Sacrip'Anne

« Oui, je sais très bien, depuis longtemps, que j’ai un cœur déraisonnable, mais, de le savoir, ça ne m’arrête pas du tout. » (Colette)

lundi 25 novembre 2019

Des arrêts

Souvent, nous autres les cyclistes urbains, on s'arrête. Pour gueuler après un coup de stress, lié à un engin à moteur, ou aux feux (si, si). Pour réparer une roue crevée, un garde-boue branlant.

Parfois on s'arrête pour prêter assistance. C'est ce que j'ai fait ce soir auprès d'une dame avec un tout petit pliant rigolo à roues minuscules, les 16 pouces de mon Brompton font géantes à côté.

Elle tentait un regonflage "pour tenir jusqu'à la maison", elle a refusé mes rustines car elle avait une bombe anti-crevaison. Merci, bonsoir, bon retour.

Quelques centaines de mètres plus loin je me suis arrêtée pour saluer Monsieur Sport qui profitait du bout de sol refait de neuf et me montrait comment on lui avait aménagé sa salle de sport en plein air, quasi, avec du mobilier urbain parfait pour les tractions, les abdos, le ceci, le cela.

Et quand je repartais il me dit : "il y a une dame qui crie, là-bas, j'irais bien mais j'ai mes affaires ici".

Alors j'ai dit que j'allais voir.

En fait d'une dame une demi douzaine de personnes, peut-être, un vélo par terre, une personne au sol qui tient une dame au sol. J'ai pensé à la chute, à une mauvaise chute et à quelqu'un qui l'empêcherait de bouger. en cas de blessure sérieuse.

"Tout va bien ?"

"C'est la dame, là", me répond un autre dame. Elle veut se jeter, le monsieur la retient.

Alors j'ai demandé si je pouvais faire quelque chose, on m'a dit que non, que les pompiers étaient prévenus.

Je leur ai signalé que Monsieur Sport était une ressource potentielle en cas de besoin de bras en plus, et puis la détresse de la dame n'est pas un spectacle, je me suis éloignée. J'ai rappelé les pompiers pour être sûre. Peut-être que ça encombre les lignes pour rien, peut-être que c'est juste l'égo qui veut se rendre utile, faire partie de la solidarité.

Mais ces silhouettes, dans le noir, sous le pont, elles faisaient le job et de façon si formidable, à tenir fermement mais en douceur cette dame, les cris de cette dame, son désespoir.

Les pompiers étaient bien en route. J'ai guetté de l'oreille les sirènes, en roulant. C'est fou ce qu'il y a comme sirènes de pompiers, le soir, pas loin du pont...

Pendant que des larmes d'impuissance, du monde qui est trop moche coulaient, je me disais c'est fou, tout va bien pour moi, c'est fou, ce pont dont on a vu des gamins plonger tout l'été, ce coin plutôt lumineux, d'un joli quotidien, cet endroit de promenades et de glaces en été, c'est fou, mon symbole de mi route, où la Seine est si belle dans les deux sens., là où je gueule de joyeux "bisous BIlook".

Ce morceau qui est pour moi un endroit de gaieté et de plaisir, c'était l'endroit qu'elle avait choisi parce que la vie lui devenait insupportable.

J'ai encore dans l'oreil la vibration de ses cris.

J'espère que les gens sortis de nulle part qui l'ont secourue ce soir arriveront à lui redonner de l'espoir. Ils ont en tout cas toute mon admiration et ma gratitude : c'est bon de savoir que des inconnus n'hésitent pas à arrêter leur vie pour essayer d'en sauver une autre.Que les pompiers lui auront porté tous les soins qu'ils peuvent. Que de son geste naîtront des solutions, des aides. N'importe quoi qui lui donnerait envie de vivre et d'être heureuse si c'est encore possible pour elle.

Ses cris, sous un pont, à la nuit tombée. Je vis une vie de privilégiée qui n'entend pas souvent ce genre de cris. On se sent tellement con, tellement impuissant face à une détresse si grande.

Ses cris.

Bonne chance, madame.

mardi 15 octobre 2019

A lire de toute urgence !

Des blogs d'il y a longtemps sont nés des amitiés. Les amis ont partagé des histoires.

De ces histoires sont nées d'autres histoires et c'est précisément ce qu'a fait mon amie Sylvie : en se promenant dans l'histoire de sa famille et en partageant certains morceaux avec nous, elle a attrapé des bouts de fil à tirer, et après des mois et des années de travail, Jules est chez nous.

Sylvie a une plume que j'admire depuis longtemps et un talent fou pour faire vivre ses personnages.

Alors vous aussi, sans doute, vous lirez et vous finirez en disant "je veux savoir ce que devient Jules, vite, la suite !"

IMG_20191007_172841~2.jpg, oct. 2019

En tout cas ObiWan et moi on a adoré. Vite, vite, lisez "Le village des secrets" !

mardi 30 juillet 2019

Des premières fois en pagaille

Malgré une alerte à l'otite quelques heures avant son départ, Lomalarchovitch est parti hier en colo, pour quelques jours.

C'est un enchaînement de premières fois, pour lui.

Première fois qu'il va au lit sans bisou de papa et/ou maman. Première fois qu'il dort sous une tente. Première fois qu'il ne va pas nous voir du tout pendant plusieurs jours. Première fois qu'il va faire du poney.

Bref, une première colo.

A l'heure qu'il est nous n'avons pas de nouvelles, tout va donc très bien pour lui et pour son oreille.

De notre côté on prend la vie en pente douce : Noé est venu me chercher à vélo hier et nous avons cheminé ensemble. On s'est arrêtés à mi chemin et on a mangé une glace avec notre voisine. On a savouré l'intensité du silence de l'appartement.

On a papoté en glandouillant. J'ai bouquiné longuement dans un bain, sans aucune interruption. On a dîné tard comme on aime. Devant une série.

Mais au moment de m'endormir je pensais à mon petit grand. À comment il avait cherché le sommeil dans son duvet sur son lit de camp. S'il avait tourné et tourné comme il fait pour "faire sa place" ? S'il s'était endormi facilement ? Comment il avait vécu ce premier coucher loin de ses rituels ?

Sa joue ronde et ferme sous mes lèvres pour un dernier bisou m'a tant manqué. Nos rires du soir quand il me pose des questions et que je lui réponds des bêtises. Pas trop les "dépêche toi", mais tout le reste.

C'est fou, on arrive en cette fin d'année scolaire, épuisés par le rythme global et les demandes incessantes. Avec les aînés on est déjà "habitués" à ne les voir qu'une semaine sur deux, ça se passe plus fluidement (et puis j'ai des SMS de Cro-Mi régulièrement, elle est assez grande pour maintenir le contact à distance, maintenant). Mais lui, mon immense bébé, c'est une première et il est à peine parti depuis douze heures que ça sonne vide et creux et que "comme je l'aime" prend toute la place. Oublié le soulagement quand il est enfin au lit et que la soirée des grands commence avec un peu de détente. Juste ses rires et ses fossettes qui ne sont pas là.

On va quand même savourer le calme avant le retour de notre tempête blonde, hein.

Et puis on a encore un peu de boulot avec ObiWan - ce chat est un labrador costumé - qui est très perturbé par l'absence du petit. Hier il a passé un bon moment devant la porte de la chambre des garçons en miaulant pour nous dire qu'on avait oublié d'aller le chercher. Et sa recherche de proximité et de gratouilles rassurantes cette nuit était le signe incontestable que "quelque chose ne tourne pas rond o'scours !"

(Sinon, Noé fonde des espoirs sur le fait qu'on lui enseigne l'art de la grasse mat. On lui dit maintenant ou on le laisse espérer ?)

mardi 16 juillet 2019

Cette fois on fait l'aller

Il y a quelques jours je vous emmenais faire du vélo sur mon trajet retour.

Cette fois-ci c'est l'aller : sans surprise c'est le même dans l'autre sens, à quelques centaines de mètres de différence !

On y parle d'une semaine un peu difficile, de comment lutter pied à pied (ou dos à dos) avec un début de lumbago, de lumière la nuit, du début d'une île et de crétins de pigeons, entre autres.

 

Bonne promenade :)

 

jeudi 11 juillet 2019

Monsieur Lomalarchovitch a 5 ans

A l'heure où j'écris ce billet, un peu en avance, il a en fait quatre ans pour la dernière nuit de sa vie.

Il y a 5 ans tout pile on partait pour la maternité.

Et le 11 à 11h11 il pointait son petit nez tout rond, déjà joyeusement affamé et doux tout tendre.

Il a 5 ans, donc, commence à bien lire des mots simples, et même plus si simples, à écrire, l'autre jour il s'est arrêté de compter à 400 parce qu'il s'ennuyait, mais il en avait sous le pied pour continuer.

Hier soir il m'a annoncé avec une grande mine solennelle qu'il arrêtait les questions car il avait posé toutes celles qu'il avait en tête. A 2783 "pourquoi" par jour depuis ses 18 mois, j'ai accueilli la nouvelle avec nostalgie, soulagement, et à vrai dire une grande méfiance.

Ça ne durera pas !

Il est immense pour son âge et mange comme un cochon (on ne peut pas tout faire), toujours bavard et charmeur et commence à bien pédaler sur son beau vélo rouge.

Dans quelques jours il part en mini colo pour la première fois de sa vie et j'ai beau faire la fière à me régaler d'avance à grand bruit de 4 soirs sans enfant dans la maison, ça sera la première fois que je ne le vois pas si longtemps et ça me fait tout drôle. Mon petit drôle qui s'éloigne...

Bref, c'est le plus merveilleux fils que la Terre ait porté jusqu'à ce jour.

En toute objectivité.

Mon bébé tout grandi :heart: