets, me ramène à cette interrogation qui revient régulièrement : on est nombreux, sur ma planète ? Pas très nombreux, j'imagine, mais peut-être plus que ce qu'il me semble à vue de nez.
Notes
[1] oui, j'ai des références de mon âge
[2] et ceux qui ont suivi savent à quel point cette rencontre a été fructueuse, le deuxième prénom de Lomalarchovitch étant dotclear v11.07
[3] Je sais même qu'il y a des gens qui ont créé un langage à base de citations de Shakespeare, c'est vous dire que j'en sais plus que ce que je voudrais sur le sujet :D
[4] comme expliquer à ma fille que non, Macron n'est pas de gauche